11/05/11

Pêle-mêle Clarabel #34

Lu et aimé Plus loin que le bec des hirondelles d'Annie Agopian & Magali Bardos,

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Un texte qui se moque avec gentillesse du tourisme de masse, des clichés sur carte postale et autres, en même temps qu'il dénonce les rêves sur papier glacé, ceux qui font partir toujours plus loin afin de trouver ce qu'ils ne trouvent plus chez eux, ou ceux qui donnent envie de repartir à zéro en voulant croire que la vie est plus belle ailleurs. Des illustrations enthousiasmantes, et une belle histoire d'amour à sens unique. (Rouergue, 2011)

C'est ainsi que nous avons ressorti des étagères Le trou d'Annie Agopian & Alfred.

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Une mère et son fils sont confrontés aux aléas de l'administration qui visent à ce que vous certifiez vos origines, parfois en dépit du bon sens. Ceci conduit la maman à confesser une histoire émouvante, celle du grand-père qui a quitté l'Arménie et s'est retrouvé apatride, la petite histoire embrassant la plus grande, c'est aussi le génocide d'un peuple qu'on découvre, la date du 24 avril 1915 et l'exercice de mémoire qu'il faut entretenir, encore et toujours. Les illustrations d'Alfred commentent avec force les propos d'Annie Agopian. Cet album attendait depuis trop longtemps que nous le découvrions, mais heureusement il n'est jamais trop tard pour bien faire ! (Rouergue, 2010)

Nous avons lu également Le voyage de Mémé de Gil Ben Aych,

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1962. La famille de Simon déménage. Elle quitte le nord de Paris pour s’installer à une vingtaine de kilomètres, à Champigny-sur-Marne. Tout le monde est déjà parti mais il reste à faire bouger Mémé. La grand-mère tout juste arrivée d’Algérie refuse catégoriquement de monter dans une voiture, un bus ou un métro. Elle veut marcher, un point c’est tout. Simon, son petit-fils, se voit chargé de l’accompagner à travers la capitale et la proche banlieue. En chemin, Mémé va de découverte en découverte. Cette histoire vraie s’est passée il y a près de cinquante ans. Pourtant, elle est toujours d’actualité. C’est, sans doute, ce qui a fait de ce livre un classique de la littérature jeunesse que l’école des loisirs a choisi de rééditer.

Même si je lui reconnais d'énormes qualités (j'aime beaucoup la plume de Gil Ben Aych), je suis un peu restée en retrait et je n'en ferai pas une lecture inoubliable, à la rigueur indispensable pour qui recherche un livre traitant de déracinement et de mal du pays avec un zest d'humour.

(Neuf de l'Ecole des Loisirs, édition 2011) Illustration de couverture : Philippe Dumas


28/03/11

Vivre avec l'étranger

IMG_3101Un petit texte intelligent et limpide sur la question de "l'étranger" par sa définition politique, anthropologique, philosophique et psychologique. Surtout, aucune crainte ! C'est clair comme de l'eau de source. La collection (Chouette penser !) se destine aux enfants et tend à vouloir expliquer des questions essentielles en des réponses simples (il existe une thématique assez large, comme par exemple Pourquoi on écrit des romans de Danièle Sallenave, que j'ai lu il y a quelques mois mais j'étais restée sur ma faim).
Sur le sujet "Vivre avec l'étranger", il m'est apparu nécessaire à lire et à faire partager. C'est une lecture que BEAUCOUP devrait consulter afin de se rappeler ô combien on s'enrichit de l'autre et de ses différences. C'est ce qui fait bouger le monde, en plus de nous faire grandir.
Le livre est donc composé en plusieurs parties, qui sont les suivantes : L'étranger ou l'autre que soi - De l'étranger aux étrangers - L'état et ses étrangers - Soi-même comme un autre - Le moi caché - Vivre, apprendre et partager avec l'étranger.
On trouve en marge des petites chouettes savantes qui expliquent les termes qui pourraient freiner la compréhension (pour les plus jeunes), en plus de citations d'auteurs (Baudelaire, Machiavel, Marcel Proust, Freud...), tout ceci dans un décor orange, illustré de façon abstraite par Alexis Beauclair.
Ce qu'il faut retenir, donc, c'est le propos de ce livre. On chuchote, on soupire, on lit haut et fort des passages qui nous parlent, on souligne et on aimerait tant que ce soit une vérité entendue, une leçon de choses pour les amnésiques. Je me suis sentie totalement concernée par ce texte, j'ai aimé son approche et ses explications simples, la question de "vivre avec l'étranger", au sens le plus large, est retournée dans tous les sens et la conclusion n'est pas non plus moraliste. Elle est déclarative, et tellement évidente. Vraiment, j'ai trouvé cette lecture enrichissante et utile pour tous !

Aller à la rencontre de l'étranger, et ne pas simplement coexister, relève toujours d'une sorte de pari, mais ce pari peut être récompensé : les langues se réinventent par emprunts ; la vision de l'humanité s'enrichit et s'élargit ; les choix de vie que l'on fait pour soi-même sont plus réfléchis ; la créativité y trouve de nouvelles ressources.

Texte de Marie Gaille - Illustrations d'Alexis Beauclair
Gallimard jeunesse Giboulées / Chouette Penser ! (2011) - 70 pages - 10 euros