Les Vacances d'un serial killer, de Nadine Monfils
Place à la comédie belge, portée par le fabuleux duo de Nadine Monfils et Dominique Pinon, qui livre à eux deux un festival comique de haute volée ! L'histoire nous entraîne aux côtés de la famille Destrooper, le père Alfonse, la mère Josette, les deux ados, Lourdes et Steven, sans oublier l'inénarrable Mémé Cornemuse dans sa caravane, en route pour la pension des Mouettes face à la mer du Nord. Mais le voyage cumule les déconvenues, d'abord Josette se fait voler son sac par un motard, puis la voiture largue son attelage et lâche la mémé en pleine nature. Celle-ci, ne manquant pas de ressource, fait de l'autostop et rencontre un bonhomme et sa fiancée... Autant glisser que cette dernière ne fera pas long feu ! Leurs vacances vont ainsi enchaîner les bévues et autres mésaventures qui font faire imploser la belle union familiale. Ah, ah ! C'est à mourir de rire. Les Destrooper ont cette délicate parenté avec les Tuche, dans le genre franchouillard un peu plouc, avec en tête de liste une Mémé Cornemuse hargneuse, voleuse, menteuse, obsédée et cupide. Plus mordante et manipulatrice que Tatie Danielle. C'est dire.
Quoi que prétende le titre, on ne verse pas dans la littérature policière, mais clairement dans la parodie vaudevillesque. L'histoire est loufoque et insensée, on adhère ou pas à l'humour belge, à son sens de la dérision et aux situations ubuesques. Pour ma part, j'ai souri tout du long ! Dominique Pinon est un comédien extraordinaire. Nadine Monfils, quant à elle, lit toutes les voix féminines. Leur duo fait des étincelles et fournit une prestation jubilatoire, qui donne du pep's au roman ! J'en veux encore.
Texte lu par Dominique Pinon et Nadine Monfils pour Audible, Juillet 2015 (durée : 4h 09)
>> En format papier chez Pocket (2012) ou Belfond (2011)
Offre d'essai Audible : Premier mois gratuit
Tequila frappée ~ Nadine Monfils
Belfond, 2009 - 228 pages - 18,50€
A Pandore, banlieue chic semblant sortir d'un décor de cinéma, on n'assassine pas dans le velours, mais à coups d'explosifs qui éclatent la villa et étripent en mille morceaux le voisin qui rendait service alors que la propriétaire rentrait ses courses. C'est sûr que ça commence fort ! Dépêchés sur les lieux, les enquêteurs Lynch et Barn, assistés de la profileuse Nicki, tentent de rassembler tous les morceaux (sic) - l'équipe gagnante de Babylone Dream a du pain sur la planche. En effet ce joli monde va biaiser et surfer sans faillir entre les crimes tous plus abominables les uns que les autres, le coeur bien accroché, toute nausée serait cependant inenvisageable car l'auteur a la géniale idée de tartiner son intrigue policière d'un humour corrosif. C'est carrément frappé, à commencer par le chien alcoolique, qui boit la téquila, sans hips, et sourit de bonheur en regardant son maître. Quelle histoire ! Pandore est loin d'être une banlieue tranquille, de l'avis de l'éditeur, les putes dansent la rumba avec les flics, les sous-marins naviguent sur terre, on croise des marchands de rêves, un clochard extralucide ou une main baladeuse. (J'adore chaque quatrième de couverture des romans de Nadine Monfils !) Bref, ça sent la farce à plein nez mais qu'on ne s'y trompe pas non plus : il est bien écrit thriller en couverture, car le crime est noir, poisseux, écoeurant. Ce subtil mélange (humour / horreur) rend ainsi les livres de Nadine Monfils singuliers et intéressants. A déguster cul sec !
Babylone dream - Nadine Monfils
Dans la ville fictive de Pandore, un tueur fou assassine sauvagement des jeunes mariés. Les scènes de crime sont horribles, les enquêteurs Lynch et Barn sont au bord de la nausée, et Nicki la profileuse puise dans ses visions pour détacher une piste valable dans ce bain de sang.
Les indices sont minces, et chacun des protagonistes nous mène sur des voies qui peuvent éveiller les soupçons, puis s'éteindre aussitôt. La confusion est totale, le suspense immense. Alors oui, c'est clairement macabre, fort en images cauchemardesques. Et pourtant pas une seconde le lecteur n'envisage d'abandonner son livre, totalement soumis à cette fascination du crime, du suspense efficace et bien rodé, où jamais on ne s'ennuie un instant. Et l'ombre du tueur est menaçante, se faufile entre les lignes et les chapitres. C'est cruel, mais brillant.
Et surprise ! L'humour est de mise, assez noir, je le conçois. Mais cela empêche tout sentiment d'étouffement, celui de n'en-plus-pouvoir et qui étreint dès qu'on plonge dans un thriller aussi funeste et implacable. Ici, cela relève du brio de s'y attacher, tant c'est tour à tour culotté, sinistre, sanglant et dégoûtant. Nadine Monfils livre un « Babylone dream » sombre et passionnant, bien écrit, mettant en scène des personnages peu banals (du flic au suspect, tout le monde casse la baraque). Et la fin s'achève comme si on soufflait une bougie ...
On ferme ce livre, mais on se dit qu'on y reviendra très probablement car des points soulevés attendent une suite au prochain numéro ! Du moins, j'espère ...
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Recette du rêve babylonien par Jean-Pierre JEUNET
Ingrédients : 300 g de caractères excentriques
un bouquet d’effroi délicieux
une cuillère de perversité revigorante
une poignée de tendresse au cou tordu
20 cl d’essence de surréalisme
une pincée de poésie déjantée
un zeste de réminiscence d’enfance
une once d’érotisme singulier
Bien peler les cadavres, leur arracher bras et têtes et les faire mijoter dans un jus de terreur. Faire revenir le tout à feu doux, ajouter l’humour, l’amour et l’acide, jusqu’à obtention d’une crème de suspense que vous ferez gratiner au four, non sans avoir versé une larme de nostalgie. Servir chaud. Régal assuré !
PRIX POLAR 2007 DECERNE LORS DU 12ème « SALON POLAR & Co » À COGNAC
Editions Belfond - 288 pages - 18 €