Détonations rapprochées, de C.J Box
Joe Pickett, nouveau garde-chasse dans le Wyoming, s'est déjà distingué pour avoir arrêté le gouverneur de l'état qui pêchait sans permis (notre homme ne l'avait pas reconnu !). Ceci a cependant conforté son image de type droit et incorruptible, même si ses congénères se gaussent de ses maladresses, il n'en récolte pas moins une profonde estime. Et c'est vrai que Joe Pickett est un bon gars, amoureux de la nature et attachant une importance cruciale à sa tranquillité et à celle de sa famille. On ne dit pas de Joe qu'il est ambitieux mais consciencieux. Aussi, le jour où il découvre un cadavre sur son tas de bois, notre garde-chasse est en pétard. Pourquoi ce braconnier, qu'il avait interpellé un peu plus tôt, gît sans vie près de son chalet ? Alors que les autorités attribuent cette mort à un simple accident, Joe Pickett décide de poursuivre les investigations, non par esprit de contradiction, mais parce que cette intrusion dans son jardin secret le heurte personnellement. La suite de l'histoire adopte un rythme tout aussi imperturbable et jamais ennuyeux car c'est tout un décor qu'on découvre, au cœur de la magnificence des Rocheuses, avec une ambiance à l'américaine (cowboy, stetson, cheval et fusil de chasse). C'est très, très bon. Non seulement l'intrigue va dévoiler des arcanes complexes et malheureuses, mais révéler aussi le rapport de force existant entre écologie et économie (enrichir la communauté, mais à quel prix ?). L'auteur s'attache également à nous raconter des personnages dans leur vie ordinaire, à créer une petite bulle de confort et à nous inclure dedans. C'est un charme supplémentaire qui fonctionne si bien que je reprendrai rendez-vous avec Joe et les siens très prochainement !
Points / Septembre 2004 ♦ Traduit par William Olivier Desmond (Open Season) pour les éditions du Seuil ♦
Texte lu par l'excellent Jacques Frantz pour Livraphone (durée : 8h 40)
Te voilà ! d' Anaïs Vaugelade
Où l'on découvre la formidable épopée du bébé qui flotte dans le ventre de la maman et qui s'apprête à faire son grand voyage vers la sortie. Une libération sous forme d'explosion de couleurs, de poésie, de fantasmagorie... Effet prodigieusement magique et éblouissant !
Où l'on s'inspire aussi d'une la légende disant que les bébés avant la naissance ont la connaissance universelle mais qu'un ange la leur fait oublier en posant un doigt sur leurs lèvres (d'où le petit creux de la lèvre supérieure)...
Où l'on se dit que cet album se lit de façon libre et légère, libre de toute interprétation, complètement éthéré dans son esthétisme.
Et moi, j'ai beaucoup aimé les couleurs et les illustrations de cet album psychédélique...
Petite description théorique
Pourquoi avons-nous tous un petit creux entre la base du nez et les lèvres ? Un récit talmudique célèbre nous l'explique : à la naissance de chaque enfant, un ange arrive pour lui interdire de révéler tout ce qu'il a appris dans les limbes. Il pose son doigt sur la bouche du bébé puis le retire en laissant cette empreinte, et c'est alors que le nouveau-né peut crier. Anaïs Vaugelade a choisi de réécrire une version malicieuse et laïque de cette légende. Voici révélés quelques secrets de la vie antérieure du bébé !
Alors qu'il avait un an tout juste, le petit garçon d'Anaïs Vaugelade s'est trouvé nez à nez avec un téléphone, modèle 1960. Quand, avec le plus grand naturel, il a porté le combiné à son oreille, Anaïs est restée perplexe : «D'où sait-il que cette chose est un téléphone, alors qu'au cours de la seule année de sa vie il n'a vu que des modèles rectangulaires et à boutons ?» Puis, c'est en lisant un livre de morphogenèse, qui compare le tout premier instant du foetus à un big bang, qu'Anaïs a trouvé le point de départ de son histoire.
Cet album contient aussi un hommage appuyé aux sages-femmes, qui portent bien leur nom (surtout celles de la maternité des Lilas).
Ecole des Loisirs, novembre 2013
Canada, de Richard Ford
« D'abord, je vais raconter le hold-up que nos parents ont commis. Ensuite les meurtres, qui se sont produits plus tard. C'est le hold-up qui compte le plus, parce qu'il a eu pour effet d'infléchir le cours de nos vies à ma soeur et à moi. Rien ne serait tout à fait compréhensible si je ne le racontais pas d'abord.
Nos parents étaient les dernières personnes qu'on aurait imaginées dévaliser une banque. Ce n'étaient pas des gens bizarres, des criminels repérables au premier coup d'oeil. Personne n'aurait cru qu'ils allaient finir comme ils ont fini. C'étaient des gens ordinaires, même si, bien sûr, cette idée est devenue caduque dès l'instant où ils ont bel et bien dévalisé une banque. »
Great Falls, Montana, 1960. Dell Parsons a 15 ans lorsque ses parents braquent une banque, avec le fol espoir de rembourser un créancier menaçant. Le hold-up échoue, les parents sont arrêtés, et Dell a désormais le choix entre la fuite et l’orphelinat. Il traverse la frontière et trouve refuge dans un village du Saskatchewan, au Canada.
Trop calme, trop mou, trop indolent. Rarement un roman n'aura autant multiplié les efforts pour réveiller mon intérêt somnolent ! La faute aussi à Thibault de Montalembert, dont l'interprétation trop maîtrisée a rendu l'ensemble ronronnant, fastidieux et lassant. Eh oui, hélas. Pourtant je me souviens d'une lecture enthousiasmante de La vérité sur l'Affaire Harry Quebert. Cette fois il adopte une posture trop guindée, à laquelle je n'ai pas adhéré.
L'histoire aussi se donne un style “je me révèle lentement”, mais l'effet laisse franchement à désirer. On s'ennuie, à force d'errance, de retour en arrière, de lenteur et de descriptions interminables. Le narrateur fait pitié, tant il est passif. On a envie qu'il se bouge, qu'il prenne sa vie en main, qu'il agisse, et puis non... C'est déprimant. Je n'ai pas du tout été emballée par ce roman morne et assommant, qui n'a pas été sauvé par une lecture à voix haute au ton solennel, pas très concluant. Déception !!!
Audiolib, mars 2014 ♦ texte intrégral lu par Thibault de Montalembert (durée : 14h 27) ♦ traduit par Josée Kamoun pour les éditions de l'Olivier
Le complot de la Dernière Aube
La lecture des tomes précédents est nécessaire pour la compréhension de ce livre ! (en savoir plus en un clic)
Troisième tome, et probablement le dernier de la série ! Toutes les questions ont trouvé une réponse, nous avions abandonné Neil Galore plus dépité que jamais, après la débandade des évènements provoqués par la terrible Brigade Pâle, mais plus déterminé que jamais aussi ! Il veut trouver l'ennemi, mettre un terme à leurs pratiques perverses et redoutables, dans le même temps il aimerait bien en savoir plus sur ses origines (et balayer la nouvelle d'un revers de la main), réunir ses anciens acolytes, la belle Elly en particulier, et gagner ses lettres de noblesse au sein de la prestigieuse Agence Pinkerton (on pourrait facilement le considérer comme l'ancêtre de Fox Mulder !).
Sans trop en dévoiler, sous peine de livrer des révélations secrètes, je tiendrai en estime ce troisième tome, pour son ambiance western, son dynamisme, ses personnages attachants, son histoire où l'on respire la poussière, l'odeur du colt et du whisky, les ennemis implacables, les secrets de famille enfin dévoilés, même si guère brillants. J'ai aimé cette série, complètement, et pourtant j'ai trouvé ce troisième tome légèrement moins enthousiasmant. Pas décevant, mais disons que j'avais des attentes haut placées ! C'est une série que je conseille à tous les amateurs du genre, ils ne regretteront pas le détour.
L'Agence Pinkerton, tome 3 : Le complot de la Dernière Aube, par Michel Honaker
Flammarion, 2012 - illustration de Benjamin Carré
In the mood for a good, steamy, old-fashioned bodice-ripping romance ?
Caleb Black, un nom qu'il suffit de prononcer pour frissonner de la tête aux pieds. La première fois qu'il se présente à Willow Moran, il lui fait l'effet d'un ange vengeur. Et pourtant elle a besoin de lui, besoin qu'il l'aide à retrouver son frère quelque part dans le Grand Ouest. Inversement, lui aussi va tirer profit de la situation, il recherche activement un dénommé Reno, celui-là même que Willow présente comme son époux (puisqu'il lui faut mentir à son sujet selon ses conseils reçus dans une lettre). Caleb ne dit rien mais il doute, il suffit de la regarder rougir dès qu'il lui pose des questions pressantes pour croire sérieusement à un mariage, selon lui, les deux sont simplement amants. Tant mieux, cela servira davantage ses plans. Caleb s'est juré de séduire cette beauté du Sud, aux manières raffinées, de retrouver Reno et de le buter.
La chevauchée à travers les Rocheuses s'annonce longue, très longue, tendue et périlleuse. A leurs trousses, on compte des hors-la-loi, des Comanches, des bandits qui veulent soit la tête de Caleb, récemment mise à prix, soit les pur-sang que Willow trimballe partout avec elle, et qu'elle considère comme ses gosses. La tension est palpable aussi (tension sexuelle, j'entends bien !) car l'homme et la femme vont se découvrir, s'apprécier et s'attirer. Alors oui, il y a pas mal de sensualité au fil des chapitres, et une leçon de pêche à la truite qui vaut le détour...
La suite est classique, comme souvent dans ce registre de romance historique. Caleb Black est un mâle, un vrai, qui protège les plus faibles et qui n'a qu'une parole lorsqu'il s'engage. Ses sentiments envers la petite Willow sont touchants, ce qui n'était qu'une simple affaire de vengeance personnelle va devenir un casse-tête chinois où les coeurs de nos deux protagonistes louperont presque un battement quand ils découvriront le pot aux roses (mais au moins ça relance l'action et la passion !).
Il s'agit en fait d'une réédition d'un titre paru déjà il y a quinze ans. Je crois même l'avoir lu à l'époque, c'était sympa de le retrouver...
Et je sais que vous attendez LA réplique culte, la voici donc :
Les longs cils de Willow s'abaissèrent doucement, ombrant ses joues, tandis que le soleil jouait avec leurs pointes dorées. Caleb la contemplait, fasciné.
- J'ai les yeux fermés, fit remarquer Willow au bout de quelques instants.
- J'ai vu. Où avez-vous déniché des cils de cette longueur, ma belle ?
- Je les ai volés à un veau.
Aventure dans les Rocheuses - Elizabeth Lowell
Traduit de l'américain par Catherine Plasait - J'ai Lu, coll. Aventures & Passions (2010)