12/10/17

Les dragons de Nalsara #1 : L'île aux Dragons, de Marie-Hélène Delval, Pierre Oertel & Glen Chapron

Cette série de Marie-Hélène Delval fait le bonheur des jeunes lecteurs depuis 2008 et compte pas moins de 20 petits romans dont le succès n'a jamais démérité. Son adaptation en format BD donne non seulement la possibilité à un nouveau public de faire sa découverte, ou permet tout simplement de raviver les souvenirs des lecteurs déjà conquis. Et c'est vrai que la lecture est particulièrement enchanteresse, pleine de rythme et d'imagination. Je ne suis plus surprise de l'attrait qu'elle exerce auprès des plus jeunes !

Les dragons de Nalsara

Cham et sa sœur Nyne vivent sur l'île aux dragons avec leur père Antos, Grand éleveur du royaume d'Ombrien. Tous assistent avec fierté à l'éclosion de deux œufs, mais s'interrogent sur le troisième, trouvé sur la plage, car il est froid et reste hermétiquement clos. Refusant de croire que l'animal est mort, Nyne casse elle-même la coquille et adopte aussitôt la créature qu'elle rebaptise Vag. De son côté, Cham noue aussi une relation exclusive avec l'un des dragonneaux et lui donne secrètement le nom de Nour, malgré l'interdiction de son père. En effet, ces derniers doivent être envoyés à Nalsara, la capitale du royaume, où ils seront confiés à des dragonniers pour leur future fonction d'armée du roi. Par chance, les enfants vont recevoir une invitation pour être du voyage et accompagner les dragonneaux jusqu'en ville. Là, de nouvelles péripéties les attendent, avec en bonus des détails sur leurs origines et des secrets sur leur mère disparue.

Voilà qui promet de belles heures de lecture dans la poursuite de cette série qui allie le souffle romanesque à l'imaginaire fantastique, tout en propulsant deux jeunes héros intelligents et intrépides dans des aventures passionnantes ! L'univers graphique est charmant et livre de belles séquences d'action et d'émotion toutes en couleurs. L'adaptation est réussie, avec une présentation expéditive du monde foisonnant de Nalsara, mais la lecture n'en demeure pas moins engageante. Conseillée à partir de 8 ans.

BD Kids, 2017

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07/05/08

(sujet sensible)

journal_de_ma_soeurCe sont les vacances d'hiver et le départ pour une semaine de ski au Val d'Isère. Patrice et son père s'impatientent tandis que Julie, l'adolescente de 16 ans, traîne les pieds devant le lycée, où elle adresse ses adieux à sa bande d'amis. Au moment de les rejoindre, c'est le drame : Julie est renversée par un bus. La foudre s'abat sur la tête de Patrice, sa soeur est plongée dans un profond coma, ses jours sont en danger. Toutefois, le garçon est supposé "deviner", car il est tenu à l'écart par ses parents, dévastés par le chagrin. L'annonce du décès vient secouer la famille déjà désunie et Patrice se sent de plus en plus incompris et négligé. Seul, il ne sait pas à qui expliquer le poids de sa culpabilité, expliquer pourquoi il n'arrive plus à retenir la nourriture dans son corps, par exemple. Ses parents semblent totalement indifférents à son sort. Patrice ne s'entendait pas beaucoup avec Julie, du moins il pensait ne pas l'aimer mais son absence lui prouve le contraire. Il s'en veut désormais de n'avoir jamais pris le temps de lui dire combien il l'aimait, à sa manière.

Un texte délicat et sensible, sur le sujet de la mort et du deuil. Un travail simple et concis pour mieux aider à passer le cap, à continuer de vivre après la perte d'une personne qu'on aime. A conseiller aux plus jeunes, dès 10 ans.

Le Journal de ma soeur, Anne Poiré

Seuil jeunesse, 2008. Coll. Chapitre, 80 pages. 7,50€

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mes_yeux_mentheUn matin, Granny ne s'est pas réveillée. Et puis voilà. La maison de Nina s'est mise alors à flotter sur une mer agitée et remplie de larmes. Le temps passe et la maman de Nina continue de pleurer. Sa meilleure amie Jojo est venue à la rescousse, s'installe auprès d'elles et prend les rênes du foyer. Nina est remplie d'espoir, car Jojo, avec son accordéon, son chat Foufou et son fiancé Paolo, apporte un semblant de gaité et de bonne humeur. Toutefois, la maman de Nina ne va pas mieux, il a fallu vider l'appartement de Granny et la douleur est toujours aussi vive. Jojo s'inquiète et choisit d'emmener son amie en vacances... sans Nina. La fillette part rejoindre son père à la campagne, où il vit avec sa nouvelle femme et leur enfant de deux ans, Lola. Au début, Nina n'est pas à l'aise, puis elle s'attache à sa petite soeur et apprécie les efforts de son père. Bientôt elle retrouve sa maman, qui n'a plus les joues creuses, plus le nez dans les mouchoirs, n'est plus en boule sous la couette. Au contraire : avec Jojo, elle s'active pour la préparation du mariage de celle-ci.

Désolée de n'être pas très *gaie* dans mes choix de lecture, mais ce petit livre pourra vous étonner car il est plus souriant et plus guilleret qu'on ne pouvait le supposer. Le chagrin d'une maman est décrit à travers les yeux d'une petite fille de 8 ans et c'est plein d'amour, plein d'espoir. Peut-être la recette idéale n'existe pas, mais on tire de ce livre la leçon suivante : la préciosité de l'amitié, le goût des crêpes et de la pizza, l'amour des siens, surtout ceux qu'on pensait vivre en "pays étranger" (or, rien ne change l'amour d'un papa, même s'il a refait sa vie !). Il y a un peu de passages très sensibles, mais ce n'est pas qui ce frappe ni ce qui ressort : non, c'est essentiellement la vitalité ! Les illustrations reflètent également cette tonicité mêlée de sensibilité. Un joli texte à la portée des plus jeunes.

Mes yeux menthe à l'eau, Agnès de Lestrade - illustrations de Violaine Leroy

Editions du Rouergue, 2008. Coll. ZigZag, 107 pages. 6,50 €

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parmi_nousEt si on imaginait ce qu'il se passe après ? si on supposait qu'il existait un entre-deux vers l'au-delà ? ... Cela donnerait une histoire de fantôme, comme dans ce roman de Marie-Hélène Delval. Anaïs est amoureuse d'Adrien. Elle l'appelle de tous ses vœux, lui crie son amour, mais il ne peut entendre sa voix, car elle et lui ne font plus partie du même monde... De là où elle est, elle suit, impuissante, la nouvelle idylle de son amoureux. Adrien l'a-t-il déjà oubliée, remplacée ?

Je me demandais si j'allais revivre le même déluge qu'avait inspiré la lecture du livre de Lisa Schroeder, car le sujet est très proche. Finalement, non. Ce court roman est accessible pour les plus jeunes (dès 10-11 ans) et aborde l'amour et la mort. C'est très émouvant mais juste un tantinet trop propre et retenu pour moi. Ou alors je suis trop "vieille" pour tomber dans le panneau. Cette lecture reste agréable, sensible et réserve de beaux chapitres sur la douleur du deuil, l'impuissance de tourner la page et l'acceptation de passer le flambeau à une autre personne. On tire une formidable leçon d'espoir en bout de course !

Parmi nous, Marie Hélène Delval

Bayard éditions jeunesse, 2008 /  Bayard Presse, Je bouquine, 2005. 90 pages - 5,80€

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31/05/07

Du fantastique, du diabolique et de l'émotion pure

les_chatsCe sont les vacances d'été. Sebasto passe son temps chez Da, son grand-père d'adoption. Il est surpris d'y trouver un chat noir aux yeux d'argent. Bientôt, des phénomènes inexpliqués apparaissent et Sebasto est surpris d'apercevoir deux, puis trois, puis quatre chats absolument identiques ! Sebasto et son grand-père découvrent alors la malédiction qui menace le monde.
Roman fantastique pour les plus jeunes ? Oui. Ce livre est accessible pour les 10-11 ans et réveille tous les instincts contre l'horreur. On frissonne, on tremble, on se questionne. On n'hésite d'ailleurs pas à le qualifier de roman diabolique. De plus, l'utilisation des chats comme essence à cette histoire donne un poids extraordinaire : ce sont des animaux domestiques, mais auréolés de mille et une légendes qui sont entretenues grâce à ce genre de littérature !
Par contre, c'est un peu léger pour un adulte, mais les enfants vont adorer ! Le scénario est habile, bien écrit, son ambiance est mystérieuse, même angoissante !
Autant d'ingrédients efficaces pour cette recette.
Récompensé par le prix Chronos de littérature de jeunesse en 1999 par les élèves de 6e-5e.

Les Chats, par Marie Hélène Delval - Bayard - 154 pages . Mai 2005.  5.80 euros.

marmite_du_diableJ'ai trouvé ce livre décevant, j'ai même peiné pour en venir à bout alors qu'il n'est pas bien épais ! (180 pages) L'histoire était sommairement intéressante : un homme découvre un grotte préhistorique mais il est accusé d'avoir fabriqué de toutes pièces les preuves et les peintures de ce lieu inconnu. Pour preuve, l'homme a refusé de donner les indications pour visiter le site. Ce François Wilthbert s'était d'ailleurs honoré passablement d'un gros scandale en saccagant bêtement un site classé plusieurs années auparavant. Défait du milieu, il avait oeuvré en cachette. L'affaire s'est un peu enterrée car Wilthbert est mort d'un cancer foudroyant, et aujourd'hui son fils Nicolas se sent désoeuvré. Il aimerait rendre justice à son père, trouver la trace de cette grotte, faire taire les mauvaises langues. Mais en découvrant les carnets de son père, Nicolas décèle une face sombre et déplaisante qui plonge le garçon dans une colère latente.
Pour vraiment se plonger dans le bain, c'est-à-dire approcher la mystérieuse "Marmite du Diable", il faut au lecteur la patience de parvenir jusqu'à la page 130 ! Avant cela, on assiste surtout à l'agonie d'un adolescent mal dans sa peau, agacé et énervé, rancunier et presque haineux. Dans ce bouillon de sentiments amers, lui vient aussi une pulsion irrépressible pour les jeunes filles et le sexe. Faire l'amour devient une lubie, une envie obsédante, un désir "sauvage" !
Cela m'a surprise ! C'est bien la première fois que je découvre dans un roman "pour la jeunesse" qu'on aborde aussi franchement le sujet de la sexualité chez les adolescents ! Sans quoi, ce roman m'a également inspiré de l'ennui car l'intrigue est traînante. Les quelques bons passages parviennent tout juste à sauver les meubles, le sujet de la spéléologie est précis, les thèmes sont abordés avec finesse, l'atmosphère est sombre et pesante. Autant d'atouts pour attirer les lecteurs désireux d'une lecture où le personnage central leur ressemble comme deux gouttes d'eau ! (A partir de 12-13 ans).

La Marmite du Diable par Olivier Silloray - Bayard - 180 pages. Mars 2006. 10,90 euros.

larmes_de_l_assassinA découvrir dès 13 ans, préconise l'éditeur. Mais je me questionne sur le jeune lecteur en question, plongé dans cette histoire sombre. Comment relever la tête sans éprouver la chape qui s'y abat progressivement ? Moi, je me suis sentie clouée à mon siège. C'est noir, très noir. Dans une maison du bout de la terre, les parents de Paolo Poloverdo sont égorgés par un criminel, Angel Allegria. Il épargne le garçon et vit un an à ses côtés, quand arrive un autre inconnu, Luis Secunda. Tous trois vont "former une famille" de bric et de broc, seuls, loins, écorchés. C'est franchement glauque. S'ajoute toute l'âpreté du décor chilien, un pays de nulle part. J'avais franchement un nuage noir au-dessus de ma tête !

Mais finalement, j'ai été assez surprise puis touchée par le tournant des événements. Il y a un sursaut d'action et d'émotion dans l'histoire, très prenante donc. La relation entre l'enfant et l'assassin soulève plusieurs perplexités, mais certaines leçons psychologiques expliquent ce phénomène entre le bourreau et sa victime (= le syndrome de Stockholm). Paolo Poloverdo est un garçon très attachant, qui inspire de la pitié, hélas. Je n'aime pas ce sentiment. Pourtant ce n'est pas péjoratif ni réducteur, dans "Les larmes de l'assassin" le sentiment d'amour et d'affection est exploité différement. Ce roman tranche dans l'habituelle littérature jeunesse que j'explore, d'ailleurs ce livre se destine à tout public. Je ne suis pas la seule à le remarquer, et c'est vrai. Par contre, tout jeune lecteur risque de s'y perdre. Aussi je le conseille pour un lecteur averti, et pourquoi pas pour les adultes ? A noter : le choix du nom d'Angel Allegria n'est pas anodin, ange + joie ne mènent pas à "un assassin". Est-ce déjà signe de miséricorde ? Un bon livre, en tout cas.

Les larmes de l'Assassin, par Anne Laure Bondoux - Bayard - 340 pages. Mai 2003. 10,90 euros.

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