Le bleu de tes yeux, par Mary Higgins Clark
« Toi, dis à ta mère qu’elle est la prochaine. Puis ce sera ton tour… »
Cela fait désormais cinq ans que le jeune Timmy vit sous la menace du tueur qui a abattu froidement son père devant lui. De son côté, sa mère Laurie, grande productrice télé, lance une nouvelle émission, Suspicion, traitant des plus célèbres cold cases (dossiers non résolus). Le premier épisode revient sur l’affaire du « Gala des lauréates » : vingt ans plus tôt, la mondaine Betsy Powell et son mari organisaient une grande soirée en l’honneur du diplôme de leur fille et de ses trois amies. La nuit même, Betsy meurt étouffée… Réunis pour la première fois depuis le drame, les protagonistes s’apprêtent à reconstituer la scène du crime dans un climat de suspicion générale.
Le début de l'histoire se révèle une agréable suprise, grâce à une construction certes basique mais rudement habile pour allécher le lecteur. Quel est le mystère derrière ce fameux gala des lauréates, et qu'ont les anciennes amies à dissimuler avec autant d'ardeur et de crainte ? C'est plutôt pas mal comme point de départ. On suit ainsi pas à pas chacun des personnages, partageant leurs pensées intimes et leurs secrets les plus inavouables, lesquels sont cependant enrobés dans un voile de suspense bien épais. Principe judicieux, mais long. Au final, l'étonnement du début s'effrite au fil des chapitres lorsqu'on constate combien l'intrigue stagne et repose sur ses acquis. L'auteur brode à l'infini autour des mêmes indices et autres soupçons potentiels, elle n'introduit plus aucun nouvel élément mais accentue un sentiment de redondance (au mieux) ou proche de l'ennui. J'étais tout de même curieuse de connaître la fin... et quelle déception ! Peu de surprise, une action précipitée, aucune crédibilité par-dessus le marché, bouh. Le dénouement est une consternation sans nom. Tout ça pour ça, quoi. Moi qui n'avais plus lu de Mary Higgins Clark depuis ma tendre adolescence, je réalise avec dépit que la recette est éculée et manque de saveur. Trop lisse, pompeux, huilé à merveille. Cela manque d'écueil !
Par contre, j'ai beaucoup apprécié la lecture faite par Marcha Van Boven pour Audiolib. L'interprétation est subtile et nous plonge au cœur d'une intrigue qui se veut machiavélique, en brouillant les pistes à travers une multiplication de points de vue et l'ébauche de non-dits. Si la structure du livre m'a franchement peu convaincue, sa mise en scène m'aura véritablement séduite par sa simplicité et son écoute très agréable !
Audiolib, juillet 2014 ♦ Texte intégral lu par Marcha Van Boven (durée d'écoute : 8h 39) ♦ traduit par Anne Damour pour les éditions Albin Michel
.... singing musicals to yourself as serious psychological motivation.
Cela fait déjà deux ans que j'ai lu la première partie des aventures de la famille Martin à New York. Rappelez-vous, propriétaire d'un hôtel tendance Art Deco, la famille se saigne aux quatre veines pour lui rendre son heure de gloire, alors que l'endroit est au bord du délabrement. Scarlett, quinze ans, suit l'exemple de ses aînés pour apporter sa modeste contribution en s'occupant d'une suite où la très excentrique Mrs Amberson, une ancienne comédienne, en a fait son point de chute. Cette arrivée providentielle avait été un vrai coup de pouce pour les Martin, qui ont été les témoins, et les acteurs, d'un été particulièrement mouvementé.
Sur un plan sentimental Scarlett s'était entichée d'Eric, le meilleur ami de son frère Spencer, mais l'idylle a tourné court et depuis l'adolescente est d'humeur morose. La rentrée approchant, de nouvelles péripéties vont cueillir cette charmante famille qui ne manque pas de ressources, sauf que cette fois l'intrigue va davantage se concentrer sur les premiers pas de Spencer, en tant que vedette la plus haïe de tout New York, de Lola, amoureuse désabusée qui risque de retomber dans les filets de son histoire inachevée, et Scarlett, désormais l'assistante de Mrs Amberson, poussée à devenir le chaperon de la dernière recrue de leur agence, Chelsea Biggs, comédienne en herbe, et son frère Max, affichant une ironie à toutes épreuves. Scarlett et lui ne se supportent pas, ils partagent la même paillasse en biologie, se lancent constamment des piques, mais tout ça, sous couvert de jolis sentiments naissants, on s'en doute. Toutefois, Scarlett n'a pas guéri sa déception amoureuse et Eric est de retour dans sa vie, comme s'il cherchait à renouer avec elle.
Sitôt les premières pages lues, j'étais complètement sous le charme ! C'est un tel bonheur de retrouver la famille Martin, de s'immiscer dans leur vie pas ordinaire et de suivre leurs aventures essentiellement tournées autour du théâtre et de la comédie (les affaires de l'hôtel sont passées au second plan). Mais c'est aussi et surtout une histoire qui met en avant la famille, au sein de laquelle surviennent les coups de tête, les coups de coeur, les doutes, les pardons, les interrogations, les solutions... bref, un formidable portrait d'amitié et de solidarité, toujours dans l'humour et la joie de vie, sans jamais édulcorer les petits bobos qui font pleurnicher. Je retiens de cette lecture un plaisir frais, pétillant et enthousiasmant, un joli moment de dépaysement aussi, puisque la ville de New York offre un cadre idyllique et magique, qui procure un effet grisant ! J'ai refermé mon livre sur une note d'enchantement, et de frustration aussi, puisque j'ignore quand la suite sera disponible. Et cette suite est tout bonnement indispensable, nomdediou !
Au Secours Scarlett ! par Maureen Johnson
Gallimard jeunesse, coll. Scripto, 2011 - traduction de Cécile Dutheil de la Rochère
illustration de couverture : Dominique Corbasson
“"Carefree, peaceful... those words reminds me of you." Matt says without hesitation, surprising me with his frankness.”
Daisy n'est pas une adolescente comme les autres. Il lui arrive de succomber à des accidents, avaler de travers un grain de raisin, être allergique à une piqûre de guêpe, se noyer, bref Daisy est déjà morte par cinq fois dans le passé ! Tout a commencé à l'âge de quatre ans, par un accident de bus scolaire, à la suite duquel elle a suivi un protocole secret qui permet de ressusciter grâce à un sérum nommé Revive.
Tout est remis en question dès lors que Daisy et ses faux parents, Mason et Cassie, s'installent dans le Nebraska. La jeune fille découvre l'amitié avec Ashley, et aussi l'amour avec Matt. C'est tout nouveau, pour la première fois elle s'interroge sur les risques qu'elle court, sur la moralité de jouer avec la mort et le destin, de sauter d'une vie à l'autre sans le moindre frisson de doute ou de repenti... C'est comme si Daisy s'achetait enfin une conscience, sauf que ses conclusions la poussent vers le chemin de la rébellion !
Ce deuxième roman de Cat Patrick élabore une thématique originale, sur le droit à la vie et la mort, hélas j'ai trouvé le traitement tellement creux que j'ai fini par être déçue de ma lecture. Celle-ci se révèle trop simpliste, jusqu'à dans la description des émotions de Daisy, de sa rencontre avec Matt, des sentiments naissants entre eux, de son amitié avec Megan aussi, une autre cobaye avec qui elle a créé un blog rigolo. Il n'y a qu'avec Ashley que les choses vont être différentes de ce qu'elles paraissent, en plus d'autres petites révélations disséminées à travers l'intrigue, comme la découverte d'un complot et la nécessité de fuir pour sauver sa peau. Non, vraiment, à ce sujet intéressant ne s'est frotté qu'un développement peu convaincant et futile, auquel j'ai été peu sensible. Tant pis.
Revived (La Sixième Vie de Daisy A.), par Cat Patrick
La Martinière J., 2012 - traduit de l'anglais par Nathalie Azoulai