18/11/21

Les Strates, de Pénélope Bagieu

Les Strates

Difficile de passer à côté du nouveau carnet de Pénélope Bagieu !

Un petit look vintage, super sobre, juste du noir et blanc. Avec un élastique sur le côté pour l'aspect confidentiel. C'est adorable !

La lecture n'est pas en reste. Car ce carnet renferme les petits secrets de la dame et surtout raconte des bouts de son histoire personnelle. En vrac, sans fard.

Et ça sonne juste.

On apprend donc que Pénélope est obsédée par la chaleur, qu'elle voue aux chats un amour dévastateur et qu'elle a longtemps cultivé la croyance d'un don particulier pour le sport.

Elle nous livre aussi sa première visite chez une gynéco, ses expériences amoureuses souvent farfelues - elle se décrit elle-même comme étant une fille bizarre mais courageuse. Et sa presque fâcherie avec sa meilleure amie pour la vie.

Elle rêve aussi de Street Fighter les types louches dans les transports en commun ou les potes relous dans les chambres des copines. Elle a prié les dieux d'avoir des seins dignes de ce nom et affiché ses lolos comme une guerrière. 

Elle épingle les idiots, les goujats, les malotrus, les sexistes, les dingues, les pénibles.

Elle expose ses proches, son fantôme de frère (pendant trois jours). La mort. La douleur. Le deuil. 

Dans ce livre, les émotions s'étalent comme un éventail de possibilités. C'est à la fois drôle, touchant et nostalgique. Ça parle de la vie, des gens, de ce qu'on apprend de nos rencontres, de nos familles, de nos désirs et de nos frustrations.

C'est engagé sans trop forcer. Ça prône le respect, l'audace, la dérision et la confiance.

C'est enfin une façon détournée de grandir en s'assumant, d'aimer celle qu'on devient (et de se réconcilier avec celle qu'on a été). C'est une lecture qui parle de nous et qui le fait très, très bien. 

Merci Pénélope !

Gallimard, 2021 - Mot de l'éditeur :

Dans un carnet qu’on dirait tout droit sorti de sa poche, Pénélope Bagieu nous dévoile des fragments de sa vie, de son enfance et son adolescence. Des moments que l’on pourrait penser anecdotiques, volés au temps qui passe, au hasard, mais qui sont, en réalité, constitutifs de ce qu’est la dessinatrice à l’aube de ses 40 ans.

Des strates de papier qui ont façonné la femme qu’elle est aujourd’hui. En se mettant à nu, Pénélope Bagieu joue à la funambule, sur le fil du doute. À travers ses Strates, elle livre un essai dessiné autobiographique sans complaisance, sincère et bouleversant.

⭐⭐⭐⭐⭐

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04/03/20

Sacrées sorcières (de Roald Dahl) par Pénélope Bagieu

Sacrées sorcières pénélope bagieuEXCELLENTE ADAPTATION !

Ce format BD colle merveilleusement à l'humour malicieux de Roald Dahl. On retrouve le ton espiègle, le suspense et la cocasserie du roman (qu'on ne présente plus). Pénélope B. se régale en s'appropriant ce conte pour enfants qui fait dresser les cheveux sur la tête : on s'éclate avec sa petite grand-mère (note inside : le tabac tue), la relation avec son petit-fils est tordante, leur aventure à l'hôtel prend un tour affolant mais l'histoire est vraiment riche en rebondissements, émotions, claquements de dents, sourires et applaudissements.

Le mythe des sorcières retrouve aussi ses lettres de noblesse : oui, ce sont des femmes cruelles et sans cœur. Elles détestent les enfants et ont prévu de les éliminer du royaume. Et toc ! Le plan est infaillible... enfin, c'était sans se douter de l'espion derrière le paravent, qui sent le caca de chien.

J'avoue : Sacrées sorcières est mon roman préféré de Roald Dahl ♥
Seule entorse à la règle : Pénélope B. a créé un nouveau personnage qui n'existait pas dans le texte original. Elle a ainsi glissé une petite fille pour permettre aux lecteurs d'aujourd'hui de choisir le héros auquel il aimerait s'identifier. #ZeroDiscrimination #HeForShe

En tout cas, c'est une lecture formidable et terriblement palpitante. Une adaptation éclatante d'un classique qui n'a pas pris une ride. Humour noir et tension dramatique au taquet... absolument stupéfiant (et pétrifiant). Oui, on reste sur les fesses.
Et moi, j'adore !

Gallimard BD / Collection Fétiche (2020)

⭐⭐⭐⭐.5

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13/02/18

Pêle-Mêle : Culottées - Taïpi, Un paradis cannibale - Une saison en Egypte - L'odeur des garçons affamés - Le premier homme

CULOTTÉESLes héroïnes mises à l'honneur par Pénélope Bagieu sont toutes remarquables, culottées et intrépides, elles ont brisé les carcans de leur époque et ont pris leur destin en mains sans peur de brusquer la bienséance ou la morale.
Ce sont des guerrières, des sirènes, des gardiennes de phare ou des créatrices, des médecins ou des exploratrices. Leur fabuleuse destinée nous est donc racontée en quinze portraits, faits de drôlerie et d'impertinence.
Ainsi Margaret Hamilton, l'actrice terrifiante, connue pour incarner l'horrible sorcière de l'Ouest dans Le Magicien d'Oz. Au cours du tournage, celle-ci a été brûlée aux mains et au visage, suite à un incident technique et a longtemps conservé un teint verdâtre, conséquence de la peinture verte qui a imprégné sa peau. Ironie du sort, beaucoup de ses scènes ont été coupées au montage car son interprétation était trop terrifiante ! Ah ah !
Autre personnalité mémorable : l'impératrice Wu Zetian, réputée pour sa grande beauté, destinée à être concubine puis envoyée dans un monastère après la mort de son protecteur. Elle revient en force pour épouser son héritier et va occuper une place importante dans les décisions politiques, favorisant une société récompensée au mérite, revalorisant la place de la femme et renforçant l'influence du bouddhisme. Les historiens officiels sont encore désarçonnés à considérer sa dynastie comme un modèle de réussite et de prospérité !
Et je ne vous parle pas de Joséphine Baker ni de Tove Janson (la maman des Moomins), et encore moins de Josephina van Gorkum (l'amoureuse têtue), car Pénélope Bagieu réussit à le faire avec beaucoup de charme et d'humour !
Très chouette lecture.

Culottées Tome 1, de Pénélope Bagieu

Gallimard BD (2016)

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taïpi paradis cannibaleTom et Toby sont deux matelots qui rêvent d'une autre vie. Lorsque leur baleinier accoste aux larges des îles Marquises, les deux camarades résistent aux chants des sirènes pour se tailler en doute. Ils s'enfoncent dans la jungle luxuriante, avant de croiser l'étrange tribu Taïpi.

Désarçonnés par leur dialecte qu'ils ne comprennent pas, les deux hommes se contentent de hocher bêtement la tête. Puis font rapidement profil bas, ne sachant pas ce qui les attend, mais se fondent dans le décor, participant à la vie de village, à la pêche, à la chasse... avant de comprendre qu'ils viennent de débarquer en plein paradis cannibale.

Cette adaptation du roman de Melville par le duo Melchior et Bachelier est une franche réussite. On a des décors exotiques, de la sensualité, une invitation au voyage, une explosion des sens, l'indolence et la douceur, la séduction, l'imagination, l'aliénation et l'ensorcellement...

On plonge littéralement dans un récit poétique, nourri de fantasmes, de couleurs et de mystères. Cela se découvre, entre émerveillement et appréhension. Et c'est assez spectaculaire.

Taïpi, un paradis cannibale de Stéphane Melchior & Benjamin Bachelier

Gallimard BD (2016)

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Une saison en EgypteSacha, poète désargenté, quitte Saint-Pétersbourg pour visiter l'Egypte et soigner ses poumons fragilisés par un climat trop rude et humide. Au cours de son voyage, il rencontre un couple atypique, artiste et bohème, Alexandre et Catherine Payan.

Le trio devient inséparable et arpente les rues du Caire avec éblouissement. Mais le peintre va tomber sous le charme d'une danseuse orientale, la sublime Asma, pour laquelle Alexandre est prêt à tout abandonner. Éplorée, Catherine demande à Sacha de le raisonner avant de partir pour une aventure faite de drames et de rebondissements.

Une histoire romantique, tour à tour légère, drôle et émouvante, sert prodigieusement cette lecture au charme impénétrable. J'ai beaucoup aimé.

Une saison en Egypte, de Claire Fauvel

Casterman BD (2015)

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L'odeur des garçons affamésDeux hommes et un gamin forment un drôle d'équipage et parcourent les plaines sauvages du Texas : Oscar Forrest, photographe, Stingley, géologue, et Milton, un fils de fermier qui s'est sauvé de chez lui.

Forrest doit répertorier les paysages de l'Ouest mais ne cherche pas à cerner les intentions - troubles - de son employeur. Il a tout à gagner de filer droit car lui aussi est en fuite. 

Ces trois-là ne sont pourtant pas au bout de leurs surprises : poursuivis par un affreux type en noir, un Indien mutique et des mustangs déchaînés. Ils vont également être au cœur d'étranges phénomènes, fouler des territoires interdits. Même le climat au sein du groupe devient plus lourd et déconcertant.

La lecture, qui débute comme un western, revêt très vite des allures de thriller avant de glisser vers une dimension onirique et fantastique. Le résultat vaut franchement le détour ! C'est bluffant.

L'odeur des garçons affamés, par Frederik Peeters & Loo Hui Phang

Casterman BD (2016)

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le premier hommeEt pour finir...

J'ai également beaucoup aimé cette adaptation par Jacques Ferrandez du roman (inachevé) d'Albert Camus.

Jacques Cormery est écrivain et vit à Paris, quand il décide d'écrire sur ses souvenirs d'enfance, en particulier sur son père Henri, mort à la bataille de la Marne en 1914, à seulement 29 ans. Il repart en Algérie où vit toujours sa mère, petite bonne femme craintive, refusant de quitter son quartier. Il se rappelle sa grand-mère, intraitable et tyrannique, dégainant les coups de fouet pour brider les pulsions cabotines du garçons. En grandissant, celui-ci a eu honte de son foyer, sans argent, sans éducation... Lui a cherché à se grandir dans les leçons et à l'école, reniant davantage ses origines.

« En somme, je vais parler de ceux que j'aimais », écrit Albert Camus au sujet de son nouveau livre... lequel ne sera jamais achevé. Les 144 pages du manuscrits seront d'ailleurs sauvées in extremis dans la Facel Vega fracturée contre un platane pour finalement être publiées quarante ans plus tard, sans être retouchées. Camus y convoquait les parfums et couleurs de son enfance, en tournant autour de deux absents : son père et l'Algérie. Il est même dit que Camus rêvait de « concilier passé enfoui, présent tumultueux et avenir espéré ».

Jacques Ferrandez a réussi à en saisir l'essence pour produire un ouvrage remarquable. On se passionne alors à suivre le gamin aux jambes frêles cavaler dans les rues de Belcourt, jouer au foot avec les copains, apprendre à nager, partir à la chasse, régler ses comptes à la récré par des coups des poing rageurs, faire le piquet, voler deux françs à sa famille, aller au cinéma... Tout n'est pas qu'insouciance et billevisées, au loin le climat politique est lourd, menaçant, féroce.

De la tendresse, de la sensibilité, de la justesse. Une BD remarquable !

Le premier homme, de Jacques Ferrandez

Gallimard BD (2017)

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18/09/15

California dreamin', de Pénélope Bagieu

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Ellen Cohen, petite fille joviale et intrépide, grandit à Baltimore dans une famille juive traditionnelle. Elle voue à son papa une admiration sans borne. Amateur d'opéra, c'est avec lui qu'elle partage son goût pour les chants mélodieux, lui aussi qui l'encourage à croire en ses rêves. Plutôt que de travailler dans le deli ambulant, Ellen veut devenir chanteuse. Avec son physique plantureux, sons sens de l'humour et son extraordinaire voix, Ellen devient Cass Elliot et part à New York tenter sa chance.

On suit son ascension, pas à pas, par le truchement de témoignages de ses proches (sa famille, ses amis, ses amoureux). On la devine sensible, paumée mais animée d'un véritable optimisme et de cette conviction absolue d'être une artiste unique et insoupçonnée. Le chemin de la gloire est long, mais forge l'ambition de Cass. C'est aussi la belle époque des années 60, son esprit communautaire et désinvolte, sa musique folk, le drame de Dallas... Bref. C'est magique ! L'immersion est totale. La sensation, grisante.

La BD est dessinée tout au crayon noir, pour une lecture plus dynamique et à l'esprit psychédélique. On sent une maturité dans le dessin de Pénélope Bagieu, dans son parti pris de raconter les débuts de Mama Cass et de terminer le récit à l'apogée du groupe qui produit enfin son premier single - California Dreamin'. Entre nous, la lecture ne s'arrête pas là et nous pousse même à en découvrir davantage. Car cet album fait plus que nous plonger dans la folie des sixties ou redécouvrir The Mamas and the Papas en écoutant leur musique.

C'est se rappeler l'essor du rock, du mouvement hippie, la Beatlemania, les Beach Boys et The Byrds. C'est danser avec des fleurs dans les cheveux, vivre d'amour et d'eau fraîche. C'est croire en l'impossible et aux étoiles dans le ciel. C'est comprendre aussi que l'histoire est beaucoup plus intimiste et touchante qu'en apparence, avec des thèmes comme l'amour impossible, l'espoir déçu ou la quête désespérée, qui rendent Cass Elliot terriblement touchante. Cet album, à la fois tendre, drôle et sensible, est un beau patchwork d'émotions et de sensations. ♥

Gallimard Bandes Dessinées / Septembre 2015

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heart red

 

The Mamas and the Papas, au Ed Sullivan Show en 1968

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26/07/12

Pêle-mêle Clarabel #52

mes dernières lectures en BD :

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- La page blanche par Pénélope Bagieu et Boulet : une petite déception, même si j'aime toujours les dessins. Histoire assez commune, pas très excitante.

- Le bel âge, tome 1 : Désordre par Merwan : une première rencontre engageante, j'ai hâte de connaître la suite. Je me suis déjà attachée aux personnages.

Au départ, il y a trois filles : Violette, Lila et Hélène. Elles ne se connaissent pas. Elles ont une vingtaine d'années et pas grand-chose en commun. Ou plutôt si : chacune se cherche, hésite, prend des décisions, doute et les regrette. Chacune fait ses premières expériences, douloureuses, en terres adultes. Ce sont donc trois petits morceaux, trois fils qui courent, qui se croisent, s'entrecroisent, puis se mêlent. Trois fils qui, peut-être, tricoteront une nouvelle histoire de celles qui font aimer la vie ?

- Lucy poids plume, tome 1 : Un amour de tornade par Christian Jolibois et Joëlle Passeron : une héroïne qu'on ne présente plus (idole des jeunes filles 10/12 ans). L'humour et les illustrations sont top, pour une lecture pleine de peps.

- Le journal de Julie : tome 1 : Ma vie, moi, mes copines par PrincessH : rentrée au collège, les clans des copines, les stars qu'on adore, la mode à suivre, les garçons qu'on aimerait bien, la famille qui ne vous lâche pas, les petits boulots pour grossir l'argent de poche, les rêves et les délires d'une fille de 11 ans ... pour celles qui se reconnaîtront. ;o)

Respectivement : Delcourt, Janvier 2012  ♦ Dargaud, Janvier 2012  ♦  BD Kids, Avril 2011  ♦ BD Kids, Mars 2011

15/11/11

You make me feel like a natural woman.

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Lottie Biggs va mieux, merci ! Elle voit un psy néo-zéalandais, le sosie de Johnny Depp, qui l'aide à absorber les hauts et les bas de son existence, sans que ça vire à la débandade, et jusqu'à présent ça fonctionne plutôt bien pour elle. Sa vie sentimentale est au beau fixe : Gareth Stingecombe est le petit ami parfait, Lottie est toujours folle de ses cuisses ! 
A l'approche de la rentrée, Lottie et sa meilleure amie Goose vont pourtant rencontrer quelques difficultés de communication. Et paf c'est le clash. Elles sont fâchées et n'arrivent plus du tout à se comprendre. Lottie refuse de se morfondre, même si ça la ronge de plus en plus, elle préfère se confier à son ami Winnie, un chinchilla très âgé, que sa mère a récupéré pour une bouchée de pain. 
Le samedi, Lottie se rend également au salon de coiffure de Mrs Stingecombe, la maman de Gareth, où la musique de Carole King passe en boucle, où un parfum de délicieuse ringardise flotte dans l'air, où tout le monde ne cesse de clamer des mamours, avec des sourires à la pelle. C'est le salon du bonheur ! Mais Lottie frôle la crise de nerfs, à essuyer les coups de peigne et de ciseaux de sa belle-mère, sans broncher, même si ça la fait ressembler à Elizabeth II. Argh ! 
Autre moment fort du livre, c'est la soudaine révélation de Lottie : elle veut croquer la pomme ! Depuis que la demoiselle a aperçu le caleçon de Britney Spears de son petit ami (!), elle ne pense plus qu'à ça. Elle est totalement obsédée par LA CHOSE. 
Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Pour mieux comprendre ce qui lui arrive, Lottie gribouille donc son nouveau cahier à émotions et nous livre ainsi de grands moments de drôlerie. Le ton est plus léger que le premier tome, souvent je me suis surprise à éclater de rire face aux illustrations ou aux propos de la jeune auteur. Absolument désopilant ! Je recommande fortement la lecture !

Lottie Biggs n'est presque pas désespérée, par Hayley Longsmileyc002
Albin Michel jeunesse, coll. Bliss, 2010. Traduit de l'anglais par Dorothée Zumstein. 
illustration de couverture : Pénélope Bagieu 

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19/04/10

(...) parfois, les rêves se réalisent vraiment.

Paul_Charlie_et_Rose_de_Isabelle_MerlinTout commence par un blog : Trois Voeux. Rose, une adolescente de seize ans, affiche les siens : gagner une fortune au loto, avoir une paire de chaussures argentées et souhaiter que quelque chose de fantastique se produise. Peu de temps après, elle reçoit une invitation pour venir en France rencontrer son grand-père, le comte Valentin du Merle de la Tour d'Argent. La nouvelle fait l'effet d'une bombe ! Rose, dont les parents sont décédés dans un accident de voiture, se découvre une généalogie bien pompeuse et, sous l'insistance de sa tante, accepte de s'exiler (elle vit en Australie). A elle la vie de château ! Sur place, elle ne cesse d'être éblouie et séduite. Et comme l'indique la couverture, il y a bien deux garçons pour faire battre son coeur - l'un est Charlie, le fils de la secrétaire particulière de son grand-père (une femme très froide, surnommée la reine des neiges), l'autre est Paul, dont l'histoire de famille est fortement entremêlée avec celle des châtelains. Dans ce petit coin de paradis, les rancunes demeurent. La présence de Rose n'est pas au goût de tout le monde, puisque depuis son arrivée la jeune fille se sent la cible de menaces et de tentatives de meurtre.

C'est bien gentil, tout mignon, proche du Journal d'une princesse de Meg Cabot mais en beaucoup moins enlevé et pétillant. J'ai trouvé le texte un peu lourd, voulant se prendre presque trop au sérieux (il lui manque de l'humour pour le rendre attachant et léger). Un peu comme de la chick-lit, mais non. Certes, l'histoire respire le parfum du conte de fées, avec all's well that ends well. En plus, on trouve un zest d'intrigue à suspense avec des secrets de famille, un troll sur le net et un type qui harcèle notre héroïne aux abois. Le niveau est sympa, mais pas transcendant. La couverture, comme toujours dans la collection Bliss, est signée Pénélope Bagieu.

Ah bon ? La vie contient des éclats de magie, même s'ils sont différents de ceux des contes de fées.

Vrai ! Le monde d'Internet est vraiment bizarre. J'ai parfois l'impression qu'il s'agit d'un pays de contes de fées. On y trouve des trolls, des pirates, des zombies, des gens qui empruntent de fausses identités et d'autres qui transforment leur apparence. Il existe aussi tout un tas de méchants prêts à piéger les gens trop confiants, et de bonnes fées qui peuvent vous changer la vie. On peut s'y faire des amis invisibles, sans jamais les rencontrer. Et il semble y règner toute une gamme de magie étrange - bienfaisante ou maléfique.

Paul, Charlie et Rose ! ~ Isabelle Merlin
albin michel, coll. bliss (2010) - 390 pages - 15€
traduit de l'anglais (Australie) par Marie Cambolieu

à partir de 12 ans

 

15/04/10

cadAVRe eXQUis

Yep ! Aussitôt reçu, aussitôt lu. Et beaucoup aimé !

cadavre_exquis

Zoé n'a pas une vie très glamour. Jolie, elle est hôtesse d'accueil pour des salons où elle voit défiler des pervers, des dingos, des fêlés du bocal et autres espèces pas du tout en voie de disparition. L' horreur. Ses collègues sont généralement des nanas qui tentent de mettre du beurre dans les épinards en n'espérant pas s'éterniser dans cette profession peu gratifiante, alors que Zoé... Bah, Zoé a une vie vraiment minable. Son petit copain, tout poilu, traîne en caleçon et marcel sur le canapé et regarde la télé. La jeune femme sait bien qu'elle mérite mieux, le coup du pet au saut du lit, pouah... c'est un tue-l'amour fini et le signal pour une décision radicale. Il est temps que ça change. 

Alors Zoé va OSER. Un midi, pendant qu'elle mange son taboulé sur un banc public, elle aperçoit un type derrière sa fenêtre en train de l'observer. Un peu zarbi, celui-ci se planque derrière ses rideaux. Et là, Zoé OSE ! Oui, elle se rend chez lui, découvre que c'est un écrivain, va le revoir régulièrement et aussi ... Chut ! Je vous laisse savourer.

L'histoire ressemble à une divine comédie cinglante, délirante, amère, sentimentale et terriblement contemporaine. Le clin d'oeil à Woody Allen (aperçu dans la petite lucarne) n'est d'ailleurs pas anodin. Cadavre Exquis nous raconte la rencontre de deux univers opposés : Zoé, qui incarne la fraîcheur, l'innocence, et Thomas, l'écrivain égocentrique, qui a connu la gloire, la reconnaissance et qui en redemande. Et au milieu, la délicieuse Cruella Denfer, ou Agathe, l'éditrice de Thomas, une femme très, TRES présente dans sa vie.

Les pions sont sur l'échiquier, prêts à être avancés. Et croyez-moi, tous les coups sont permis ! L'intrigue tient admirablement la route, c'est ironique et léger, cocasse et distrayant. C'est un régal de se laisser guider dans cette aventure sans rien deviner de la suite. Pour ceux qui en doutaient encore, Pénélope Bagieu prouve que même un long récit ne lui fait pas peur et lui va comme un gant ! Souvent imitées, jamais égalées, ses illustrations possèdent cette touche charmante et mutine qui les rendent incontournables pour beaucoup de lectrices !

en librairie le 16 avril chez gallimard, dans Bayou, la collection animée par Joann Sfar.

Cadavre Exquis ~ Pénélope Bagieu
gallimard, coll. bayou (2010) - 128 pages - 17€

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11/11/09

Lottie Biggs n'est presque pas cinglée ~ Hayley Long

Albin Michel, coll. Bliss, 2009 - 252 pages - 10€
traduit de l'anglais par Dorothée Zumstein
illustration de couverture : Pénélope Bagieu

lottie_biggsLottie Biggs est une adolescente de quatorze ans, bientôt quinze, qui vit à Cardiff, dans le quartier de Whitchurch, avec sa maman, commissaire de police. Lottie a une vie plutôt ordinaire : le lycée, son petit boulot de vendeuse de chaussures et sa meilleure amie Goose. Toutes les deux ont le béguin pour un type nommé Neil Adam, et lorsque celui-ci commence à sortir avec Goose, Lottie va carrément perdre la boule.
Le jour même de son anniversaire, les choses empirent. Entre fous rires et crises de larmes, Lottie Biggs n'est pas simplement jalouse ni atteinte par une crise d'ado aigüe. C'est plus fort et plus sérieux qu'on ne le pense.
Au départ on s'imagine lire un roman de filles, une petite bulle légère, à l'humour déjanté et délicieusement british. On se trompe, car au bout du compte, on pénètre avec sensibilité dans les affres de la maniaco-dépression, une maladie pas facile à gérer, traitée ici avec la délicatesse d'une jeune fille, paumée, de quinze ans. Mais non Lottie Biggs n'est pas cinglée.
Le roman s'organise autour d'un devoir à rendre à son professeur de français, un projet d'écriture personnel, qui ressemble davantage à un journal intime. On y trouve des petits dessins, des confessions pudiques et touchantes, un regard sur elle toujours drôle (les colorations pour les cheveux, par exemple), et même un passage où l'exercice est écrit à la main.
La couverture fraîche et ravissante, signée Pénélope Bagieu, peut induire en erreur. Ce n'est pas qu'un simple roman de poulettes, c'est aussi plus sincère et émouvant qu'en apparence.
Une jolie découverte, qui ouvre la toute nouvelle collection Bliss chez Albin Michel.
D'autres titres sont disponibles : Hollywood starlet de Lola Douglas et Une fille haute couture de Lucy Sweet (parution en janvier 2010).

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