Sous haute tension, de Harlan Coben
Myron Bolitar #10
C'était initialement le dernier rendez-vous pour Myron Bolitar, Windsor Horne Lockwood, Esperanza Diaz et Big Cindy... jusqu'à ce que l'auteur annonce la parution en septembre prochain d'un nouvel épisode (Home, en VO), après une brève incursion dans le secteur YA où un certain Mickey a tenu le rôle vedette.
Suzze T., une ancienne joueuse de tennis, désormais mariée à une star du rock, est inquiète des accusations lancées sur sa page Facebook concernant sa grossesse. Elle demande à Myron de retrouver son loustic d'époux, probablement enivré dans un bar quelconque, et de démasquer l'auteur des calomnies sur la paternité de son bébé. C'est par ce pur hasard que Myron croise sa belle-sœur Kitty, laquelle ne cherche pas à être vue ou retrouvée. Seize ans plus tôt, les deux frangins se sont fâchés par sa faute. Et depuis, Brad mène sa vie à l'autre bout du monde, avec femme et enfant. Que diable signifie ce retour ? Myron va remuer ciel et terre pour revoir Kitty et la questionner au sujet de Brad, qui aurait de gros soucis, en plus d'avoir mis sa famille en danger.
Quelle histoire ! Malgré quelques longueurs, on découvre une intrigue assez émouvante, car plus centrée sur les Bolitar et leurs secrets de famille. L'ambiance est nostalgique, l'auteur évoque le temps qui passe, les mœurs qui évoluent, les nouvelles technologies et le métier qui se renouvelle. Même Win envisage sa vie sentimentale autrement et doit porter des lunettes ! Une page se tourne chez MB Reps, non sans tristesse.
Traduit par Roxane Azimi pour les éditions Belfond (Live Wire),
Repris chez Pocket / mars 2013 pour la présente édition
Sans laisser d'adresse, de Harlan Coben
Myron Bolitar #9
Contraint de prendre le large, suite à des déboires sentimentaux et autres bisbilles involontaires, Myron Bolitar s'envole rejoindre à Paris une ancienne maîtresse, la sublime Terese Collins, avec laquelle il avait eu une incartade amoureuse après le triste épisode de Temps mort. La belle avait ensuite disparu, pour ne plus donner signe de vie. Son coup de fil impromptu, l'invitant à la retrouver sur le champ dans la capitale française, met notre coach sportif dans le doute. Et lorsqu'il comprend que l'ancienne présentatrice télé est mêlée au meurtre de son ex, Myron capte aussitôt qu'il vient de mettre les pieds dans le plat. Encore une fois.
L'histoire de nouveau va s'emballer, avec une intrigue nerveuse et volubile, qui va salement remuer le passé et raviver de vieux souvenirs, comme la perte d'un enfant, dont on relève bizarrement des traces d'ADN sur une scène de crime. Notre ami Myron est au cœur d'une histoire démentielle, au scénario tordu et compliqué, en passe de déjouer des complots terroristes, en empiétant au passage sur les plates-bandes de la sécurité nationale. C'est chaud bouillant. Cela cogne dur et sec. Tortures et coups mortels à gogo. Harlan Coben cède définitivement aux chants des sirènes sanguinaires en orientant sa série vers une tendance nettement plus macabre et déprimante.
À la fin, tout le monde est à ramasser à la petite cuillère, c'est rude, ça pleure à gros bouillons, ouhlala ! Myron file un mauvais coton. Et risque de contaminer le lecteur. Ses pointes d'humour, qui tombent souvent à plat, sont trop rares et me manquent ! Son univers aussi, car on s'éloigne du sport pour un contexte plus politique et vicieux, en clair on s'égare, c'est dommage. On n'a jamais assez d'Esperanza Diaz ou de Windsor Horne Lockwood, alias "Win". Remobilisation générale. Cet épisode est certes appréciable à lire, mais s'écarte trop du domaine usuel de la série... On s'embrouille, attention ! ^-^
Traduit par Roxane Azimi pour les éditions Belfond (Long Lost),
Repris chez Pocket, mars 2011 pour la présente édition
« C'est comme ça, Paris. On a beaucoup écrit sur sa beauté, sur ses splendeurs, et ma foi, tout est vrai. Chaque édifice est une petite merveille d'architecture, un régal pour l'œil. Paris est comme une belle femme qui se sait belle, qui aime ça et qui n'a pas à se forcer pour le prouver. Qui plus est, Paris vous donne l'impression de vous sentir - à défaut de terme plus approprié - vivant. Correction, Paris vous donne envie de vous sentir vivant. D'agir, d'être et d'en savourer chaque instant. On veut ressentir, tout simplement, et peu importe quoi. Toutes les sensations sont magnifiées. Paris vous donne envie de rire, de pleurer, de tomber amoureux, d'écrire un poème, de faire l'amour et de composer une symphonie. »
^-^
Peur noire, de Harlan Coben
Myron Bolitar #7
Ce 7ème livre de la série réserve à Myron Bolitar de grands chamboulements personnels : d'abord, la santé préoccupante de son père, puis le retour impromptu d'une ancienne copine de fac lui annonçant qu'il est le père de son fils ! Ce dernier, âgé de 13 ans, est atteint d'une maladie grave et a besoin d'une greffe de moelle osseuse. Or, le seul donneur potentiel a disparu de la circulation. Myron embrasse cette nouvelle cause avec la fougue et l'impulsivité qu'on lui connaît, lui qui s'imagine toujours devoir sauver le monde...
Pour le coup, je n'ai pas été trop emballée par l'intrigue et son flot de révélations sirupeuses, concernant le nouveau rôle de Myron, les libertés qu'il va prendre dans son enquête et l'incongruité finale. Où trouve-t-il le temps d'être agent sportif ? Ah oui, il reçoit un coup de fil pour une soirée à sensation où une joueuse de tennis doit faire une apparition dans une tenue suggestive (= “visibilité des tétons”). Vaste programme. Sans quoi, l'histoire se sert toujours des mêmes grosses ficelles et n'offre pas de nouveauté stupéfiante. Seule concession : le livre dans le livre, « Peur noire », distille une vrai touche d'angoisse.
C'est donc un bouquin que j'ai lu, une fois encore, très vite, mais sans tressauter sur ma chaise. C'était bien, mais pas transcendant. Et Myron m'a un peu déçue dans cette histoire, il tabasse un type pour parvenir à ses fins, se pose en bon samaritain, moralisateur... bof ! Même son ennemi juré - Greg Downing - sera absous de ses crimes et pêchés du passé. Un comble. Je ne me suis pas du tout retrouvée dans ce livre.
Pocket, août 2011 pour la nouvelle édition ♦ traduit par Paul Benita pour les éditions Fleuve Noir (Darkest Fear)
Mauvaise base, de Harlan Coben
Myron Bolitar #6
Après sa série de coups durs survenus dans l'épisode précédent (Temps mort), Myron Bolitar a pris le large et décompresse sur une île paradisiaque, en charmante compagnie. Mais la réalité se rappelle à lui en apprenant que sa nouvelle assistante est dans le pétrin, accusée d'avoir assassiné un de leurs clients. Or, elle refuse tout contact avec lui, a engagé une redoutable avocate et entend se dépatouiller seule.
Myron n'en a cure et revêt sa cape de Superman pour débroussailler cette affaire qui confronte à la fois dopage, adultère, concurrence déloyale et vieille vengeance qui ronronne au coin du feu. Dans l'ensemble, l'intrigue s'en tire à bon compte, on retrouve les quelques ruses d'usage, les rencontres qui se soldent sur des pêches et la galerie de personnages stéréotypés (soirée mémorable au bar Take a guess !).
L'issue finale est également une bonne trouvaille, qui boucle une lecture plaisante et conforme aux attentes. Et puis, comment ne pas savourer les réparties ringardes, les boutades de notre cher Myron et les envolées pompeuses de Coben ? ! Plus les blagues sont nulles et lourdes, plus je m'esclaffe. Et j'en redemande.
Pocket, août 2012 pour la présente édition ♦ traduit par Paul Benita (The Final Detail) pour les éditions Fleuve Noir
Temps mort, par Harlan Coben
(Myron Bolitar #5)
Myron Bolitar est recruté pour veiller sur l'étoile montante du basketball féminin, la ravissante Brenda Slaughter. « Du miel tiède sur des pancakes du dimanche. » Excusez du peu ! L'entourage de la sportive soupçonne son père de vouloir ruiner sa carrière, or ce dernier est porté disparu. Myron ne cache pas sa perplexité, puisqu'il a connu Horace durant ses jeunes années et ne conçoit pas une once de duplicité chez lui.
Brenda, aussi belle que farouche, semble soutenir la thèse de Myron. Le couple devient alors inséparable et noue une connivence très forte, et de plus en plus compromettante, d'autant plus que notre agent voit sa dulcinée prendre le large et considérer leur avenir d'un autre œil. Myron, confronté à son destin ! ... Il était temps, ai-je envie de souffler.
Avec le recul, je me rends compte que cette histoire m'a davantage séduite, en dépit des petits travers linguistiques de l'auteur (qui me font sourire plutôt que froncer les sourcils). C'est de bonne guerre, la série Myron Bolitar jure complètement sur la crédibilité mais divertit tant et si bien le lecteur qu'il ne tient nullement rigueur aux facilités récurrentes.
Car ce sont toujours les mêmes ficelles et de sacrées répliques doucereuses... L'histoire inspire aussi beaucoup de compassion, l'enquête décèle une part sombre et cruelle qui n'est pas sans charme. Contre toute attente, ce cinquième tome aura su me toucher plus que de coutume !
Pocket, août 2011 pour la présente édition ♦ traduit par Paul Benita (One False Move)
Du sang sur le green, par Harlan Coben
(Myron Bolitar #4)
Le couple de champions de golf, Linda et Jack Coldren, en plein tournoi de l'US Open, apprend la disparition de leur fils de 15 ans, Chad. Kidnapping ou fugue ? Le couple refuse aussi sec d'alerter la police ou les médias mais conçoit timidement l'aide de Myron Bolitar, lequel va rapidement s'apercevoir que tout dans cette affaire sonne faux.
De plus, son ami Win marque la distance et le laisse mijoter dans son jus, à se triturer les méninges face à un couple Coldren qui manque de transparence et inspire peu de sympathie... Myron pédale dans la semoule, alors que sa fiancée Jessica fait de nouveau des siennes et son assistante Esperanza le tanne pour devenir son associée. Situation tendue pour notre agent sportif !
L'enquête, néanmoins, déploiera un certain cafouillis, à force de multiplier les retournements de situation qui ne produisent plus l'effet escompté ! Trop, c'est trop. On ne comprend plus rien, ou cela ressemble à du grand n'importe quoi. Au milieu de tout ça, Myron sera égal à lui-même : charme et humour à deux balles pour contrer le sordide. Et pour la première fois, Win lèvera le voile sur un aspect insoupçonné de sa personnalité ! Woow.
Bref, ce quatrième titre n'est pas sensationnel mais fait partie d'un ensemble toujours agréable à découvrir...
Pocket, août 2011 pour la présente édition ♦ traduit par Thierry Arson (Back Spin)
Faux Rebond, par Harlan Coben
Myron Bolitar #3
Myron Bolitar est recruté en tant que remplaçant dans l'équipe de basket des Dragons, l'occasion pour lui de revivre son rêve brisé trop tôt (carrière fichue à cause d'une blessure). Son entourage fait grise mine, mais lui se défend... On a fait appel à ses services de “détective”, puisqu'il doit enquêter sur l'étrange disparition du joueur vedette, Greg Downing, sans alerter la presse ni la police. Quelques indices troublants viennent chiffonner notre agent reconverti, lorsqu'en fouillant la maison du disparu, il découvre des traces de sang au sous-sol. À l'instar de ses aînés, “Faux rebond”, troisième titre de la série, se lit sur la même fréquence : distraction, plaisir, détente. Non l'intrigue ne brille pas par son originalité. Oui l'auteur se fiche de nous à pérorer des sornettes (The Cranberries n'est pas un groupe de filles, pardi !). Mais c'est de bonne guerre, l'auteur et ses petites manies me font généralement sourire. Ainsi, cet extrait : « L'entrée de Myron passa inaperçue. Personne ne leva le nez. Dans les westerns, tout le monde se tait lorsque le shérif franchit la porte du saloon, étoile sur la poitrine et colt sur la hanche. C'était peut-être ça, le problème. Myron n'avait ni étoile ni flingue, et la porte à simple battant ne grinçait pas sur ses gonds. » Mouarf ! L'idée globale de confronter le héros à ses vieux démons était judicieuse, mais mal exploitée (l'excuse du braquage et puis tout ça... pff !). J'ai senti mon esprit flotter dans le flou... avant de se ressaisir à la lecture d'un dénouement qui m'a prise au dépourvu. Je signe pour la suite, en compagnie de Myron, Win et Esperanza (et une nouvelle venue : Big Cindy).
Pocket, Septembre 2011 pour la présente édition ♦ traduit par Martine Leconte pour les éditions Fleuve Noir
Balle de match, par Harlan Coben
Myron Bolitar #2
L'ancienne joueuse de tennis, Valérie Simpson, s'apprête à signer avec Myron Bolitar son comeback sur les courts. Mais la jeune femme est assassinée à Flushing Meadows, en plein tournoi de l'US Open, alors qu'elle remuait ciel et terre pour parler à Myron. Ce dernier est bouleversé par la nouvelle, il décide donc de mener sa propre enquête (estimant que l'inspecteur principal n'est qu'un incapable obtus et grincheux). Il débusque alors une affaire vieille de six ans, au cours de laquelle le petit copain de Valérie a reçu un coup de couteau mortel lors d'une tentative de cambriolage dans leur club privé. Dépression nerveuse pour la jeune femme, carrière fauchée en plein envol. Mais les investigations de Myron dérangent, il s'attire les foudres des uns et des autres, avec un retour en force des gros bras du milieu mafieux... Ce qui est bien avec Harlan Coben, c'est qu'il se lit sans complexe, le temps de se la couler douce. L'intrigue nous prend dans ses filets, elle n'est pas trop échevelée et sa mécanique est imparable. Par contre, parfois le style pique aux yeux ! « Tu es trop belle ! J'en ai les dents qui transpirent. » Euh... Mais aussi ! « Quelques minutes plus tard, elle dormait comme un bébé. Il la regarda, totalement sous le charme. Il savait ce qui se passerait d'ici quelques heures, quand elle se réveillerait. Elle serait encore sous le choc mais n'en laisserait rien paraître. Toujours courageuse, Jessica. Elle irait bosser comme si rien ne s'était passé, la tête haute, comme d'hab. Sauf que la blessure serait là pour toujours et laisserait une cicatrice indélébile. Jamais plus rien ne serait comme avant. Rien de dramatique. Seulement une perte de confiance en soi. Et la peur. La peur de l'avenir. Jamais plus les tomates et les poivrons n'auraient le même goût. » Ha ha ha ! Bonjour la ratatouille !! Heureusement cela prête à sourire... et je continue de lire la série !
Pocket, août 2012 pour la présente édition ♦ traduit par Martine Leconte pour les éditions Fleuve Noir
Rupture de contrat, par Harlan Coben
Myron Bolitar #1
Parce qu'il redoute les conséquences désastreuses sur la carrière de son petit protégé, Christian Steele, principal suspect dans l'enquête sur la disparition de sa petite amie, dix-huit mois plus tôt, Myron Bolitar, son agent sportif, décide de tirer au clair la soudaine réapparition d'un magazine montrant des photos dénudées de la jeune fille. Certes, Myron risque lui aussi de devoir renouer avec un passé qu'il aurait souhaité laisser derrière lui : Jessica, la sœur de la disparue, était aussi sa fiancée à l'époque. Leur rupture a littéralement miné notre champion, déjà en pleine traversée du désert.
Ce tout premier livre de la série introduisant Myron Bolitar est agréablement frais et surprenant. J'ai pris un réel plaisir à le lire, conquise aussi par une intrigue rondement menée, franchement je n'ai pas eu le sentiment de perdre mon temps ! Et quel bonheur de rencontrer le fameux Myron B., la petite trentaine, débordant de charisme, le sourire ravageur et un humour sarcastique. Sensible et honnête, il gère ses affaires loin des combines mafieuses si coutumières dans le milieu sportif et se fait régulièrement taper sur les doigts à cause de sa désinvolture.
Ajoutez aussi une brochette de personnages très attachants, en premier lieu “Win” Horne Lockwood III, le meilleur ami de Myron depuis l'université, est surtout un riche héritier expert en arts martiaux et à tendance sociopathe. Au boulot, il s'est également entouré d'une assistante de choc, en la personne d'Esperanza Diaz, une ancienne catcheuse surnommée Petite Pocahontas. Et n'oublions pas Mama Bolitar, chez laquelle Myron vit toujours, en occupant le sous-sol familial, oui, oui, je vous jure, on aura tout vu !
C'est seulement parce que l'aspect comédie est inexistant, sinon cette série aurait pu doucement me faire penser à celle de Janet Evanovich (Stephanie Plum) ou de Lisa Lutz (The Spellmans). Pour tous les petits détails anecdotiques qui rendent une lecture si addictive ! Sans quoi, on reste dans le thriller pur et dur, mais parfaitement divertissant à parcourir. Une bonne pioche, selon moi.
Pocket, septembre 2012 pour la présente édition ♦ traduit par Martine Leconte pour les éditions Fleuve Noir