Lycée out, de Claire Loup
Dans le but de se venger de la bassesse de son petit ami, qui a rompu par carte postale pour mieux filer le grand amour avec une autre fille, Emma devient la Napoléonienne, une guerrière de l'amour, avec pour seules armes sa plume, son esprit et son humour sarcastique. Elle dégaine vite et bien, pirate le journal du lycée, gagne en popularité et obtient gain de cause en assommant ses ennemis.
Forte de cette victoire, Emma pourrait regagner ses pénates la tête haute. Au lieu de quoi, elle a pris goût au jeu et flirte en ligne avec un certain Don Juan, le bien-nommé. Notre séducteur est obsédé par la mystérieuse lycéenne, qui est entrée en mutinerie contre la direction. Il est séduit, troublé, veut en savoir plus. Mais le problème, c'est que ces deux-là ont beau se faire du charme et séduire avec les mots, ils n'en demeurent pas moins deux handicapés sociaux dans la vraie vie.
C'est ce qu'on va effectivement découvrir au fil de l'intrigue, qui est nettement moins craquante sans ses artifices primesautiers. Les personnages apparaissent lourds, peu finauds, grossiers, aux humeurs changeantes, bref de vrais adolescents avec leur poussée d'hormones et en conflit avec les adultes. J'ai soupiré de déception, terriblement frustrée de devoir composer avec cette donnée inaliénable. J'avais dépassé les limites du supportable, et je regrettais amèrement les débuts virevoltants.
On retiendra donc de cette lecture une brillante entrée en matière, une adolescente revêche et orgueilleuse, ses réparties cinglantes, ses batailles menées avec beaucoup d'intelligence (et un brin de perfidie), la savoureuse partie de marivaudage et ce qu'on devine être une fresque insolite de notre jeunesse dorée et pinailleuse. Dommage que l'ensemble se soit révélé bancal.
Plon jeunesse, septembre 2010
“... dans n'importe quel choix, il y a toujours une part de hasard.” (Un coeur noir)
Au cours d'un cambriolage dans une maison qu'il croyait abandonnée, Melkior tombe sur un type, qui vit seul, entouré de livres, avec son vieux chien Chaussette. L'homme s'appelle François et accepte de lui donner de l'argent, mais en échange il prête un roman au garçon en lui demandant de le lire puis de revenir lui en parler.
Contre toute attente, Melkior se surprend à apprécier sa lecture et retourne chez l'homme, qui manifeste un sincère intérêt pour les tourments du garçon (au boulot, son patron le harcèle moralement, et chez lui il trouve que ses parents s'aiment trop et vivent dans leur bulle).
Melkior traîne aussi avec un petit caïd qui va vite le provoquer au sujet de son amitié avec François et lui colle une étiquette d'homosexuel dans tout le quartier. C'en est trop pour le garçon, qui est déjà au bout du rouleau et voit de vieux souvenirs remonter à la surface.
Ce roman au rythme soutenu et au charme inquiétant se lit d'une traite. J'ai en effet été happée par la spirale dans laquelle glisse le jeune héros, en totale perdition, hésitant entre la violence et l'indifférence, cherchant plus loin pour libérer ce trop-plein qui l'étouffe, d'où cet énigmatique “coeur noir” qui ne demande qu'à exploser. La fin peut troubler, mais doit s'interpréter selon ses attentes.
Un coeur noir, par Olivier Ka (Plon, 2013)
“Do you want this to be a love story?”
D'abord ils se rencontrent, ils se plaisent et promettent de, peut-être, se revoir.
Puis elle réalise qui il est et se sent trahie.
Lui aussi est déboussolé, pour la première fois il ressent quelque chose de fort pour une fille. Sauf qu'il est en train de tomber pour celle qu'il ne faut pas.
Deux familles, deux clans. Au milieu, une sombre affaire d'agression sexuelle. Mikey et Ellie vivent un amour tourmenté, rongé par les remords, car ils doivent choisir leur camp mais ne peuvent s'y résoudre.
C'est très beau, très fort, vraiment prenant. On plonge dans les histoires de ces deux familles en prenant conscience des drames qui s'y jouent. Rien n'est simple, trop de responsabilités incombe à ces jeunes gens, la pression est énorme et forcément, comme Mikey et Ellie, on est pris dans l'étau, on suffoque et on croise les doigts, parce qu'on aimerait tellement que ça roule pour eux.
J'ai finalement trouvé ce roman magnifique, dans le sens où on s'immisce complètement dans l'histoire et on vit ce que vivent les personnages. On ressent ce qu'ils ressentent. On a peur pour eux. On est heureux, ou écoeuré, ou stressé... bref, c'est une lecture comme j'aime !
Toi contre moi, par Jenny Downham
Plon, 2011. Traduit par Amélie de Maupeou.
“I like you," he said. He made it sound as if she was bound to disagree with him. She nodded. His face said he was telling her something very important. He said, "I mean it. Whatever happens, you have to believe that.”
Life sucks, then you die. Then it sucks again.
Après un joli tome 1, placé sous le signe de l'humour déjanté, voici le retour de Charlotte Usher dans une aventure tout aussi insolite. Avant de décrocher son diplôme, la jeune fille doit d'abord suivre un stage qui consiste à répondre aux appels des ados en détresse. Tandis que toutes ses copines sont débordées par leur boulot et leur nouvelle vie, Charlotte périt d'ennui car elle ne reçoit aucun coup de fil ! De son côté, Scarlet, sa meilleure amie sur terre, remet en question sa relation amoureuse avec Damen au moment où sa peste de soeur, l'éblouissante Petula, tombe dans le coma après une séance de pédicure. Aux grands maux, les grands remèdes, Scarlet opte pour une décision radicale en invoquant une formule pour entrer en contact avec Charlotte, et la voici à son tour plongée dans un état entre la vie et la mort.
Le récit est bien huilé, on se laisse facilement prendre au jeu et, comme souvent, ce sont les garces qui ont le plus beau rôle ! Mention spéciale pour les deux Wendy parfaitement abominables, mais franchement tordantes !
Encore une fois, l'emballage est réussi (couverture, illustrations, citations et autres détails décoratifs qui peuvent faire la différence).
Ghostgirl, tome 2 : Le Grand Retour, par Tonya Hurley
Plon jeunesse, 2011. Traduit de l'anglais par Myriam Borel.
Trois p'tits tours et puis s'en vont.
Ils sont passés entre mes mains, ils ont plu, un peu ou pas du tout, et ils ne m'ont inspiré aucune bafouille. Ce sera donc un tir groupé avec simple présentation de la 4ème de couv.
Quand il reprend conscience au milieu de ce champ de citrouilles, il ne peut plus bouger aucun de ses muscles. Pire, il a tout oublié : son nom, son passé, comment il est arrivé là. Seules certitudes : on a essayé de le tuer, Lazare est mort, Il a tué Lazare. Si seulement il pouvait se rappeler qui est Lazare... Ainsi commence pour Halloween un fascinant voyage, au cours duquel il rencontrera des smileys tueurs, un professeur sadique, les maigres bêtes de la nuit, l'âme soeur et, éventuellement, lui-même. Un voyage qui le mènera bien plus loin qu'il ne l'aurait cru possible, par-delà les frontières de la réalité...
Idlewild - Nick Sagan (J'ai Lu, coll. Nouveaux Millénaires, 2011)
Traduit par Patrick Imbert.
Compliqué, bizarre, présenté comme un croisement entre Matrix et Minority Report. Mais ce n'est pas un genre qui me séduit, finalement.
Olympe est en vacances en Italie avec ses parents. Mal dans sa peau, elle est en conflit permanent avec Marie, sa soeur aînée. Alors que la famille visite un village, un terrible tremblement de terre se produit. Olympe est précipitée dans le gouffre qui s'ouvre sous ses pieds. Là, elle rencontre une étrange petite fille qui la conduit vers une salle secrète où repose un sarcophage en métal : c'est une vierge de fer, un antique instrument de torture. Presque malgré elle, l'adolescente déverrouille la serrure... Le lendemain, un corps est retrouvé à moitié dévoré dans les décombres du village en ruine. Seule rescapée du sinistre, Olympe est interrogée par la police. Quelle créature effrayante a-t-elle libérée ? Quelle force invisible la relie à ce monstre dénommé Carthago ? Embarquée à son insu dans une aventure au dénouement incertain, Olympe va explorer un monde secret et angoissant, peuplé d'êtres hostiles. De Florence à Rome, traqués par la police et un mystérieux savant qui rêve de les anéantir, Olympe et Carthago unissent leur destin à la recherche d'un secret millénaire.
Créatures - Florian Ferrier (Plon jeunesse, 2011)
Ambiance peu chaleureuse, malgré le cadre italien estival. Suis restée complètement en retrait. Là non plus les personnages n'ont pas su m'attacher. Sans compter cette couverture particulièrement repoussante.
Dans une société traumatisée par la Seconde Guerre civile, la charte de la vie vient d'être signée. Elle stipule que l'on peut " fragmenter " un adolescent âgé de treize à dix-huit ans. La fragmentation consiste à " résilier " un enfant rétroactivement sans mettre fin à sa vie. Connor, Risa et Lev se retrouvent tous les trois sur la liste fatale. Leur seule échappatoire : fuir, se cacher, survivre alors qu'ils sont traqués par les Frags, la police des fragmentés. Thriller d'anticipation original et rythmé, ce roman initiatique de Neal Shusterman propose une réflexion intelligente sur l'indépendance et la quête de soi.
Les Fragmentés - Neal Shusterman (Le Masque, coll. Msk, 2008)
Traduit par Emilie Passerieux.
J'ai trouvé ça long, les personnages ne m'ont pas touchée. J'ai été grandement déçue, car j'en espérais beaucoup.
Gemma et Jess sont voisins et amis depuis toujours. Elle est plus jeune, se sent maladroite et empruntée, collectionne les gaffes et récolte une étiquette de cruche au lycée. Jess, par contre, est populaire, brillant, charismatique, toujours présent aux côtés de Gemma, même lors de situations embarrassantes... L'approche entre eux est douce, timide, tendre et très affectueuse. C'est charmant. A côté de ça, Jess va vivre un drame familial avec le divorce de ses parents, l'alcoolisme de son père et ses crises de violence. Malgré tout, cela ne plombe pas trop l'ambiance.
Second Kiss - Natalie Palmer (Tate publishing, 2010)
Une histoire mignonne, mais tellement juvénile. Aussitôt lue, aussitôt oubliée.
Pêle-Mêle Clarabel #4
Quelques extraits pris au hasard de mes dernières lectures :
De la même façon que ma fille scrute les traits de mon visage pour tenter d'y trouver des indices de la femme qu'elle est en train de devenir, moi aussi je me mire en elle et ... quelquefois, pour une expression fugace, un geste à peine ébauché, un reflet de carnation, j'ai un frisson qui me zézaie dans le coeur : ma fille me ressemble ! Sans aller jusqu'au flaubertien mais combien tentant : Ma fille, c'est moi !, je m'effraie de me voir si ... imparfaite en ce miroir. Je me sens doublement confuse : primo, que m'arrive-t-il, d'où me remonte cette douleur diffuse ? Mais aussi, secundo, confusion des identités : est-ce moi que je reconnais en elle ? Est-ce elle qui est si semblable à moi ? C'est une choucroute variée !
Ma fille (Conseils aux mères d'ados), de Sonia Feertchak (Plon, 2010)
(...) dans le monde que tu imagines, et qui me fait peur, qui me glace les sangs, au moins, ça, ça restera humain. Les livres. Moi, je ne suis pas comme toi. Je ne pense pas du tout que les machines vont les rendre inutiles, au contraire, on en aura besoin plus que jamais, parce que je te le dis, moi, on va étouffer ! On courra après, on lira tout ce qui a été écrit avant, et on se dira : ah ! mince, ils en avaient de la chance, ils avaient un endroit où se cacher ! Où on ne pouvait pas venir les embêter, leur dire ce qu'il faut faire, ce qu'il faut penser ! Ta génération, comme tu dis, il ne faut pas qu'elle se trompe de cible. Remarque, les machines, je n'ai rien contre, je travaille depuis vingt ans sur un ordinateur, j'ai un portable, un lecteur de DVD, et je suis tout le temps sur Internet pour mon travail.
- Alors, où est le problème ?
- Le problème, c'est que ça prend trop de place, trop d'importance dans nos vies... ça finit par nous déshumaniser.
Pourquoi on écrit des romans..., de Danièle Sallenave (Gallimard jeunesse, 2010)
Mon Plan de Destruction des Pouvoirs de mon Petit Frère - Mélanie Lafrenière
La sorcellerie, c'est une affaire de femmes.
C'est ce que pense Anségisèle von Wienenberg, dite Gigi. Elle a treize ans, beaucoup de tempérament et manque tomber à la renverse quand elle apprend que son petit frère d'à peine 7 ans a lui aussi des pouvoirs de sorcier. C'est une première, mais Gigi digère mal l'information tandis que toute la famille et le cercle de la sorcellerie s'extasient.
Jalouse, la demoiselle met en place le PDPPF. Ce qui veut dire : le Plan de Destruction des Pouvoirs de mon Petit Frère.
Compulsant les grimoires de sa mère et de sa grand-mère, Gigi concocte des potions, invoque un GénIX ou dorlotte une mandragore. Or, elle ne joue que de malchance. Alaric, son petit frère, devient un sorcier de plus en plus doué. Et plus il progresse, plus Gigi s'impatiente et double de maladresse.
Elle va miser sur le Sabbat des sorcières où elle pourra s'entretenir avec Monsieur le Diable en personne et obtenir une faveur de sa part pour faire disparaître les pouvoirs de son frère. Mais encore une fois, elle ne sera pas au bout de ses surprises !
Cette histoire de sorcière moderne est drôle, vraiment racontée pour tirer des éclats de rire auprès du jeune lecteur (dès 10-12 ans). Ce livre est destiné aux filles qui en ont marre de leur petit frère, c'est ce que nous indique la quatrième de couverture. Et aux autres filles aussi, solidarité féminine oblige !
En effet, la suprématie féminine dans le monde des sorciers est menacée. Un gamin de sept ans s'introduit dans le sérail, cela agace la narratrice - Gigi, 13 ans. Mais au lieu de trouver du soutien auprès de ses pairs, elle découvre que toutes les portes s'ouvrent et qu'un tapis rouge est déployé pour parfaire l'éducation de ce jeune prodige.
Trop, c'est trop.
Et le jeune Alaric est particulièrement épouvantable. Hystérique, capricieux, insolent et effronté, il pousse sa soeur à bout. Et le lecteur aussi. Quand bien même on vient à bout de cette chasse aux sorciers, on découvre avec étonnement que ... tel est pris qui croyait prendre !
La fin, assez risible, est un joli pied-de-nez à notre sorcière bien-aimée.
Légèrement éreintant pour un lecteur qui a dépassé les 30 ans, ce livre va beaucoup plaire aux plus jeunes, aux amateurs de sorcellerie et aux comédies burlesques.
Mélanie Lafrenière écrit avec un certain panache et se glisse dans la peau d'une adolescente pleine d'imagination et qui ne manque pas de culot et ce, avec une aisance remarquable. Recommandez ce premier roman à vos filles, petites soeurs, copines ou cousines !
Plon jeunesse / Novembre 2008 - 200 pages - 13€
Mélanie Lafrenière est née en 1979 près de Vancouver et a la double nationalité franco-canadienne. Aujourd'hui elle habite Bordeaux. Elle aime beaucoup les chats noirs, les crêpes salées au sirop d'érable et les jeux de rôle grandeur nature car elle adore se déguiser en magicienne, en elfe ou en barbare !
Elle déteste la routine, les gens qui se plaignent tout le temps et les maths.
Ce livre est son premier roman pour la jeunesse.
Les Cavaliers des Lumières : La voie des chimères **
Nous sommes encerclés, une seule tactique
On fonce dans le tas, pas de quartiers haro !
Découpons en lanières, ces zombis fanatiques
Et qu'ils sachent pourquoi nous sommes des héros
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Voici donc le deuxième livre qui succède au Règne de la barbarie de cette série en 5 volumes.
Nous suivons Owen, alias Dream Song, un adolescent qui vit avec ses parents adoptifs et sa petite soeur dans le bush australien. Après les derniers événements survenus dans le tome précédent, le garçon se réveille avec un ordinateur cramé et inutilisable. Mais d'autres mauvaises surprises l'attendent car ses tentatives de connexion au jeu des Barbarians échouent. Le jeu semble avoir été rasé de l'internet, aucune trace n'existe sur les moteurs de recherche ou les forum.
Cela pourrait être une bonne nouvelle, le signe que leur mission a été accomplie (ces créatures virtuelles avaient choisi d'envahir la Terre). Tout serait donc rentré dans l'ordre ?
Non, car Owen pense aussitôt à Fennec des Sables. Nous la connaissions sous les traits de Théo la parisienne qui vivait seule avec son père, elle avait détecté la première le plan machiavélique des Barbarians, avait contacté ses partenaires de jeu pour les avertir du risque, puis était partie sur l'île de Wight où elle avait rencontré un apprenti mage, etc. Elle avait su se glisser dans le système et intégrer le monde virtuel en franchissant la frontière. Elle avait poussé ses camarades à la rejoindre, mais ils n'y sont jamais parvenus. A la place, c'étaient toujours leurs avatars qui avaient combattu vaillamment contre Yamider et sa cruelle armée de Barbarians.
Et donc, après l'affrontement il y a eu le nuage noir. Les écrans d'ordinateur ont fumé et le jeu est parti en poussière.
Où est passée Théo ?
Elle n'est pas rentrée chez elle, son père n'a aucune nouvelle. Il est prêt à craquer...
Owen choisit de taire la mission casse-cou de sa fille et opte pour le rassemblement des Cavaliers des Lumières : Glaive d'Or, Ciel qui gronde et Oeil de Faucon.
Le lecteur que nous sommes pousserait bien Owen à se rapprocher de Bruce l'Aborigène, celui qui semble tout savoir et lire dans l'esprit des autres. Il a déjà attiré l'attention du garçon sur un dingo qui ne quitte plus les alentours de leur maison. Car l'animal cherche à communiquer avec lui, avance Bruce.
Mais Owen est assez buté et il n'aime pas ce vieux mêle-tout. Pourtant l'Ancien a raison. Le gamin ne le sait pas encore, mais sous cette forme animale se trouve Théo. Emportée dans le tourbillon du Grand Passage, elle est revenue sur Terre incarnée en dingo ! Comment lui rendre son apparence humaine ? Et si, enfin, Owen suivait Bruce sur le chemin de l'Initiation...
Encore une bouillante aventure que voilà !
Owen, alias Dream Song, s'est déclaré chef des Cavaliers des Lumières, mais dans la vie réelle il se sent incapable et indécis. Par exemple, il a toujours ressenti un doute vis-à-vis de Yamider et lui accorde le bénéfice du doute (il ne serait pas foncièrement démoniaque). C'est sans savoir que le Grand Chancelier aime se nourrir des flottements pour se glisser dans la brèche et retrouver sa force !
Damnation ! Le Monde Nouveau est encore une fois menacée, et Owen se sent coupable. Sa petite soeur Neal va être prise en otage de la barbarie et il n'est plus question d'hésiter. Il faut agir.
Et bonté divine, Théo revient !
Ce livre nous enseigne une part de la culture aborigène, par le champ de cérémonies sacrées et d'incantations, qui représente un intérêt considérable. Peut-être les plus jeunes ne s'y arrêteront pas comme moi, et seront davantage happés par l'ambiance et les techniques de jeu, les batailles épiques et l'action trépidante. Je ne les blâme pas non plus, car ce roman est véritablement captivant. Il y a un vrai souffle romanesque et une intrigue qui déborde d'imagination.
La perspective des prochains volumes s'annonce excitante, sachant que nos trois autres cavaliers des lumières sont d'origine massaï, chinoise et indienne.
Le troisième livre, portant le titre de La porte du présage, va d'ailleurs nous emmener en Californie auprès de Ruben, qui détient un rôle clef dans les Barbarians Killers. Pour le savoir, c'est à suivre !
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« A l'école, ils nous ont expliqué que nos histoires de Rêves à nous autres, les Abos, ne sont que des leurres. Des superstitions. De l'archaïsme.
- Etre archaïque ne veut pas dire être idiot, ni être dans le faux. Quelquefois c'est le progrès qui se trompe. Tes professeurs n'ont donc pas tout à fait tort. Ton Rêve est archaïque, et il est la Voie qu'il te faut suivre pour avancer vers ton destin.
- Qui est ?
- Qui est la Voie des Chimères. Suis-la et tu trouveras ce pour quoi tu es venu sur Terre.
- La Voie des Chimères... Est-ce que tu veux dire la Voie de ce qu'on ne voit pas ? De ce qu'on imagine ? Est-ce que les fantômes que j'ai vus l'autre nuit dans le bush, durant mon initiation, étaient des Chimères ?
- Je n'en sais rien, petit. Tu poses trop de questions. Il s'agit de ton héritage. Je ne peux pas t'en dire plus. »
Par Brigitte Aubert & Gisèle Cavali
Plon jeunesse, novembre 2008 - 308 pages - 13,90€
Ghostgirl - Tonya Hurley
C'est la rentrée des classes et Charlotte Usher est déterminée à marquer cette année d'une pierre blanche. Elle ne veut plus être cette élève transparente, qui n'a pas d'amis et qu'on humilie pour le plaisir. Tout l'été elle a travaillé pour imiter Petula et les deux Wendy, les filles les plus populaires du lycée, et veut réussir à séduire l'objet de son affection - Damen. Elle croit en sa bonne étoile, mais ce premier jour signe aussi sa fin : elle meurt étouffée en mangeant un ourson en gélatine.
Devenue fantôme, Charlotte rejoint la classe des morts et apprend qu'elle doit accomplir un acte resté inachevé avant de basculer dans l'au-delà. Aucun doute possible pour l'adolescente, elle doit conquérir Damen et décrocher une invitation pour le bal. Devenir populaire. Obtenir tout ce qu'elle n'a jamais pu avoir de son vivant. Mais comment faire, surtout quand la seule personne capable de vous voir est Scarlet, la soeur de Pétula, accessoirement la petite amie de Damen !?
Le roman en lui-même est très réussi (couverture, graphisme, pas mal de couleurs, de la fantaisie entre les chapitres, citations des plus grands auteurs anglo-saxons), pour cela le soin apporté au plaisir de la lecture est appréciable. Quant à l'histoire, c'est un autre dilemme. J'ai trouvé que c'était drôle, Charlotte est un sacré personnage, totalement obsédé par Damen, mais cela reste léger et plutôt indiqué à un jeune public, dès 12 ans par exemple. Le propos de vouloir exister aux yeux des autres est traité de façon pathétique pour commencer, puis avec énormément de dérision. On échappe à la farce grotesque, car Tonya Hurley (qui travaille dans le cinéma) (et oui, c'est la soeur de Liz) parvient brillamment à distiller de la fantaisie à ce qui ressemble fort à du flegme britannique !
Plon jeunesse, octobre 2008 - 326 pages - 17,90€
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Myriam Borel
Le site : www.ghostgirl.fr
(extrait)