Ce que tu veux, de Sabine Durrant
Deux ans après avoir perdu brutalement son mari dans un accident de voiture, Lizzie continue d'alimenter le souvenir de Zach et vient à s'imaginer qu'il est toujours en vie. Son corps n'ayant jamais été identifié, elle se surprend à traquer des signes, des indices prouvant sa théorie. Et de fil en aiguille, c'est un individu sombre, narcissique, possessif et jaloux qui renaît de ses cendres ! Car Zach, sous ses dehors d'artiste maudit, était un compagnon difficile et exigeant, qui exerçait sur Lizzie une emprise malsaine et étouffante. Son dernier souvenir de vie commune est d'ailleurs associé à son désir de rupture par une lettre, mais en fouillant dans son atelier, elle ne retrouve plus le courrier et comprend que Zach en a eu connaissance avant de mourir. Suicide ou mise en scène ? Rien n'est trop farfelu dans son cas. Zach était capable de tout. C'était un être intraitable, exclusif et violent. Lizzie devait à tout prix lui survivre... Seulement, deux ans après, elle ne se sent pas libérée. Toujours sur le qui-vive. Soucieuse de ses arrières. De plus, elle doute d'avoir connu le véritable Zach et entreprend d'éplucher son passé.
La lecture va finalement s'étoffer par le truchement d'une narration alternée. Et l'histoire d'être racontée par les deux protagonistes à intervalle régulier. On plonge encore plus loin dans les méandres de la duperie, de la manipulation, de la psychose et de la paranoïa. Les frontières entre le réel et le supposé deviennent floues. C'est bougrement diabolique. L'auteur s'amuse des faux-semblants et distille un suspense glaçant en imposant un climat de tension psychologique insoutenable. Ambiance suffocante, franchement irrespirable, chaque révélation venant noircir le tableau et polluer nos certitudes. Un bouquin qui met la tête à l'envers !
Traduit par Paul Benita (Remember Me This Way) pour les éditions Préludes, mars 2016
Le Monde caché d'Axton House, par Edgar Cantero
A. et son amie Niamh, un couple de jeunes londoniens, viennent de toucher un bien généreux héritage d'un parent éloigné, Ambrose Wells, qu'ils ne connaissaient pas du tout. Les voilà donc en Amérique, plus précisément à Point Bless, une petite ville de Virginie, en train de poser leurs valises à Axton House, un magnique domaine aux allures gothiques, qu'ils découvrent avec des yeux écarquillés. Mais ils ont à peine le temps de savourer leur fortune qu'ils déchantent aussitôt en apprenant que l'ancien propriétaire s'est défenestré le jour de son 50e anniversaire, tout comme l'avait fait son père, au même âge, trente ans plus tôt. A. semble convaincu qu'une étrange malédiction frappe sa famille et cherche à en percer le secret. Il commence donc à fouiller chaque recoin de la maison, dépouille la bibliothèque, livre par livre, à la recherche de lettres ou d'indices censés le mettre sur la piste d'une société secrète, dont les membres, éparpillés à travers le monde, confirment l'un après l'autre leur rendez-vous pour la réunion annuelle du 21 décembre. Le mystère qui pèse sur Axton House ne cesse de s'alourdir. A. subit de plus en plus l'emprise de la maison, fait des cauchemars la nuit, entend des murmures, soupçonne une présence dans la salle de bains... Notre jeune héritier se métamorphose à vue d'œil et son amie Niamh, une fringante punkette mutique, au tempérament plus pragmatique, s'inquiète pour lui. Sûr qu'on marche à fond dans le délire de l'auteur, qui nous concocte une savoureuse intrigue, mystérieuse et passionnante, plantée dans un cadre fascinant, dont on s'imprègne littéralement. C'était fantastique, avec quelques longueurs dans l'histoire, mais franchement fantastique de monter à bord d'une fantasmagorie aussi géniale qu'incroyable ! ...
10x18 ♦ Janvier 2016 ♦ Traduit de l'anglais par Paul Benita (The Supernatural Enhancements)
Du sang sur Abbey Road, de William Shaw
Brimé par ses collègues, qui lui reprochent son caractère solitaire et taciturne, Paddy Breen accepte de chaperonner Helen Tozer, une jeune inspectrice particulièrement bavarde, sur la scène d'un crime ignoble. Une fille a été assassinée dans le quartier d'Abbey Road, pas loin du studio d'enregistrement des Fab Four. Son corps nu a été jeté sur un matelas. Les voisins n'ont rien vu, rien entendu. Et on ignore tout de l'identité de la victime. Notre duo d'enquêteurs dépareillés mais bougrement attachants va aussitôt s'embarquer dans une course entraînante, à travers les rues de Londres ou sur les routes du Devon, traquant le moindre indice pour remonter un début de piste, même si la tâche s'annonce ardue. Mais c'est franchement grisant, planté dans l'ambiance électrique du Swinging London, en pleine Beatles mania (nous sommes en 1968) et avec des personnages truculents.
J'ai franchement adoré ! Paddy est guindé au possible et traîne son vague à l'âme depuis la mort de son père, tandis que Helen est pétillante, enjouée et décidée. Elle ne s'embarrasse pas des procédures (une femme n'avait pas le droit de conduire une voiture de police) et roule sa bosse pour oublier un drame familial. Tous deux étaient faits pour se rencontrer et vont probablement nous réserver d'autres aventures pleines de réjouissances ! J'ai hâte. ☺ ♥
10/18 ♦ Janvier 2015 ♦ Traduit par Paul Benita (A Song From Dead Lips)
Peur noire, de Harlan Coben
Myron Bolitar #7
Ce 7ème livre de la série réserve à Myron Bolitar de grands chamboulements personnels : d'abord, la santé préoccupante de son père, puis le retour impromptu d'une ancienne copine de fac lui annonçant qu'il est le père de son fils ! Ce dernier, âgé de 13 ans, est atteint d'une maladie grave et a besoin d'une greffe de moelle osseuse. Or, le seul donneur potentiel a disparu de la circulation. Myron embrasse cette nouvelle cause avec la fougue et l'impulsivité qu'on lui connaît, lui qui s'imagine toujours devoir sauver le monde...
Pour le coup, je n'ai pas été trop emballée par l'intrigue et son flot de révélations sirupeuses, concernant le nouveau rôle de Myron, les libertés qu'il va prendre dans son enquête et l'incongruité finale. Où trouve-t-il le temps d'être agent sportif ? Ah oui, il reçoit un coup de fil pour une soirée à sensation où une joueuse de tennis doit faire une apparition dans une tenue suggestive (= “visibilité des tétons”). Vaste programme. Sans quoi, l'histoire se sert toujours des mêmes grosses ficelles et n'offre pas de nouveauté stupéfiante. Seule concession : le livre dans le livre, « Peur noire », distille une vrai touche d'angoisse.
C'est donc un bouquin que j'ai lu, une fois encore, très vite, mais sans tressauter sur ma chaise. C'était bien, mais pas transcendant. Et Myron m'a un peu déçue dans cette histoire, il tabasse un type pour parvenir à ses fins, se pose en bon samaritain, moralisateur... bof ! Même son ennemi juré - Greg Downing - sera absous de ses crimes et pêchés du passé. Un comble. Je ne me suis pas du tout retrouvée dans ce livre.
Pocket, août 2011 pour la nouvelle édition ♦ traduit par Paul Benita pour les éditions Fleuve Noir (Darkest Fear)
Mauvaise base, de Harlan Coben
Myron Bolitar #6
Après sa série de coups durs survenus dans l'épisode précédent (Temps mort), Myron Bolitar a pris le large et décompresse sur une île paradisiaque, en charmante compagnie. Mais la réalité se rappelle à lui en apprenant que sa nouvelle assistante est dans le pétrin, accusée d'avoir assassiné un de leurs clients. Or, elle refuse tout contact avec lui, a engagé une redoutable avocate et entend se dépatouiller seule.
Myron n'en a cure et revêt sa cape de Superman pour débroussailler cette affaire qui confronte à la fois dopage, adultère, concurrence déloyale et vieille vengeance qui ronronne au coin du feu. Dans l'ensemble, l'intrigue s'en tire à bon compte, on retrouve les quelques ruses d'usage, les rencontres qui se soldent sur des pêches et la galerie de personnages stéréotypés (soirée mémorable au bar Take a guess !).
L'issue finale est également une bonne trouvaille, qui boucle une lecture plaisante et conforme aux attentes. Et puis, comment ne pas savourer les réparties ringardes, les boutades de notre cher Myron et les envolées pompeuses de Coben ? ! Plus les blagues sont nulles et lourdes, plus je m'esclaffe. Et j'en redemande.
Pocket, août 2012 pour la présente édition ♦ traduit par Paul Benita (The Final Detail) pour les éditions Fleuve Noir
Temps mort, par Harlan Coben
(Myron Bolitar #5)
Myron Bolitar est recruté pour veiller sur l'étoile montante du basketball féminin, la ravissante Brenda Slaughter. « Du miel tiède sur des pancakes du dimanche. » Excusez du peu ! L'entourage de la sportive soupçonne son père de vouloir ruiner sa carrière, or ce dernier est porté disparu. Myron ne cache pas sa perplexité, puisqu'il a connu Horace durant ses jeunes années et ne conçoit pas une once de duplicité chez lui.
Brenda, aussi belle que farouche, semble soutenir la thèse de Myron. Le couple devient alors inséparable et noue une connivence très forte, et de plus en plus compromettante, d'autant plus que notre agent voit sa dulcinée prendre le large et considérer leur avenir d'un autre œil. Myron, confronté à son destin ! ... Il était temps, ai-je envie de souffler.
Avec le recul, je me rends compte que cette histoire m'a davantage séduite, en dépit des petits travers linguistiques de l'auteur (qui me font sourire plutôt que froncer les sourcils). C'est de bonne guerre, la série Myron Bolitar jure complètement sur la crédibilité mais divertit tant et si bien le lecteur qu'il ne tient nullement rigueur aux facilités récurrentes.
Car ce sont toujours les mêmes ficelles et de sacrées répliques doucereuses... L'histoire inspire aussi beaucoup de compassion, l'enquête décèle une part sombre et cruelle qui n'est pas sans charme. Contre toute attente, ce cinquième tome aura su me toucher plus que de coutume !
Pocket, août 2011 pour la présente édition ♦ traduit par Paul Benita (One False Move)