Là où j'irai - Gayle Forman
Voilà la suite la plus attendue de l'année !!! En 2009, ma plus belle émotion m'avait été donnée par Si je reste, de Gayle Forman. Rappelez-vous, Mia et Adam, un accident de voiture, une famille brisée et une jeune fille qui ne sait plus s'il lui faut rester ou partir avec les siens... C'était beau, c'était fort mais ce n'était pas assez. Aussi, l'auteur a exaucé nos prières muettes et a écrit la suite de leur histoire, trois ans après.
Et c'est là que notre coeur se brise, car Mia et Adam ne sont plus ensemble ! Leurs chemins se sont séparés : elle est partie à New York pour ses études, elle n'a plus jamais donné de nouvelles. Aujourd'hui elle est en train de devenir une violoncelliste de renom et donne un concert au Carnegie Hall. De son côté Adam a propulsé son groupe de rock sous les feux de la rampe, c'est la consécration mais notre rocker n'est point satisfait. L'histoire, cette fois, nous est donc reportée par son intermédiaire, et rien que pour ça, cela vaut toutes les danses de la joie, car Adam est un garçon formidable !
En cette soirée d'août, Mia et Adam vont se revoir par le plus grand des hasards, ils vont passer une nuit à parcourir les rues new-yorkaises, tout en tournant autour du pot. Pas une fois ils n'aborderont le passé, même si le malaise est palpable, Adam notamment voudrait crever l'abcès mais ne s'en sent pas capable. On le découvre amer, torturé et meurtri par la rupture, encore à fleur de peau, partagé entre la colère et la rancune. Il est donc nécessaire que notre petit couple se parle vraiment.
Mais avant d'en arriver là, Gayle Forman fait appel aux flashbacks pour tisser sa toile, pour parler de la vie qui a filé pendant ces trois années, et nous rappeler l'amour fou et véritable que nourrissait Adam pour Mia. C'est si touchant, j'en avais des papillons dans le ventre (la première fois où ils sont partis camper, par exemple), et cela alimentait d'autant plus mon incrédulité et mon envie de savoir pourquoi, mais pourquoi, hein, Mia !?!
Lorsque les langues se délient, et les larmes coulent, c'est toujours aussi fort et aussi bon. C'est une délivrance pour tout le monde, mais ça ne signe pas le point final, au contraire c'est toujours si mouvementé, comme les montagnes russes, et ça continue, encore et encore, rien n'est jamais gagné, mais qu'est-ce qu'on reste scotché jusqu'au bout, le coeur débordant d'espoir. Je n'en dis pas davantage, mais Adam je t'aime d'amour. C'est tout.
Là où j'irai - Gayle Forman
Oh ! Editions (2010) - 280 pages - 16,90€
traduit de l'anglais (USA) par Marie-France Girod
Je rappelle un passage du livre précédent, parce qu'il dit tout et parce qu'il me donne les larmes aux yeux, rien que d'y repenser ... "If you stay, I'll do whatever you want. I'll quit the band, go with you to New York. But if you need me to go away, I'll do that, too. I was talking to Liz and she said maybe coming back to your old life would be too painful, that maybe it'd be easier for you to erase us. And that would suck, but I'd do it. I can lose you like that if I don't lose you today. I'll let you go. If you stay."
— Gayle Forman (If I Stay)
Lu avec le casque sur les oreilles ... ce roman est également pétri de musique (du rock, du blues, du folk), j'adore !
Elle est partie pour la Juilliard School au début septembre. Je l'ai accompagnée en voiture à l'aéroport. Elle m'a dit au revoir, m'a embrassé. Et elle a déclaré qu'elle m'aimait plus que la vie même. Puis elle s'est avancée vers le portique de sécurité.
Elle n'est jamais revenue.
Si je reste ~ Gayle Forman
Oh! Editions, 2009 - 220 pages - 15,90€
traduit de l'anglais (USA) par Marie-France Girod
Un accident de voiture.
Les parents de Mia sont tués sur le coup. Son petit frère et la jeune fille de dix-sept ans sont dans un état grave, emmenés de toute urgence dans des hôpitaux différents.
Et l'esprit de Mia - ou son fantôme - se matérialise et devient spectateur de son combat entre la vie et la mort.
A elle de choisir maintenant.
Malgré les impressions que ce bref résumé peut inspirer, non ce roman n'est pas du tout déprimant. Il est par contre très émouvant ! Mais bon. Très bon. Et puis beau, merveilleux, puissant. Il donne envie de se secouer et d'hurler. Que du positif, en somme. Car c'est par-dessus tout une formidable histoire d'amour. L'amour d'une famille. L'amour d'une vie. L'amour de la musique. L'amour et l'amitié.
Plus d'une fois j'ai eu la gorge nouée face à ce grand cri d'amour. A toutes les pages, au-delà de la violence et de la tragédie que traverse Mia, on ressent ses sentiments, ses questions, ses émotions. Et ses souvenirs affluent, des instants merveilleux d'une complicité familiale exemplaire, une rencontre amoureuse belle, unique et inscrite pour durer.
Alors que Mia est scotchée sur son lit d'hôpital, en soins intensifs, ses proches défilent à son chevet pour lui parler, lui chuchoter de s'accrocher, ou de partir, si c'est ce qu'elle veut. Les paroles de son grand-père, par exemple, sont dégoulinantes de beauté et d'amour véritable. Et Kim, sa meilleure amie, se révèle précieuse, rare et complice au-delà des mots. Et puis, Adam...
Je ne sais pas raconter ce livre, je ne sais pas vous en parler, je ne sais pas vous donner envie, je sais juste que c'est un livre qui m'a bouleversée et que j'ai lu d'un traite en pleurant beaucoup. J'en sors heureuse, réconfortée par des petites phrases qui disent peu et tout à la fois. Une lecture qui a trouvé sa lectrice au bon moment.
NB : Ne vous fiez pas au bandeau rouge racoleur et donc dissuasif qui clame que c'est le livre le plus émouvant depuis twilight ! C'est n'importe quoi, ça n'a rien à voir avec twilight. Pour moi, ça sonne comme un sinistre appel d'offre et ça m'agace. Ne tombez pas dans le panneau, mais lisez ce livre, bon sang il est juste très bon et il ne ressemble à rien, sauf à lui.
La voleuse de livres - Markus Zusak
"Je n'ai pas de faux, ni de faucille. Je ne porte une robe noire à capuche que lorsqu'il fait froid. Et je n'ai pas cette tête de squelette que vous semblez prendre plaisir à m'attribuer. Vous voulez savoir à quoi je ressemble vraiment ? Je vais vous aider." C'est cette voix glaciale, sépulcrale qui nous raconte l'histoire de la voleuse de livres, autrement dit Liesel Meminger, une gamine de 9-10 ans qui arrive chez les Hubermann, conduite par une mère désespérée. Nous sommes en Allemagne nazie, près de Munich, la guerre est déclarée et c'est en zoomant sur la rue Himmel que le lecteur va suivre le cours des événements, à la façon du voyeur qui regarde par-dessus l'épaule de la Mort, narratrice bien flippante de cette histoire. Oui, le lecteur est vite au courant qu'il doit entendre le discours lugubre de cette faucheuse qui cultive un certain humour noir et ironique ! Il faut savoir apprécier le style, mais nous y reviendrons plus tard... Liesel Meminger est une enfant vive mais qui ne sait pas encore lire ni écrire. Qui pourrait alors penser que cette fillette s'exerce pourtant à la carrière illustre de "voleuse de livres" ? Car les mots la fascinent, lui font peur, la dégoûtent. Tout a commencé en janvier 1939 lors de l'enterrement de son petit frère quand elle découvre un livre noir dans la neige qu'elle conserve dans sa poche au lieu de le restituer à son propriétaire. D'autres menus larcins vont suivre, mais il faudra le temps, des circonstances étranges et surtout un aplomb en béton. Car dans la rue Himmel, où Liesel court chercher le linge des riches familles pour sa mère nourricière, la fillette et son grand ami Rudy Steiner crèvent de faim et tentent d'oublier leurs souffrances en jouant au football. Et puis, il y aura Max, l'ancien boxeur, le juif qu'on planque dans la cave sans dire un mot à quiconque. Cet homme va attirer l'enfant, va lui montrer les mots comme jamais auparavant, et de voleuse notre Liesel va devenir une secoueuse de mots. Mais bon, le raccourci est facile et vite réducteur.
En fait, il est très difficile de raconter ce livre de Markus Zusak où les éléments vont s'embriquer progressivement. Dans ce roman, on y découvre la perplexité des couleurs (blanc, rouge, noir) et on croise les silhouettes des Nazis, du Führer et des juifs qui défilent vers Dachau... Dans le quartier où grandissent Liesel et Rudy, la vie est rythmée par la faim, les parties de football, les vols puis par les bombardements. Ce n'est évidemment pas une lecture facile, malgré les passages malicieux pour atténuer l'ambiance plombante qu'impose la Mort qui rôde en observant la jeune Liesel et les siens, mais c'est loin d'être morose au bout du compte.
En fait, les éléments pour s'attacher ce livre comptent beaucoup (la couverture, le titre, le bouche-à-oreille) mais le style de ce livre est épouvantable, hélas. Sous prétexte qu'il s'agit de la Mort, le ton est mécanique, se défend d'être insensible, bien amèrement, mais cela ne suffit pas pour convaincre. Quant à l'histoire, c'est vrai qu'elle nous embarque, qu'elle est compatissante et admirable grâce à ses personnages charismatiques, mais bon...
Pour moi, le style est pénible et pénalise l'entrain et l'aisance de la lecture. J'ai pourtant lu jusqu'au bout ce roman car je tenais à connaître son issue coûte que coûte.
Oh éditions, 525 pages