22/09/22

L'Épouvantail (Jack McEvoy 2), de Michael Connelly

L'ÉpouvantailSi vous avez déjà lu Le Poète, le nom de Jack McEvoy n'a plus de secret pour vous. Ce journaliste avait été entraîné dans une enquête sordide après le meurtre de son frère. Ça avait été l'une des meilleures lectures de Connelly, pour moi.

J'étais donc particulièrement curieuse de retrouver McEvoy dont la carrière de journaliste au L.A. Times tourne au vinaigre puisque l'homme est licencié en raison d'une restructuration des équipes. C'est une collègue plus jeune, Angela Cook, qui va se charger de sa rubrique. Et s'il pouvait lui donner quelques tuyaux, ce serait sympa. Même si l'annonce lui reste en travers de la gorge, Jack veut partir en beauté avec son dernier article qui dénonce des erreurs policières et un accusé à tort. Sauf que la situation lui échappe. Jack se retrouve avec son identité piratée, son enquête spoliée, sa collègue disparue et sa vie clairement menacée. Hop, seul contre tous. Reste son dernier contact au FBI - la belle Rachel Walling - qu'il appelle sans scrupule.

C'est souvent ce que je trouve casse-pied chez Connelly, comment il gère les relations entre les hommes et les femmes, comment il s'emmêle les pinceaux avec les sentiments, la séduction, les ruptures. Les interludes romantiques, ça ne marche pas. Je n'aime pas non plus son ton de vieux de la vieille - ici, il pointe la fin du journalisme traditionnel, le désamour de la presse écrite, la montée d'internet et la fuite des données personnelles. Ces petits travers ne sont pas rédhibitoires non plus. Après tout, sur le plan des intrigues policières, il en connaît un rayon. De la grandiloquence. Des guet-apens. Du suspense. Un serial killer qui apparaît dès le début. Une traque insensée et angoissante. Seule la fin est un peu décevante. Elle survient vite et en grandes pompes (style cinématographique). Et me hérisse un peu les poils. Ceci dit, s'en sort très bien, avec une technique imparable qui se lit habilement.

Pour preuve, l'exercice est très réussi en livre audio. L'écoute est agréable, entraînante, vibrante selon les rebondissements. On vit l'enquête dans la peau du personnage, mais surtout on se met en retrait sitôt que le criminel prend les rênes. On y entre tranquillement, et puis bim-bam-boum. Si L'Épouvantail n'est peut-être pas à la hauteur du Poète (l'un des meilleurs Connelly), il permet de passer un bon moment avec de l'action, de la tension, de l'intrigue pas toujours crédible et des personnages qui assurent le show.

©2009 / 2021 Hieronymus / Inc.Calmann-Lévy (P)2022 Audiolib

⭐⭐⭐.5

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13/06/19

En attendant le jour, de Michael Connelly

En attendant le jourLieutenant de police dans la brigade de nuit, quartier Hollywood, Renée Ballard a coutume de transférer ses dossiers à la fin de son service car l'enquête ne lui appartient plus. Cette fois, elle ne se résout pas à abandonner aussi facilement sa double affaire de fusillade et d'agression mais obtient un sursis pour approfondir le dossier.
Cette partie de l'histoire n'est pas très originale dès lors qu'on lit souvent du Connelly car on retrouve grosso modo ses bonnes vieilles ficelles usées.

Par contre, LA nouvelle héroïne de l'auteur n'est franchement pas sympathique. Elle vit seule avec son chien. Elle a grandi à Hawaï sur une planche de surf jusqu'au jour où son père a disparu en mer. Elle n'a plus que sa grand-mère pour se soucier d'elle. Elle a d'abord été journaliste avant de s'engager dans la police. Ses rapports avec ses collègues sont également problématiques (son poste serait d'ailleurs une punition).
Par contre, Ballard est un produit 100% Connelly - un personnage de flic entier et sans concession, buté et farouche, défiant sa hiérarchie et les conclusions hâtives. Mais elle demeure trop inaccessible et froide. Juste un nom, même pas un prénom. Car l'auteur insiste sur du Ballard tout du long... jamais Renée. C'est saoulant et l'écart se creuse.
Non vraiment j'ai été moyennement conquise par cette lecture. L'enquête criminelle est plate et factuelle. Bien sûr l'auteur adresse un clin d'œil à son personnage iconique et sous-entend qu'il va faire une apparition dans le prochain roman. En attendant, cette nouvelle série n'a pas été à la hauteur de mes espérances.

©2017 / 2019 Titre original (États-Unis) : The Late Show / Traduction de Robert Pépin pour Calmann-Lévy (P)2019 Audiolib

Très bonne écoute grâce à une interprétation pondérée de la lectrice. Du rythme, de la tenue, de l'intrigue. Un format audio tout à fait convaincant !

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10/07/18

Sur un mauvais adieu, de Michael Connelly

sur un mauvais adieuHarry Bosch ne travaille plus pour le LAPD, suite à sa retraite forcée. Mais notre homme a depuis rebondi et prête son concours à la police de San Fernando aux affaires classées. Il travaille en équipe avec Bella Lourdes et Danny Sisto sur le cas du Screen Cutter, un violeur en série qui court depuis des années sans être inquiété.
En parallèle, Bosch a été embauché par un milliardiaire en quête de descendance. Des décennies plus tôt, sa famille n'a pas accepté sa liaison avec une jeune mexicaine, tombée enceinte. L'homme voudrait retrouver cet enfant avant de mourir mais dispose de maigres informations sur la mère. Cette enquête vaut toutefois à Bosch de raviver ses vieux souvenirs du Vietnam, alors que sa fille Madeline balaie ce détail d'un revers de la main en l'invitant au resto. Détail cocasse, mais non négligeable.
On retrouve tous les fondamentaux de la série - avec un inspecteur Harry increvable, son évolution de carrière, ses nouveaux collègues, son ADN de flic, sa fille étudiante et son frère avocat bossant dans sa Lincoln... Des retrouvailles toujours plaisantes et qui inspirent un sentiment de familiarité.
En somme, la lecture est divertissante, dans le genre polar classique et efficace. Et Jacques Chaussepied est excellent dans l'exercice audio.
Une valeur sûre sur tous les plans.

©2018 Calmann-Lévy. Traduit par Robert Pépin. (Titre VO : The Wrong Side of Goodbye)

(P)2018 Audiolib. Lu par Jacques Chaussepied (durée : 12h 40)

 

 

01/09/17

Jusqu'à l'impensable, de Michael Connelly

Jusqu'à l'impensableÀ force de tirer sur la corde, en usant de méthodes arbitraires pour résoudre ses petites enquêtes, Harry Bosch a été poussé à la retraite, avec un sérieux  blâme à la clef. Profitant de cette période de flottement, son demi-frère, l'avocat Mickey Haller, lui demande de remplacer son enquêteur au pied levé, suite à un étrange accident de moto. Haller a besoin de lui pour prouver l'innocence de son client, accusé d'un crime qu'il jure n'avoir pas commis. Forcément, Bosch fait la grimace - ce n'est pas éthique de soutenir la défense après des années passées au LAPD. S'il franchit la ligne jaune, il n'y aura plus de retour possible. Bosch n'étant toutefois plus à une contradiction près accepte de rencontrer Da Quan Foster, puis de jeter un œil à son dossier avant de farfouiller à droite et à gauche. Très vite, notre amateur de jazz et de justice flairera un parfum douteux autour de cette affaire qui fait bizarrement tomber les suspects, les enquêteurs et les rares témoins... 

Encore un très bon épisode de la série, laquelle s'apprécie à sa juste valeur, et davantage si l'on suit chronologiquement la parution des romans ! Bosch s'embarque donc dans une énième enquête semée de coups fourrés et de révélations sordides, selon un schéma classique mais conduit avec efficacité. J'ai beaucoup aimé. Ce sont presque 12 heures qui défilent dans nos oreilles, à écouter le comédien Jacques Chaussepied, lequel incarne désormais un Bosch à jamais cabochard et allergique à toute forme de corruption. Un rendez-vous qui ne déçoit pas les attentes, et qui me laisse dans l'expectative d'une prochaine collaboration entre les deux frangins. Une combinaison toujours réjouissante.

©2015 / 2017 Hieronymus, Inc. / Avec l'accord de Little, Brown and Company, Inc. / Calmann-Lévy. Traduit par Robert Pépin

(P)2017 Audiolib - Texte lu par Jacques Chaussepied (durée : 11h 50)

 

31/05/16

Mariachi Plaza, de Michael Connelly

Mariachi Plaza Audiolib

Je transgresse mon principe de précaution en lisant la dernière aventure de Harry Bosch, faisant ainsi un bond dans le temps pour retrouver notre ami proche de la retraite, cantonné au service Cold Case, et qui s'accroche à son poste comme un forcené pas pressé d'être rangé au placard. Pour l'occasion, il doit superviser la formation d'un récent transfert, Lucia Soto, la gloire montante de la police, tout juste auréolée de la médaille du mérite pour sa bravoure lors d'une fusillade au cours de laquelle son collègue a trouvé la mort. Pour couronner les premiers pas du jeune prodige, les deux enquêteurs sont chargés du dossier Orlando Merced, un mariachi qui vient de succomber à ses blessures, dix ans après les faits qui avaient fait grand bruit (un échange de coups de feu sans explication et des tonnes de supputations inabouties). L'autopsie a permis de retirer la balle traîtresse et de lancer les policiers sur un début de piste. Cette affaire sera rapidement complétée par un autre Cold Case concernant un incendie criminel impliquant des enfants, dont Lucia quand elle était gamine. Ce drame terrible n'a jamais cessé de la hanter. Aussi profite-t-elle de sa fraîche promotion pour tirer au clair son passé obscurci par des cauchemars. De fil en aiguille, les deux enquêtes vont se télescoper et apporter de l'ampleur à la lecture qui manquait un peu de tonus depuis sa mise en route. La conduite de l'intrigue renoue ensuite avec la mécanique routinière en servant les rebondissements d'usage et en gonflant le rythme au fil des chapitres, car ces retrouvailles avec Harry Bosch collent sans surprise au standard de la série et sont ni plus ni moins ordinaires. J'apprécie toujours autant les clins d'œil, les blagues entre initiés et Matthew McConaughey (bien  meilleur que Clint Eastwood). La fin est juste excellente et s'inscrit en point d'orgue dans le parcours de notre Super Harry Bosch, ce qui présage un prochain tome à contre-courant des attentes habituelles (il faut lire le résumé de The Crossing pour s'en convaincre et s'émoustiller du retour de Mickey Haller). Chic !

Texte lu par Jacques Chaussepied pour Audiolib, mai 2016 (durée : 12h 50)

Traduit par Robert Pépin (The Burning Room) pour les éditions Calmann Lévy

Mariachi Plaza (Harry Bosch 20) | Livre audio

©2014 / 2016 Hieronymus / Calmann-Lévy. Traduit de l'anglais par Robert Pépin (P)2016 Audiolib

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Voir Clint Eastwood incarner Terry McCaleb dans Créance de sang et Matthew McConaughey jouer Mickey Haller dans La Défense Lincoln vous a gêné pour écrire leurs autres aventures ? - J’avais peu écrit sur eux avant leur adaptation. Clint a totalement obscurci l’image de Terry dans ma tête. Matthew… Il est tellement bon que je le vois maintenant quand j’écris les livres sur Mickey Haller mais ça ne me gêne pas.

Article paru dans Studio Ciné Live – Hors-série n°29 – Avril 2015

 


19/04/16

La lune était noire, de Michael Connelly

La lune était noire CL

Cassie Black est en liberté conditionnelle, après avoir passé cinq ans en prison pour complicité dans une série de cambriolages dans les casinos. Elle tente aujourd'hui de mener une existence rangée et se fait la plus discrète possible, même si son moral est au plus bas. Elle a perdu son compagnon, Max, vit seule et travaille chez un concessionnaire de voitures de luxe, voit fréquemment son agent de probation mais peine à masquer son coup de blues. Car Cassie vient d'apprendre une nouvelle douloureuse, qui l'oblige à renouer avec son passé pour obtenir de l'argent au plus vite et prendre la fuite sur une île dans le Pacifique. Le coup n'a rien d'exceptionnel, puisqu'il consiste à récupérer une mallette bourrée d’argent dans la suite d’un casino de Las Vegas. Cela implique de retourner au Cleopatra, lieu chargé de mauvais souvenirs, et de se remettre à niveau pour déjouer la sécurité. Cassie est motivée et se sent capable de gérer la situation. Et puis, tout dérape... L'individu qui vient d'être spolié est retrouvé mort sur son lit. Miss Black est en fuite, Jack Karch du Cleopatra se lance à ses trousses. Seulement, les méthodes de cet agent spécial, dépêché par le casino, sont musclées et impitoyables. Le type est déterminé à reprendre le magot, il va pister la détrousseuse et semer des cadavres sur son passage.

Je vous épargne les détails technologiques et les interminables anecdotes sur l'art d'accomplir le casse parfait - cela s'éternise sur 150 pages et c'est long, très long pour un début. D'entrée de jeu, le rythme est cassé et j'ai eu beaucoup de mal à accrocher à l'histoire. La course-poursuite entre Cassie et Karch tente ensuite de relever le niveau et donne du piquant à l'intrigue, mais l'ensemble demeure néanmoins glaçant et manque de vibrations. Connelly a voulu bousculer ses habitudes, en se glissant dans la peau d'une femme, qui plus est un escroc. Et ça ne colle pas du tout ! J'ai été assez déçue - trop de longueurs et manque d'empathie au programme. Je tape du poing sur la table et réclame le retour de Harry Bosch ! ^-^

Traduit par Robert Pépin (Void Moon, 2000) pour les éditions Calmann-Lévy ♦ Le Livre Poche, Janvier 2012

La lune était noire LdP

11/04/16

L'Envol des anges, de Michael Connelly

Lenvol des anges

Harry Bosch et ses deux équipiers, Kizmin et Edgar, sont convoqués en pleine nuit sur une scène de crime survenu dans le célèbre funiculaire de L.A. où a été assassiné le célèbre avocat des droits civiques, Howard Elias, réputé pour ses procès fracassants contre la police. L'homme est une icône chez la communauté noire de la ville, aussi tous les services ont été réquisitionnés pour enquêter en priorité sur l'affaire, de crainte d'une nouvelle flambée de violence (comme les émeutes qui ont suivi l’affaire Rodney King ou le procès d’O. J. Simpson). Harry est contraint de bosser avec John Chastain, des enquêtes internes, avec lequel il a souvent eu maille à partir. Le meurtre d'Elias remet aussi sur le tapis l'assassinat d'une fillette, dont le principal suspect, accusé à tort, a porté plainte contre les bavures policières, avec coups et blessures. L'affaire Howard Elias devient donc un imbroglio administratif et judiciaire dans lequel il faut montrer patte blanche pour chaque initiative, chaque dossier à compulser, chaque témoin à rencontrer. Les services font officiellement front commun, même si Harry est la tête pensante de l'investigation, son caractère fort et indépendant risque de se sentir à l'étroit au sein de ce consensus. Et puis son horizon sentimental est à nouveau bouché, obscurci par une épouse mal dans sa peau, qui a cédé à ses vieux démons du jeu. C'est donc avec impuissance et frustration que notre homme voit sa douce lui filer sous le nez. 

Cet épisode est un bon cru de la série, d'abord pour ses touches d'humour (enfin!) et ses références au cinéma (Clint Eastwood, Créange de sang, Terry McCaleb). Puis, parce qu'on y découvre les rouages du système américain et le jugement est sans appel - l'auteur rend compte des dérapages et des violences pouvant survenir lors des interrogatoires musclés et fait état des arrangements pour servir au public un bouc-émissaire et calmer les esprits échauffés. Même le crime devient politique. Évidemment, Bosch se lèvera seul contre tous pour préserver son intégrité mais ne sortira pas indemne de son jusqu'au-boutisme. “C'était le cri des anges déchus qui plongent vers l'enfer. Il savait qu'il ne pourrait jamais se permettre de l'oublier.”

Le Livre de Poche (Policier) / Mai 2012 ♦ Traduit par Jean Esch (Angels Flight)

Lenvol des anges CL

Calmann-Lévy / Robert Pépin Présente

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24/03/16

Créance de sang, de Michael Connelly

Créance de sang

L’ex-agent du FBI, Terry McCaleb, se remet tout doucement d'une opération à cœur ouvert. Astreint à un repos forcé, il profite de l'occasion pour bichonner son bateau et occupe son temps libre entre la pêche et éplucher ses vieux dossiers. La visite d'une inconnue, Graciela Rivers, vient cependant perturber sa tranquillité alors qu'elle se présente comme étant la sœur de Gloria Torres, abattue à bout portant alors qu'elle faisait ses emplettes, laissant son fils orphelin. Ce drame a cependant été profitable à Terry, désormais le récipiendaire du cœur de la victime. En l'apprenant, McCaleb est sous le choc et accepte d'enquêter sur le meurtre de Gloria. La suite de l'intrigue n'est cependant pas aussi époustouflante qu'un habituel roman de Connelly, on a les rebondissements et le suspense d'usage, l'ensemble se laisse lire avec plaisir, mais il lui manque ce petit truc capable de faire la différence. Terry McCaleb n'a d'abord pas su me convaincre, c'est un personnage éteint, qui a tendance à verser dans la sensiblerie (imaginez Clint Eastwood dans son rôle convient tout à fait !). De plus, le bouquin se noie dans des niaiseries sentimentales qui rendent l'histoire et son sujet (le traitement des dons d'organes) beaucoup trop mielleux ou pas crédibles du tout. Sans être une déception, le roman est quelconque, avec une fin nunuche et mortifiante. En somme, on a un rendez-vous attendu et classique, parce que c'est du Connelly, mais la lecture est assez sommaire. Il est temps de retrouver Harry Bosch... ;-)

Traduit par Robert Pépin pour les éditions du Seuil (Blood Work)

Points coll. Policier / novembre 2013 pour la présente édition

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21/03/16

Le Cadavre dans la Rolls, de Michael Connelly (Harry Bosch #5)

Le cadavre

Suite à son coup de déprime, cf. Le dernier coyote, Harry Bosch vient tout juste de retrouver sa place au sein de la brigade criminelle, avec une promotion à la clef en tant que chef de son équipe comprenant Jerry Edgar et Kizmin Rider (nouvelle venue). Pour célébrer la fin du weekend du Labor Day, un concert du Philharmonique est donné en plein air, alors que Bosch est appelé, non loin, pour enquêter sur l'assassinat d'un producteur de cinéma, Tony Aliso, tué d'une balle dans la tête, le corps retrouvé dans le coffre de sa Rolls. Une exécution sommaire, qui semble porter la signature du crime mafieux. Mais Bosch n'est pas du style à se satisfaire des apparences et entend chercher plus loin. Il rencontre la veuve, glisse ses pas dans ceux de la victime, se rend à Vegas, négocie avec la police urbaine, se mouille avec la pègre locale et se coltine une fois encore les affaires internes. Une triste habitude pour notre inspecteur précédé de sa réputation d'empêcheur de tourner en rond. Au-delà de toutes ces tractations et magouilles politiques et judiciaires, Harry va également se confronter à un fantôme de son passé - l'inoubliable Eleanor Wish, croisée dans Les égouts de Los Angeles - avec laquelle il a très, très envie de faire un bout de chemin. Et plus encore. 

Ce tome recense l'aspect le plus bling-bling de la ville des anges et sa jumelle racoleuse - Vegas et ses casinos, ses clubs, ses hôtels, son argent sale, sa mafia et ses blondes fatales... Par certains aspects, on aurait presque pu s'imaginer dans un polar des années 50, à la Raymond Chandler (Veronica Aliso est un cliché du genre). Harry est cependant très éloigné de Philip Marlowe et choisit de nous surprendre avec ses idylles qui lui donnent des ailes et le font accomplir des merveilles ! Whooo... Ce tome m'inspire donc plusieurs sentiments et oscille entre le pur roman noir, l'épisode indissociable d'une série qui ne cesse de s'enrichir et la lecture de pure distraction avec des rebondissements à la clef, un coupable insaisissable et des fausses pistes lâchées exprès pour étourdir le quidam. Un rendez-vous indiscutable. 

Points, coll. Policiers, thrilles & romans noirs ♦ Juin 2014 pour la présente édition

Traduit de l’anglais par Jean Esch (Trunk Music) pour les éditions du Seuil

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17/03/16

Le Poète, de Michael Connelly

Le poète

Je n'ai pas abandonné Harry Bosch, seulement je tente de suivre au plus près l'ordre chronologique des livres de Connelly. Et donc... Le Poète. Classé parmi les meilleurs polars de tous les temps. Sans exagération. Voilà qui catalogue d'office cette lecture parmi les plus stressantes et attendues au tournant. Je ne vais pas vous faire languir et avouer de suite que le rendez-vous a été à la hauteur des espérances !

L'histoire concerne le journaliste Jack McEvoy, anéanti par le suicide de son frère, Sean, un policier qui ne supportait plus le stress de son boulot et l'échec de  l'affaire Theresa Lofton (une jeune étudiante sauvagement assassinée). Voulant comprendre les raisons de son geste tragique, Jack reprend tout à zéro et remarque assez rapidement plusieurs cas de suicide à travers le pays concernant d'autres flics éreintés par une grosse enquête non aboutie. La coïncidence est troublante, mais n'en attire pas moins le FBI, en la personne de l'agent Rachel Walling, aussi belle que redoutable, et dont la première intervention est aussi sexy que musclée. Jack est sous le charme et négocie finement pour rester au cœur de l'action, au nom de son frère, mais aussi pour la primeur du scoop et rendre justice à des victimes incomprises (le serial killer a trop longuement sévi en toute impunité). La suite de ses investigations continuera de le traîner loin, très loin, notamment sur la piste d'Edgar Allan Poe (point commun avec Les Mots qui tuent de Martha Grimes), ainsi que sur des terrains vagues où Jack va s'embourber à plus d'un titre. Connelly use de nombreux subterfuges pour égarer les enquêteurs (et le lecteur) et nous assomme avec une succession de pistes et de fausses pistes - qui rendent cependant le rythme haletant et le dénouement inattendu et époustouflant. Son seul point faible, à mon goût, réside dans ses interludes romantiques, maladroits et encombrants, qui servent inutilement l'intrigue ou la pimentent de façon lourdaude. Mais je lui pardonne aisément car il me tarde de plonger à nouveau dans son univers de mec bourru, qui rend le tout pas mal addictif.

Calmann-Lévy / ROBERT PÉPIN PRÉSENTE ♦ Juin 2015

Traduit par Jean Esch pour les éditions du Seuil (The Poet, 1996)

Le Poète Points

Points / Mai 2013 pour la présente édition