On aime : Jules et le renard - C'est mon arbre! - Les Toutous à Paris - On s'ennuie ! - Le doudou de Lolotte - Maman c'est toi ?
Jules est un adorable souriceau, qui mène une petite vie paisible et solitaire, à laquelle il tient énormément. Chaque jour, il emprunte le même itinéraire rigoureusement millimétré pour échapper aux lapins, aux taupes, aux blaireaux, à la fermière avec son chien, à la chouette vorace. Ce rituel immuable lui a ainsi permis de rentrer sain et sauf jusqu'à présent.
Or, sa chère quiétude est mise à mal par un rusé renard venu fureter près de son terrier ! Paf... le museau en plein dans le mille. Jules était couché dans son lit au moment de cette intrusion et rien n'y fait : la bête est coincée. Compatissant, Jules propose de partager ses repas, puis discute du bout de gras et ainsi se lie d'amitié avec son meilleur ennemi.
Finalement, le renard retrouve sa liberté et scelle un pacte de non-agression. Chacun retourne à sa petite vie pépère... mais d'autres mésaventures attendent Jules au tournant. Notre souriceau, distrait, est face à son destin - entre la vie et la mort - et le lecteur retient son souffle. Retour fracassant de son pote avec acte héroïque à la clef ? En tout cas, il faudra bien du courage à Jules pour se tirer d'un tel mauvais pas.
Amitié, solidarité et entraide dansent la gigue dans cet album - merveilleusement illustré - et donnent de la vitalité à cette fable rigolote où l'on se demande : qui manque qui. C'est tendre, c'est cocasse, c'est surprenant. On adore ! ♥
Jules et le renard, par Joe Todd-Stanton
l'école des loisirs, 2019
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Le petit écureuil d'Olivier Tallec est très possessif : c'est son arbre, ce sont ses pommes de pin. Il n'aime pas partager. C'est à lui, tout ça. À personne d'autre. D'ailleurs, ça le turlupine tellement qu'il cherche à protéger son espace. Il songe à monter la garde, jour et nuit, ou à installer un portail. Ou une palissade. Ou même un mur. Un mur très long et très haut pour protéger son arbre. Mais derrière le mur, il y aurait quoi ? Peut-être que les pommes de pin derrière le mur seraient encore plus grosses ? Notre écureuil n'a pas fini de tergiverser.
Ce refus du partage est raconté avec beaucoup de dérision : il y a tant de contradictions dans la volonté de posséder et la curiosité d'avoir mieux ailleurs, puis d'en disposer davantage, mais alors comment régler la question du partage... surtout quand on n'en a pas envie ! Olivier Tallec fait tourner le lecteur en bourrique... et on en redemande.
C'est MON arbre ! par Olivier Tallec
Pastel de l'école des loisirs, 2019
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Pour honorer l'invitation de l'oncle Jacob, qui va fêter ses 100 ans, nos fidèles toutous décident de se rendre à Paris, au 16 rue du Gros Caillou, lieu de la fête. Bien entendu, l'aventure promet d'être épique car nos toutous n'ont absolument pas le sens de l'orientation et ne connaissent rien de la Capitale. Ils débarquent donc en train pour courir à perdre haleine, dans le métro, à vélo, sur le bateau-mouche, escaladant la Tour Eiffel, passant en quatrième vitesse devant le Centre Pompidou, le Louvre et aussi Notre Dame.... Nos toutous n'ont pas de temps à perdre : la ville est grandiose et ils ont bien mérité de se baigner dans la Fontaine Stravinsky pour reprendre des forces.
Vous l'aurez compris, cette course complètement folle est le meilleur guide touristique pour visiter les trésors de Paris ! Merci les toutous de partager cette fabuleuse épopée. Qui sait s'ils ont atteint leur objectif pour danser le boogie près du Champ-de-Mars ? Joignez-vous à eux... n'hésitez plus.
Les Toutous à Paris, par Dorothée de Monfreid
l'école des loisirs, 2019
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Mim et Crocus sont en train de mourir d'ennui... pas envie de jouer à la balançoire ou au ballon... mais encore moins envie de ranger leur chambre ! Alors ils acceptent de filer dans le jardin. Surtout pas pour travailler, que nenni. D'ailleurs, les enfants, qui ont le sens de la compétition dans la peau, se lancent comme défi de faire le plus gros tas de feuilles. Justement la mission que leurs parents avaient prévu pour eux... mais chut !
Pour amadouer vos petits flemmards, on veille bien à soigner son vocabulaire - surtout évitez des termes comme ranger ou travailler - vous obtiendrez des miracles et n'entendrez plus parler d'ennui. Voyez donc ici : cet album est prodigieux.
On s'ennuie ! par Jean Leroy & Ella Charbon
Loulou & cie de l'école des loisirs, 2019
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Catastrophe pour Lolotte : son doudou a disparu. Ses copines ont beau mettre sa chambre sens dessus dessous... aucune piste ! Vite, elles se faufilent sous la couette et trouvent un tunnel. De là, elles vont glisser, crapahuter, tomber... plouf, près d'un lac, où elles découvrent une barque amarrée pour les guider vers une petite île. Sur place, se trouve une cabane blanche dans laquelle se tient la nouba du siècle ! Incroyable. Ça fait KLING KLANG KLONG. Nos trois amies ne vont pas en revenir.
Ce nouveau rendez-vous avec Lolotte promet une quête pleine de rebondissements, de suspense et de funk ! C'est la fête du coton et du polyester. On n'a jamais vu des doudous décompresser avec autant de groove et de déhanchés endiablés. Vive la fièvre du samedi soir chez Lolotte !
Le doudou de Lolotte, par Clothilde Delacroix
loulou & cie de l'école des loisirs, 2019
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Un bambin est poussé hors de sa maison avec un chapeau trop grand sur la tête ! Yeux masqués, bras tendus... bonne chance pour trouver ta maman au gré des rencontres : Bêêêê ! répond le mouton. Meuhh ! répond la vache. Miaou ! répond le chat. Coin-coin ! répond le canard. C'est la zizanie dans la basse-cour.
Mais que de chouettes retrouvailles entre chapeaux... et si on retrouvait Papa maintenant ? Tendresse & humour au programme : on adore cette double couche chez Michaël Escoffier & Matthieu Maudet réunis.
Maman, c'est toi ? de Michael Escoffier & Matthieu Maudet
loulou & cie de l'école des loisirs, 2019
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Pêle-Mêle : Les Quiquoi et l'étrange attaque du coup de soleil géant - Escargots à gogo - Une petite voix
Olive et ses joyeux compères sont assommés par la chaleur. La faute au soleil énorme dessiné par notre artiste. Résultat, tous se plaignent de porter une robe, une casquette à oreilles, un parasol ou de la crème solaire. ILS N'EN PEUVENT PLUS. Olive se met alors à dessiner un ventilateur... oups, un peu trop puissant. Raoul a voldingué vers l'inconnu et ses amis doivent traverser une forêt de cactus pour le retrouver. Mais chaque défi trouve sa solution dans une pirouette dessinée astucieusement, ou pas. Les rebondissements s'enchaînent et donnent ainsi à lire une fabuleuse aventure de nos Quiquoi préférés. C'est drôle, inattendu et complètement farfelu. Le trait d'humour d'Olivier Tallec et Laurent Rivelaygue se met ici au service de la prévention contre les méfaits du soleil (cf. le coup de soleil féroce et prêt à bondir sur nos jeunes amis). Une interprétation désopilante, qui tire des sourires et des larmes de bonheur aux lecteurs enchantés. Je suis FAN. ♥
Les Quiquoi et l'étrange attaque du coup de soleil géant, de Laurent Rivelaygue & Olivier Tallec
Actes Sud Junior - BD - 2017
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En vacances chez son grand-père, Paula découvre les joies du jardinage en explorant “ses petites bêtes” - à quoi servent les taupes, comment distinguer l'abeille de la guêpe, pas besoin d'insecticides quand on a des coccinelles, et que dire des escargots... La fillette voue alors une passion peu commune pour les gastéropodes et ne se lasse pas de les observer - escargots des jardins, petits-gris, escargots de Bourgogne. Papi Alfred est intarissable, il sait tout, il connaît tout, et partage sa vaste culture à une petite-fille fascinée. C'est vrai que le sujet est captivant ! Contre toute attente, j'ai moi-même été piquée de curiosité pour cette histoire de bestioles peu ragoûtantes, mais dont je découvre l'univers avec étonnement. Les illustrations d'Audrey Calleja sont rafraîchissantes et participent à l'émerveillement suscité par cette lecture remarquable !
Escargots à gogo, de Sandrine Le Guen & Audrey Calleja
Actes Sud junior, 2017
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Solitaire et secret, Jérémy est un enfant qui semble vivre dans sa bulle, mais qui ne renvoie pas non plus une image très charismatique. Le garçon est incompris - “avec ses airs bizarres” - et est rejeté par ses camarades ou ses proches. En fait Jérémy vit dans un monde imaginaire, dont l'héroïne, April March, est anglaise, enfermée dans un pensionnat qu'elle cherche à fuir. Son personnage incarne tout ce que Jérémy n'est pas - audacieux, joyeux, intuitif - si bien que le môme tourne de plus en plus le dos au réel pour se complaire dans le fictif. Cherry on top, Jérémy rêve de rencontrer son April pour vivre de fabuleuses aventures à ses côtés. En attendant, sa famille tourne autour de lui en cherchant la brèche dans la carapace. Le garçon est visiblement hermétique à toute manifestation émotionnelle. C'est un bloc, un rempart. Après avoir exprimé son ras-le-bol, sa famille se rétracte et éprouve une sincère inquiétude à son sujet.
J'avoue avoir, moi aussi, ressenti une grande perplexité face à ce petit Jérémy, qui chamboule pas mal ma vision sur l'enfance et l'hypersensibilité. C'est d'ailleurs la grande force du livre - on vit et on partage ses doutes, ses peurs, ses rêves, ses espoirs, mais aussi ses éclairs de lucidité ou de désarroi. On s'imprègne de son mal-être et on ressent une grande tristesse. C'est assez déstabilisant d'avoir un môme de huit ans, conscient de sa différence et du regard qui se pose sur lui, sans pouvoir lui donner un coup de pouce. Quelle frustration, que d'impuissance à tourner les pages du roman... Mais c'est aussi une grande prouesse de l'auteur qui est parvenu à toucher au plus juste le lecteur en nous sensibilisant au “problème” des grands rêveurs. Imaginez, dans une société formatée, le rêve devenir une maladie ? Chair de poule assurée, brrr...
Une petite voix, de Patrick Olivier Meyer
Actes Sud Junior, 2017
illustration : Sébastien Mourrain
Pêle-Mêle : Les Quiquoi et le bonhomme de neige qui ne voulait pas fondre - Mes amis Monstres - Il était trop de fois
Revoici la bande des joyeux copains, composés de Boulard, Mixo, Pamela, Pétole, Raoul et Olive l'artiste ! Ce dernier a choisi de créer une ambiance hivernale pour ses amis, ciel gris et enneigé, c'est l'occasion de faire un gros bonhomme de neige. Mais pour éviter que celui-ci ne fonde sous les premiers rayons de soleil, la troupe l'entraîne sur sa luge jusqu'à la montagne. L'ascension est longue et périlleuse, au loin les copains entendent le hurlement de l'abominable gnome des neiges, puis croisent une marmoutte déchaînée qui les pourchasse jusqu'au fin fond d'une grotte. Quelle aventure ! Et ce n'est pas tout, du moins attendez-vous à une lecture rigolote, riche en rebondissements loufoques. Vous allez adorer cette série, son trait d'humour, son dessins colorés, ses dialogues savoureux et ses situations cocasses. Olivier Tallec et Laurent Rivelaygue combinent talent et humour pour une lecture qui ne peut que vous régaler !
♥♥♥ Les Quiquoi et le bonhomme de neige qui ne voulait pas fondre, de Laurent Rivelaygue & Olivier Tallec ♥♥♥
Actes Sud Junior BD - Février 2017
Isa est une adorable petite fille, qui aime beaucoup se déguiser. C'est sa manière à elle de combattre les monstres, qui s'introduisent la nuit dans sa chambre. Son chat Jean-François veille également sur elle en lui faisant des câlins. Mais il faut que ça change, aussi décide-t-elle de ne plus se cacher sous les déguisements et d'affronter réellement les monstres. Ils sont trois. Trois à se faufiler près de son lit. La fillette n'en mène pas large. Soudain, son chat bondit sur les monstres... et là, la tension monte d'un cran ! Ce serait toutefois étonnant de trembler de peur à la lecture de cet album aux allures pop et aux couleurs acidulées ! C'est comme un bonbon à découvrir. Une délicieuse sucrerie à croquer sous la dent. Miam ! Cette lecture est franchement extra, rigolote et fantasque. Elle chatouille les vieilles trouilles et dédramatise le problème des monstres en racontant une histoire complètement folle, qui donne envie de sourire ! Une thérapie radicale, joyeuse et bénéfique. ☺
Mes amis monstres, de Pooya Abbasian
Actes Sud Junior, Février 2017
« Il était une fois un loup, grand et méchant. - Non ! Pas de loup ! Pensez aux pauvres petits lecteurs si sensibles qui risquent de faire des cauchemars… Pourquoi pas un chien ? Un gentil chien très mignon ? » C’est ainsi que commence cette histoire, où le loup est remplacé par un petit caniche rose... affamé. Il bondit sur un pigeon - malheur ! c'est rempli de microbes - il tombe alors sur un arbre magique à bonbons - nan, c'est mauvais pour les dents - alors il se rabat sur un navet - et s'il partageait avec les animaux de la forêt ? Amis de l'humour absurde, STOP ! Arrêtez votre chemin sur cette lecture, faussement rose prout-prout, car au menu c'est de la grosse poilade sur toute la ligne ! On se moque exprès de la bien-pensance actuelle (la moralité exemplaire, pas de sang, pas de clichés, des valeurs nobles...), sauf que cela ruine la créativité, l'élan, la spontanéité, le grain de folie... Place à l'imagination, à l'enfance, aux contes et aux histoires extraordinaires. Osez secouer les consciences, de toute façon les enfants savent pertinemment faire la part des choses. Vive le loup ! vive les classiques ! à bas la censure ! ☺
♥♥♥ Il était trop de fois, de Muriel Zürcher & Ronan Badel ♥♥♥
éd. Thierry Magnier, 2016
Y'a pas de héros dans ma famille ! de Jo Witek
“Avant, je pensais que les enfants du monde entier étaient comme moi. Des mini-humains qui deux fois par jour et cinq jours par semaine passent la frontière d'un pays à l'autre, le cartable sur le dos et le sourire en bandoulière. Avant, ma vie gambadait légèrement entre le monde de l'école et celui de la maison. J'étais heureux dans mes deux pays bien distincts avec des gens différents, des styles différents, une cuisine et une langue particulières.”
La vie de Maurice Dambek a toujours été compartimentée de la sorte : la vie de famille, nombreuse, bruyante et délurée, dans le quartier des romanichels, et sa vie à l'école, bon chic bon genre, sérieuse et appliquée. Jamais les deux n'entraient en collision... jusqu'au jour où son meilleur ami Hippolyte Castant s'invite chez lui pour travailler leur exposé. D'un simple regard, le château de cartes s'effondre. Maurice mesure sa famille dysfonctionnelle - un papa chineur-ferrailleur, qui travaille au noir, une mère aux jambes trop lourdes, qui fait des crêpes à la centaine, un grand frère qui bichonne sa voiture au bas de l'immeuble, une frangine qui rêve de chanter et un autre frangin tout mou. Le tableau n'est pas folichon. À côté de ça, chez Hippolyte, les murs de la maison sont épinglés de photos de gens illustres, des médecins, des chercheurs, des artistes, bref des héros. Chez Maurice, par contre, il n'y a que des zéros.
Grosse prise de conscience. Le garçon a honte des siens, qu'il considère comme des entités inutiles et déshonorantes. Il encaisse sans mot dire la condescendance de son pote et devient désobligeant avec ses proches. Maurice a le cœur pris en étau, et forcément, ça explose. Branle-bas de combat chez les Dambek qui kidnappent le cadet pour une mise au vert de toute urgence. Direction, la Bretagne. Un retour aux racines pour raconter la famille, l'amour au premier regard, les crêpes, les héros et ceux qui s'ignorent. Au final, la crise du jeune Mo va remettre de l'ordre dans ce joyeux bordel familial. Aussi imparfaite soit-elle, la tribu Dambek n'en demeure pas moins sincère et généreuse. Et puis, “les vrais héros sont ceux que les gens aiment, mais aussi ceux qui savent aimer. Ceux qui rendent les autres plus forts, au lieu de se croire les plus forts”.
Un petit roman délicieux, qui traite des écarts sociaux et culturels dans une société qui parfois oublie l'harmonie, la tolérance et la mixité. Un regard tendre sur une famille déglinguée, mais qui se soigne. Une jolie lecture, légère et rigolote.
Actes Sud Junior - Janvier 2017
illustration de couverture : Olivier Tallec
Bonne Continuation, d'Olivier Tallec
Olivier, il faut qu'on cause ! Cette tendance crapuleuse à épingler les travers de nos petites vies est tout bonnement... jouissive ! Sur ce, je dénonce : un ton mordant, parfois méchant et ironique, flirtant aussi avec un humour noir et morbide, hmmm, ça sent l'insubordination à plein nez. Et ça me plaît. Lire Olivier Tallec dans un univers aussi décalé et cinglant, oui ça a du bon.
Après avoir signé ses premiers méfaits en nous souhaitant une Bonne journée, l'auteur récidive dans cet exercice du dessin humoristique particulièrement féroce avec une nouvelle série de tableaux qui brassent des thèmes, des symboles et des époques sans fil conducteur mais où la dérision domine le monde. Les cadeaux de Noël, la garde alternée, la mode, le paraître, les rencontres amoureuses, l'incompréhension au sein du couple, la cigarette, la sexualité, les licornes, le safari, les penchants SM, les cornes, le plug anal, les très flippantes moaï (ces célèbres statues de l'île de Pâques), les vaches normandes, les mille-pattes, les ours polaires, les chauve-souris, les oies, mais aussi l'écologie, le réchauffement climatique, le foie gras, la frénésie médiatique, et j'en passe ! Tout est sujet à moquerie, surtout quand c'est aussi bien appréhendé, d'un simple tacle subtil et hardi.
Il y a du Voutch dans l'art de tailler des portraits aussi incisifs, selon une base de dessin au pastel, mais la tendresse particulière au papa de Grand Loup et Rita & Machin, qui assume ici un rôle à contre-emploi de son registre habituel, rend le contraste réjouissant. Il sort plus d'une fois de sa zone de confort, avec notamment des scènes bien gore, bien sanglantes, qui figurent aussi parmi les meilleures séquences de lecture (honte, moi ? jamais !). De toute façon, j'aime cette facette irrévérencieuse du personnage, son caractère fripon qui se dévoile. Cette nouvelle lecture caustique confirme ainsi l'étendue du talent d'Olivier T. Applaudissements dans la salle.
Rue de Sèvres / Octobre 2016
Moi devant, de Nadine Brun-Cosme & Olivier Tallec
Ils étaient trois : Léon le grand, Max le second, Rémi le plus petit. C'était toujours Léon qui marchait devant, ouvrant la marche, protégeant les plus petits contre les dangers du monde... ou voulant aussi leur montrer toute la beauté environnante.
Et puis un jour, Max a voulu passer devant. Et découvrir le monde par lui-même. Rémi, coincé derrière, a fini par trouver le temps long. Léon n'était pas un causeur. Et les histoires de Max lui manquaient... Max et sa fantaisie. Alors Rémi décida de chanter le monde !
Quelle formidable histoire, qui prouve qu'ensemble, c'est tout ! ;-) Grandir, c'est pouvoir compter l'un sur l'autre, gagner en confiance et avancer dans la vie. L'histoire n'est que tendresse, écrite avec sensibilité et poésie, rendue à merveille par les illustrations douces et colorées d'Olivier Tallec (le panel des paysages est varié, franchement splendide à contempler).
C'est sur un ton câlin qu'on lit cette histoire, qui nous apprend à lâcher la main des grands, pour mieux revenir se nicher dans le giron rassurant et protecteur... Une pépite ! ♥
Père Castor / mars 2015
Les Quiquoi et l'étrange maison qui n'en finit pas de grandir, de Laurent Rivelaygue & Olivier Tallec
Allez, Olive, dessine-nous une maison... avec des murs blancs et une décoration bigarrée, une maison qui ne serait pas du goût des copains, mais ça on s'en moque un peu, ils trouvent toujours à dire... il y aurait aussi une galerie de miroirs en retard et une porte pour explorer et se carapater en cas de mauvaise rencontre, pour échapper aux créatures monstrueuses qui grossissent rien qu'en s'énervant...
Dis, Olive, dessine-nous une porte qui ne serait pas de travers, crayonnée d'une main tremblante, dessine un trou à la place, qu'on gommerait vite fait pour se protéger... Allez, Olive, dessine-nous la porte de sortie, on s'ennuie, on a trop d'émotions fortes, on fait que râler et se plaindre et geindre et chouiner... Promis, Olive, la prochaine fois on se contentera d'une sorcière ou d'un toboggan de l'enfer ! ;-)
Les personnages des Quiquoiqui et Quiquoioù sont à la fête. Olive, Pétole, Pamela, Boulard, Raoul et Mixo sont une joyeuse bande de potes aux caractères très opposés. On a un intello, un trouillard, une tête brûlée, un artiste, un râleur et un indécis, mais tous ont une imagination sans limites. Force est de reconnaître qu'ils vont vivre une aventure qui dépassera de loin leurs espérances !
Elle est d'autant plus ingénieuse qu'elle se crée au fil des pages, selon l'inspiration, les doutes, les envies... et ça voltige dans les airs, ça bondit dans tous les sens, ça piaffe, ça s'esclaffe. C'est une lecture franchement comique et désopilante ! Le trait d'humour d'Olivier Tallec est partout, partout, partout. On s'éclate de bout en bout. ♥
Actes Sud Junior / Juin 2015
Les Petits bonheurs, Album chanté par Domitille & Amaury
Comme cette lecture / écoute aura été douce et enchanteresse !
Le duo Domitille & Amaury a puisé dans le patrimoine de la chanson française, de Charles Trenet à Henri Salvador, Eddy Marnay ou André Hornez, pour étourdir un jeune public ignorant et séduire les plus nostalgiques de la bande grâce à des mélodies enjouées et pétillantes remises au goût du jour. Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? - Route Nationale 7 - Une chanson douce - Ballade irlandaise - Du soleil plein la tête... et 5 autres titres constituent le répertoire de cet album plein de fraîcheur et d'enthousiasme.
Vous n'avez pas fini d'accompagner les chanteurs en suivant le texte ou en vous laissant, de temps à autre, distraire par les illustrations d'Olivier Tallec, qui font de cet album un rendez-vous absolument indispensable. Eh oui, messieurs - dames, on applaudit bien fort ! La tournée est en préparation, guettez les dates ! ;-)
Gallimard jeunesse Musique /mai 2015
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Pour toute la tendresse qu'elle me rappelle ♪♫♫♪ ♥
Qui quoi où, d'Olivier Tallec
Après le succès de Qui quoi qui , voici Qui quoi où : une lecture tout aussi joyeuse, espiègle et riche en énigmes à décortiquer.
Chaque double page présente une scène cocasse associée à une galerie de personnages et pose une devinette au lecteur : Qui est caché sous le tapis ? Qui est coincé dans le tronc d'arbre ? Qui a chahuté sur le lit ? L'enfant doit alors être attentif, observer l'image pour découvrir qui a fait quoi et qui se cache où.
Résultat ? C'est charmant. Absolument irrésistible.
On n'hésite pas à jouer le jeu en scrutant les moindres détails de chaque page. (Au pire, les solutions sont en fin de livre.) Et c'est un régal de retrouver l'esprit farfelu et déjanté d'Olivier Tallec grâce à des albums surprenants et ludiques. On ne se contente plus de tourner les pages du livre, on s'implique dans l'histoire. En général, ça plaît beaucoup aux enfants !
Actes Sud Junior, janvier 2015
Bonne journée, par Olivier Tallec
Cet album est absolument désopilant, mais attention il ne s'adresse pas du tout aux enfants ! Le nom d'Olivier Tallec peut induire en erreur, or cette fois l'auteur / illustrateur est sorti de son registre habituel pour assumer pleinement son humour corrosif et piquant. Et c'est jubilatoire !
On découvre à travers cette lecture des planches de dessins, avec parfois une petite légende, qui font tiquer, sourire, grincer des dents. L'humour y est noir, caustique et effronté, les situations sont cocasses, parfois grivoises. Bref, les habitués pourraient y perdre leur latin, sauf que l'auteur a toujours su glisser dans ses albums une petite touche espiègle, qu'on retrouve ici, poussée à l'extrême.
C'est extra, délicieusement ironique, derrière la tendresse du dessin, on découvre un Olivier Tallec à la plume piquante et réjouissante. J'ai adoré le découvrir dans ce registre, plus décalé et irrévérencieux. J'ai beaucoup ri et je ne me lasse pas de le lire et le relire !
Rue de Sèvres, octobre 2014