Un Noël à New York, de Anne Perry
En ce mois de décembre 1904, Jemina Pitt traverse l'Atlantique pour se rendre à New York avec son amie Delphinia Cardew qui doit épouser le fils de l'associé de son père. Accueillie chaleureusement par la famille Albright, Jemina est également séduite par le nouveau continent et par son ambiance cosmopolite. Harley Albright, le frère du fiancé, s'est même offert d'être son guide personnel durant son séjour. Ainsi, au détour de leurs flâneries, celui-ci s'épanche sur la possible menace qui plane sur les prochaines noces. En effet, il a eu écho du retour en ville de la mère de Delphinia, qu'on croyait disparue depuis des années. Harley craint qu'elle ne s'approche de sa fille pour lui extorquer de l'argent. Afin d'empêcher tout scandale, Jemina accepte de faire équipe et de mener une enquête discrète. Mais les affaires de famille peuvent parfois se révéler périlleuses, entraînant dans leur sillage la réputation et l'innocence de notre héroïne.
L'ambiance hivernale et le paysage new-yorkais à l'approche des fêtes plantent le décor et sont les principaux atouts de cette lecture. L'histoire est délicieuse, nous présentant la fille de Thomas Pitt comme étant une demoiselle indépendante, au tempérament affirmé et doué de bon sens. Ce qui se trame en coulisses est également charmant et captivant (dîners dans la haute société, secrets et non-dits). J'étais pleinement intriguée, curieuse d'aller plus loin et désireuse de fouiller encore. Hélas, le format du conte traditionnel est court (moins de 200 pages), ce qui ne permet guère à l'histoire de se déployer. Or, j'avais envie d'ampleur et de ne pas m'arrêter en si bon chemin. Au lieu de ça, le livre se termine trop tôt, avec un dénouement précipité. Je suis franchement frustrée, car j'avais anticipé un rendez-vous à la hauteur des promesses vendues. Dommage. La lecture est loin d'être mauvaise, mais nous laisse une sensation de dispersion et de brusquerie en raison de son format imposé. Les contes de Noël façon Anne Perry demeurent, malgré tout, une rencontre incontournable en cette période ! ☺
10-18 Grands Détectives, 2016 - Trad. Pascale Haas
Un Noël en Sicile, de Anne Perry
“En ce mois de décembre, la neige ne tarderait pas à tomber chez lui en Angleterre, mais là, tout près de la Sicile, la brise chargée d'embruns était d'une extrême douceur. (...) Passer trois semaines à Noël sur une île volcanique de la Méditerranée changerait-il quelque chose ? Ce séjour le guérirait-il de ce sentiment de désespoir, de petits échecs sans fin ?”
Âgé d'une quarantaine d'années, James Latterly se sent déjà vieux et rongé par l'amertume. L'homme vient de perdre son épouse, mais n'éprouve aucun réel chagrin. Outre un parcours professionnel gratifiant, James pose un regard vide sur le reste de son expérience. En s'isolant sur l'île de Stromboli, il espère au mieux oublier ses idées noires et retrouver l'élan qui lui fait défaut. Dans la petite pension qu'il occupe, notre homme croise d'autres vacanciers en déroute - un écrivain pompeux, un colonel guindé, des époux mal assortis et un vieillard malade. Seule une jeune adolescente, Candace Finbar, détonne en débordant de joie et de vie dans ce paysage sinistre. S'ajoutent, en toile de fond, les grondements sourds et insistants du volcan situé non loin de leur logis. Débonnaire, leur hôte assure que la situation est sous contrôle, mais James pressent un drame en puissance. Bingo. Quelques chapitres plus loin, c'est une avalanche de catastrophes qui s'abat sur l'histoire et les personnages. Quel revirement de situation ! La lecture, qui affichait pourtant un rythme de croisière pépère, devient soudainement plus intense et tragique. C'est aussi dans une atmosphère apocalyptique que l'on avance dans ce récit, où les corps tombent comme des mouches, mais où l'instinct de survie prévaut. Si James en doutait encore, cette réalité brutale va lui secouer les puces.
Au final, j'éprouve la sensation confuse d'avoir lu un roman décousu et échevelé, mais où le charme et l'élégance d'Anne Perry priment et travaillent en force pour vaincre les réticences. Je ne suis pas profondément déçue, les récents titres de cette collection ont déjà prouvé leurs limites, toutefois c'est enrichissant d'aller à la rencontre des personnages secondaires des sagas fétiches de l'auteur (James est le frère d'Hesther Monk). De plus, la promesse d'évasion est remplie, à défaut de baigner dans une ambiance de Noël digne de ce nom. ☺
10-18 Grands Détectives, 2017 - Trad. Pascale Haas
Le joyau de l'Annam, de Patricia Wentworth
Un simple coup d'œil à la couverture a suffi pour attiser ma curiosité et anticiper le bonheur de ma lecture de ce nouveau roman de Patricia Wentworth. Je l'ai commencé en toute innocence, sans chercher à connaître son contenu, mais j'avais pressenti une promesse d'évasion à l'évocation de l'Annam (désormais le Viêt Nam)....
Peter Waring n'est qu'un enfant lorsqu'il se retrouve sans famille et sans le sou, mais il hérite malgré lui d'un lourd secret familial autour du célèbre joyau de l'Annam, devenant ainsi le maillon d'une chasse au trésor qui va soulever les foules et les convoitises.
Bien des années plus tôt, son père et deux acolytes sont partis à sa recherche, ont été en possession de l'objet, avant d'en subir la malédiction. Depuis, un mystère demeure autour de son existence et de son détenteur. L'entourage de Peter n'a eu de cesse de scruter le jeune orphelin, pesant le poids de ses souvenirs ou de ses connaissances. En vain.
Peter a ainsi grandi dans une ambiance lourde et sournoise, dont il a pu s'extirper en trouvant auprès de Rose (sa “sœur de cœur”) une relation pure et candide qui l'empêche de perdre pied dans son labyrinthe de coups fourrés.
Adolescent romantique, Peter va pourtant s'enticher de la ravissante Sylvia... laquelle joue le chaud et le froid avec ses sentiments, avant de comprendre qu'il pourrait lui être d'une aide précieuse dans la quête du joyau !
En effet, criblée de dettes, Sylvia a vendu son âme à un sombre individu, lui aussi déterminé à mettre la main sur cette pierre unique en son genre. Avec son charme et son culot, la jeune fille va subtilement duper son entourage pour parvenir à son but.
Toutefois, le chef d'orchestre de cette sombre histoire d'ambition dévorante demeure insaisissable. Les trublions surgissent sans crier gare, les tromperies se multiplient, ce qui ne manquera pas d'étourdir le lecteur, car toutes les cartes n'ont pas été jouées !
Dommage que tout ceci donne une sensation de fouillis au roman, me faisant osciller entre l'intérêt frétillant et l'ennui gonflant au fil des pages. J'ai certes été séduite par l'ambiance des années 20, mais peu conquise par l'intrigue générale...
Un rendez-vous en somme charmant, mais peu captivant.
10x18 Grands Détectives / Juillet 2017 / Trad. Pascale Haas
Liaisons secrètes, de Patricia Wentworth
Quel bonheur de retrouver ma bonne vieille copine Patricia Wentworth ! Je suis, à tous les coups, assurée de passer un bon moment de lecture : simple, dépaysant, vintage, captivant. J'adore.
Cette édition ne déroge pas à la règle et nous raconte l'histoire de Shirley Dale, une jeune femme sans le sou mais pleine de ressources. Installée à Londres, dans une petite chambre qu'elle loue à Mrs Camber, elle occupe également l'emploi de dame de compagnie chez Mrs. Huddleston, laquelle passe son temps à radoter, à se plaindre, à piquer du nez dans son fauteuil couvert de chintz, calée près du feu. Pourtant, un malheur va frapper cette rombière à qui l'on vient de voler une broche en diamants et une parure d'émeraudes. Tous les soupçons se portent sur Shirley, obligée de fuir sans demander son reste. Et la voilà qui débarque en pleine campagne, où ses ennuis ne sont pas finis pour autant !
Quelle incroyable rouerie que ce scénario ingénieux et aux rebondissements multiples. J'ai été franchement épatée par ce roman à suspense qui déploie ses ailes avec grâce et sans friser le ridicule. Tout est finement troussé, chaque pièce glissée sur l'échiquier dans un but précis. Patricia Wentworth a anticipé chaque sursaut et a piégé son lecteur dans cette course-poursuite effrénée. L'héroïne est à la fois attachante et écervelée, coincée dans une situation embarrassante, à propos de laquelle le lecteur n'est pas dupe, complice du crime en puissance.
Ce n'est pas non plus le défilé de la fanfare pour conduire au coup de théâtre final, toutefois cette lecture sait nous régaler de bonnes petites séquences d'une intensité dramatique palpitante ! J'ai été enchantée, complètement emportée dès les premières pages, plongée dans une autre époque, à croiser des personnages hauts en couleur (Jasper Wrenn ou Miss Maltby). Et reconnaissons que certaines péripéties sont stupéfiantes et inattendues. Bref. Du très bon dans le genre cozy mystery.
Traduit par Pascale Haas pour les Editions 10/18 (Juillet 2016)
Titre original : Hole and Corner
Le Spectacle de Noël, d'Anne Perry
Caroline et son mari Joshua Fielding ont été conviés chez les Netheridge, dans un village perdu en pleine campagne, à Whitby, pour apporter leur soutien à miss Alice qui monte sa première pièce de théâtre, adaptée du roman de Bram Stoker, Dracula, paru un an plus tôt. Le père est en effet soucieux de la réputation de sa fille et entend préserver son nom d'une humiliation publique après la représentation prévue pour la veillée de Noël. Car ses craintes sont tout à fait légitimes : pour l'heure, l'adaptation est hasardeuse, la mise en scène chaotique et les acteurs, éteints, ne donnent aucun souffle à la pièce. Le fiasco semble confirmé. Sur ces entrefaites, un voyageur égaré se présente à la porte et est introduit avec déférence dans le salon des Netheridge. L'homme, de belle prestance, est également bien mystérieux avec son costume noir et sa mine pâle. Mais son arrivée ragaillardit l'assemblée neurasthénique. L'inconnu fait également preuve d'aisance sur le mythe du vampire et a une connaissance prodigieuse du théâtre. Son regard est percutant, ses conseils précieux. La pièce s'en trouve métamorphosée. Et Alice tombe sous le charme de cet Anton Ballin, au grand mécontentement de son fiancé attitré, Douglas Paterson. Dans cette demeure bourgeoise, coupée du reste du monde, à cause d'une tempête de neige, l'ambiance ne cesse de s'apesantir et miner les esprits. Caroline a hâte d'en sortir, quand le drame finit par s'abattre. Le climax survient assez tardivement dans l'histoire, mais on passe tout de même un agréable moment avec Caroline Fielding - la mère de Charlotte Ellison Pitt - qui ne cache rien de son changement de vie, lourd de conséquences. Que de chemin parcouru ! Aujourd'hui elle s'inspire des méthodes de son gendre, inspecteur de police, pour éclaircir un crime sordide, accompli exprès pour semer le trouble dans la tête d'une assistance fragile et émue. C'est toujours un plaisir de renouer avec les romans d'Anne Perry, d'y croiser des personnages fétiches, de s'imprégner ici de l'univers du théâtre et des contes vampiriques. Cela peut paraître inattendu, mais le résultat est d'une grande subtilité et embobine efficacement le lecteur. Un bon cru de la collection.
10x18 Grands Détectives / Novembre 2013 ♦ Traduit par Pascale Haas (A Christmas Homecoming, 2011)
Un Noël à Kanpur, d'Anne Perry
Un peu d'exotisme avec cette évasion en Inde britannique, où l'on découvre un jeune Victor Narraway (le supérieur de Thomas Pitt à la Special Branch) confronté à une délicate affaire. Il est en effet chargé de défendre l'infirmier John Tallis accusé de complicité dans l'évasion d'un détenu politique, lequel aurait ensuite livré une patrouille britannique à l'ennemi. La situation à Kanpur étant déjà tendue - les militaires sont encore sous le choc d'une récente mutinerie ayant entraîné le massacre d'innocents - Narraway est accablé par le défi qui l'attend. Pour ne pas heurter les sensibilités, il doit donc procéder avec tact et minutie. Même si les faits sont contre lui, Tallis clame son innocence. Narraway ne doit pas seulement lui épargner la potence, mais comprendre la motivation du crime.
En seulement 157 pages, le roman nous livre une intrigue poignante, dans un contexte solennel et pesant, où tentent de percer les bonnes ondes de Noël, même si le cœur n'est pas à la fête, l'auteur essaie avant tout de rappeler que c'est une période chargée d'espoir. Avec un brin de mystère et beaucoup de classicisme, l'histoire partage les pérégrinations de Narraway dans sa quête de la vérité. Le temps est compté, les témoignages sont ressassés, à lui de décrypter l'ensemble et d'en saisir l'indice déterminant. Cela ressemble presque à du Agatha Christie ! Le dénouement ne survient également qu'à la toute fin de l'intrigue, après de longs atermoiements et autres triturages des méninges. J'ai trouvé la lecture intéressante, même si elle est très différente des autres titres de la collection.
10/18 Grands Détectives / Novembre 2014 ♦ Traduit par Pascale Haas (A Christmas Garland)
Nouveaux contes de Noël, d'Anne Perry
Pour compléter la collection...
Qu'il vente ou qu'il neige, que ses héros aient été sages ou non, les Noëls d'Anne Perry tiennent leurs promesses. Au menu, ni bûche ni fanfare, mais des disparitions à foison, des machinations diaboliques, des secrets décongelés pour l'occasion, des criminels sur leur trente et un et des déambulations dans les bas-fonds crapuleux de Londres... Cet ouvrage rassemble quatre contes fastes et étincelants, concoctés par la reine du polar victorien. Entre frissons, meurtres et miracles, les fêtes de fin d'année s'annoncent mémorables.
La Promesse de Noël
Le commissaire Runcorn, le supérieur de William Monk, passent les fêtes de fin d'année sur l'île d'Anglesey, lorsqu'on retrouve le corps d'une jeune femme, Olivia Costain, sauvagement assassiné dans le cimetière. Sœur cadette du pasteur du village, Olivia était connue pour être une demoiselle charmante et insouciante, qui refusait une par une toutes les demandes en mariage. Serait-ce la raison du crime ? Apparemment, celle-ci semblait connaître son meurtrier, car elle ne s'est pas débattue. L'enquête prend alors un tour plus sombre et mortifiant pour tous les membres de cette communauté proprette, qui vit recluse sur elle-même. Selon Runcorn, ce n'est pas l'acte d'un fou mais bien la marque d'une haine farouche qu'aurait voué l'un ou l'autre des bons chrétiens d'Anglesey. Sir Alan Faraday, appelé pour résoudre l'affaire, manque d'expérience et n'apaise pas la psychose ambiante. Aussi Runcorn, qu'on avait judicieusement mis de côté en le priant de ne pas se mêler de leurs affaires, est finalement sollicité pour apporter son aide. Notre homme ne perd pas de temps, va flairer une piste, rencontrer les habitants et discuter avec eux, même si ses questions dérangent et mettent à nu des secrets dont leurs auteurs auraient souhaité ne jamais déterrer. Runcorn n'appartient pas au même monde, celui de la gentry, et on le lui fait bien sentir, mais il a à cœur de boucler ce dossier épineux, pour ne pas décevoir les attentes d'une jeune femme veuve, Melisande Ewart, qui attend une issue heureuse et diligente.
J'ai finalement trouvé ce roman assez fade, sans flamme et sans rythme, à l'image du personnage central que je n'affectionne pas particulièrement. J'ai suivi l'enquête criminelle sans grand intérêt et trouvé l'intrigue sentimentale - entre Runcorn et Melisande - d'une platitude extrême. Un rendez-vous en demi-teinte pour ce titre, mais qui n'entache nullement ma passion pour cette collection ! ;-)
La Révélation de Noël
Emily Radley, la belle-soeur de Thomas Pitt, est expédiée en rase campagne au chevet d'une tante mourante, et ce à la veille des fêtes qu'elle envisageait de passer en famille. Contrainte et forcée, Emily débarque donc dans le Connemara, dans un petit village paisible, où chacun semble sur la retenue, pour une raison qu'Emily peine à comprendre. Un soir de tempête, un navire fait naufrage et un jeune homme est retrouvé sur la plage. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Simple observatrice, Emily constate que l'arrivée de Daniel, totalement amnésique, bouleverse les habitants. Quelques années auparavant, le même incident était déjà survenu. Le retour du naufragé semble réveiller les vieux démons, et en discutant avec sa tante, Emily comprend les réels motifs de sa venue en Irlande. Le cadre irlandais est magnifique, hostile et sauvage, il dévoile aussi des secrets longtemps couverts chez les habitants de ce village traumatisé par un drame du passé. Emily va plutôt bien tirer son épingle du jeu, se rapprochant de sa tante qu'elle ne connaissait pas du tout, renouant ainsi avec ses propres histoires familiales, et découvrant aussi qu'elle manquait de confiance en elle et en son couple. Cette escapade irlandaise aura permis à tout un chacun de faire la paix avec ses fantômes. Ce n'est, certes, pas révolutionnaire mais ça se lit avec plaisir.
Me reste à lire...
Un Noël plein d'espoir
Dans le dédale miséreux de l'East End londonien, Noël 1883 prépare ses miracles. Comment Gracie Phipps, treize ans, pourrait-elle refuser d'aider une fillette bouleversée à retrouver son âne ? D'un mystère à l'autre, les deux enfants doivent faire la vérité sur la mort d'Oncle Alf, un chiffonnier du quartier, et sortir vivantes de ce cauchemar de Noël...
L'Odyssée de Noël
En 1864, dix jours avant Noël, le riche James Wentworth décide de recruter son ami, Henry Rathbone, pour retrouver son fils Lucien. Pris d'une passion dévorante pour une belle jeune femme nommée Shadwell, le jeune homme est plongé dans un monde de dépravation et de violence ou les trafiquants de tout poil font loi. Rathbone ne connaît rien à ce milieu interlope et sensuel ou Lucian passe son temps, aussi recrute-t-il à la clinique médicale de Hester Monk deux compagnons qui y naviguent avec aisance : Squeaky Robinson, un maquereau repenti, et Crow, un mystérieux docteur qui ne refuse de soins à personne, même aux pires crapules.
10/18 Grands Détectives / Novembre 2013 ♦ Traduit par Pascale Haas
Le Condamné de Noël, d'Anne Perry
Claudine Burroughs, déjà croisée dans la série William Monk, où elle travaille avec Hester dans sa clinique pour prostituées, assiste avec son époux Wallace à une soirée peu avant les fêtes de Noël. Elle y croise un poète excentrique, porté sur l'alcool, Dai Tregarron, qui lui fait tourner la tête avant de revenir vivement sur terre en assistant à l'altercade entre trois jeunes gens de la bonne société, une demoiselle de petite vertu et notre énergumène éméché. La fille perd connaissance et Dai Tregarron est accusé d'être le trublion de la fête. Seule Claudine s'interroge sur la légitimité de la condamnation hâtive. Tous les indices sont contre lui, et pourtant, Claudine devient complice de sa fuite et fait appel à Squeaky Robinson, le méprisable comptable de la clinique, pour lui venir en aide.
La lecture, décrite comme étant une bouchée de mystère à déguster après son repas de Noël, est aussi le traditionnel rendez-vous de fin d'année pour tous les amateurs d'Anne Perry et de son univers feutré et raffiné. Cette histoire, dont l'intrigue policière est sans prétention, sert à nous présenter le personnage de Charlotte Burroughs dans son intimité et de découvrir que son couple est éreinté par des années d'un mariage sans amour. En prenant fait et cause pour Dai Tregarron, contre toutes les bienséances sociales, Claudine brise ainsi le joug et s'affranchit d'une existence qui ne lui convient plus. On passe un agréable moment à lire cette histoire précieuse et délicate, qui sent bon le pudding et le brandy.
10/18 Grands Détectives ♦Novembre 2015 ♦ Traduit par Pascale Haas (A Christmas Candle) @ credit photo : Page FB
Le Cabinet chinois, de Patricia Wentworth
En devenant l'héritière d'un mystérieux cousin, Chloé ignore que celui-ci a bâti sa fortune grâce au chantage. Toutes les lettres compromettantes se trouvent désormais dans un cabinet chinois fermé à clef, avec une combinaison. Lorsque la jeune femme pousse la curiosité à fouiller dans les affaires du vieil homme, elle tombe des nues et cherche à fuir le domaine de Danesborough. C'est sans compter sur le couple d'intendants, les Wroughton, qui ne la lâche pas d'une semelle et espionne ses moindres faits et gestes. C'est dans cette atmosphère charmante et désuète que Patricia Wentworth tisse une intrigue gentillette, avec une tension dramatique palpable, qui n'est pas sans rappeler les films d'A. Hitchcock ou les romans de Daphné du Maurier. Par contre, l'héroïne est confondante de naïveté et devient vite un brin agaçante à accorder sa confiance aux mauvaises personnes ou à agir sur un coup de tête avant de s'en mordre les doigts. La deuxième partie en devient quasi poussive, avec un dénouement faiblard, qui ternit quelque peu la très bonne appréciation du début.
10/18 Grands Détectives ♦ Juillet 2015 ♦ Traduit par Pascale Haas (The Black Cabinet)
Week-end à Portmeirion, de Nicola Upson
Il a suffi d'un simple coup d'œil à la couverture, puis de découvrir qu'un certain Hitchcock se baladait au cœur de l'histoire, pour faire de moi l'esclave de cette lecture ! J'ai tout lâché pour m'y plonger. Miam, quel régal ! L'histoire commence en 1954, mais concerne un événement survenu durant l'été 1936. Joséphine Tey fête ses 40 ans avec son ami le commissaire Archie Grant, à Portmeirion, dans un complexe hôtelier luxueux situé au bord de la mer.
Elle a également été invitée à rencontrer le couple Hitchcock pour céder les droits de son dernier livre, en vue d'une adaptation cinématographique. Il fait une chaleur caniculaire, l'ambiance se veut languide et oppressante, les comédiens vont et viennent, le réalisateur anglais mijote quelques blagues d'un goût douteux... On passe ainsi plus de 200 pages sans soupçonner l'ombre d'un crime, c'est calme, très bavard et tout bonnement raffiné.
J'ai immensément apprécié ce cadre magnifique, où règne une atmosphère fascinante et guindée. On y trouve un petit monde clos, pétri de jalousie, de rancœur et de haine, qui ne masque pas son amertume vis-à-vis de l'industrie cinématographique. On spécule aussi sur le prochain départ de Hitchcock pour Hollywood, on dresse un portrait de l'homme sans effet de manche, c'est un génie au caractère exécrable, qui manifeste amour et admiration pour Alma Reville, sa remarquable épouse.
L'intrigue policière, finalement, n'est qu'une goutte d'eau dans un vaste océan. Elle est, certes, plus présente dans la deuxième moitié du roman, mais il m'est apparu que ce n'était pas ce qui m'importait le plus. J'ai aimé l'ensemble du livre, avec ses personnages et la façon de les introduire, de raconter leurs tourments personnels, de laisser deviner leurs émois ou leurs états d'âme. C'est un livre qu'on découvre par envie, ou par curiosité, et qui dévoile un grand aspect psychologique dans sa trame romanesque. Mais c'est très chic, absolument divin !
10-18, collection Grands détectives, novembre 2013 - traduit par Pascale Haas.