Nous étions les filles de la plage, de Meg Donohue
Huit ans ont passé depuis le tragique été durant lequel Colin a été retrouvé mort sur une plage à Avalon, en Californie. Depuis, sa sœur jumelle vit dans son souvenir et laisse peu de place à son fiancé dans leur relation qui s'effrite. Celui-ci la met en garde et annonce, trois mois avant leur mariage, qu'il préfère prendre de la distance. Kate est effondrée et impuissante. Elle vient notamment d'apprendre qu'elle est enceinte.
Elle se tourne alors vers ses amies, Dani et Vanessa, malgré la distance et le poids du passé qui ont eu raison de leur connivence. L'une collectionne les petits boulots, fume et boit trop, promet d'écrire un roman avant ses 30 ans, l'autre est mariée mais malheureuse, son mari a embrassé une autre femme au boulot, depuis elle a repris contact avec son premier amour et espère le revoir à Avalon.
Car les amies ont pris conscience de leur responsabilité non assumée dans la mort de Colin. En acceptant de retourner ensemble dans leur bungalow sur la plage, elles ont espoir de retrouver l'élan qui fait défaut à leur existence. Leur présent est alourdi par le passé : toutes trois n'ont pas dit toute la vérité. Huit ans plus tôt, Dani, Vanessa et Kate ont en effet précipité le drame d'une manière ou d'une autre et perdu à jamais l'insouciance de leur jeunesse.
Je ne sais plus comment ce roman a atterri entre mes mains, avant de réaliser que j'avais déjà lu La fille qui cherchait son chien du même auteur. J'ai donc plongé et avalé 100 pages d'une traite : la tension dramatique est palpable, savamment dosée par un suspense réel. Seulement, au fil des chapitres, l'intérêt s'est émoussé. Quand, comment, pourquoi. Impossible de pointer du doigt. Peut-être l'amertume me semblait de plus en plus lourde et indigeste.
Toujours est-il que j'ai fini par me lasser : une fois révélés, les secrets ne nous laissent pas bouche bée. Que de tristesse et de non-dits... Le verdict final est désolant. En bref, ce court roman n'a pas su me convaincre pleinement et taille le portrait de trois copines sans concession, en laissant filer toute légèreté... J'espérais davantage de charme, de chaleur, de douceur. En vain.
HarperCollins (2016) - Traduit par Jeanne Deschamp
Titre VO : All the Summer Girls
Des millions de larmes et de rires, de Karma Brown
Tegan et Gabe vivent le grand amour depuis leur rencontre à l'université. Désormais mariés, ils attendent la naissance de leur premier enfant dans trois mois. Mais un soir d'hiver, sur une route verglaçante, leur voiture fait une embardée.
La jeune femme se réveille sur un lit d'hôpital et apprend qu'elle a perdu son bébé. Effondrée, elle ressent une profonde rancœur à l'égard de son compagnon et s'enfonce dans la dépression. Les semaines passent, l'amertume a fait son nid et Tegan refuse de reprendre goût à la vie.
Le couple est dans l'impasse : ils ne se comprennent plus et se disputent sans cesse. Gabe cherche à bousculer Tegan et lui propose finalement de partir pour un long voyage de six semaines : les plages de Bangkok, la cuisinie italienne, le surf à Hawaii... Pourquoi ne pas réaliser leurs vieux rêves pour sauver leur amour ?
Tegan accepte. À son corps défendant. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle se ment. Et elle ment aux autres. Elle refuse d'évoquer le drame qu'elle vit. Son deuil insurmontable. Et s'enferme dans une bulle increvable.
En fin de compte, ce voyage va peu à peu lui offrir mille sensations et autres émotions : en remontant le fil des souvenirs, elle va extérioser sa douleur trop longtemps enfouie.
- Ça peut paraître dingue, mais peut-être que je n'ai pas envie de surmonter tout ça.
Je suis soulagée de l'avoir enfin dit tout haut.
- Est-ce que j'ai vraiment envie d'aller mieux ? D'aller de l'avant ? Parce que... parce que...
Je m'interromps, le souffle coupé par le chagrin.
Gabe m'interroge d'une voix douce, compréhensive.
- Parce que tu as peur d'oublier ?
Je hoche la tête en aspirant un peu d'air.
- Et si j'oubliais tout l'amour que... tout l'amour que...
- Tu ne l'oublieras pas, m'interrompt Gabe d'une voix imprégnée de détermination. Je ne te laisserai pas oublier.
Oh, quel roman ! Je n'ai absolument rien vu venir. Je ne m'y attendais pas du tout. En tout cas, ce roman est juste bouleversant ! Je l'ai lu d'une traite, j'ai voyagé, j'ai rêvé, j'ai souri, j'ai pleuré. Même après avoir terminé ma lecture, je me sentais encore imprégnée par ses mots et ses messages. Que d'amour et d'espérance entre les lignes... c'était magnifique.
HarperCollins (2015) - Traduit par Florence Guillemat-Szaras
Titre VO : Come Away With Me
Trop beau pour être vrai, de Kristan Higgins
Grace a rompu avec Andrew quand celui-ci est tombé amoureux de sa sœur Natalie. Malgré sa souffrance, la jeune femme a longtemps fait bonne figure pour éviter toute compassion excessive, jusqu'à l'annonce de leurs fiançailles. Trop, c'est trop. Pour échapper à la honte et à la pitié de ses proches, elle s'invente donc un petit ami idéal.
Toutefois, Grace en a sérieusement assez de son statut d'éternelle célibataire et cherche un nouvel homme dans sa vie. Pourquoi pas son voisin ? Lorsque Cal s'est installé dans la maison d'à côté, Grace l'a d'abord accueilli en l'assommant avec une crosse de hockey. Elle pensait qu'il s'agissait d'un cambrioleur et a prévenu la police (elle était certes un peu éméchée et bouleversée).
Depuis, Cal lui lance des regards incendiaires et l'évite comme la peste. Quel sombre idiot... mais ô combien sexy et attirant ! Grace se rince souvent l'œil depuis son grenier mais Cal n'est pas aveugle et lui demande de cesser ses séances d'espionnage. Voilà, c'est dit.
Cal et Grace forment donc un couple impossible et aux réparties explosives. On applaudit des deux mains en savourant le ton comique. On y retrouve aussi tous les ingrédients chers à Kristan Higgins : des personnages entiers, passionnés, sensibles et attachants. La famille occupe toujours une place primordiale : encombrante mais indispensable. Et la relation entre Grace et ses sœurs est farfelue (par contre le coup du fiancé qui permute les prétendantes... au secours !).
Un détail que j'ai apprécié concernant Grace : prof d'histoire, passionnée par les reconstitutions géantes, elle pousse souvent ses élèves à l'accompagner. D'où certaines scènes désopilantes.
Sinon, Cal est torride dans son genre. Dès lors qu'il y a rapprochement entre Grace et lui, cela va beaucoup trop vite (aaaah Autant en emporte le vent sur grand écran, comment ne pas craquer ?!). Par contre je n'ai pas vu venir la fin et c'est tant mieux. J'ai adoré. Kristan Higgins, tu es définitivement mon héroïne !
HarperCollins (2015) - traduit par Sandrine Jehanno
Les Rêves sont faits pour ça, de Cynthia Swanson
Un matin, Kitty se réveille dans une chambre inconnue, auprès d’un homme inconnu et dans une vie inconnue (mariage, enfants, maison d'architecte). Serait-ce un gag ? Car Kitty se souvient être une célibataire de trente-huit ans, qui tient une librairie avec sa meilleure amie Frieda et vit dans un duplex coquet avec pour seul compagnon son chat Aslan, où elle mène une existence ordinaire, en attendant le retour de ses parents en vacances à Honolulu. Sitôt qu'elle ferme les yeux, qu'elle tombe de sommeil, elle se retrouve dans cette autre vie, auprès d'un homme séduisant qu'elle aurait sauvé d'une attaque cardiaque, huit ans plus tôt, après leur rencontre par petite annonce dans le journal. Son autre vie lui apprend qu'il serait mort et qu'elle n'en aurait rien su - qu'est-ce que cela veut dire ? Kitty / Katharyn jongle ainsi entre deux visions de sa vie, ne sachant plus déterminer les frontières du rêve et de la réalité, réalisant peu à peu qu'aucune des deux perspectives n'est exempte de défauts, de contraintes et de désillusions, que le bonheur est ici, là et ailleurs. Cette valse tourbillonnante entraîne aussi le lecteur dans un maelström de sensations et d'émotions. Tout est confus, insaisissable et troublant. Kitty perd pied entre ses rêves et sa réalité, Kitty veut s'accrocher à ses espoirs en piochant entre les deux pour s'arranger une vie de rêve, car “les rêves sont faits pour ça”. Mais ce n'est tout... du moins, c'est une histoire surprenante sur toute la ligne. Et la lecture est aussi étonnante, captivante, fascinante... et terriblement poignante.
Au fil des pages, on accompagne l'héroïne dans un cheminement long et difficile vers la vérité. Entre l'excitation du début et les révélations déstabilisantes en cours de route, l'histoire se distingue par la subtile mascarade qu'elle met en place et son extrême habileté à manipuler son monde. Le trouble est volontairement semé, il faut ensuite accepter de respecter les règles de ce jeu de dupes, tout en nuances et en zones d'ombre. J'ai été également séduite par le cadre de l'histoire, qui se déroule dans les années 60, avec Jackie Kennedy en véritable icône de la mode, un contexte économique en pleine évolution, impactant aussi le style de vie des américains avec les grands centres commerciaux en plein essor, les chaînes de librairie en expansion (au détriment des commerces de quartier) et les lotissements qui fleurissent en marge des centres-villes. Cette photographie d'une époque donne à la lecture un charme vintage. Un bonus appréciable et une belle rencontre littéraire... pour qui aime les énigmes et les ambiances brumeuses.
Traduit par Marilyne Beury (The Bookseller) pour les éditions Mosaïc, mai 2016
Les Chroniques de Zombieland : Alice et le miroir des maléfices (2), La Reine des Zombies (3) de Gena Showalter
Reprise des réjouissances : l'héroïne Alice Bell se remet doucement de ses blessures après la violente attaque subie à la fin du tome 1 -cf. Alice au pays des zombies. Son corps est meurtri, son petit ami s'en veut terriblement, mais la demoiselle insiste pour reprendre du service. Elle tourne en rond comme une folle dans sa chambre. Il lui faut de l'action. Et donc elle déboule au gymnase pour l'entraînement où elle rencontre Gavin, une recrue venue prêter main forte. Leurs regards se croisent, et ouhlàlà... chaud devant ! La vision qui frappe Ali montre le couple en position lascive et sulfureuse. C'en est trop pour son copain Cole qui cogne son poing contre le mur. Grrr, sa frustration sera terrible. Il frappe encore un grand coup en annonçant à sa dulcinée que c'en est fini de leur relation amoureuse. Ali n'est pas contente du tout et lui promet une guerre sans pitié. Elle est d'autant plus rageuse que son ex s'affiche déjà avec une nouvelle conquête - laquelle minaude sous le nez de la reine déchue. Ali riposte et lui colle la raclée de sa vie. RIEN NE VA PLUS chez nos mercenaires de la nuit. Leurs hormones en folie dictent leurs actes et leur raison - les cœurs chavirent et les regrets s'installent en creusant leur amertume. En bref, le navire prend l'eau. On en oublierait presque les zombies sanguinaires, leurs attaques intempestives guidées par une entreprise secrète et la présence d'une taupe au sein de l'équipe. Autre problématique : Ali se découvre une personnalité double. Une Alice maléfique, contaminée par la toxine Z, qu'elle cherche à combattre pour ne pas basculer du côté obscur.
Et je soupire, de dépit. Cette série cristallise, selon moi, la médiocrité et le mauvais goût du genre. C'est très bas de gamme et d'une vulgarité affligeante (personnages, dialogues, attitudes). Tout sonne faux, creux et de troisième zone. La traduction est une nouvelle fois très décevante, la version originale n'étant probablement pas de grande envergure, on reste dans du littéral strict, peu recherché ou fignolé. L'histoire ensuite se cantonne à des psychodrames risibles et immatures, ou bascule dans des scènes de baston pas franchement glamour. Il n'y a aucune finesse, aucun soupçon d'élégance. Après, on peut se dire que c'est juste un bouquin d'action, avec des gosses de 17 ans qui zigouillent des zombies et se débattent avec leurs hormones. Il n'empêche que cela manque cruellement de raffinement et de subtilité, du coup la lecture n'est pas toujours agréable à parcourir.
Par contre, j'ai toujours trouvé les couvertures accrocheuses. Seul bon point du lot.
Mosaïc, Octobre 2015
Traduction : Emmanuel Plisson (Through the Zombie Glass)
Dans le dernier tome, une attaque massive vient surprendre nos tueurs de zombies dans leurs cachettes pourtant sécurisées. Ali n'a pas le temps de pleurer la perte de ses amis qu'il lui faut s'armer jusqu'aux dents pour partir en guerre, car leurs ennemis ont juré de les éliminer une bonne fois pour toute. Le moral est au plus bas, les forces sont diminuées, c'est la panique générale et l'organisation peine à serrer les rangs à nouveau. Au cœur de cette pagaille, les amours trouvent enfin un semblant d'harmonie, les sentiments s'affirment, les corps se touchent et les dernières barrières tombent, pour s'acheminer vers une fin émouvante et inattendue. On trouve aussi un chapitre spécial, celui de la rupture racontée par Cole. La logique veut donc qu'un tome 4 complète cette aventure, sa lecture étant purement optionnelle, sauf si l'on s'intéresse au parcours de Frosty. Le changement de traducteur a permis une copie plus fluide et digeste, même si je reste peu convaincue par la série en général.
Tome 3 : La Reine des Zombies ♦ Traduction : Barbara Versini (The Queen of Zombie Hearts)
La Fille qui cherchait son chien (et trouva l'amour), de Meg Donahue
Pas très convaincue par cette couverture, enfin bon...
Nouvellement installée à San Francisco, Maggie Brennan perd brutalement son fidèle compagnon à quatre pattes et sombre dans un désespoir sans fond. La jeune femme s'enferme dans son appartement, où elle reste cloitrée pendant trois mois, refusant de briser sa coquille ou d'affronter ses angoisses - un comble, quand on découvre qu'elle est psychologue spécialisée auprès des personnes ayant perdu leur chien. Quand Anya Ravenhurst se présente à son cabinet, sous la contrainte de ses proches qui s'inquiètent pour elle, Maggie n'imagine pas une seconde qu'elle va la suivre dans son délire de marcher dans les rues de la ville pour chercher son chien. Une nouvelle forme de thérapie qui contraint notre spécialiste à bousculer ses habitudes pour son plus grand bien...
En lisant la présentation de l'éditeur, j'avoue avoir été séduite par la promesse d'une lecture croquignolette, brossant “une galerie de portraits drôles et attachants où chaque personnage cherche son chien avec nostalgie, avec passion, avec vulnérabilité… et finit par se trouver et rencontrer l’amour”. J'étais impatiente de succomber à cette magie, pour finalement ressentir une pointe de déception car la comédie oublie la carte de l'humour et de la fantaisie pour privilégier l'émotion. Dans le fond, ce n'est pas un mal non plus. L'histoire est hyper touchante et évoque admirablement le lien exceptionnel qui unit l'homme et l'animal. C'était pour moi déjà une évidence, mais cette lecture en est la confirmation. J'ai donc été très, très émue par l'histoire de Maggie, qui tente de se soigner à travers les obsessions d'Anya, laquelle traîne aussi des casseroles. Il ne faudrait cependant pas minimiser les ondes optimistes qui transpercent derrière toute cette vulnérabilité. Et clairement, la tentative de consoler Maggie grâce à une histoire d'amour qui se dessine timidement... c'est adorable. Cela manque peut-être d'étincelle, mais c'est plein de joliesse et ça envoie un message fort, sympathique et positif, que je m'approprie sans mauvaise grâce.
Mosaïc / Novembre 2015 ♦ Traduit par Jeanne Deschamp (Dog Crazy)
Une comédie profonde qui déploie des trésors d’humour et d’amour. Elle ravira tous ceux qui aiment rire et pleurer.
Une mariée de trop, de Louise Vianey
Margot est impatiente de se rendre à l'église où Gabriel, son fiancé, lui a réservé la surprise de sa vie en organisant leur mariage dans le plus grand secret. Alors qu'elle s'engage dans l'allée principale, le cœur battant à tout rompre, ses espoirs soudain s'effondrent : son promis est déjà au bras d'une autre.
Humiliée, abasourdie et estomaquée, Margot s'enfuit sans demander son reste et se réfugie dans une chambre d'hôtel où elle sombre dans un désespoir sans fond une nuit complète. Mais le cauchemar continue lorsqu'elle apprend le lendemain matin que la mariée a disparu et qu'elle figure en tête de liste des principaux suspects.
Tout l'accuse. À commencer par cette mascarade du mariage. Gabriel affirme avoir rompu depuis des mois. Sa meilleure amie Sophie tente de la soutenir mais tombe des nues en découvrant le carnage dans son appartement. Du sang, partout. La famille de Margot est également désemparée et peu disposée à accorder du crédit à ses dires.
C'est donc seule contre tous que la jeune femme se lance vers une quête de la vérité qui sera sidérante de révélations et autres rebondissements à vous en décrocher la mâchoire.
Premier roman oblige, il faut reconnaître à cette lecture ses qualités et ses défauts d'usage. Aussi est-elle débordante d'enthousiasme, appliquée et attendrissante de gaucherie, avec une histoire abracadabrante mais au suspense soutenu.
Parmi les incohérences et autres faits tirés par les cheveux, je note une Margot qui a coutume de perdre la mémoire, de s'effondrer dans des lieux publics pour se réveiller dans des états vaseux (comble de l'horreur, elle supposera même avoir été abusée sous GHB... et là, pilule amère, sensation inconfortable et envie de secouer le cocotier).
Malgré tout, malgré le malaise ressenti, j'ai trouvé l'ensemble de la lecture hautement addictif. Sa construction est sacrément tordue et nous entraîne sur des chemins escarpés, quitte parfois à dépasser les bornes. Mais rien que pour le plaisir ressenti, pour cette excitation constante et pour le doute distillé de bout en bout, je considère ce roman réussi et très prometteur pour la suite !
Je souhaite à Louise V., auteure débutante, passionnée de faits divers et dévoreuse de romans policiers, une belle continuation. ヾ( ̄◇ ̄)ノ〃
Mosaïc / Octobre 2015
Qu'est-il arrivé à Celia Steinhauser ? de Susan Crawford
Lorsque Dana découvre le corps sans vie de sa voisine, Celia Steinhauser, baignant dans son sang, elle est prise de panique et se réfugie chez elle en mûrissant la conviction qu'elle tient une part de responsabilité dans ce crime. Toutes deux ont passé l'après-midi ensemble et ont pris un verre. Après quoi, Dana n'est pas fichue de remettre bout à bout les dernières heures de sa journée et se sent désemparée. Son entourage ne l'aide pas non plus - femme seule et délaissée par son époux, Dana soupçonne Jack d'entretenir une liaison et réunit les preuves pour le confondre mais se heurte à son attitude froide et hautaine. Le mari de Celia agit aussi de façon étrange et perturbante. De quoi donner du fil à retordre à l'inspecteur Jack Moss chargé de l'enquête.
Encore une histoire à l'ambiance vaporeuse, mélancolique et énigmatique, dans la lignée de S.J Watson, A.S.A Harrison ou Alice LaPlante, où la personnalité à fleur de peau de Dana Catrell, qui intrigue par ses mystères et nombreuses errances, prend le pas sur l'enquête policière. On avance dans le roman lentement, en empruntant de longs chemins tortueux, et on se pose des tas de questions sur les personnages... qui sont TOUS flous et peu dignes de confiance. Le doute est vite planté dans notre esprit et c'est avec fébrilité qu'on tourne les pages du livre, dans l'attente du dénouement (qui nous cueille franchement avec surprise). Petite baisse de régime à mi-parcours, malgré un suspense sournois, le roman peine à se renouveler ou à explorer de nouvelles pistes, jusqu'au coup de théâtre final, vraiment peu prévisible.
Mosaïc / juin 2015 ♦ Traduit par Florence Guillemat-Szarvas (The Pocket Wife)
Étape 5 #Challenge Halloween : Choisissez le livre qui raconte ce qui pourrait vous arriver de pire !
Étape 5 : Le 25 octobre
Mais quel est ce son étrange ? Il semble émaner du caveau le plus proche. Il se fait de plus en plus fort. Vous voudriez fuir mais restez, fascinés... Que peut-il vous arriver de pire ? Racontez-nous ou choisissez le livre, film ou documentaire qui pourrait le mieux l'exprimer !
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Alice au pays des Zombies, de Gena Showalter
La couverture est très jolie et invite à la découverte, mais malgré le titre équivoque, rien ici n'est inspiré du roman de Lewis Carroll (exception faite pour le lapin qui apparaît sous forme de nuage dans l'histoire).
L'héroïne s'appelle Alice Bell. Le jour de ses seize ans, elle perd toute sa famille dans un accident de la route et prend conscience de l'existence des Monstres, contre lesquels son père désespérait de la mettre en garde, alors qu'elle supposait une panique illusoire et obsédante. La vie d'Alice bascule dans l'horreur. Elle emménage chez ses grands-parents, intègre un nouveau lycée et y fait la rencontre d'une bande de caïds peu recommandables. Cole, le leader, lui inspire pourtant une sensation d'étourdissement. Dès qu'elle pose les yeux sur lui, elle est aspirée par une vision d'elle et lui en train de s'embrasser fougueusement. La situation est gênante, d'autant que le garçon réagit violemment en lui crachant son dégoût. Tout ça avant de retourner sa casaque et d'envahir l'espace vital de la nouvelle en jouant souvent du chaud et du froid. Youplaboum.
L'histoire est, en bien des égards, un summum de clichés bêtifiants, avec lesquels il faudra composer pour suivre les péripéties de l'héroïne. On a là des personnages qui se transforment en commandos d'élite la nuit et dézinguent des zombies en prenant tous les risques. Ils se confrontent aussi à des ennemis encore plus redoutables, les Antirads, dont les motivations demeurent encore assez obscures. Dans l'ensemble, c'est pêchu et entraînant, les rebondissements sont nombreux et surprenants (pas vu venir la fin). On évolue dans un univers assez sombre et poignant, où les coups pleuvent et les proches succombent. J'ai bien aimé cet aspect de la lecture. Après quoi, il faut faire abstraction de cette jeunesse impulsive, qui cultive une réputation de gros bras et distribue facilement les tartes, parce qu'ils sont tous exclusifs, jaloux, possessifs et boudeurs. On se perd vite dans leurs complaintes amoureuses (“je-t-aime-moi-non-plus”) qui constituent l'essentiel de l'intrigue. Soupirs. Globalement ce n'est pas désagréable à lire, voire plutôt entraînant, mais le trait demeure souvent caricatural et surfait. Pour qui souhaite lire une histoire avec de l'amour, de l'amitié et de l'action, le compte est bon.
Mosaïc / Réédition Octobre 2015 ♦ Traduction d'Emmanuel Plisson (Alice in Zombieland)
Les Profondeurs, de James Grippando
Direction les Everglades où le corps d'une femme sans tête est retrouvé dans les marais. Malgré la mise en scène reproduite soigneusement, les équipes sur place s'interrogent sur cette nouvelle victime qui ne colle pas au style habituel de leur tueur en série, surnommé Cutter. Abe Beckham, substitut du procureur, est lui-même troublé par l'identité de la morte. Tyla Tomkins. Une vieille connaissance. Une connaissance qui l'écarte aussitôt de l'enquête et le place sur la liste des suspects. Notre homme est, de plus, avare en confidence ou omet de jouer franc jeu. L'étau se resserre lorsque son épouse Angelina disparaît de la circulation. La maison du couple comporte des traces d'une violente dispute (bris de verre, traces de sang). Pour l'agent du FBI Victoria Santos, c'est assez pour le pousser dans ses derniers retranchements.
L'entrée en matière du roman m'a tout de suite emballée - cadre, ambiance, personnages, non-dits et suspense. Tout est combiné pour nous donner envie de poursuivre la lecture, au cours de laquelle vient se greffer un semblant d'intrigue à la Gillian Flynn (Les apparences). C'est plus qu'alléchant. Le rythme et les dialogues sont également bien ficelés, peu de temps mort, la petite graine plantée en toute innocence et l'oreille aux aguets. L'auteur fait décemment le job et nous embarque, cahin-caha, vers des sentiers obscurs, semés d'embûches et aux nombreux soubresauts. Jusqu'à la toute dernière ligne, on reste surpris par les révélations faites ! Là où il pêche, c'est dans la tendance à grossir le trait (l'entêtement de Victoria vire à la mascarade) et la masse d'informations non filtrées (le passé d'Abe, sa relation avec Samantha & JT Vine, la compagnie de canne à sucre). Le lecteur est vite assommé et frôle l'ennui. C'est maladroit, mais sans conséquence fâcheuse, car cela reste une lecture plaisante, qui remplit toutes les conditions du cahier des charges (angoisse, faux-semblant et rebondissement).
Mosaïc / Septembre 2015 ♦ Traduction de Marc Rosati (Cane and Abe)