L'enfance de l'art (Miss Charity #1), de Loïc Clément & Anne Montel
Adaptation réussie de la première partie du roman de Marie-Aude Murail qui raconte l'enfance d'une fillette pas comme les autres à la fin du XIXe siècle.
Charity Tiddler, ayant très tôt manifesté son penchant pour les animaux et la nature, se trouvait fort malheureuse à subir des leçons de musique ou de couture quand seule la vision d'un pinceau ou de pastels la mettait en joie ! Et heureusement, l'arrivée d'une gouvernante remarquable va bouleverser son éducation...
On retrouve dans cette version illustrée de belles pages lumineuses et verdoyantes, tout en accentuant le caractère rêveur et contemplatif de notre jeune héroïne. Il y a forcément un soupçon de Beatrix Potter dans ce portrait, ce qui rend la lecture encore plus charmante et délicieuse.
Il me tarde de découvrir la suite car cette relecture confirme mon premier coup de cœur pour ce roman doudou par excellence. ♥
Rue de Sèvres, 2020
Les plumes harmonieuses de Loïc Clément et d’Anne Montel révèlent une splendide version naturaliste du chef d’œuvre de Marie-Aude Murail.
SÉRIE EN 3 TOMES
Malo de Lange, de Marie-Aude Murail
Première parution en volume unique de cette fabuleuse saga à mi-chemin entre les Mystères de Paris et Charles Dickens.
Roman illustré en trois parties et 56 tableaux.
Un bambin de deux ans, blond aux yeux bleus, est abandonné à l'hospice et recueilli par deux sœurs qui rêvaient d'une petite fille. Avec son charmant minois et son caractère enjoué, Malo devient vite la coqueluche des demoiselles de Lange.
Chouchouté dans un cocon douillet, il explore aussi le voisinage pour lier connaissance avec la ravissante Léonie de Bonnechose ou apprendre l'arguche avec La Bouillie. Mais les ennuis se présentent sous la figure de Riflard, qui prétend être le père de Malo. Bien entendu, ce type n'est qu'un escroc qui va kidnapper le garçon pour servir ses sombres desseins.
En attendant, la question sur les origines de Malo est posée. Que signifie cette fleur de lys tatouée dans son dos ? S'agit-il réellement de la marque des criminels ? Malo perd tous ses repères et décide de ne pas retourner chez les demoiselles de Lange.
À la place, il devient un grinche (autrement dit, un voleur) et s'associe avec d'autres jeunes égarés pour trousser les riches. La suite des aventures réserve d'autres surprises, au fil des rencontres et des rebondissements. On va cavaler derrière Malo, partager ses péripéties et assister à des drames, dans une excellente mise en scène qui relance sans cesse la lecture.
Le rythme est vif, les situations souvent inattendues et palpitantes. On rit, on tremble, on erre dans les rues de Paris, ambiance 19ème siècle, avec des yeux écarquillés et le cœur prêt à bondir hors de la cage thoracique. On tourne avec impatience les pages de ce roman-feuilleton amoureusement élaboré et empreint d'humour. C'est vraiment très, très bon. Cela m'a aussi fait grandement plaisir de retrouver ce héros charismatique et de reprendre une bouchée de son histoire étonnante et riche en émotions.
« Moralité, pour être heureux, il faut prendre les choses du bon côté, comme disait saint Laurent sur son gril, juste avant d'être retourné. »
L'école des loisirs (2018) - illustration de couverture par Régis Lejonc
Sauveur & Fils saison 1, de Marie-Aude Murail
“À quoi je sers?” se demande souvent Sauveur Saint-Yves, psychologue installé à Orléans. Originaire des Antilles, l'homme vit avec son fils de huit ans, Lazare, et reçoit à longueur de journée les doléances d'âmes désœuvrées - une mère désemparée par son fils qui fait pipi au lit, une autre qui ne comprend pas pourquoi sa fille se taillade les bras, une qui perd la tête et oublie son grand garçon de seize ans, une famille au complet qui se déchire et ne peut plus se voir en peinture... Des crises en cascade, des cris, des larmes, des silences, des soupirs. À l'abri dans son couloir, le môme Lazare n'en perd pas une miette et s'effraie d'entendre autant de détresse. Lui aussi en a gros sur le cœur - sa maman décédée trop tôt et dont on ne parle jamais assez. Et tous ces courriers qui s'empilent devant la porte, des menaces de mort qui font dresser les cheveux sur la tête... Chacun s'enferme dans ses non-dits et le temps s'écoule mollement. Le gamin découvre l'hostilité suscitée par la couleur de la peau, être ou ne pas raciste, rien que d'y penser c'est déjà un signe ? Louise, la maman de Paul, s'interroge beaucoup sur le meilleur ami de son fils et perd tous ses moyens face à Sauveur, 1,90 m pour 80 kg de muscles.
C'est tout ça que raconte Marie-Aude Murail, en mieux, en humour et en tendresse. Car c'est un roman qu'on croque avec gourmandise et dont on savoure chaque bouchée en mâchant religieusement. Tout est brodé avec délicatesse - les personnages, les dialogues, les errances et les éclats. Jusqu'à l'escapade finale sur les terres de l'enfance, avec ses couleurs, ses chants et sa tribu turbulente. J'ai infiniment aimé ce petit pan de vie aux côtés d'un papa au physique de colosse, qui continue d'apprendre son rôle et le sens du monde, tout en assurant auprès d'un fils curieux, intelligent et sensible. Autour d'eux, gravitent des petits électrons libres qu'on attache ou détache au gré de nos envies. Parfois, les sujets sont lourds et les enclumes tombent lâchement dans les estomacs... Mais l'ambiance générale se veut positive et penche volontiers vers la résilience et l'espoir. Cela remue de douces sensations, n'hésitez pas ! En plus, il y a quatre saisons du même acabit. C'est du bonheur en tranches... à partager sans retenue. Moi j'y retourne de suite. ♥☺
L'école des loisirs, 2016
Photographie de couverture ♥ que j'adore ♥ : Megan Van der Elst
Miss Charity, de Marie-Aude Murail
Enfin en Médium poche ! (édition Luxe 20,5 x 14,2 cm)
Ah, Miss Charity ! Quel bonheur de lecture. Découvert en 2008, sous forme d'une bonne grosse brique d'au moins 500 pages, j'avais savouré ce roman au charme poudré, qui était aussi un bel hommage à la littérature enfantine et à ses héroïnes. En faisant connaissance avec Charity Tiddler, une jeune anglaise passionnée d'animaux et de botanique, c'est aussi à Beatrix Potter qu'on pense inévitablement, et plus largement, à George Sand, Charlotte Brontë, la comtesse de Ségur et même Jane Austen.
Fille unique d'un couple appartenant à la bonne société, Charity grandit dans un carcan de bonnes manières victoriennes. Solitaire et rêveuse, la jeune fille aime se réfugier dans la lecture et apprendre par cœur du Shakespeare qu'elle récite à ses petits compagnons sous les toits, car Charity possède une véritable ménagerie dans sa nursery (souris, grenouilles, lapins, canards...). Sa gouvernante française ou même sa bonne écossaise ferment les yeux sur ses excentricités - après tout, Charity n'aime ni chanter, ni jouer du piano, ni la broderie, mais se complaît dans le dessin et l'aquarelle en se révélant extrêmement douée. Elle n'aime guère non plus les sorties mondaines et préfère des amitiés moins conventionnelles, comme sa relation avec Kenneth Ashley, un fils de fermier qui se lance dans le théâtre.
C'est incontestablement une lecture raffinée et exquise, avec les illustrations harmonieuses de Philippe Dumas. Elle dresse un beau portrait d'héroïne, attachant et décalé avec son époque, à la volonté farouche et la curiosité insatiable. Elle possède aussi une aura chaleureuse et captivante, renvoie un grand souffle romanesque, dégage un sentiment de confort et inspire un déchirement au moment de tourner la dernière page. De l'humour, de la finesse, de la tendresse et de la délicatesse. Ce roman, c'est le doudou par excellence.
L'école des Loisirs, coll. Médium Poche - Novembre 2016
♥♥♥♥♥
« Autant les fleurs et les champignons trouvaient facilement leur nom et leur définition au clair soleil de ma raison, autant les choses humaines se déposaient au fond de moi, toutes grises et indécises. »
“Je suis votre fils, monsieur Personne. Moitié grinche, moitié cogne.”
Oui, j'ai honte. Plus d'un an déjà que ce livre était sorti et j'avais complètement oublié de le lire ! C'est parfaitement incompréhensible, d'autant plus que j'avais beaucoup aimé ce que j'avais lu jusqu'à présent. L'histoire de Malo de Lange est une succession de péripéties malchanceuses et poignantes, mais formidablement mises en scène et contées sur un ton humoristique, avec en bonus des répliques piquées de l'argot, ce qui vous donne un pétillant cocktail avec des bulles qui éclatent dans les narines !
Dans ce dernier épisode, Malo est désormais lieutenant à la Brigade de Sûreté de Paris et tire profit de son expérience de grinche pour se faufiler dans les rues malfamées et obtenir des informations précieuses. Dernièrement, c'est sur une série de disparitions de chiens errants qu'il travaille, alors qu'on retrouve leurs corps mutilés peu de temps après. Glauque, très glauque. Mais le sordide fait partie intégrante de cette série, imaginez aussi le vol d'un bocal contenant le cœur de Louis XVII, l'apparition du fantôme d'un garçonnet qui annoncerait une mort imminente ou l'exercice d'un magicien qui coupe les femmes en deux.
Au milieu de tout ça, le roi fait appel à ses services pour veiller sur la sécurité de ses fils. Pour bien faire, Malo doit se rendre au collège Henri-IV, apprendre du latin et ânonner du Corneille à longueur de journée, de quoi lui faire regretter son passé de voleur ! Cet épisode constitue pourtant une bouffée d'air frais dans cet univers très lourd du crime crapuleux et des complots politiques sanguinolents. L'intrigue est retorse, avec une pelletée de détails dégoûtants, mais au-delà le récit est enlevé, pétulant et taquin. Même la relation entre Malo et son père est bigrement attachante, bien que teintée de pudeur.
On a aussi le plaisir de retrouver des personnages hauts en couleur, comme Nini Guibole ou Moïra de Feuillère (Gaby), sans oublier la très placide Léonie de Bonnechose, en plus de côtoyer le jeune duc de Montpensier, surnommé Toto. Non, vraiment, c'est une série agréable et pleine de surprises, capable de vous balancer du gore, du laid, du dégoûtant, et en parallèle elle vous vend du rêve, du rire, de l'insouciance. Un excellent compromis pour une lecture franchouillarde et définitivement divertissante !
Malo de Lange et le fils du roi, par Marie-Aude Murail (Neuf de l'Ecole des Loisirs, janvier 2012 - ill. de couverture : Yvan Pommaux)
- Crois-tu que c'est une vie de traîner dans les rues la nuit, de se déguiser en Tortillard, de jaspiner l'arguche avec les grinches ?
- Il n'y a que cette vie-là qui puisse me rendre heureux et «tous les hommes veulent être heureux, même celui qui noue la corde pour se pendre», comme disait Blaise Pascal. Soyez content de moi, papa. Pour la première fois en quinze ans d'existence, je viens de faire une vraie citation. Parce que, maintenant, j'ai de l'instruction !
Teaser Tuesday #13
Chasseur d'énigmes ! C'est Catherine qui m'a décerné ce titre. Ce qu'elle ignore et ignorera tant que la lettre que je lui destine sera close, c'est que je ne serais jamais devenu ce chasseur si je n'avais été pour moi-même une énigme.
Dinky rouge sang - Marie Aude Murail
Après la vague de panique due à l'épidémie qui avait conduit les gens à se cloîtrer chez eux pendant plusieurs semaines, la vie reprenait timidement. Depuis quelques jours, la population se risquait petit à petit à mener de nouveau une vie normale, feignant d'ignorer qu'elle avait elle-même instauré une sorte de couvre-feu ainsi que toute une liste de règles draconiennes pour se protéger. La météo exceptionnellement clémente y était sans doute pour quelque chose. On sentait dans l'air comme un frisson printanier qui invitait à délaisser le confinement protecteur des maisons pour aller respirer l'air marin à pleins poumons.
Le temps des Tsahdiks - Claire Gratias
Il se réveilla difficilement car ses rêves avaient été trop beaux pour qu'il les quitte déjà. Ils lui avaient tous parlé d'évasion et de liberté, et lui murmuraient encore, à l'aube, de bien agréables projets.
Quand son esprit s'éclaircit enfin, il prit donc rendez-vous avec eux pour les nuits prochaines.
Le Tropique du Kangourou - Aurélien Loncke
Quand j'étais petit, mon père me disait toujours : "Dans la vie, Will, on peut choisir ses amis, on peut se moucher devant ses amis, mais on ne peut jamais moucher ses amis." Observation qui me semblait fort pertinente du haut de mes huit ans, mais qui s'est révélée fausse par bien des aspects. Pour commencer, personne ne choisit vraiment ses amis, sans quoi je n'aurais jamais atterri avec Tiny Cooper.
Will & Will - John Green et David Levithan
On peut voler sans être voleur, mentir sans être menteur, et finir chez les fous sans en être un.
Ce fut bien agréable de prendre des nouvelles de Malo, même si son existence a connu du changement et qu'elle n'est toujours pas de tout repos. Le voici désormais agent secret, chargé de missions gentilles mais qui commencent à l'ennuyer, jusqu'au jour où il va s'infiltrer chez un duc qui sera retrouvé pendu. Malo est aussitôt arrêté et jugé coupable du vol d'un diamant. Expédié au bagne, Malo nous fait vivre un plan incroyable même si - personnellement - j'ai trouvé le tout un peu long et lassant.
J'ai beaucoup aimé les nouveaux personnages de ce deuxième livre - Moïra de Feuillère, en tête. Et Nini Guibole, rien que pour le nom ! C'est un petit roman fort sympathique, truffé d'arguche encore une fois, on y prend goût ou on tique. J'étais partagée, je ne saurai l'expliquer (peut-être parce qu'il n'y avait plus l'effet de nouveauté). Par contre, les révélations finales ont su m'alpaguer, l'intrigue se solde avec habileté et beaucoup de tact. Je n'étais pas au bout de mes surprises et c'est sur cette impression avenante que j'ai fermé le livre.
Malo de Lange, fils de Personne - Marie Aude Murail
Neuf de l'Ecole des Loisirs (2011) - 250 pages - 10,00€
illustration de couverture : Yvan Pommaux
Découvrir :
Teaser Tuesday #8
C'était un soir de neige comme on n'en avait pas vu depuis longtemps. Londres frissonnait, étourdie par la tempête, et les traces des passants, à peine dessinées sur les trottoirs, s'effaçaient tels les mots d'un poème d'enfant. Jamais l'hiver n'avait paru aussi cruel, et jamais aussi délectable, pour le jeune garçon, la perspective de demeurer cette nuit dans sa chambre sous les toits avec une histoire pour seule compagnie.
Les étranges soeurs Wilcox : Les masques de sang - Fabrice Colin
Papa a dit une seule valise par personne. Je respecte les consignes. De toute façon, la mienne est à moitié vide. Qu'est-ce que j'aurais pu mettre de plus ? Pas besoin d'emporter une tonne d'habits, il paraît qu'il y a un lave-linge sur place. Il y a tout ce qu'il faut, il paraît. Il y a même un grand jardin. Papa a dit que ça devrait me plaire.
Hier, il est rentré avec un gros paquet-cadeau. Quand je l'ai vu, j'ai cru que c'était mon télescope que j'avais commandé pour Noël. Le cadeau, c'est pour Juju. C'est une poupée qui parle. On peut lui faire prendre le bain et on peut la coiffer aussi. Justine va adorer. Papa a dit que ce serait moi qui lui offrirais si ça me faisait plaisir. Je ne suis pas jaloux. Je sais que j'ai beaucoup de chance de ne pas être malade. Je sais que la santé, c'est le plus beau de tous les cadeaux. Pas besoin de me le répéter. Noël, c'est dans moins de deux mois, je peux bien attendre.
Mon vaisseau te mènera jeudi sur un nuage - Marcus Malte
C'est toujours impressionnant de pénétrer pour la première fois dans une taverne de sinistre réputation. Mais il y a cela de bien chez Papa Guillotin qu'on n'a pas besoin de pousser la porte pour entrer : il n'y en a pas. Pour pisser, il y a les quatre coins. Et quand on veut manger, on nettoie la table d'un revers de manche.
Ce soir-là, l'ambiance était à la rigolade. Les clients, qui savaient que le pâté de lapin était en fait du pâté de chat, faisaient miaou quand la serveuse posait l'assiette devant eux.
Malo de Lange, fils de Personne - Marie Aude Murail
Je suis une astronaute surfant sur une vague, dans l'océan de la Tranquillité. J'ai roulé trop vite sur la route de la Tristesse, dérivé trop longtemps sur l'épave du navire Stress, et failli perdre la tête sur le TGV de l'Oubli. Mais voilà que je glisse avec grâce dans une direction positive. Ce ne sera pas un trajet éclair. Il va me falloir être patiente, suivre le flux cosmique. Je me rapproche des côtes, où m'attend la plage de la Décontraction.
C'est le genre de délires dans lesquels Blake est capable de partir. Blake vient de Nouvelle-Zélande, et porte des tongs même par temps pluvieux. Il lui arrive de sortir des trucs tellement ringards que j'éclate de rire même lorsque je me sens triste. C'est plus fort que moi.
Lottie Biggs n'est presque pas désespérée - Hayley Long
Immobile sur la grève, mes longs cheveux noirs flottant au vent du large, je regarde la marée monter lentement au rythme des vagues et des courants, et je songe à ce que je suis devenue. Je ne sais trop à quel moment la chance m'a abandonnée, mais il y a, c'est évident, un certain temps déjà que cela s'est produit...
Filles de Lune : Naïla de Brume - Elisabeth Tremblay
Pêle-Mêle Clarabel #3
Coup de coeur ! Ce petit roman réussit à combiner le charme, l'humour, le burlesque et le talent ; c'est l'histoire des trois Gazzi qui veulent voler la boulangère avant de kidnapper la couturière pour confectionner des déguisements, et qui tombent nez à nez avec une demoiselle intelligente et futée. La rencontre est drôle, facétieuse, les illustrations de l'auteur s'en donnent à coeur joie et ne sont pas sans éveiller une petite pointe de nostalgie, avec son petit côté rétro et décalé. C'est un régal ! Ce n'est pas vraiment un roman, pas non plus une bande dessinée, c'est un mélange des genres et ça cartonne ! Ce fut une formidable découverte, nous avons beaucoup aimé. Et puis les idées de déguisements valent le coup d'oeil...
* Zélie et les Gazzi, par Adrien Albert
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 7,00€
en librairie le 26 août
Encore un petit bijou, signé Emile Jadoul. SUR MA TÊTE suit l'étonnante aventure de Gaston, un petit garçon, qui s'est découvert un jour un moineau sur la tête. Et le volatile s'est installé ! Les jours ont passé, il est toujours là, même pour dormir, manger, se laver ou aller à l'école. Le plus incroyable, c'est que personne ne semble s'en rendre compte. Comment l'expliquez-vous ?
En fait, cet album intelligent s'emploie à expliquer une expression courante et qui concerne souvent les enfants, lorsqu'un adulte leur serine, "mais tu as une cervelle de moineau"... La tournure est habile et se révèle particulièrement cocasse dans les dernières pages, avec un certain parallèle qui prête à sourire.
Nous sommes tombés sous le charme de cet album mignon et craquant, pour la bouille de Gaston et pour son moineau sur la tête.
* Sur ma tête, Emile Jadoul
Pastel de l'Ecole des Loisirs (2010) - 9,00€
en librairie le 23 septembre
du même auteur : (Gros pipi)
C'est l'histoire d'un petit pingouin qui réveille toutes les nuits ses parents, parce qu'il a envie de faire pipi. Les grands en ont assez et lui font comprendre qu'il doit se débrouiller tout seul, que ça aide à grandir, etc. Pas de problème, se dit le pingouin, et la nuit arrive. Avec son alerte pipi, bien entendu. Mais il va gérer la crise sans ses parents, quelle fierté ! Aussi, ne s'en va-t-il pas comme un bolide avertir ses parents, héhéhé ! Vraiment cette fin, elle est tordante ! Et ça sent le vécu...
Un autre coup de coeur : Colas Gutman est un auteur qu'il faut absolument découvrir, ses livres sont drôles et fantaisistes, ils racontent des histoires sincères et qui tiennent la route, les lecteurs s'y sentent à l'aise car ils s'y retrouvent facilement, et puis c'est exprimé de façon simple et délirante, je pense qu'il n'y pas d'âge pour savourer ce type de lecture !
La Vie avant moi veut décomplexer la question cruciale : dis papa, dis maman, comment on fait les bébés ? ! Léonard a sept ans, c'est son anniversaire et ses parents ont choisi de lui expliquer les choses de la vie. Et ça part dans tous les sens, d'une potion Brigitte, des femmes à barbe, des borgnes, des bébés envoyés comme des colis et reçus par la poste, de la soupe de potiron aussi et des voyages à dos de mammouth. C'est du grand n'importe quoi, mais l'imagination du petit bonhomme est un vrai régal à suivre !
Delphine Perret s'est également beaucoup amusée à illustrer cette histoire ! Nous conseillons ce livre fortement !
* La vie avant moi - Colas Gutman
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 38 pages - 7,00€
illustrations de Delphine Perret
en librairie le 9 septembre
J'ai bien aimé Docteur Fred et Coco Dubuffet de Catharina Valckx, mais en fait je m'attendais à une histoire plus rigolote. Elle se destine à merveille aux plus jeunes lecteurs, qui vont apprécier la rencontre de Fred, un éléphant très mince, qui s'ennuie chez lui et qui va proposer à une petite fourmi rouge de partager son toit, mais en rentrant de l'école Coco Dubuffet fait une mauvaise rencontre, et surtout une mauvaise chute, et ça a bien failli virer à la catastrophe. La journée passe et Docteur Fred n'a plus de nouvelles de Coco, il commence à s'inquiéter. Heureusement, tout est affaire de rencontres, surtout dans cette histoire, car le docteur Fred va croiser Ouzi l'araignée, Olga la cane et Yoyo l'escargot avant de savoir où est passée Coco, et ainsi tout va rentrer dans l'ordre.
Les illustrations sont jolies, l'esprit est bon enfant, la lecture est sympathique, mais surtout destinée aux enfants (car personnellement je n'ai pas été touchée). ^.^
Encore un coup de coeur pour ce Merveilleux petit champignon atomique de Sabrina Mullor, illustré par Catharina Valckx ! C'est une histoire incroyable qui débute sur une montagne alors que le champignon n'était qu'un spore. Il a grossi et est devenu un beau champignon, sauf qu'il était bourré de plutonium et qu'il se sentait prêt à exploser. Il s'est lié d'amitié avec la montagne, laquelle est boudeuse et grincheuse, elle en a assez qu'on lui marche dessus et voudrait qu'on en finisse grâce à un feu d'artifices. Mourir, pour elle, ça veut dire : confondre l'Amérique avec une chasse d'eau ! Hihihi.
Notre champignon est donc prêt à fissionner lorsqu'une demoiselle se pointe sur la montagne, ce n'est pas une inconnue, il s'agit de la petite Affabulatrice, et la montagne, cette cachotière, n'ignore pas qui elle est. Selon elle, c'est une raconteuse d'histoires. Car elle parle d'amour, donne des bisous et invente aussi des noms d'amour. La montagne et le champignon trouvent qu'elle est dingue, mais dans le fond, ils se sont attachés à l'Affabulatrice et attendent sa venue, chaque jour, avec impatience.
Ont-ils toujours envie de confondre l'Amérique avec une chasse d'eau ? Non, plus vraiment.
J'ai trouvé que derrière la tendresse et l'humour de ce texte se trouvaient aussi des messages sur le monde qui nous entourait : la terre, le soleil, la montagne, etc, des extraits de monde qu'on n'imagine pas, ou auxquels on ne prête plus attention, plus autant qu'on ne le devrait. Et même la fin de l'histoire m'est apparue philosophique, et d'une grande sagesse !
* Le merveilleux petit champignon atomique - Sabrina Mullor
illustrations de Catharina Valckx
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 75 pages - 8,50€
en librairie le 14 octobre (un peu de patience, je sais)
J'ai lu aussi l'un des derniers écrits de Jean-François Chabas, un auteur que j'admire beaucoup. Ce sont des Contes de très grandes plaines, qui s'adressent aussi bien aux enfants et à ceux qui ont été bercés par La dernière séance d'Eddy Mitchell et qui raffolent des ambiances de westerns, avec les indiens. Dans ce livre, deux histoires nous plongent dans des ambiances proches de la nature, des légendes sur le roitelet ou sur un indien qui ne voulait pas tuer. C'est propre, classieux, intelligent. Du bon Chabas !
* Contes de très grandes plaines ~ Jean-François Chabas
illustrations de Philippe Dumas
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 52 pages - 8,00€
en librairie le 9 septembre
D'autres auteurs réputés et qui font les beaux jours de l'Ecole des Loisirs :
La rédaction de Soleman d'Audren : un petit texte agréable où les élèves doivent raconter leur meilleur souvenir. Soleman, le petit nouveau, est bien en peine, car il prétend qu'il n'en a aucun et se met à pleurer silencieusement dans son coin. Toute la classe va donc s'employer à lui en créer un, et c'est réussi. Audren est un auteur que j'apprécie beaucoup, mais ce titre ne m'a pas fait tomber à la renverse. Les illustrations non plus ne m'ont pas séduite.
illustrations de Gabriel Gay - en librairie le 26 août
La bande à Tristan de Marie-Aude Murail : dans l'école de Tristan, il y a des bandes qui font la loi dans la cour de récréation et cela mine un peu tout le monde. Tristan n'appartient à aucun clan, il aime plutôt passer du temps avec sa petite soeur, un copain du CP et d'autres petits de la maternelle. Mais le jour où il découvre qu'il figure sur la liste de guerre, il doit trouver une solution. Créer sa propre bande ?
Cependant, Tristan veut à tout prix se distinguer et déclare sa bande ouverte à tous. Il n'y a pas de test à passer, juste un mot de passe à recevoir et un secret à garder jalousement. Le problème, c'est que Tristan n'a pas encore de secret. Et puis, un drame a marqué sa petite vie : son timbre préféré, celui qui vient de Chine, a été chapardé par le plus grand de l'école. Plus fort, d'accord, mais Olivier n'est pas un bon élève et le maître ne cesse de le répéter, tandis que Tristan brille par ses résultats, et grâce à sa très belle poésie qui a récolté l'admiration de tous.
Et ça continue, l'histoire n'en finit pas. Ce roman, qui compte 100 pages et figure dans la collection Mouche, pourrait rebuter les enfants qui aiment déjà lire tout seuls et n'osent pas s'aventurer dans des livres plus épais, mais ce serait dommage, pour eux, de passer à côté. Le livre raconte avec beaucoup de délicatesse les histoires qui se passent durant la récréation. En grandissant, on comprend qu'il s'agit de l'école de la vie mais on se rappelle aussi que ce n'est pas toujours tout rose. Aussi, Marie-Aude Murail nous propose sa version où le monde n'est ni tout beau ni tout bon mais où tout se finit bien, avec quelques larmes et beaucoup de rire aussi.
A conseiller aux enfants !
* La bande à Tristan ~ Marie-Aude Murail
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 100 pages - 9,50€
illustrations de Gabriel Gay
Un automne à Kyoto (Karine Reysset) & Le tueur à la cravate (Marie-Aude Murail)
A suivre, deux romans récemment publiés par l'école des loisirs.
Je commence par mon préféré : Un automne à Kyoto de Karine Reysset.
C'est un petit roman très attachant, qui raconte le voyage de Margaux au Japon (son père a obtenu une bourse pour résider à la Villa Kujoyama de Kyoto). En plus d'être dépaysante et poétique, l'histoire nous invite à explorer les états d'âme de l'adolescente dont le petit monde est en train de se fissurer de partout. D'abord, il y a la distance qui s'installe avec son petit copain, resté à Saint-Malo, puis l'humeur morose de son père, accaparé par son travail, et l'absence de leur mère, qui ne les a pas accompagnés à cause de son travail, et enfin Eric, leur voisin photographe, qu'on nous présente avec un sourire carnassier et qui, à force de croiser Margaux, va affoler les battements de son coeur.
C'est une histoire touchante, avec quelques pointes d'amertume, sur ce qui fait et défait un lien, sur ce qui fait grandir aussi, sur les petites choses belles, touchantes, émouvantes, celles qu'on regrette, celles qu'on ne supporte plus. Ce beau voyage au Japon va faire exploser le coeur et la tête de Margaux, mille sensations sont attendues, avec cette petite phrase qui dit peu et tout à la fois : " Kyoto, il est temps que je parte, tu m'as ensorcelée, divine, tu m'as presque rendue folle, tu nous as tous rendus fous. Tu vas me manquer. "
Vraiment un joli roman qu'offre Karine Reysset, qui s'inscrit entre le carnet de voyage et le roman d'apprentissage, enrichi d'haïkus et d'illustrations sur les paysages de Kyoto.
Coll. Médium, EdL (2010) - 176 pages - 10,00€
illustration de couverture : Hélène Millot
Le deuxième livre est celui de Marie-Aude Murail, Le tueur à la cravate.
Je crois avoir été plus emballée par le journal de bord que par l'histoire policière elle-même. En effet, sur quelques 70 pages, l'auteur nous raconte son métier d'écrivain et la lente élaboration de son dernier roman (pour tous ceux qui se posent la question, d'où vous vient l'inspiration, comment naît un roman, vous serez servis !). Donc, Marie-Aude Murail vient de terminer Malo de Lange et songe déjà à son prochain projet - un livre sur la mythologie grecque ou les réseaux sociaux du net. (Finalement, MAM optera pour la deuxième option.) Et c'est tout simplement cocasse de la suivre sur les pistes des blogs, de sites des copains d'avant, de facemachin, une sorte de pélerinage dans un pays inconnu qui la déconcerte et la met mal à l'aise. (Bon, il faut noter que l'auteur est absolument farouche au principe d'exhibition, mais elle ne juge pas, elle s'interroge et elle pose un regard innocent et sévère à la fois.)
Bien sûr, il y a d'abord le roman à lire pour frissonner de plaisir. Le Tueur à la cravate se veut un très bon thriller, où tout commence quand deux adolescentes postent la photo de classe des parents de Ruth sur un site du genre perdu-de-vue. A partir de là, les vieux démons vont se réveiller car nos demoiselles ignorent qu'un macabre fait divers a secoué la classe de TC3 qui appartenait au père de Ruth, à sa mère et la soeur jumelle de celle-ci. Vingt ans plus tôt, donc, cette dernière a été sauvagement étrangée, le corps jeté dans la Charente, le meurtrier mis sous les verroux, même si pendant un temps c'était le père de Ruth, lui-même, qui avait été suspecté. Aujourd'hui chirurgien estimé, Vincent Cassel élève seul ses deux filles, depuis la mort soudaine de son épouse. C'est beaucoup pour un seul homme, pense-t-on.
L'histoire nous en montrera d'autres, des vertes et des pas mûres, et durant une lente et haletante montée en pression, l'intrigue ressert son étau de façon inexorable (même si j'avais facilement deviné la fin). Malgré tout, cette histoire policière ne prend pas ses lecteurs pour des idiots, il y a des morts, des suspects, des psychopathes et des beaufs. Au milieu, on suit une jeune fille qui, en perte de repères, ne va plus savoir à qui accorder sa confiance (et on la comprend tout à fait !). C'est un roman noir, à l'ambiance oppressante. Et je crois que, pour un lecteur qui n'est pas encore trop usé par les ficelles du genre, ce livre conviendra parfaitement.
coll. Médium, EdL (2010) - 362 pages - 11,50€
illustration de couverture : Franck Juery