Une pincée de magie, de Michelle Harrison
Pour son treizième anniversaire, Betty a décidé de partir à l'aventure sans l'autorisation de sa grand-mère (qui les élève, ses sœurs et elle, depuis la disparition de leur mère et l'absence du père). C'est pourtant interdit de quitter l'île de Crowstone mais Betty s'en moque. Elle refuse de s'encroûter dans ce patelin noyé sous les brumes. Profitant du soir d'Halloween, elle embarque sa jeune sœur Charlie à bord d'une barque quand soudain - patatras !
La fin de soirée va tourner en eau de boudin et Betty va faire face à son pire cauchemar. C'est du moins avant d'apprendre pourquoi on la retient “prisonnière” sur cette île et pourquoi sa sœur Fliss a perdu tout éclat depuis son seizième anniversaire. Faisant fi des traditions, sa grand-mère déballe toute l'histoire de la famille Widdershins avec ses objets magiques et sa malédiction. La pilule est peut-être amère mais les filles ne peuvent plus reculer et vont ainsi apprivoiser cet héritage bien lourd.
Rien que par sa couverture riche en couleurs et ses illustrations fantaisistes, le roman convie à s'évader et explorer son imaginaire excitant. Premier constat : le début est longuet et les héroïnes ne sont pas attachantes. Toutefois, la suite de l'histoire est rondement menée. Et surtout, c'est nettement moins naïf à lire car les sœurs Widdershins partent affronter de gros défis (elles veulent libérer leur père de prison et casser la malédiction). Elles rêvaient d'aventures ? Elles vont être gâtées !
Au fond, j'aurais souhaité un roman beaucoup plus farfelu (plus de magie, plus de relation entre frangines, plus de suspense). C'était cependant très sympa mais sans mystère superflu. Ça manque d'un petit quelque chose pour me charmer complètement.
Seuil Jeunesse, 2021 - Traduit par Elsa Whyte
⭐⭐⭐.5
"Why hadn't she seen it sooner?"
Tanya, une adolescente de quinze ans, possède le don de double vue. Elle voit des créatures féériques et est persécutée par celles-ci pour qu'elle taise leur existence. Résultat, Tanya passe pour une hystérique incomprise. Sa mère, excédée, décide de l'envoyer en vacances chez sa grand-mère, à Elvesden Manor, une grande et imposante demeure aux abords d'une forêt, où justement les créatures qu'elle veut fuir ont élu domicile. Tanya est désespérée, l'accueil de Florence, sa granny, est glacial. Warwick, l'intendant, est tout aussi grognon. Seul son fils, Fabian, fait preuve d'un minimum de sympathie, même si sa présence collante agace Tanya.
Pour tromper son ennui, la jeune fille se balade à droite et à gauche et finit par découvrir que sa famille subirait encore les lourdes conséquences liées à la disparition de la meilleure amie de sa grand-mère, il y a près de cinquante ans. Et pourtant, Tanya et Fabian sont persuadés d'avoir croisé cette Morwenna Bloom dans la forêt. Ils décident donc, sans en toucher un mot aux adultes, de venir en aide à la disparue. Parallèlement, Tanya rencontre Red, une adolescente écorchée vive, qui vient de kidnapper un bébé dans un hôpital pour des raisons bien précises. C'est la première fois que Tanya fait connaissance avec quelqu'un qui voit les mêmes choses qu'elle, elle n'hésite pas à lui prêter main forte.
J'ai beaucoup aimé l'idée générale du livre, même si je pense aussi que toutes les promesses n'ont pas été tenues (en fait, tous les atouts du roman n'ont pas été exploités à leur juste valeur, ou bien de façon maladroite). Bon point déjà, la couverture du roman est vraiment très belle ! Pour le reste, nous avons une lecture entraînante, une intrigue dense, un univers bien bâti (les créatures féériques sont viles, perverses, fourbes, cupides et lâches, il faut s'en méfier et ne pas les traiter à la légère). L'héroïne est parfois un chouïa décevante, manquant bêtement de discernement à des moments clefs du roman, comme avec le bracelet... Ceci étant dit, c'est un roman qui tient la route et qui peut séduire les jeunes lecteurs (dès 12, 13 ans). C'est aussi le premier tome d'une trilogie, mais il peut se suffire à lui-même.
Les 13 Trésors - Michelle Harrison
Bayard jeunesse, coll. MilléZime, 2011 - 431 pages - 11,90€
traduit de l'anglais par Danièle Darneau
illustration de couverture : Chris Gibbs