20/01/20

Dernier été pour Lisa, de Valentin Musso

Dernier été pour Lisa

Il y a un parfum de Harry Quebert dans cette histoire : au cours de l'été précédant son entrée à l'université, Lisa est assassinée sur la plage. Son petit copain Ethan est accusé du crime, son meilleur ami Nick est sidéré.
Des années plus tard, Nick est devenu un écrivain à succès et retourne dans sa ville natale pour les obsèques de son père. Il apprend également la libération de Ethan et rencontre un détective privé convaincu de son innocence. Il voudrait inciter Nick à revoir les faits et étudier plus longuement la potentielle rédemption de son ami d'enfance.
Cette position va rapidement le mettre mal à l'aise. Au fil de ses retrouvailles avec le passé, Nick est chamboulé par ses découvertes. L'intrigue prend d'ailleurs des tours et des détours assez déconcertants - sans trop surenchérir dans les rebondissements à outrance - et se boucle sur une note pleine d'amertume.
En fait, ce roman se lit facilement car il est habilement ficelé. Par contre il distille une note de tristesse, de regret et de remords qui laisse un sensation de peine indélébile. Plus j'y songe et plus je me demande si j'ai réellement apprécié ce dénouement... Et le style pompeux (« dans l'ébène de la nuit » ... par exemple) m'a de temps en temps fait lever les yeux au ciel.
Somme toute, la lecture a honoré correctement son contrat : intriguer et divertir. Bon point, donc.

©2018 Éditions du Seuil (P)2018 Sixtrid

Avec ce nouveau thriller d'une redoutable efficacité, Valentin Musso nous entraîne au cœur d'une petite ville américaine en apparence sans histoires, et qui cache bien ses secrets.

Texte lu par Marc-Henri avec toujours autant de dextérité et de confort à l'écoute ! Un très bon moment.

 

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24/05/17

Le témoin invisible, de Carmen Posadas

Interprété par Marc-Henri Boisse pour Sixtrid (avril 2015)
Durée : 12h 35mn

Le témoin invisibleSi la Russie et les Romanov vous fascinent, alors ce livre est fait pour vous. Il est richement documenté, instructif et passionnant. Tout simplement excellent.
Il vous entraîne de suite dans la Russie du tsar Nicola II, dans l'intimité de la famille Romanov et dans la fureur de la révolution bolchévique. L'histoire est racontée par un vieil homme malade, Léonid Sednev, réfugié à Montevideo. Entre la fatigue, les douleurs et le temps qui file, il rassemble au mieux ses souvenirs d'ancien ramoneur au palais impérial, petite ombre furtive et témoin invisible des terribles événements ayant conduit au massacre du 17 juillet 1918.
Je le dis, je le répète, c'est captivant. Rien n'échappe à son regard, la vie de famille dans un cadre préservé, la symbiose parfaite, l'exubérance des princesses, la fragilité du tsarévitch Alexis, la dévotion de l'impératrice Alexandra, l'influence trop prononcée de Raspoutine, son assassinat, la colère du peuple, la guerre contre l'Allemagne, la famine, l'abdication et l'exil... 
J'ai trouvé dans ce récit une précision remarquable, couplée à un sens du romanesque grandiose. La combinaison des deux est une réussite. J'ai littéralement plongé au cœur de l'Histoire, j'avais la sensation de voyager dans le temps, de fureter dans les couloirs ou de me cacher dans les coulisses. J'étais spectatrice du bonheur et du malheur des Romanov.
Ce roman s'inspire donc de faits réels. Seule une personne est sortie vivante de la Maison à destination spéciale, soit Léonid Sednev, marmiton de quinze ans. Le matin du 17 juillet, celui-ci a été renvoyé chez lui sans explication. On ignore ce qu'il est devenu, car sa trace a été perdue, on ignore aussi s'il a rédigé ses mémoires, Carmen Posadas en a ainsi fait son héros, son “témoin invisible”, à qui elle prête une fascination amoureuse pour la grande-duchesse Tatiana et des émois balbutiants pour la délicieuse Maria.
Cette lecture s'ajoute sans doute à une longue liste, mais elle dégage un supplément d'âme qui en fait tout son charme. Une lecture foisonnante, poignante et palpitante. J'ai adoré. ♥
« Les grands secrets sont comme les sortilèges, ils s'évanouissent dès lors qu'on les expose. »

Trad. Isabelle Gugnon pour les éditions du Seuil - Disponible en Poche chez POINTS

Le Témoin invisible de Carmen Posadas

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16/05/17

Meurtriers sans visage, de Henning Mankell

meurtriersUn matin d'hiver, en pleine campagne suédoise, un couple de paysans retraités est sauvagement assassiné dans leur ferme isolée. Seul détail incongru, le meurtrier a nourri le cheval avant de quitter les lieux. Kurt Wallander est perplexe. Sur son lit d'hôpital, l'épouse à l'agonie a murmuré avant de s'éteindre le mot “étranger” aux enquêteurs. L'information ayant hélas fuité, la presse se répand en propos acrimonieux et une flambée de violence se déclenche dans les rues d'Ystad, visant notamment le camp de réfugiés et les demandeurs d'asile.

L'inspecteur Wallander doit échapper aux raccourcis et ne pas tomber dans le piège des conclusions hâtives. Toutefois, notre homme est également préoccupé sur un plan personnel - il a 42 ans, sa femme vient de le quitter, sa fille refuse de le voir, son père fait des crises de démence sénile. La pression pèse sur ses épaules, Kurt est au bout du rouleau. Il se distingue pourtant par sa ténacité, refusant de rendre les armes, cherchant dans les moindres détails une réponse aux nombreuses interrogations qui entourent le meurtre des Lövgren, fouillant au passage dans leur passé, déterrant de vieux secrets de famille, dépouillant des coïncidences, débusquant les crapules... Il ne laissera rien au hasard.

Ce roman date de 1991 mais nous explose en pleine figure par son sujet - racisme et xénophobie, traitement des réfugiés, politique de sourds, une population en pleine dérive. Quel triste constat. Il s'agit également de la première enquête de l'inspecteur Wallander, personnage récurrent de la série policière de Henning Mankell, un anti-héros dépressif et déprimant, trop souvent exposé à la réalité douce-amère de la société suédoise et aux façades faussement lisses de ses contemporains. Un flic terriblement humain, avec ses failles, ses défauts, ses hésitations. On est loin du mythe de l'enquêteur aguerri !

Pour une raison que j'ignore, l'édition audio n'est accessible qu'aujourd'hui - Les Chiens de Riga remontant à 2009. C'est Marc-Henri Boisse qui nous embobine de sa voix rauque dans une interprétation sommaire, où l'on retrouve nos repères, un décor de désolation, le froid, la violence sous-jacente, la colère ronronnante, les bas instincts, le désœuvrement... C'est peut-être affaire de goût, mais je préfère lire Mankell durant la saison hivernale, car j'ai eu un peu de mal à me transposer dans son histoire alors que je baignais dans un contexte insouciant et ensoleillé. Mais le comédien fait le job, et puis c'est une valeur sûre, un bon classique du roman policier à la sauce nordique !

Texte interprété par Marc-Henri Boisse (durée : 9h 26) pour Sixtrid, 2017

Trad. Philippe Bouquet pour Christian Bourgois éditeur

 

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25/03/16

Une vraie famille, de Valentin Musso

Une vraie famille Sixtrid

Pour s'éloigner du souvenir de la fusillade tragique dans son université, François Vasseur et son épouse Mathilde ont choisi de s'isoler dans leur maison en Bretagne. Ils y coulent une retraite paisible, à l'abri du monde extérieur et du sentiment d'une agressivité constante. C'est dans ce cocon bourgeois et raffiné que débarque Ludovic, un jeune paumé qui voyage dans une camionnette et vit de menus travaux au gré de ses rencontres. Le couple l'embauche d'abord pour du jardinage, puis lui propose de retaper l'appartement pour leur fille Camille, actuellement en Angleterre. Le garçon ne dit pas non et enchaîne les chantiers avec zèle et efficacité. Les semaines passent, Ludovic prend ses marques, Mathilde tombe sous le charme et François se méfie. 

Le début de roman est sincèrement redoutable, tout en soupçon, crainte et imagination fertile. On embarque à bord sans ciller et on suit le guide en extrapolant à qui mieux mieux. On a déjà tout vu, tout lu, pense-t-on, et on n'en attend pas davantage. C'est là qu'on se prend une belle claque, du moins je n'ai rien vu venir et ça m'a plutôt bien arrangée d'être chatouillée dans mes projections. On entame ainsi une nouvelle histoire, avec de nouvelles perspectives, plus ou moins intéressantes. Ce contre-pied inattendu donne un second souffle à la lecture, ce qui est très appréciable. Et puis, la belle mécanique se grippe et crachote, l'histoire trébuche et ne surprend plus. C'est comme si je m'étais sentie d'un seul coup blasée. Après un démarrage en fanfare, le thriller perd de la vitesse et ne tient pas toutes ses promesses. Un constat quelque peu regrettable, malgré une lecture somme toute agréable et rapide. 

Interprété par Marc Henri Boisse, pour les éditions Sixtrid (Janvier 2016) - Durée : 10h 09

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01/09/15

Dernière conversation avec Lola Faye, de Thomas H. Cook

Dernière conversation avec Lola Faye CD

Luke Paige, écrivain et enseignant, vient de conclure sa conférence lorsqu'il croise un fantôme de son passé en la personne de Lola Faye Gilroy. Cette femme était la maîtresse de son père, employée dans son drugstore. De cette liaison, a découlé un déchaînement de violence : le mari trompé a tué l'amant et l'épouse bafouée s'est éteinte à petits feux. Lorsque l'intrigante l'invite à prendre un verre, Luke ne se doute pas encore qu'il va s'engager dans une conversation interminable, où il va être bousculé et forcé à plonger dans ses souvenirs.

Pourtant, ses réminiscences vont peu à peu éclairer la tragédie familiale de façon stupéfiante. La construction du récit étant suffisamment astucieuse, on ne devine rien du tour que va prendre l'intrigue, dont les révélations ne vont jamais cesser de nous surprendre. J'ai aussi beaucoup aimé l'évocation du passé, ainsi que la peinture faite de Glenville, petite ville d'Alabama, où Luke a grandi en rêvant de de s'en échapper pour assouvir ses ambitions (intégrer Harvard). 

La lecture à huis clos est ainsi prodigieusement rendue par Marc Henri Boisse, pour Sixtrid, qui nous enveloppe dans un cocon et nous protège de l'onde de choc. On se situe au premier rang d'un drame en quatre actes, avec ses illusions perdues et ses failles sidérantes, et où le plus pourri n'est naturellement pas celui auquel on pense tout d'abord. C'est d'une grande finesse, franchement captivant. D'une tension psychologique redoutable, à lire comme un roman à suspenseUne vraie réussite. 

Sixtrid / Mars 2015 ♦ Texte lu par Marc-Henri Boisse (durée : 8h 23) ♦ Traduit par Gérard de Chergé (The Last Talk With Lola Faye)

 

Dernière conversation avec Lola Faye

Disponible en poche / Points, coll. Roman Noir, juin 2014

 

22/06/15

Une main encombrante, de Henning Mankell

Une Main Encombrante

Proche de la retraite, Wallander cherche un point d'attache pour couler des jours tranquilles. Alors qu'il visite une maison à la campagne, le commissaire trébuche sur une main surgie de nulle part. Ses instincts sont aux aguets. Il requiert son équipe d'experts de fouiller le jardin et découvre les ossements d'un couple enfoui là depuis cinquante ans. Même si on ne lui octroie ni les moyens ni le temps pour ce dossier, Wallander continue de fouiller dans le passé de la maison et de ses propriétaires pour rendre justice aux deux victimes.

L'histoire est à l'image du héros, las, usé et désabusé. Donc, c'est lent et pointilleux, mais intéressant à lire. Wallander ne supporte plus les vicissitudes de la bureaucratie. Ses relations avec sa fille sont à couteaux tirés. Il a fait le tour de son métier et envisage de tirer sa révérence. Mankell a d'ailleurs annoncé qu'il n'écrirait plus sur Wallander après l'épisode suivant, L'homme inquiet. Point final. Il explique en fin d'ouvrage sa relation ténue avec son personnage fétiche, non sans un zeste de fierté.

Le texte lu par Marc-Henri Boisse figure bien les caractéristiques de Kurt, en lui collant cette intonation bougonne et abattue qu'on juge indissociable. Après quoi, l'histoire n'est ni surprenante, ni haletante. Elle ne dure que 3 heures, ou 182 pages. À grignoter comme une friandise ou une mise en bouche pour les lecteurs désormais orphelins de leur commissaire suédois, définitivement au bout du rouleau.

Sixtrid / mars 2015 ♦  Interprété par Marc-Henri Boisse (durée : 3h 12)

Traduit par Anna Gibson pour les éditions du Seuil

Une main encombrante Seuil

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