Étoile rebelle (Les chemins de poussière #3), de Moira Young
Je suis très heureuse d’avoir terminé cette série découverte dix ans plus tôt. J’avais tellement aimé l’histoire de Saba, Ange de la Mort. J’avais aimé l’atmosphère, suivi avec passion les personnages et tremblé sur leur sort.
Par la suite, c’est devenu de plus en plus écrasant. Saba va perdre la boule après sa séparation avec Jack et sa rencontre avec DeMalo. Elle va faire des choix qui vont entraîner ses proches sur des sentiers dangereux. Mais en même temps, elle va prendre part à la rébellion. Elle va participer aux mouvements de déconstruction du Nouvel Éden.
Comme toujours, l’histoire va s’écrire au prix de sacrifices, de pertes et de trahisons. Mamma mia ! C’est rude. Et ça va devenir de plus en plus dur et plus sombre aussi. Saba se décarcasse pour la meilleure issue possible, sauf qu’elle joue un jeu dangereux. Elle triche. Elle ment. Elle se voile la face. Elle est paumée.
Ses alliés sont spectateurs du désastre. Il y a une grosse tension au sein du groupe. Tout le monde s’épie et se défie. Vraiment, quelle ambiance ! C’est lourd. Et ça laisse une sensation amère. Le dénouement est tout pareil - triste, douloureux et décevant. Toutefois, aucune déception, je ne regrette rien non plus.
Ça reste une super saga. Sans concession. Une dystopie pleine d'états d'âme. Sensible, poignante, brûlante. Si vous recherchez une ambiance suffocante, une atmosphère type western post-apo, des personnages bourrus, des émotions sans chichi, n'hésitez plus.
Sensation grisante. Lecture en apnée. C'est tout bon.
Gallimard jeunesse, 2015 pour la traduction française. Collection Pôle Fiction, 2016
Traduit par Laetitia Devaux.
⭐⭐⭐⭐
Sombre Eden (Les chemins de poussière #2) de Moira Young

Si ça pouvait être aussi simple, ce serait tristement plat aussi. Ça n'aurait pas la même saveur (amère et désabusée). Ouaip, on en redemande. Après tout, les personnages sont tous imparfaits. Ils ont leurs faiblesses, ils précipitent l'action dans du grand n'importe quoi, ils provoquent des drames, ils embrouillent les idées. On a la tête à l'envers à force de croire ou de ne plus croire les faits qui sont rapportés - je pense notamment aux rôles de Jack et DeMalo. À tel point que je ne sais même pas ce qu'il faut en penser ! Ça me perturbe, oui. Toutefois, ça montre bien la complexité de Saba et de son parcours. Elle avance selon son instinct, et parfois ça dérape. Impossible de boucler cette note sans un grand cri d'amour pour Maev ♥ formidable jusqu'au bout.
Gallimard jeunesse, 2013 pour la traduction - repris en poche dans la collection Pôle fiction (2015)
Tome 1 : Saba, Ange de la Mort
⭐⭐⭐⭐⭐
Prix des Incorruptibles 2013
Saba, Ange de la Mort (Les chemins de poussière #1) de Moira Young
Petite relecture du tome 1 avant de plonger dans la suite (jamais lue). Oups. Et c'est tellement bon ! L'ambiance, les personnages, l'aventure. Suis conquise, à nouveau.Dans un monde ravagé et corrompu, on suit le long parcours de Saba en quête de son frère jumeau, lequel a été enlevé par quatre cavaliers après avoir tué leur père. En chemin, la jeune fille va faire des rencontres, plus ou moins bonnes. Dupée, enchaînée dans une cage, forcée à se battre dans une arène, elle va prendre des risques insensés pour sauver un inconnu d'une prison en flammes, fuir avec d'intrépides amazones, rattraper les bourdes de sa petite sœur (insupportable), crever de faim et de soif, traverser des tempêtes de sable, échapper à des monstrueux vers géants - et j'en passe.
Le style n'est pas banal non plus. C'est une histoire dans laquelle on plonge en grimaçant tellement la langue est brute et sans artifice, ça change des standards mais ça colle tellement à la personnalité de l'héroïne. Saba possède l'étoffe d'une Katniss ou d'une Keleana. C'est une nana forte et intraitable. Elle a grandi dans la misère, n'a reçu aucune éducation, n'accorde sa confiance à personne, ne jure que sur son frère et se nourrit d'une colère rouge dans le ventre qui lui donne cet instinct de survie.
Un certain Jack au charme malicieux va venir s'y frotter aussi. Le fou. Mais on adore. Bizarrement, j'avais zappé le personnage de DeMalo ! Et maintenant, me voilà intriguée... Énigmatique, sombre, dangereux. Hmm. Et je ne vous dis pas comment il dévisage Saba la première fois qu'ils se croisent ! Pfiou. Certes, ça n'efface pas le sex-appeal de notre mauvais garçon, son sourire de travers, ses yeux gris argenté, ses chansons paillardes etc. Le bijou (pierre de cœur) a déjà craqué pour lui.
Bref. Super début de saga ! Ambiance suffocante. Atmosphère type western post-apo. Personnages bourrus. Émotions sans chichi. Lecture en apnée. Sensation grisante. Saba déchire. N'hésitez plus. Vraiment, cette saga mériterait une seconde chance !
Gallimard Jeunesse, 2011 pour la traduction française / 2013 pour la collection Pôle Fiction
Traduit par Laetitia Devaux
“Yer in my blood, Saba, he says. Yer in my head. Yer in my breath, yer in my bones...gawd help me, yer everywhere. You have bin since the first moment I set eyes on you.”
⭐⭐⭐⭐⭐
Le Matin de Neverworld, de Marisha Pessl
Un an après la mort de son petit copain, Béatrice retourne dans la demeure de ses anciens amis (Whitley, Kipling, Cannon et Martha) pour une soirée d'anniversaire riche en émotions.
Tous semblent avoir tiré un trait sur le passé et passent la nuit à faire la fête. Mais au réveil, ils réalisent qu'ils sont désormais bloqués dans le Neverworld, autrement dit un entre-deux entre la vie et la mort.
Un inconnu se présentant comme le Gardien leur explique qu'ils doivent voter. Voter quoi ? voter qui ? Le flou s'installe.
En fait ils doivent éclaircir la nuit du drame ayant entraîné la mort de Jim, le sixième membre du groupe. Tant qu'ils n'auront pas affronté cette vérité, ils continueront de vivre cette journée jusqu'au décompte final et leur jugement dernier.
Et voilà... ambiance vaporeuse, contexte étrange et insolite... j'ai coulé comme une masse dans cette histoire.
Six étudiants d'une école privée prestigieuse, la plupart issus de familles riches et puissantes, vivent une amitié soudée mais la disparition de Jim va fragiliser cette union sacrée.
Tous doivent désormais faire amende honorable et revenir sur cette nuit tragique. Non-dits, malentendus, alliances et tromperies... la contrainte du Neverworld est sans appel.
Cela se lit comme une intrigue à suspense, hypnotique et curieuse. À ceci s'ajoute une écriture d'une grande noblesse, un style pur et poétique que Marisha Pessl brode tout naturellement. C'est poignant ET fascinant.
En tout cas, j'ai été scotchée.
Repris en format poche chez PÔLE FICTION (Gallimard Jeunesse) - 2021 pour la présente édition
Traduction de Laetitia Devaux
⭐⭐⭐⭐
Lune de Sang (Nightshade #1), par Andrea Cremer
Trilogie lue en une bouchée : c'était sympa de retrouver une lecture qui me ramène à l'ère Twilight ! Grosse bouffée de nostalgie en feuilletant les pages. Non, aucun vampire dans cette histoire. Place aux loups avec leurs traditions et leurs légendes améliorées.
Calla appartient à la meute des Nightshade. Comme tous les siens, elle a le pouvoir de se transformer en louve. C'est aussi une Alpha forte et rebelle qui remet en question son héritage après avoir rencontré (Shay) un garçon banal auprès duquel elle ressent des émotions nouvelles. Par contre, son destin est lié à (Ren) un autre Alpha qui ne cache pas son attirance, ses intentions, ses désirs etc. Oui, mon cœur a fait boum pour ce vilain garçon... alors que le choix de l'héroïne penchait pour l'autre prétendant. Bonjour les actes irréfléchis et les dérèglements hormonaux de notre girouette en puissance. Ça aussi, j'avais oublié !
Le dénouement de la série (dans Le duel des Alphas) m'a laissée dubitative. Je ne dis pas le contraire, c'est excitant, intense et parfois sexy. Sauf que, non...
Cette série a finalement le goût d'une madeleine de Proust. Ô douce nostalgie.
Gallimard Jeunesse / Collection : Pôle Fiction (2013)
Traduit par Julie Lopez
Une héroïne complexe, un univers captivant et du suspense...
Andrea Cremer tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page de sa trilogie.
C'est sombre, sensuel et vénéneux : terriblement envoûtant.
#guiltypleasure
En poche Pôle fiction ! Mon homard - Qui veut la peau de Lola Frizmuth ?
« Elle est sexy, elle vit dans une maison immense et elle porte le nom d'une bière. C'est la femme idéale. »
Sam et Hannah se rencontrent à une fête, mais se quittent sans avoir échangé leurs noms ou leurs coordonnées. Pourtant, Hannah jure à ses amies que « c'est son homard » - celui pour qui elle serait prête à sacrifier sa virginité. C'est lui, le bon, le seul, l'unique. De son côté, Sam aussi en pince sérieusement pour la jolie inconnue mais vient de décrocher un rencard avec une autre demoiselle ... qui n'est autre que la meilleure amie d'Hannah !
C'est l'été, le temps des vacances, de l'insouciance et de la tortueuse question du déniaisement. Sam et Hannah ont 17-18 ans, des tonnes d'arrière-pensées et la trouille de se tromper. Alors ils vont se perdre, se retrouver, se méprendre ou balbutier des vérités arrangées. Croyez-le ou non, c'est une lecture hyper attendrissante et aux effets inattendus ! Car le roman est très drôle, confondant de maladresse, adorable et authentique. On y trouve aussi des tonnes d'allusions à Harry Potter, Twilight et tout le toutim, ce qui m'a fait énormément sourire.
L'histoire nous embarque dans les aventures délirantes d'une bande de potes (soirées, plage, rencontres, beuveries, bisous, camping, festival dans un champ, séance d'épilation, trampoline, le grand soir, etc.). Il est question d'amour, d'amitié, d'avenir, d'études, du temps qui passe (trop vite), du changement, des attentes et de la frustration. C'est surtout raconté de façon cocasse, sans détour ni vulgarité. Et j'ai adoré. Sans complexe. Sans tabou. Avec dérision et tendresse. Je le conseille fortement.
Mon homard, de Tom Ellen & Lucy Ivison
Gallimard, coll. Pôle Fiction, 2019 ♦ traduit par Julie Lopez (Lobsters)
Préalablement paru sous le titre : Celui qui sera mon homard (coll. Scripto)
« Plus grands sont les obstacles, plus vous êtes faits pour être ensemble. Regarde Ron et Hermione. Des obstacles partout. Mais Hermione a-t-elle baissé les bras quand Ron est sorti avec Lavender Brown ? Ron a-t-il baissé les bras quand Hermione s'est tapé ce joueur de Quidditch bulgare ? Ont-il laissé la pression de devoir retrouver les derniers Horcruxes les séparer ? Non. Grâce à tous les drames qu'ils ont traversés, ça a été encore plus poignant quand ils se sont finalement mis ensemble. »
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Suite à ses folles aventures au Japon, Lola Frizmuth est désormais choriste pour un groupe de pop. Mais elle a la maladresse chevillée au corps... et le soir de la grande première, Lola va connaître une humiliation publique en se vautrant sur scène. Horrible expérience pour notre héroïne. Par contre, nous on se marre ! Les réjouissances sont d'ores et déjà ouvertes.
Lola va également être témoin d'un crime crapuleux (qu'elle filme sur son portable) et comme elle n'est pas discrète, elle doit prendre ses jambes à son cou pour échapper à ses poursuivants. Elle court se réfugier chez son maître de chant, non sans entraîner son ennemie jurée dans cette galère - la délicieuse Maki, l'autre choriste, qui est vicieuse sur les bords.
Encore une fois, l'action est menée à fond de train, l'humour est partout, frétillant, jubilatoire. Lola est impayable et parfaite maîtresse de cette aventure farfelue (avec robots et clones à bord). On sourit tout du long tant c'est bon et rigolo. On ne s'ennuie pas un instant. Forcément, je dis banco.
Qui veut la peau de Lola Frizmuth ? d'Aurélie Gerlach
Gallimard jeunesse, coll. Pôle Fiction (2019)
Les Mystères de Larispem : Le sang jamais n'oublie, de Lucie Pierrat-Pajot
Je pourrais vous évoquer Larispem comme une version alternative d'un Paris de 1899. Vous évoquer un monde revisité où les insurgés de 1871 auraient remporté la victoire et banni les aristocrates de leur ville proclamée Cité-état indépendante. L'égalité et la solidarité ne seraient plus vains. De grandes innovations verraient le jour... notamment grâce à Jules Verne, convié à exécuter les idées fabuleuses qui nourrissent son imaginaire. Ceci dit, les tensions persistent car les Frères du Sang ourdissent complots et magouilles en lançant quelques avertissements, “le sang jamais n'oublie”.
Je pourrais aussi évoquer les magnifiques illustrations de Donatien Mary qui, en couverture, invitent déjà à l'évasion et à la curiosité. Puis, trois personnages font leur entrée sur scène : Carmine, une apprentie bouchère au franc-parler éclatant, son amie Liberté, débarquée de sa campagne pour devenir mécanicienne, et Nathanaël, un orphelin qui cherche un but à sa vie. Tout en suivant leurs parcours chaotiques, on fait aussi le tour du propriétaire et on explore sous plusieurs angles ce Paris rétrofuturiste qui se livre sous nos yeux ébahis. C'est comme ça qu'on se balade des quartiers populaires à la légendaire Tour Verne (pour y croiser le fameux écrivain), qu'on se faufile la nuit dans les couloirs d'un orphelinat ou qu'on s'introduit dans un club de chimie un peu spécial, qu'on part en maraude ou qu'on ravive de vieux souvenirs éteints. L'histoire prend ses aises mais avance à un rythme entraînant car je me suis souvent surprise à avaler les chapitres en savourant chaque instant.
Je pourrais donc vous évoquer cette série qui débute de façon sensationnelle. Où l'on apprécie le fond, la forme, l'élégance, l'ambiance, les points de suspension. Lauréat de la deuxième édition du Concours du premier roman jeunesse, ce livre est décidément plein de promesses et ravit mon petit cœur de lectrice toujours en quête d'extraordinaire. Suis en pleine lecture du tome 2 : Les Jeux du Siècle. #fascination
Gallimard jeunesse (2016) - magnifiques illustrations de Donatien Mary
Livre gagnant de la deuxième édition du Concours du premier roman jeunesse
organisé par Gallimard Jeunesse, Télérama et RTL.
parution en poche : collection: Pôle Fiction - N°125
En poche ! Une fille au manteau bleu - Les valises - Les mille visages de notre histoire - Tortues à l'infini
Amsterdam, 1943. Hanneke sillonne les rues à vélo afin de dénicher au marché noir les marchandises qu'on lui commande. Un jour, l'une de ses clientes lui fait une requête particulière: retrouver une jeune fille juive disparue, avant les nazis. Elle s'appelle Mirjam et porte un manteau bleu.
Loin d'être un énième roman sur le sujet, cette lecture offre surtout la possibilité de découvrir une histoire passionnante, qui puise autant dans l'émotion que dans l'action et le suspense. Avec son héroïne de 18 ans, si juste et imparfaite, par ses choix, ses failles et ses engagements, on se lance dans un parcours bouleversant et inattendu. Il y a d'abord sa quête pour retrouver Mirjam, puis sa prise de conscience des dangers qui rôdent, l'horreur des rafles et des dénonciations, la culpabilité et la rédemption.
C'est un cheminement chaotique, mais poignant, qui emprunte de nombreuses bifurcations, qui fait aussi battre le cœur plus fort et qui noue l'estomac à l'énoncé des enchaînements tragiques et malheureux. En un mot, c'est excellent ! Et c'est à remettre entre les mains des plus jeunes sans délai.
Une fille au manteau bleu, de Monica Hesse
Pôle Fiction (2019) - trad. Anne Krief
Ce dimanche de 1982, Sarah, quinze ans, se rend en voyage scolaire en Pologne où elle visite avec sa classe le camp d'Auschwitz. Pudique et solitaire, l'adolescente ne s'explique pas le profond malaise qu'elle ressent en découvrant l'amoncellement des valises ayant appartenu aux millions de déportés juifs. Prise de vertiges, elle a des visions de scènes sur un quai de gare où des enfants sont arrachés à leurs parents. Horrifiée, Sarah se ferme comme une huître. Car tout ceci l'amène à réfléchir à ses propres origines.
L'histoire va vous toucher en plein cœur tant elle est bouleversante. Sarah va brutalement sortir de sa torpeur, remuer ciel et terre pour démêler les non-dits de sa famille, va hélas se heurter à la tragédie. Et au milieu de ce chaos sans nom, Sarah découvre aussi les fulgurances du premier amour. Une relation tendre, farouche et explosive se dessine, forcément stimulée par son besoin de savoir qui elle est, quelles sont ses racines. Un vrai cri du cœur. En somme, c'est tout emmêlé, emberlificoté dans un parcours teinté de rencontres et révélations parfois rapides et improbables, mais qu'importe.
La lecture est entraînante, animée d'une belle sincérité. On en ressort avec le cœur pulvérisé, un sourire heureux et des larmes au coin des yeux. C'est tout bon ! Je recommande fortement.
Les valises, de Sève Laurent-Fajal
Pôle Fiction (2019) - couverture illustrée par Emmanuel Polanco
PRIX CHRONOS 2018 - SÉLECTION DU PRIX DES INCORRUPTIBLES 2017-2018
Tout le monde croit connaître Libby Groby, mais personne ne s'est jamais intéressé qu'à son obésité. Elle a longtemps vécu recluse dans sa chambre, cachant son corps et ses angoisses. Cette année, Libby en est sûre, sa vie peut changer ! Tout le monde croit connaître Jack Masselin : lycéen rebelle, sexy et imprévisible. Sous son arrogance, Jack a enfoui un secret douloureux.
Ce deuxième roman de Jennifer Niven, après Tous nos jours parfaits, se veut positif et porteur d'espoir. Il pulvérise les différences, incite à croire en l'impossible, bouscule les barrières, balaye les clichés. Bon point donc pour son engagement, pour l'espoir qu'il inspire, les messages de tolérance, la dénonciation du harcèlement. Ce sont toujours de bonnes intentions.
Reste que la romance qui s'installe n'est pas à la hauteur des attentes. Beaucoup trop classique et délicate. On a en effet une histoire qui se base sur la souffrance du couple à concilier ses différences, à surpasser ses problèmes. Mais on retombe vite dans le superficiel et le scepticisme. Ne nous leurrons pas : Libby et Jack appartiennent à deux univers diamétralement opposés. J'aurais aimé croire en leur histoire, mais voilà... ça me semble surréaliste. C'est dommage car j'avais trouvé le début du roman tellement engageant : l'échange des points de vue donne du rythme à la lecture. Tant pis.
Les mille visages de notre histoire, de Jennifer Niven
Pôle fiction (2019) - trad. Vanessa Rubio-Barreau
Prise dans la spirale vertigineuse de ses pensées obsessionnelles, Aza n'avait pas l'intention d'enquêter sur la disparition du milliardaire Russell Pickett. Mais c'était compter sans sa meilleure amie Daisy et une récompense de cent mille dollars. Aza renoue alors avec le fils Pickett, Davis. L'improbable trio devient inséparable et va trouver en chemin d'autres mystères et d'autres vérités, comme celles de la résilience, de l'amour et de l'amitié indéfectible.
Voilà un roman très touchant, très fort, sans réelle action mais tellement juste et attachant. On y trouve encore et toujours des jeunes gens fragiles et délicats, des adolescents jouer les funambules sur une corde raide. On les sent fébriles et en détresse, parés du besoin de trouver leur place ou de comprendre le monde qui les entoure. Ce sont des mômes déstabilisants. Des adolescents qui essayent d'être des amis à la hauteur, des enfants obéissants, des élèves studieux, des amoureux flamboyants. Ce regard que pose John Green sur la jeunesse est égal à lui-même - lucide, tendre et sans détour - même s'il y ajoute une pointe d'excentricité et de complaisance. Toutefois, c'est drôlement bon et franchement attendrissant.
J'ai aimé vivre dans la tête d'Aza, comprendre ses raisonnements et toucher du doigt sa logique implacable. John Green a d'ailleurs avoué s'être inspiré de son propre vécu et son expérience de la maladie pour donner à Aza une note authentique et poignante. Cette sincérité est réelle. On ressent toute l'émotion de cette histoire comme si elle nous est personnellement dédiée. Gros big up aussi à la complicité entre Daisy et sa fidèle “Holminette” - je me sentais bien en leur présence !
Tortues à l'infini, de John Green
pôle fiction (2019) - trad. Catherine Gibert
En poche ! Où est passée Lola Frizmuth ? par Aurélie Gerlach
Folle amoureuse de Tristan, qui vit actuellement au Japon, Lola Frizmuth décide de partir sur un coup de tête pour le rejoindre. Elle prend donc le premier vol pour Tokyo et se présente la bouche en cœur devant la porte de son chéri. La suite ne va pas se passer comme prévu. Lola va se retrouver seule, dans la panade, avec une bande de Yakuzas à ses trousses !
Invraisemblable ? Qu'importe ! Attendez-vous surtout à une histoire follement cocasse au pays du Soleil Levant avec une héroïne au charisme ravageur. Résultat, le roman se boit comme du petit lait : il y a du rythme, de l'humour, des personnages délirants (entre autres, le gangster à la retraite qui passe désormais son temps à boire une bière au soleil en caressant son petit chat).
Lola Frizmuth est une tornade blonde, qui chamboule tout sur son passage et rend la vie de ceux qui la croise sens dessus dessous. On craque aussi pour le jeune stagiaire de l'ambassade, avec son look de premier de la classe, pas du style à casser la baraque, et pourtant embringué dans une course-poursuite infernale. En bref, on ne s'ennuie pas une seconde. C'est pétillant et mené à fond de train. Et on adore ça. Pour une première entrée en scène, Aurélie Gerlach avait su taper fort et avec brio ! Auteur à suivre, sans nul doute.
Pôle Fiction (2018) chez Gallimard jeunesse
Illustration de couverture : Camille Benyamina
Gaspard in love, de Stéphane Daniel
Cet ouvrage a été publié pour la première fois en 2006, puis en 2010 sous le titre Si par hasard c'était l'amour, aux éditions Rageot.
Roulant joyeusement sur la route des vacances, la famille Corbin doit pourtant revoir ses projets quand leur voiture tombe en panne en rase campagne. Le garagiste du coin leur promet d'agir au plus vite, en attendant Gaspard et ses parents s'installent à l'hôtel du Lion d'Or. Mais ce contretemps contrarie grandement l'adolescent, impatient de rejoindre sa bande de potes, plus particulièrement sa dulcinée, car il n'ignore pas que sa place laissée vacante sera rapidement occupée par un autre prétendant...
Face à ce garçon qui erre comme une âme en peine, l'hôtelière lui suggère de faire un tour au bistro voisin. Dans l'arrière-salle, d'autres jeunes de son âge ont l'habitude de se réunir autour d'un babyfoot. N'en rajoutez plus : les mots magiques ont coulé comme du miel sur Gaspard, dont les yeux brillent déjà de mille feux. Lui, le King de la gamelle, va enflammer la foule en délire. Il n'en doute pas une seconde. Du moins, ce serait oublié que ses vacances sont placées sous le signe de l'inattendu (et de la déconfiture).
Ha, ha ! Comment vous dire, à part que c'est drôle, mais tellement drôle à lire ! J'ai franchement souri tout du long des aventures de Gaspard, dont l'ironie est son arme fatale, quitte à paraître un peu lourd et cinglant, mais ce garçon mérite vraiment d'être connu. On partage à ses côtés quelques jours de vacances dans un village loin du tourisme de masse et on aime cette mise au vert imposée qui rend notre jeune parisien moins cynique à force de côtoyer la faune locale. C'est plein de vie, de joie, d'insouciance, d'amitié et d'amour. On passe un vrai bon moment et c'est tout ce qui compte. Big up aussi pour l'écriture en verve et les réparties rigolotes qui fusent à chaque coin de page. J'ai adoré.
Pôle Fiction, coll. Gallimard jeunesse (2018)
« Avec Gaspard, j'ai fait le choix de raconter une histoire d'humour, et de préférer les éclats de rire aux éclats de pire. J'ai eu pour ambition de rendre les lecteurs heureux, le temps d'une lecture. » Stéphane Daniel