21/06/13

“Grâce à toi les choses se passent mieux aujourd'hui.” (L'été où j'ai appris à voler)

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Sous cette couverture pétillante, où reflète un soupçon de vacances ensoleillées, se cache une histoire qui parlera à la petite adolescente qui est encore en vous. Birdie a treize ans, sa maman vient de lancer une épicerie fine et se saigne les quatre veines pour réussir, elle est veuve depuis dix ans et vit avec sa fille une relation soudée.

Leurs rapports se compliquent avec l'accumulation du boulot, Birdie vient prêter main forte tous les jours et occupe son été en fréquentant les adultes qui travaillent avec elle. Il y a Swoozie, qui fume trop et qui a un cœur d'or, mais surtout Nick, le beau surfeur, pour qui Birdie a un petit béguin. Mais les journées coulent paisiblement et l'ennui s'installe, la solitude aussi.

C'est en croisant Emmett Crane, à l'arrière de l'épicerie, un soir, que Birdie ressent comme un besoin de changement. Tout chez le garçon intrigue l'adolescente, sans hésiter elle va accepter de le revoir et avoir ses petits secrets. Ce n'est pas en signe de protestation contre sa mère, qu'elle accuse d'être une cachotière, c'est vraiment par envie et par besoin. Dans sa tête, les idées se bousculent, Birdie grandit et veut déployer ses ailes.

La deuxième moitié du roman va se révéler étonnamment bouleversante et fait alors apparaître cette histoire autrement que comme un simple rendez-vous de légèreté. Les émotions remontent à la surface et les sujets sensibles sont alors abordés. Il est question de l'absence du père, du double rôle que doit jouer la mère, de l'entrée dans l'adolescence, des rencontres qui symbolisent la promesse d'une main tendue, de la maladie qu'on cherche à effacer, de rituels à accomplir, de sacrifices aussi à apporter...

C'est une jolie petite lecture, qui sait vous prendre par surprise et toucher votre corde sensible. Le résultat est charmant, parfaitement délicat et attentionné.

L'été où j'ai appris à voler, par Dana Reinhardt
La Martinière J. (2013) - traduit par Corinne Julve
illustration de couverture : Hubert Van Rie


07/06/13

La reine du Niagara de Chris Van Allsburg et Isabelle Reinharez

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1900. Annie Edson Taylor est une veuve de 62 ans au bout du rouleau. Elle n’a plus un seul élève à son cours de danse et de maintien. Alors Annie réfléchit.

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Que désire-t-elle ? La fortune et la gloire. Quel est son meilleur souvenir d’enfance ? Les chutes du Niagara, découvertes à neuf ans, avec son père. Souvenir et désir se mêlent : Annie va braver les chutes et devenir célèbre !

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Au début, tout le monde la prend pour une folle. N’empêche : le premier homme à avoir descendu seul les célèbres chutes fut une femme : elle !

Quel parcours fabuleux et époustouflant ! Il fallait bien le talent de Chris Van Allsburg pour illustrer cette histoire incroyable. On croirait un album de photos anciennes. C'est prodigieux. La lecture inspire aussi de multiples sentiments, comme de souligner toute l'injustice de ne pas reconnaître l'exploit de cette sexagénaire dont le physique ne faisait pas rêver et de lui préférer tout bonnement son tonneau. Les gens sont durs, ils s'attachent à une enveloppe ou à une certaine idée de l'héroïsme... c'est décevant. Espérons qu'avec cette biographie illustrée les lecteurs auront plus de jugeote et reconnaîtront à cette super mamie tout le mérite qui lui était dû.

La reine du Niagara de Chris Van Allsburg (Ecole des Loisirs, septembre 2012, traduit par Isabelle Reinharez)

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14/12/12

“It is the first day of November and so, today, someone will die.”

“I say, 'I will not be your weakness, Sean Kendrick.'
Now he looks at me. He says, very softly, 'It's late for that, Puck.”

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Quel fabuleux roman ! Je ne m'attendais pas à ce qu'il me plaise autant, j'ai adoré chaque minute passer à le lire, c'était un moment sublime, déstabilisant mais mémorable. Rien n'indiquait que l'histoire allait m'embarquer à ce point, on y parle de chevaux surgissant de la mer, avides de sang et de viande, des chevaux sauvages et intrépides, mais des chevaux dont toute la communauté de Thisby est bougrement fière !

L'île de Thisby est également un cadre magnifique, c'est une île de pêcheurs, peuplée de gens simples et qui sentent le poisson, c'est un microcosme d'hommes et de femmes éprouvés par les pertes, mais qui gardent toujours la tête haute par fierté. C'est une question de principe. Cette terre, on l'aime et l'on l'accepte, sinon on part sur le continent à la quête d'une autre vie, plus riche, moins étouffante. Puck Connolly est une jeune fille qui a toutes ses racines sur cette île, jamais elle n'envisagerait de la quitter. Ses parents sont décédés, elle a grandi avec ses deux frères, Gabe et Finn, et tout commence lorsque l'aîné annonce son intention de partir.

Le monde de Puck s'effondre, par bravade elle annonce qu'elle va participer aux Courses du Scorpion, réputées dangereuses et réservées aux cavaliers émérites. Qu'importe, Puck est une jeune fille farouche et orgueilleuse, elle n'a cure des quolibets et s'inscrit avec sa jument Dove. Non seulement c'est la première femme à participer à une telle course, mais de surcroît elle se présente avec son cheval de la plaine, alors que ses concurrents chevauchent les terribles capaill uisce. Soit elle est folle, soit elle compte mourir.

Sur la plage, lors des premiers entraînements, Puck rencontre Sean Kendrick, le champion des dernières éditions. Il concourt sur le cheval le plus rapide de l'île, pour le compte de l'homme le plus riche de Thisby, mais le garçon est à un croisement des chemins lui aussi. Nul autre que lui n'a cette même connivence avec sa monture, c'est un type exceptionnel, passionné par les chevaux et la mer, neuf ans plus tôt son père a été tué sous ses yeux, depuis il est devenu un garçon solitaire, enfermé dans sa bulle, très sensible aussi et soudainement bouleversé par l'intrusion de cette Puck Connolly.

Le rythme du roman est assez lent, mais pas dénué d'intérêt, car tout se construit pièce par pièce. Le décor se plante, on découvre les moindres recoins de Thisby, fait connaissance avec sa population, on aime, on s'attache, on peste, et puis on s'amourache de cette tendre complicité qui s'installe entre Puck et Sean. C'est tellement touchant. Pudique et miraculeux. Avec leurs sentiments à fleur de peau, ils vivent une relation sans fausse note. Sans oublier leur combat vers cette course qu'on attend fébrilement, et qu'on vit tout aussi intensément. Ouhlala, cela faisait un bon petit moment que je n'avais pas eu l'occasion de lire un roman aussi magique et prenant ! J'ai même versé ma petite larme à la fin, pour dire combien j'étais à fond dans mon truc. Une telle communion avec son livre, moi j'en demande encore !!!

Sous le signe du Scorpion, par Maggie Stiefvater smileyc002
Hachette, coll. Black Moon (2012) - traduit par Camille Croqueloup

“That's a poor match, Sean Kendrick," says a voice at my elbow. It's the other sister from Fathom & Sons, and she follows my gaze to Puck. "Neither of you are a housewife."
I don't look away from Puck. "I think you assume too much, Dory Maud."
"You leave nothing to assumption," Dory Maud says. "You swallow her with your eyes. I'm surprised there's any of her left for the rest of us to see.”

“Shhhhhh, shhhhhh, says the sea, but I don't believe her.”

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13/12/12

Il était une fois... Hazel et Jack.

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Hazel et Jack sont voisins et très bons amis. La maman de la fillette aimerait d'ailleurs qu'elle s'ouvre aux autres, qu'elle fréquente des filles, qu'elle s'adapte à sa nouvelle école, mais rien n'y fait. Hazel est une enfant fantasque et rêveuse, qui passe pour être impertinente et cinglée aux yeux de ses camarades et des enseignants. Seul Jack l'accepte comme elle est. Ensemble ils jouent dans la neige, se lancent des boules en pleine face et puis paf ! c'est le pépin. Jack a reçu un éclat de verre dans l'oeil et doit rentrer chez lui pour se soigner.

Les jours d'après, pas de nouvelles du garçon. Hazel se rend chez lui, sa mère lui raconte qu'il est en meilleure forme, puis qu'il est parti rendre visite à une tante. C'est bizarre, mais Jack a changé. Il est froid, distant, méconnaissable. Il préfère jouer avec les garçons de sa classe, n'a plus envie d'être avec elle. Alors Hazel décrète que son ami Jack a été frappé par une malédiction, qu'il a été enlevé par une reine des neiges, dans son palais des glaces, et décide de se rendre dans la forêt pour le libérer.

C'est un petit conte d'hiver qui colle parfaitement aux envies du moment, il fait froid et on n'a qu'une envie, c'est de se blottir chez soi en bouquinant des histoires qui nous transportent vers un ailleurs où la réalité n'a plus lieu d'être. Cette histoire avec Hazel et Jack m'a bien évidemment fait penser à la Reine des Neiges d'Andersen, l'ambiance est aussi sombre, frileuse et poignante.

Ici l'héroïne est touchante à sa façon, c'est une solitaire incomprise, qui a su trouver dans son imaginaire un refuge réconfortant. La petite fille adore les romans comme Narnia, Harry Potter ou A la croisée des mondes. Elle ne manque jamais d'idées farfelues pour s'évader et voir le monde autrement. C'est peut-être la limite qui rend le récit si incertain, faut-il basculer dans le réel ou baller vers l'irréel, discerner le vrai du faux.

Car Hazel et Jack ont tous deux de gros soucis chez eux (divorce et dépression), toutefois ce sont des problèmes perçus avec leurs regards d'enfant. Le ton général du roman m'est également apparu très simple, sans prise de risque. La deuxième partie du roman s'échappe vers le féerique, dès l'entrée dans les bois, elle a recours à des références fantastiques, comme la peau de cygne, le gardien d'oiseaux ou les allumettes magiques. C'est une lecture sans grande surprise, mais qui n'en demeure pas moins douce et délicate. La couverture est signée Olivier Balez et est de toute beauté !

La forêt des coeurs glacés, par Anne Ursu
Seuil, 2012 -  traduit par Rosalind Elland-Goldsmith
illustration de couverture : Olivier Balez

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28/11/12

On a roll !

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Voici déjà le troisième tome des aventures de Nate ! Au sommaire : une heure de colle, une gamelle dans la rue, un vol plané de skate, une chute dans l'eau, une réunion chez les scouts, une vente d'horribles gravures "petits bonheurs", un gros lot à remporter, une compétition farouche, un adversaire de taille, un garçon trop parfait, trop génial, trop populaire (Artur), une jalousie grimpante mais une énergie du désespoir pour remporter ENFIN la victoire.

Pour une fois.

La lecture se révèle très drôle, comme toujours. Ce savant mélange de texte et de bande dessinée plaît aux enfants, ça se lit tout seul, les personnages sont attachants et Nate est un héros ingénieux, auquel peuvent facilement s'identifier les lecteurs. Vous ne manquerez pas de sourire face aux situations incongrues, mais tellement cocasses, qu'il faudrait être en marbre pour demeurer indifférent. C'est donc une bonne petite série, pour les enfants qui n'aiment ni la lecture trop longue, ni trop descriptive. Vous aurez là le bon compromis, à l'instar du Journal d'un dégonflé de Jeff Kinney ou Tom Gates de Liz Pichon.

Big Nate : roi du skate, par Lincoln Peirce
Gallimard jeunesse, 2012 - traduit par Jean-François Ménard

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14/09/12

"What a joke! Poor little rich girl's fallen in love with the Republic's most famous criminal."

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J'étais impatiente de découvrir Legend, présenté comme étant le nouveau phénomène en matière de dystopie. Ma foi, je n'ai PAS DU TOUT été déçue. Sitôt la lecture entamée, je n'ai plus relevé le nez du bouquin. L'histoire se veut semblable à tout ce qu'on peut lire actuellement sur le marché, mais elle se distingue aussi par sa force et son caractère brut.

Nous sommes en République Américaine, dans une société divisée entre les partisans du gouvernement en place et les rebelles qui vivent dans les Colonies. Parmi les mécontents, se trouve Day, le héros au grand coeur, celui qu'on surnommerait presque le Robin des Bois, parce qu'il s'en prend aux riches pour aider les plus pauvres. Il a été déclaré Ennemi Public Numéro 1. Traqué depuis des années, il parvient à échapper aux poursuites des brigades les plus chevronnées. Tout bascule le jour où la maison de sa famille est marquée d'une croix à trois branches. Son jeune frère est contaminé. Pour le sauver, il organise une expédition hâtive dans un hôpital où des soldats manquent de lui faire la peau. Un homme va tomber. Suite à cette tragédie, la jeune June Iparis entre en scène.

Âgée de quinze ans, considérée comme étant le prodige de la République, elle a obtenu des résultats brillants à ses Examens et peut aujourd'hui revendiquer une place de choix au sein des meilleures troupes. Sa première mission consiste à infiltrer les quartiers pauvres de Los Angeles pour démasquer le mystérieux Day. Elle a une dent contre lui, une vengeance personnelle, qui laisse supposer que tout échec est impossible. S'engage alors un affrontement très déstabilisant : Day et June ne seront jamais assez préparés pour ce qui les attend. Entre méfiance, séduction et trahison, leur rencontre n'est pas à l'abri des tourbillons.

Il faut dire que l'intrigue autour des protagonistes est pesante, haletante, menaçante. On pressent les drames à venir, et pourtant on se laisse surprendre, étourdir et duper. Ce qui m'a également particulièrement plu, c'est l'absence, ou presque, de dentelles brodées pour faire beau dans le décor. Ici on n'a pas le temps de s'émouvoir, pas le temps de s'attendrir, pas le temps de ressentir des papillons dans le ventre. L'amour n'est pas au centre de l'action, pour une fois je pense que c'est tant mieux (à vrai dire, j'ai trouvé la relation précipitée et sous-développée). A contrario, il règne une impression de force brute et décapante qui fait un bien fou au moment de tourner les pages. On a peur pour les personnages, l'auteur choisissant rarement la facilité. Son univers est rude, très marqué et pas mielleux pour un sou. De plus, son rythme infernal rappelle la sensation d'urgence qu'une lecture comme Hunger Games ou Divergent inspire : action, pression, et le reste pour plus tard. Vivement la suite (en 2013) !

Legend, par Marie Lu
Castelmore, 2012 - traduit par Olivier Debernard

07/05/12

"Entretenir l'espoir n'avait aucun sens."

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Cam est atteinte d'un cancer incurable, il ne lui reste plus que quelques mois à vivre, et c'est à Promise, petite ville du Maine, réputée pour accomplir des miracles, que sa mère et sa soeur choisissent de s'établir pour y passer le temps qu'il faut.
Mais Cam est une adolescente sarcastique et rabat-joie, elle se veut réaliste et blindée, refuse d'entretenir le moindre mythe. Son attitude exaspère ses proches, décidés à lui démontrer qu'à Promise les miracles existent bel et bien. Et c'est vrai que leur nouvelle existence y ressemble : Cam se sent en meilleure forme, elle a beau trouver des explications métaphysiques aux évènements hors du commun, elle commence peu à peu à douter et à croire en l'impossible.
Elle a aussi une petite liste secrète des choses à accomplir avant de mourir : voler des trucs débiles, coucher avec un garçon, briser les rêves de sa frangine, se comporter comme une adolescente de son âge, normale. C'est la partie de l'intrigue qui m'a fait rappeler le roman de Jenny Downham, Before I die. La seule différence, ici, c'est que Campbell est une héroïne qui contient sa rébellion à un degré dérisoire. Elle n'attend pas la mort avec impatience et soulagement non plus, c'est juste son sens de l'ironie qui fait sa force, sans la rendre insensible ou insupportable pour autant.
Campbell est une héroïne à laquelle on s'attache obligatoirement, sa famille aussi est très drôle, et la vie à Promise est une vraie carte postale. Pendant trèèès longtemps, on se prête à y croire, à espérer, à sourire face à l'évolution de la jeune fille. Elle va notamment vivre une très jolie histoire d'amour, c'est mignon comme tout, ça n'occulte pas le reste, la maladie reste présente, la mort aussi, et parfois on se surprend à pleurnicher et à éclater de rire en alternance.
Ce roman est source d'effets secondaires imprévisibles, croyez-moi, mais c'est un très beau moment de lecture qu'il nous offre. Il est très doux, pas du tout cucul-la-praline, et il procure un effet bulle bénéfique, c'est douloureux de tourner la dernière page !

La fille qui ne croyait pas aux miracles, par Wendy Wunder smileyc002
Hachette, coll. Black Moon, 2012 - traduction de Raphaële Eschenbrenner  

26/03/12

"Apparemment, ils ne pouvaient se parler qu'en prononçant une syllabe à la fois."

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Tout commence avec une chanson, I'll be there, qu'Emily Bell interprète à l'église. Elle est morte de honte et de trouille, lorsque son regard se pose sur celui d'un garçon assis sur le banc du fond. Il s'agit de Sam Border.
Sam, c'est tout un mystère, tout un poème aussi... Son frère Riddle et lui ont parcouru le pays en suivant leur père, ils n'ont pas de chez-eux, ne vont pas à l'école, doivent passer inaperçus et subir l'autorité abusive de leur père. Sam, c'est le grand frère idéal et Riddle lui porte une totale vénération. Ce n'est pas un môme comme les autres, il ne parle pas beaucoup et passe son temps à dessiner mais il est aussi très intelligent.
Et puis, Emily tombe amoureuse de Sam. Les parents d'Emily vont l'accueillir chez eux, ils vont s'attacher aux deux frères, mais Clarence Border va ressurgir de nulle part et imposer sa propre loi.

Exprimer tout ce que ce roman inspire est très difficile, parce que le début n'est pas tendre ni gai, on devine tout de suite que l'ambiance n'est pas guillerette et que l'histoire va nous emporter très loin. Et en effet, au fil des pages et des chapitres, elle se construit en douceur mais avec efficacité. Les personnages font leur apparition, timidement. Ils vont et viennent sans nous laisser douter de leur interaction. C'est que cela demande du temps pour comprendre leur vécu et saisir leurs émotions, c'est subtil et délicat, très finement joué, et c'est donc tout naturellement qu'on réalise que c'est un roman bouleversant !

C'est surtout la deuxième partie du roman qui est captivante et touchante. Sam et Riddle sont en cavale et luttent pour leur survie, il y a alors une telle intensité dans leur parcours, c'est très fort, plus d'une fois on se surprend avec la boule au ventre, l'estomac noué par l'angoisse. Dans le même temps, on découvre le calvaire d'Emily, seule avec ses doutes, convaincue d'avoir été trompée, puis se résignant au pire. Et c'est l'un des points forts de l'histoire, comme si l'histoire de Sam et Riddle avait su toucher tous ceux et celles qu'ils avaient croisés, comme s'ils possédaient ce truc indéfinissable qui fait qu'on s'attache aussitôt à eux et qu'on ne peut se résoudre à les oublier.

Voilà donc un roman qui ne laissera pas indifférent, il vous donne la sensation d'avaler une enclume, avec l'envie bizarre de faire des bonds et de crier victoire et bonheur. Malgré les premières impressions qui font penser que la lecture sera triste, il s'avère que le roman est extrêmement positif, tout simplement beau, il est même très drôle (grâce à  Bobby Ellis, un garçon du lycée qui a le béguin pour Emily et qui veut tout faire pour l'aider, d'où certaines situations parfaitement risibles, j'ai adoré !). Bref, ce livre fait un bien fou ! 

Cavale, par Holly Goldberg Sloan smileyc002
Gallimard jeunesse, 2012 - traduction de Nathalie Peronny 

13/03/12

Une histoire en vert

Cet album est tout simplement magnifique !  

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Je sais, c'est un peu facile à avancer, mais avouez que Lane Smith a su une nouvelle fois époustoufler son lecteur. Rappelez-vous, c'est lui l'auteur du génial C'est un livre ! Cette fois, il nous invite à découvrir l'univers d'un grand-père passionné d'art topiaire, l'histoire est racontée par l'arrière-petit-fils, qui se balade dans le jardin où la vie de l'ancêtre est racontée : grand-père a grandi dans une ferme, il a attrapé la varicelle et tué le temps en bouquinant dans son lit, il a échangé son premier baiser au collège, il rêvait d'étudier l'horticulture mais il est parti à la guerre, il a rencontré sa future femme à Paris, il s'est marié, il a eu des enfants et des petits-enfants, aujourd'hui il a un peu perdu la mémoire... et c'est son jardin qui conserve les stigmates de sa vie, riche et passionnante. 

Les illustrations sont superbes, c'est une histoire en vert comme le souligne le titre (le feuillage laisse une impression stupéfiante, tellement proche de la réalité, le rendu est parfait !). C'est aussi et surtout une histoire d'amour, de transmission, de mémoire et c'est tout bonnement admirable. Magique et émouvant. J'ai beaucoup aimé ! 

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L'histoire en vert de mon Grand-père, par Lane Smith
Gallimard jeunesse, 2012 - traduction de Catherine Gibert 

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08/06/11

C'est tellement facile de tout oublier. Quand on écrit quelque chose, ça reste.

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Depuis la mystérieuse disparition de leurs parents survenue dix ans plus tôt, trois enfants, Kate, Michael et Emma, étrennent tous les orphelinats avec tristesse et amertume. Ils ignorent tout de leurs origines, ne portent que la lettre P en guise de nom de famille, n'ont aucun souvenir des leurs, à part l'aînée, Kate, qui s'est jurée de toujours prendre soin de son frère et sa soeur.

L'histoire commence alors qu'ils arrivent à Cambridge Falls, dans un orphelinat désert, tenu par un vieux majordome, une gouvernante revêche et celui qui se présente comme étant le docteur Pym. Au hasard de leur exploration des murs, les enfants découvrent un livre avec des pages blanches, lequel les envoie aussitôt dans le passé, grâce à une photographie. Et là, la machine se met en marche, l'aventure peut démarrer, vous n'êtes qu'au début de vos surprises. Car des voyages, Kate va en faire, pour sauver son frère, pour retrouver un livre, pour échapper à une sorcière folle, pour sauver les enfants d'un village, pour comprendre le pouvoir qui prend forme en elle, pour saisir chaque instant d'une prophétie qui se construit, et qui aurait été écrite bien des années plus tôt.

J'ai beaucoup, BEAUCOUP aimé cette lecture ! L'immersion a été quasi immédiate, c'est un univers riche et foisonnant, teinté de magie et de voyages dans le temps, avec des rebondissements, de l'action, des événements tellement liés entre eux que le moindre souffle peut tout faire basculer, c'est passionnant. Les héros sont jeunes (14, 12 et 11 ans), ils ont des caractères bien différents, mais ils sont très attachants (et même parfois agaçants avec leur science, leur excentricité, leurs caprices, leurs doutes et leurs mensonges), paradoxalement c'est ce qui fait qu'on les apprécie autant. Il y a aussi beaucoup d'humour, involontairement de la part du roi Hamish, et essentiellement grâce à Michael qui réalise son rêve en rencontrant des nains ! Quel choc. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire.

Je n'aime pas trop comparer ou poser des étiquettes, mais malgré moi, je ne peux m'empêcher de conseiller ce livre à tous ceux qui se sentent orphelins du monde de Harry Potter & co. Vous y trouverez ce même plaisir de baigner dans un espace hors du temps, de votre bulle et vous ne compterez plus les heures passées le nez dans votre bouquin. C'est dire l'immense plaisir qu'il procure, en plus de cet instinct d'avoir décroché de la réalité pour basculer dans un autre monde. Les éditions Milan ont eu le flair en traduisant ce premier tome alors même qu'il vient de paraître aux USA (par contre, la suite ne sera pas imminente...).

L'Atlas d'Emeraude - John Stephens  smileyc002
Milan, 2011 - 440 pages - 14,90€
traduit de l'anglais (USA) par Nathalie Zimmermann

Ce roman a été gracieusement distribué aux blogueurs, je ne compte plus les liens, aussi voici celui de Bladelor qui ouvre sur d'autres...

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