Comment éduquer ses parents... 3. Plan catastrophe, de Pete Johnson
Troisième tome de la série, Louis La Blague est de retour ! Et ça ne rigole pas. Papa étant désormais père au foyer, la vie à la maison réserve pour Louis et son frère Eliott quelques mauvaises surprises (donner un coup de main pour nettoyer les chambres, avaler les tentatives de repas cuisinés, encourager les efforts paternels, ne pas lui miner davantage le moral). Par contre, papa est toujours prompt à l'aider dans ses devoirs et se donne à fond pour décrocher un A ! Louis, pendant ce temps-là, doit préparer son prochain numéro pour la finale de l'émission des jeunes talents. Il est encouragé par “son agent” Maddy, également sa meilleure amie, avec laquelle Louis s'entend si bien qu'il réalise être aussi un peu amoureux d'elle. Et zou, il l'invite pour un dîner romantique, reçoit mille conseils de ses parents attendris, perd tous ses moyens face à sa copine qui se planque sous sa capuche pour camoufler sa tête de caniche. Un rendez-vous mémorable et franchement drôle ! La passion de Louis pour le show et l'improvisation peut sembler épuisante, excessive et irresponsable. Parfois cela l'entraîne dans des situations affolantes (raconter des sornettes à son professeur, subtiliser le courrier adressé à ses parents). Mais globalement l'histoire montre un visage fort sympathique du garçon, qui veut défendre son papa contre leurs voisins minables ou qui n'ose pas avouer son trac sur scène. Les situations s'enchaînent sans s'appesantir et donne une chouette dynamique au récit. La forme du journal intime promet aussi de l'humour, des fables et de la fantaisie. C'est distrayant et déjanté juste comme il faut. Une série qui plaît définitivement aux plus jeunes.
Traduit par Vanessa Rubio-Barreau pour les éditions Gallimard Jeunesse
Date de parution 15-09-2016
Comment éduquer ses parents...: 2. Le grand sketch, de Pete Johnson
Catastrophe pour Louis ! Ses parents ont vraisemblablement avalé un élixir de jouvence et se comportent comme s'ils étaient de nouveau des adolescents. Cette régression est difficilement supportable pour le garçon, notamment quand son père fait irruption au collège en se la jouant cool et en mitraillant ses camarades d'expressions ridicules dans sa bouche ! Et puis il s'affiche avec des chemises affreuses, porte des baskets et une casquette à l'envers sur la tête. Même topo pour sa mère. Ses parents sont devenus cinglés. Incontrôlables. Louis regrette déjà d'avoir été complice, malgré lui, de ce revirement de situation. C'est lui qui a commencé à partager le lexique du parler djeun's. Quelle erreur monumentale. Maintenant ses parents veulent du swag et des soirées de malade à tout bout de champ. Il est urgent d'agir. Sa cote de popularité n'étant déjà pas fameuse au collège, elle ne cesse de dégringoler dans les profondeurs abyssales avec tout ce cirque. Plus compromettant, le garçon vient de décrocher sa place pour participer à une émission tv qui révèle les jeunes talents. Louis, qui veut devenir comique, voit enfin son rêve devenir réalité. Mais il n'a pas trouvé mieux de tourner ses parents en ridicule en les incluant dans son numéro et ses blagues, puis craint d'avoir dépassé les bornes en découvrant pourquoi son père agit aussi bizarrement depuis quelques semaines. Écrite sous forme de journal intime, cette histoire se veut non seulement drôle et ingénieuse, mais épingle les travers des parents qui ne respectent plus l'écart générationnel ! ^-^ On compatit largement avec le jeune garçon atterré par l'attitude de “ses vieux” qui se défendent de l'être et qui se tapent la honte sans même en avoir conscience. Au secours ! Une lecture à prescrire en famille pour éviter les dérapages et les crises majeures (cf. Marlon et Jessica qui signent des messages FB au sujet des Simpsons). Vos ados vous diront merci.
Traduit par Vanessa Rubio-Barreau pour les éditions Gallimard Jeunesse
Folio Junior N°1771 - septembre 2016
These fragile flames for innocence can't be lost *
Un coeur brisé - Jacqueline Wilson
Prudence King, quatorze ans, et sa soeur Grace, onze ans, subissent la loi rigide de leur père qui leur interdit d'aller à l'école. Mais lorsque celui-ci tombe malade et entre à l'hôpital, la vie à la maison va changer. Seule, la maman panique de recevoir une nouvelle lettre menaçante de l'inspecteur et préfère anticiper en inscrivant ses filles à l'école du quartier. Prudence est excitée par cette perspective, même si elle pressent que leur adaptation risque d'être difficile. Sa soeur et elle ne sont pas du tout à la mode, elles portent des tenues excentriques, non pas pour se démarquer mais parce que la famille manque d'argent. Prudence se sent l'âme d'une Jane Eyre, avec son éducation sévère, retirée du monde des autres adolescents. Elle va tomber amoureuse de son M. Rochester en la personne de Rax, le professeur d'arts plastiques. Amour impossible ? Logiquement. Cependant, l'homme se sent attiré par la jeune fille, également douée pour le dessin. Une connivence naît entre eux. Il va devenir son ami et son confident, et elle va être la baby-sitter de ses enfants (car l'homme est marié !). Mais cela ne l'empêche pas de craquer pour l'adolescente, de répondre à ses baisers. C'est franchement déconcertant. Prudence n'a que quatorze ans, elle a vécu dans une bulle et lisait en cachette des magazines de son âge pour en savoir plus sur ce qu'on lui refusait de connaître. La situation dégénère vite, selon moi. Prudence commet des erreurs, par inconscience. Elle a acheté des dessous en satin noir, pensant que c'était couru chez les filles de son âge. Elle découvrira qu'elle est à côté de la plaque. Trop mûre, trop rebelle, trop décalée ? Prudence King est un mystère. Elle a imaginé un monde trop romanesque, la réalité est plus amère. D'ailleurs, la jeune fille ne parviendra pas à s'intégrer dans son école. Elle avait déjà pris conscience qu'elle étouffait sous le joug familial, elle comprend maintenant qu'il faut davantage s'affirmer pour se fondre dans une société ni toute blanche ni toute noire, juste réelle. La fin de l'innocence, en somme.
C'est un roman d'émancipation où flotte un sentiment de malaise. J'ai moyennement aimé.
(A noter que c'est un gros succès chez les ados ! Je peux comprendre pourquoi.)
A partir de 13 ans.
Folio junior, 2008 - 303 pages - 7,50€
traduit de l'anglais par Anne Krief
Illustrations : Anne Simon
Les avis de Francesca et Aurélie (Suspends ton vol)
* lyrics from Innocence maintened, by Jewel
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Combien tu paries ? - Pete Johnson
Pour tromper leur ennui, Harvey et son ami George aiment se lancer des paris, ou (pour faire moins gamin) « des défis ». Au départ, c'est plutôt bon enfant : des gags lourdingues avec pour cible leurs professeurs. Ce n'est jamais méchant, juste pour rire. Le truc, c'est de ne pas se prendre au sérieux. Et puis généralement les prix à remporter sont aussi commodes (se payer une bonne glace, par exemple). Grisés par leurs succès, Harvey et George fondent une association, « le Club de la Chance », et l'ouvrent à de nouveaux membres. C'est un triomphe. Tout roule à merveille, l'école est prise par la fièvre du jeu. Puis un garçon de l'équipe propose de recevoir de l'argent au lieu des glaces. Harvey est d'accord, mais George se fâche et quitte la direction. Les ennuis s'enchaînent, quand la cagnotte de 180 £ est dérobée dans le casier de l'adolescent. Harvey va encore une fois être mal influencé par Jonny, le jeune espoir de foot et aussi l'élève le plus populaire du collège, en acceptant de mettre en scène un cambriolage chez ses parents. Damned ! Harvey est dans une sacrée galère.
Ecrit sous la forme d'un journal intime, ce roman de Pete Johnson donne la parole à un collègien de 4ème particulièrement doué pour les inventions et les ruses. Ce n'est pas un livre qui encourage les enfants à parier, mais plutôt une pantalonnade. Harvey, le protagoniste, a pour ambition d'améliorer la qualité de la vie au collège. Ni plus, ni moins. Le reste, autour, n'est qu'une farce à prendre sans condescendance. Les péripéties rapportées sont hilarantes, le jeune garçon n'est pas un crétin fini et ses copains sont de bons bougres (comme qu'on aimerait tant voir dans les écoles de nos enfants !). Aucune méchanceté, de l'amitié pour serrer les coudes, et même le voleur fait son mea culpa. Vraiment rien de bien mauvais... à confier sans sourciller à vos loupiots.
Folio junior, 2009 - 220 pages - 5,90€
traduit de l'anglais par Stéphane Carn
Illustrations de Henri Fellner