L'Ombre de la baleine, de Camilla Grebe
Roman lu peu de temps après Le Journal de ma disparition.
Cette fois encore, changement de casting : l'inspecteur Manfred occupe le devant de la scène. Confronté à un drame familial, il cherche à se concentrer sur ses dossiers mais peine à mobiliser son intérêt (sa fille est plongée dans le coma après une chute accidentelle). Des corps sans vie sont également repêchés en pleine mer. La police se charge de les identifier et de comprendre si un lien existe.
Nous suivons aussi l'histoire de Samuel, un garçon mis à la porte par sa mère lassée de ses trafics. Or les partenaires du garçon ne sont pas des enfants de chœur. Pour s'en protéger, il décide de répondre à une petite annonce pour être le garde-malade d'un handicapé et s'en va vivre loin de tout. Une mise au vert nécessaire pour renflouer son business ? Pas si sûr. Sa relation avec Rachel est troublante et lui fait perdre les boulons.
Grosso modo ce roman est tout de même assez long et plat, avec une intrigue criminelle vraiment faible. En fait cette série m'échappe totalement car je ne comprends pas son sens. Aucun héros récurrent, juste des personnages qui vont et viennent. Aucune attache. On recroise ainsi Malin (l'enquêtrice éreintée par sa dernière affaire) et Hanne (la profileuse retraitée)... sauf que les projecteurs sont braqués ailleurs.
Pour une promesse de lecture complexe - parsemée de fausses pistes et de retournements incroyables - j'ai un doute. J'ai bien aimé la réflexion sur l'influence des réseaux sociaux, la naissance du Like et le narcissisme galopant dans notre société... très, très vrai... le dénouement est somme toute remarquable et inattendu. Seulement, en y réfléchissant bien, le reste de la lecture est fade et trop mou. J'hésite à lire le prochain.
©2019 Calmann-Lévy (P)2019 Audiolib
- Lu par : Marie-Eve Dufresne, Pierre-Henri Prunel, Hugues Martel
- Durée : 11 h 40
Une triple narration endossée par trois comédiens doués et efficace pour nous plonger dans cette ambiance nordique hors du commun.
⭐⭐⭐
Un assassin parmi nous, de Shari Lapena
J'ai vraisemblablement eu trop d'attentes envers ce nouveau roman de Shari Lapena puisqu'au final la lecture m'est apparue assez convenue.
On retrouve pourtant les ingrédients croustillants à la Agatha Christie avec une ambiance en huis clos dans un hôtel isolé au beau milieu d'une forêt et par une météo hivernale proche de la fin du monde (tempête de neige, coupure d'électricité, routes barrées...). Une brochette de personnages est bloquée dans ce cadre enchanteur qui devient hélas le théâtre de crimes en série.
Une partie de poker menteur s'engage alors entre le couple usé par vingt années de mariage, les deux amies de longue date, les fiancés comblés de bonheur, l'avocat saturé par le boulot ou l'écrivain en panne d'inspiration... L'hôtelier et son fils sont chargés de subvenir à leurs besoins et de tuer le temps avant de reprendre contact avec la civilisation.
Tout ce temps durant, l'assassin va également passer à l'acte et sévir en beauté !
Le plus cruel, pour moi, c'est d'avoir choisi de laisser le premier corps en vrac au pied de l'escalier jusqu'à l'arrivée des secours quarante-huit heures plus tard. Eh oui... c'est assez immonde. De quoi rendre les convives zinzins et vulnérables.
Sinon, grosso modo, le roman n'est pas foncièrement haletant à parcourir. Je suis arrivée au dénouement sans hausser un sourcil. Il me semble surtout que le roman dresse un autre plan, comme une volonté de fignoler les portraits des uns et des autres, de créer une tension psychologique et de planter un décor de rêve qui vire au cauchemar.
Point fort sur l'emballage mais le contenu est somme toute plus classique. L'intrigue se dénoue au terme de turpitudes gentillettes. La lecture est bien distrayante mais n'a pas été pour moi implacable ou bluffante.
©2020 Presses de la Cité, traduit par Céline Cruickshanks. Titre original : "An Unwanted Guest". Cet ouvrage a paru en 2019 aux éditions France Loisirs (P)2020 Lizzie
- Lu par : Marie-Eve Dufresne
- Durée : 8 h env.
Excellente lecture de Marie-Eve Dufresne - une habituée des livres audio - dont j'apprécie le travail et la justesse de ton en applaudissant des deux mains ! Quel véritable plaisir de plonger dans un univers en suivant son tempo... c'était parfait à écouter.
⭐⭐⭐
#ChallengeAudible : Ma vie, mon ex et autres calamités, par Marie Vareille (+) Un merci de trop, de Carène Ponte
RELECTURE AUDIO. #ChallengeAudible
Mai : à l'assaut du feel good pour être dans un bon mood
Attention, notre héroïne est une courge première catégorie... qui se reprend heureusement dans la dernière droite - ouf, ça me rassure car Juliette est à secouer dans toute cette histoire (trompée par son mec, sa copine, son employeur... ça fait beaucoup). En plus, elle courbe l'échine, pleure tout son saoul et se ruine pour un voyage aux Maldives en jurant qu'elle va récupérer l'homme de sa vie.
Oh la la. Ça peut sembler pathétique un instant mais ça reste une comédie légère et enjouée donc on en rajoute dans les émotions et les quiproquos. C'est fait exprès. La rencontre dans l'avion me fait penser à du Sophie Kinsella (Les petits secrets d'Emma) sinon ça reste du Marie Vareille tout doux et attachant. Une jolie plume rigolote et qui touche en plein cœur.
J'ai donc passé un très bon moment. Encore une fois. Et je crois que mon moment préféré, c'est la fin. Je craque. ♥
La lecture faite par Marie-Eve Dufresne est excellente... même si sa voix, son ton, sa performance m'ont aussi fait penser au personnage de Zoé Cortès qu'elle incarne dans la saga de Katherine Pancol.
©2014 Marie Vareille (P)2018 Audible Studios
- Lu par : Marie-Eve Dufresne
- Durée : 6 h env.
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Finalement, mes inquiétudes étaient fondées : dès les premières notes, l'histoire sonne niaise et superficielle. Un sentiment qui ne va hélas pas s'effacer. Le personnage de Juliette est en pleine chimère : elle perd son job, elle noie son désarroi dans un bar, elle couche avec un inconnu, elle tombe enceinte, elle s'amourache de son voisin, elle se lance dans l'écriture et elle dit crotte à ses parents surprotecteurs. C'est... pfiou !
Je ferme volontiers les yeux dans le cadre d'une comédie rigolote mais je soupire quand même car on a tendance à valoriser des nanas cruches dans des situations aberrantes. Le fameux Luc non plus ne m'a pas convaincue. Sa volte-face après une soirée romantique est de la goujaterie pure et simple. Sérieux. De toute façon le coup du beau gosse qui court au chevet de la femme invisible pour revêtir son armure de chevalier... je n'y crois pas du tout.
En somme j'ai beaucoup moins aimé. Étant donné le contexte douloureux, la première fois que j'avais lu ce roman, je comprends pourquoi il avait su me dorlotter et se parer de douces illusions. J'étais shootée. Vidée de tout sens commun. Là je me dis, hmm... faut pas exagérer tout de même. C'est sympa, mais.
©2016 Michel Lafon (P)2017 Audible Studios
- Lu par : Marie Bouvier
- Durée : 4 h 50 env.
#ChallengeAudible
Mai : à l’assaut du feel good pour être dans un bon mood.
La Veuve, de Fiona Barton
Veuve du principal suspect dans la disparition de Bella Elliott, Jane Taylor est désormais libre de tout confesser. Avait-elle connaissance de la double vie de son mari ? est-il coupable d'avoir enlevé l'enfant ? où se trouve la fillette ? Jane est-elle complice de son crime ? ou simplement victime du caractère dominant de son époux ?
Très vite, le doute est planté dans l'esprit du lecteur. La personnalité trouble et troublante de la veuve est avérée. On suit ainsi les multiples échanges entre Kate Waters, la journaliste qui cherche à arracher son scoop, ou Bob Sparkes, le policier principal qui y perd son latin, et les différents protagonistes de cette enquête. On alterne aussi entre le passé et le présent, brouillant davantage les pistes pour remonter le fil de l'intrigue et débroussailler l'obscur et l'inexplicable.
Au final, la lecture est un labyrinthe sans fin. Jane mène la danse tout du long, mais son personnage est déroutant, peu charismatique, trop secret, bref non fiable. On perçoit déjà chez Kate Waters une pugnacité qui fera son succès (cf. La coupure), de même Bob Sparkes révèle une sensibilité profonde, que cette histoire sordide ne va pas manquer d'ébranler. Quoi qu'il en soit, nous sommes tous les pigeons de cette étrange histoire.
Par contre, l'interprétation audio est excellente, tenue de main de maître par Marie-Eve Dufresne qui s'entend pour accentuer le malaise autour de la veuve et appuyer sur les interrogations : qui a fait quoi, qui dit vrai ou pas. Tout ce qui en sort n'est nullement émouvant, mais inspire du dégoût, de l'incompréhension. Un grand flou. On déteste ça, on a les yeux ou les oreilles collés aux mots de l'auteure. On absorbe cette confession insaisissable et désolante, tout en pestant ou en hochant la tête. Beaucoup de distance à prévoir, peu d'empathie à espérer, mais une sensation d'uppercut permanente (et désagréable, forcément). Une expérience très déstabilisante pour la fascination qu'elle suscite. À tenter.
©2017 Fleuve Éditions, département d'Univers Poche, pour la traduction française. Traduit par Séverine Quelet (P)2019 Lizzie
- Lu par : Marie Eve Dufresne
- Durée : 10 h
Repris en format poche chez POCKET (2018)
La disparue de Noël, de Rachel Abbott
Tout commence sur une route de campagne verglacée. Au volant de sa voiture, une femme est témoin d'un accident. Lorsque la police arrive sur les lieux, la conductrice a été tuée et sa fillette de six ans enlevée. Sans le moindre indice, ni aucune piste, l'enquête va piétiner. Six ans plus tard, une adolescente se présente chez Emma et David en tant que Natasha. L'homme est sous le choc : son enfant perdu est de retour. Seule sa nouvelle épouse demeure circonspecte. Adolescente mutique et renfrognée, Natasha ne lui inspire aucune confiance. D'abord, elle leur interdit de contacter la police et refuse d'expliquer d'où elle vient, puis accuse David d'être entièrement responsable du drame de son enfance.
Ce début très prometteur a largement rempli son office : bonne intrigue tordue, personnages peu fiables, tension psychologique palpable. L'auteur réussit à placer ses jetons subtilement. Et même si ses intentions sont loin d'être transparentes, le flou est savamment entretenu. On a envie d'avancer dans l'histoire pour découvrir ce qu'elle mijote. Malheureusement, à mi-parcours, tout part en cacahuète : on a un kidnapping interminable et des rebondissements gros comme une baleine. Ça devient lourd et lassant. Pas très convaincant. Bien sûr, Marie Eve Dufresne est remarquable : elle rend Natasha plus détestable que jamais ! Ado sur la corde raide, vulnérable et fragile, trop bizarre pour être honnête... On gobe tout. Par contre les méchants sont trop méchants. Mais c'est courant en livre audio d'accentuer les défauts ou les caractéristiques des personnages. Cela influence parfois la lecture, pas toujours cool...
© 2017 Belfond, pour la traduction française. Titre VO : Stranger Child (P)2018 Lizzie
- Lu par : Marie Eve Dufresne
- Durée : 11 h 25
Trois baisers, de Katherine Pancol
Bim bam boum, ils sont de retour ! Ils s'étalent sur 845 pages, prennent leurs aises pendant 20 heures, se livrent et se confessent, jouent, trichent et s'éparpillent... Les Plissonnier-Cortès, Valenti, Grobz, Courtois, Dupin et compagnie nous font tourner la tête et toujours battre le cœur, au cours d'une lecture passionnante et ô combien réconfortante.
Cela ressemble à une réunion familiale au sommet. Une convocation générale pour prendre des nouvelles des uns et des autres - Hortense prépare sa première grande collection avec un défilé sensationnel au Plaza, comprend la notion de désir dans un escalier du Fouquet's et harcèle Junior de questions sur son grand peut-être, Zoé s'interroge sur son avenir, carmélite ou actionnaire, elle chancèle, le cœur palpitant, comme sa maman Joséphine, qui panique de n'être plus aimée, éternellement sotte et fragile, Gary arpente les trottoirs de New York et est sidéré face à une bouteille de vin, foudroyé par la révélation, Calypso s'endort pour cent ans, Stella retrousse ses manches, lave à coup de javel les souvenirs meurtris, Adrian rêve en grand, Tom tombe amoureux, Ray Valenti brille de mille feux, Fernande s'envole pour Mexico, Henriette et Elena font des affaires...
En gros, les histoires se nouent, s'emmêlent, se tendent et éclatent dans un joyeux bordel. Ça fait des étincelles et ça crépite ! La communion est sacrée. Ce que le public ressent est lié à ce que vivent les personnages. Les espoirs, les envies, les doutes, les peurs, les sombres pensées. On partage tout, on rit, on tremble, on pleurniche, on hurle, on inspire, on cherche le staccato, on gratte les tickets de tombola, on regarde les Oscars à la télé, on reçoit des trempes, on se rebiffe, on ouvre des livres, on fait ses courses, on danse sur du Cloclo. C'est tout bon. Pas forcément intense et palpitant. Mais on se sent bien. Et puis, on a clairement nos préférences (Hortense ! Gary !), nos attentes et nos impatiences, on relève les transitions, les creux, les flous, les fièvres (euh... Junior ? du grand d'importe quoi !). On a conscience que le gros navire, parfois, tangue et s'égare, tout en adoptant un rythme de croisière agréable et délassant. En tout cas, j'ai pris place à bord, en frétillant de bonheur, et j'ai beaucoup aimé mon voyage !
Marie Ève Dufresne est également indissociable à mon plaisir de lecture. Son interprétation est impeccable, élégante, mesurée et enveloppante. J'aime infiniment. Sa voix fait aussi partie du succès de la saga - un rendez-vous incontournable avec mon autre tribu, une famille de papier où toutes les personnalités s'incarnent et forment un ensemble attachant. C'est difficile de les abandonner ! ☺
©2017 Éditions Albin Michel (P)2018 Audiolib (durée : 20h env.)
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« Partons dans un baiser pour un monde inconnu. » Alfred de Musset
Double piège, de Harlan Coben
Après le meurtre de son mari, assassiné en pleine rue, Maya ne fait plus confiance à personne et installe dans sa maison une caméra-espion pour surveiller la nounou de sa fille. Mais en visualisant le film, Maya découvre la silhouette de son époux en train de cajoler la petite Lily. En voulant mettre la nourrice au pied du mur, celle-ci brouille les pistes et disparaît de la circulation. Commence alors pour Maya une longue traque doublée d'une enquête infernale pour comprendre le fin mot de cette sinistre mise en scène. Ce faisant, Maya va fouiller le passé et raviver des plaies ouvertes, comme la mort de sa sœur Caroline ou celle de son beau-frère Andrew, elle va insidieusement empiéter sur les activités de sa belle-famille, les Burkett, et se heurter à un mur de faux-semblants, ou tout simplement craindre pour sa propre vie, à moins d'être victime de délires paranoïaques, bref la frontière est mince.
Au final, j'ai trouvé le roman assez plat et peu élaboré. Action lente, héroïne sur la retenue, creusant après un embrouillamini de mensonges et de vérités. Ouhlàlà. Mon cœur n'a pas battu la chamade à la lecture du nouveau roman de Harlan Coben... On y retrouve les mêmes crimes retors, les trafics honteux, l'utilisation décomplexée des armes, avec cette fois un coup de projo sur le stress post traumatique des militaires, la manipulation mentale et le déni. Ce qui a néanmoins pêché, dans l'ensemble, c'est le manque de pep's. J'étais surprise d'écouter un Harlan Coben sans le tintamarre habituel - courses à perdre haleine, suspense intenable, révélations fracassantes. Là, seul le dénouement vous secoue sérieusement les puces. Et j'ai d'ailleurs apprécié l'issue de cette intrigue, qui m'a bien baladée de gauche à droite, sans aiguiser fortement ma curiosité. Pour le coup, Harlan Coben est opérationnel, mais sans se fouler.
Concernant le livre audio, Marie-Eve Dufresne est toujours aussi juste et agréable à écouter. Son interprétation ne déborde jamais et suit une ligne de conduite impeccable. Je ne suis jamais déçue par son jeu, ce qui peut parfois donner un coup de pouce à des romans a priori basiques et peu satisfaisants. Un bon lecteur peut clairement atténuer les défauts d'un livre et le rendre enthousiasmant à suivre !
©2016 / 2017 Titre original : "Fool Me Once" / Belfond pour la traduction française par Roxane Azimi
(P)2017 Audiolib - Texte lu par urée : 9 h 55)
Pour l'amour d'une île, d'Armelle Guilcher & lu par Marie-Eve Dufresne
En retournant vivre sur la petite île bretonne où elle est née et a grandi, Marine n'espérait guère un accueil en grandes pompes. Désormais seule médecin sur l'île, elle n'attend pas moins des habitants d'oublier les vieilles rancunes pour lui accorder sa confiance. Or, le temps passe et la résistance persiste. Serait-ce son passé familial qui lui colle à la peau ?
Car Marine a perdu ses parents dans le chaos de l'après-guerre et ne soupçonne en rien les drames et les enjeux autour. Confiée aux bons soins de son grand-père, avec son frère aîné Yves, la jeune fille a roulé sa bosse en toute innocence, mais a vite pris conscience du climat vindicatif sur l'île, avec ses rumeurs et ses jugements hâtifs. Son amie Marie-Anne a justement payé un lourd tribut pour avoir trop parlé lors d'une soirée arrosée, avant de regretter amèrement ses paroles qui vont mettre le feu aux poudres.
Les accusations murmurées deviennent vite un poids à supporter car elles ne dévoilent jamais le fond de leurs pensées. On prend ainsi vite la température qui règne sur l'île, que ce soit dans le passé ou le présent, les bonnes vieilles habitudes ont la dent dure ! Silences pesants, regards en coin, fantômes du passé, trahisons et dénonciations, désespoirs en pagaille, hontes indélébiles...
Ce roman va donc extraire tout le drame qui couvre l'île et forcer les non-dits à se dévoiler. Marine aussi va se confronter à des vérités pas toujours bonnes à entendre, lesquelles vont mettre son cœur à mal et ses émotions à fleur de peau.
Globalement, ce n'est pas une lecture déplaisante dès lors qu'on se tient à fouiller les vieilles histoires de famille et à divulguer leurs secrets. Toutefois, l'histoire a tendance à s'éparpiller et à se complaire dans le sentimental. D'où ma déconfiture. Par contre, si vous raffolez des ambiances isolées, des figures solitaires et des paysages préservés, vous ne serez pas déçus du voyage. Cette petite île bretonne, noyée dans ses brumes et ses courants d'air, procure une sensation de dépaysement vivifiant et donne envie de s'installer pour écouter davantage ce qu'elle renferme.
Très bonne lecture de Marie-Eve Dufresne, très classique et pleine d'élégance. J'aime beaucoup cette comédienne, que j'ai principalement découvert via la Trilogie Joséphine & les Muchachas de Katherine Pancol. On trouve beaucoup de sensibilité, de distinction et de noblesse dans son jeu.
©2015 Nouvelles Plumes / POCKET 2016
>> Livre audio en exclusivité sur Audible & uniquement disponible en téléchargement.
Texte lu par 9 h 48) pour (P)2017 Audible Studios
Au fond de l'eau, de Paula Hawkins
En retournant s'installer dans la ville de son enfance, à Beckford, Nel avait pour ambition d'écrire un livre sur la légende du « bassin des noyées » - un bras de rivière où des jeunes femmes se donnent la mort dans des circonstances douteuses. Or, c'est finalement le corps de Nel qui va être repêché et c'est sa sœur Julia qui doit répondre aux questions de la police. Pourquoi n'a-t-elle pas voulu lui répondre le soir où celle-ci a cherché à la joindre désespérément ? Julia n'ose pas assumer sa lâcheté, et encore moins fouiller dans son passé pour remonter aux sources du confit. Pourtant, Lena, la fille de Nel, exige des explications et ne laisse aucun répit à Julia. Adolescente revêche et secrète, Lena porte déjà le deuil de sa meilleure amie, dont la disparition est survenue quelques mois plus tôt, au même endroit. De son côté, la police n'a pas de mot pour exprimer le choc de ces drames en cascade et ne souhaite guère alimenter les vieilles rumeurs. Aussi, l'enquête va-t-elle se dessiner lentement et ne pas constituer le point de mire de la lecture. C'est avant tout une ambiance qu'on appréhende, une ambiance énigmatique et étouffante, empreinte d'amertume, de non-dits et de malédiction. Il y a en effet toute une galerie de personnages qui vont intervenir dans le courant de l'intrigue, chacun exprimant son opinion, confiant avec parcimonie ses secrets, ce qui va permettre de dénouer progressivement les fils du canevas. Un procédé, ma foi, efficace, même si l'assemblage semble en apparence sinueux, tout est ajusté au centimètre près. Par contre, on n'y trouve pas une action échevelée, ni du suspense à foison, ici place à une tension psychologique redoutable, qui pique sournoisement. Ce deuxième roman de Paula Hawkins fait donc montre de subtilité et de délicatesse dans sa construction, son atmosphère et sa palette d'émotion, ce qui a eu le bonheur de me distraire. Je n'en espérais pas davantage - huis clos, cachotterie, mythe et vengeance. C'était tout bon.
En bonus, le format audio offre également un casting de choix, avec pas moins de cinq comédiens pour donner du corps à ce roman polyphonique et ainsi parfaire une mise en scène aux petits oignons. Cette multiplication des rôles est tout à l'avantage du roman ! En effet, chacun apporte sa propre sensibilité au personnage qu'il joue, non seulement cela évite les cafouillages ou les confusions, mais cela offre une identification plus claire, une vision personnelle et une proposition distincte selon l'expérience des uns et des autres. On avance ainsi plus aisément dans l'écoute, en plus de donner l'illusion d'une performance théâtrale, ce qui est quelque part excitant. Le tout est aussi d'une grande sobriété, au vu du cadre dramatique, on baigne dans un contexte grave et poignant. On n'en espérait pas moins d'Audiolib, qui avait déjà proposé une excellente interprétation de La fille du train par son choix des trois actrices. “Au fond de l'eau” se révèle un très bon titre, et une très bonne écoute, au service d'une histoire ordinaire et néanmoins fascinante.
©2017 Paula Hawkins / Sonatine Éditions pour la traduction française
(P)2017 Audiolib / Texte lu par : urée : 11 h 07)
Je peux très bien me passer de toi, de Marie Vareille
En quête d'une lecture douce et attachante, j'ai bondi de joie en découvrant, parmi les exclusivités de la semaine sur Audible, le roman de Marie Vareille, qui me faisait accessoirement les yeux doux depuis l'été dernier.
Constance et Chloé vivent toutes deux à Paris et cultivent, en plus d'une passion pour la lecture, les expériences malheureuses en amour. L'une rêve de Darcy, l'autre n'a pas renoncé à son ex fiancé à une autre. Pour se sortir de cette relation toxique, Chloé prend le pari de s'exiler en rase campagne, chez l'oncle viticole de Constance. Six mois de mise au vert, sans relation torride, pour enfin écrire un roman. Pendant que Chloé se débat avec ses questions existentielles, Constance s'inscrit à un “stage de séduction” et recherche sa confiance perdue en renouant avec le XXIe siècle.
Ah, quel bonheur de suivre ces deux parcours racontés avec fraîcheur, sincérité, tendresse et humour. C'est réellement un très bon roman, avec une histoire émouvante mais qui fait un bien fou. J'ai beaucoup apprécié la narration alternée qui nous embarque dans deux univers distincts, d'un côté l'évasion bucolique, le retour aux racines, le plaisir des choses simples, la grosse prise de conscience et le déballage émotionnel, de l'autre côté on part à la conquête d'une estime en miettes, on multiplie les audaces et on ose tout. C'est souvent drôle, très touchant, assez cocasse, parfois rageant et aussi complètement dingue.
Cette lecture, globalement, nous enrobe de douceur et de joliesse, elle nous chuchote une double épopée romanesque avec sa petite touche personnelle, à la fois sensible, délicate et profondément humaine. On passe un moment délicieux en compagnie de Chloé et Constance, d'ailleurs on les adopte en copines, on s'imagine en train de parler bouquins et héros improbables, on rit, on pleure, on a envie de les secouer, de partager leurs aventures et de trinquer joyeusement en se félicitant des décisions prises.
C'est une comédie pétillante, qui évoque l'amour et la famille, le romantisme et la séduction, l'amitié et les belles rencontres qui peuvent changer une vie. Le cocktail est savoureux. On quitte, à regret, la lecture, non sans éprouver une sensation euphorisante, franchement géniale. ♥
Texte lu par Durée : 7 h 26
>> En exclusivité & en téléchargement sur Audible.
©2016 Leduc.s (P)2016 Audible FR