30/07/15

La Renarde, de Marine Blandin & Sébastien Chrisostome

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Oyez, oyez, les lecteurs accros aux lectures décapantes, vous allez vous délecter avec cette Renarde sournoise, qui tourne en bourrique le poulailler et la faune environnante. Le ton est particulièrement féroce (elle croque tous les bébés lapins et rend dépressive leur maman), parfois graveleux et grossier (elle se moque vertement du chien de garde et du chasseur). L'humour est donc sacrément irrévérencieux et obscène, mais malgré tout jouissif, il n'y a qu'à croiser le loup déglingué, qui suinte la mort, ou Kevin le cheval qui rêve d'aventures (et est trop gras et lourd pour s'échapper du pré en passant par le portillon ouvert)... C'est à mourir de rire ! Les ados de la maison en sont particulièrement friands, et je dois dire qu'ils ont du nez en la matière ! La dernière BD à nous avoir autant faire rire, c'était Coucous Bouzon d'Anouk Ricard. ;-)

Résumé de l'éditeur (tout simplement alléchant) : Amis des bêtes, passez votre chemin ! Amoureux des lapereaux mignons, des fermiers sympathiques ou des chiens de gardes efficaces, cet album n est pas pour vous. Car la Renarde, monstre de drôlerie, obtient toujours ce qu'elle veut, quoi qu'il en coûte à ses adversaires ! Cette pro de l'arnaque au pelage chatoyant met sens dessus dessous la petite communauté rurale qui l'entoure. Elle mange les bébés de madame lapine, bouffe les poules du fermier et les fait tous tourner en bourrique... même Kevin le cheval. Un personnage à la malice méphistophélique qui aligne les gags à la mécanique parfaite. Ne vous fiez pas à leur graphisme tout en rondeur, Marine Blandin et Sébastien Chrisostome distillent un humour au cynisme implacable. En refermant l'album, il y a de bonnes chances que vous murmuriez à vous-même : « quelle saloperie cette renarde, tout de même... »

Ah, ah ! ☺ ♥

Casterman / Professeur Cyclope - Mai 2015

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La Main heureuse, de Frantz Duchazeau

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Apprenant que leur groupe mythique donne un concert à Bordeaux, deux potes parcourent 100 bornes, en mob, pour s'éclater sur la Mano Negra en live. Leur échappée est aussi belle que folle et décoiffante, avec des allures psychédéliques hallucinantes mais aux effets galvanisants ! J'ai été scotchée. Clairement. L'histoire vous tient aussitôt par la bride et vous embarque dans une frénésie juvénile, qui fait la part belle à la liberté adolescente, à la puissance des rêves et au pouvoir de l'absolutisme (quand on veut, on peut !).

On savoure alors l'ambiance insouciante et culottée, les délires exponentiels, les frasques et les rencontres des deux gamins dopés à un élixir décapant, celui de la « Main Noire », dégainé comme un sceau protecteur. Et c'est juste wahou. Tout ça sur fond des années 90, époque bénie du rock alternatif, des concerts désinhibés, de la joie partagée et du public jamais rasséréné. Adieu les galères et l'impossible, place aux idéaux et à l'aventure. 

En gros, cette lecture fait un bien fou, pour son incroyable nostalgie, son énergie débordante, son imaginaire, ses fantasmes et sa passion immortelle. On plonge dans de pleines pages en noir & blanc, au graphisme épuré, mais aux évocations saisissantes. Cela vous allume du début à la fin, c'est vif, fringant, exaltant. Logique pour une lecture qu'on vit à fond tant elle est revigorante, incongrue et définitivement éclatante ! 

Casterman / Professeur Cyclope - Mai 2015

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22/09/14

Les Pénates, de Vincent Sorel & Alexandre Franc

Les Penates

Pierre est passionné par son travail et les grandes catastrophes de l'Histoire. Marié et père de famille, il délaisse leur compagnie pour s'enfermer dans son bureau à rédiger son livre sur Titus. Un soir, il accueille chez lui son meilleur ami Simon, marqué par un drame personnel, et lui confie sa conception de la vie de couple : « Je suis comme un archéologue découvrant les traces d'une vie passée. » Et de fait, la symbiose conjugale s'est éteinte, laissant place à une routine écrasante. Véra est à bout de nerfs, elle se sent seule et aigrie. Enrôlée dans une existence qui la lasse, Véra réalise qu'elle « n'attend rien d'autre, maintenant ».

Cette représentation du couple en crise est saisissante d'authenticité : émotion à fleur de peau, sensation d'amertume, remise en question, fâcherie répétée et sentiment d'impuissance... bref, le portrait n'est pas joyeux mais pointe du doigt les petits travers qui grippent la belle mécanique. Ça sent le fatalisme désabusé !! Et pourtant, le dessin est agréable, simple, doux, aux couleurs tendres. On éprouve une totale empathie avec les personnages. Seul le scénario divague un peu, sur la fin, avec la rébellion des pénates de la petite Bérénice (ses peluches) et l'idée saugrenue de frapper Pierre d'une grave maladie.

Mais le scénario d'ensemble est très bon, exploité avec une grande justesse. On peut facilement se retrouver dans cette radiographie d'un couple en péril. C'est mi-figue mi-raisin, à l'image de notre société constamment insatisfaite. 

Casterman, coll. Professeur Cyclope, août 2014 ♦ Initialement créé dans le périodique numérique Professeur Cyclope, Les Pénates est ici proposé dans une version augmentée de 6 pages et spécialement retravaillé pour l'édition papier.

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28/05/14

Le sourire de Rose, par Sacha Goerg

Le Sourire de Rose

Desmond Wilson traverse une mauvaise passe : son ex-femme l'empêche de voir leur fils et le traite de loser. Son petit Théo est pourtant la prunelle de ses yeux, Desmond a à cœur de ne jamais le décevoir. Un soir, il rencontre la jeune et délicieuse Rose, dont la propre histoire n'est pas dénuée de mystère et de passion.

Traquée par une camionnette avec deux types à son bord, Rose cherche à se cacher. Elle s'embrouille dans les explications, mais en fait elle est en possession d'un objet rare, d'une grande valeur, qu'elle aurait dérobé à ces individus. Ils sont déterminés à lui reprendre, quitte à faire pression sur son nouveau compagnon. Pauvre Desmond, dont l'héroïsme insoupçonné va le jeter dans l'arène et le placer dans une très mauvaise position.

Mais les dés sont jetés, et nous suivons cette histoire nébuleuse, mais empreinte de poésie, de charme et de suspense, avec un enthousiasme sincère. Les dessins se présentent sous forme d'aquarelles, baignant dans un paysage d'hiver, noyé sous la neige. C'est somptueux. Et l'histoire n'est pas en reste, puisqu'elle nous inspire un mélange de curiosité et d'inquiétude dont on se sent délivré seulement à la toute fin. Voilà une bien jolie rencontre, une lecture tout en finesse et subtilité... j'aime beaucoup.

Casterman - coll. Professeur Cyclope ♦ mai 2014

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Iba, de Pierre Maurel

Iba de Pierre Maurel

Elise sort d'une rupture amoureuse assez douloureuse et tente de reprendre du poil de la bête avec l'aide de ses amies qui veulent lui changer les idées et lui faire rencontrer de nouvelles têtes. On la suit dans son quotidien, solitaire et routinier, sa petite vie de célibataire, de reine de la nuit, de fêtarde extravertie, etc. On a tout lieu de croire qu'on est en train de lire une chronique banale, mais pas sans intérêt.

Et puis, on découvre que depuis son enfance Elise traîne une amie imaginaire, Iba, désormais une jeune femme aux yeux vitreux, à la silhouette fantomatique, qui se faufile à travers les murs et prend possession de l'existence d'Elise, sans que celle-ci en ait réellement conscience. Oui, oui, soudain le ton change, ça fait flipper. Car Iba devient dangereuse, incontrôlable et venimeuse. Seule la grand-mère d'Elise est en mesure de lui apporter son aide, pour que cesse ce cauchemar.

Quel scénario invraisemblable, mais angoissant ! J'ai été littéralement scotchée. Pierre Maurel nous embarque dans un univers sombre, dérangeant et ahurissant avec un sens de la dramaturgie absolument parfait. Les amateurs de sensations fortes, ou d'histoires bizarroïdes, vont en redemander. Les dessins sont en noir et blanc, pour confiner le lecteur dans une posture soumise et craintive. Bref, rien à ajouter ! C'est glaçant à souhait.

Casterman - coll. Professeur Cyclope ♦ mai 2014

Plus d’un an après le lancement du mensuel numérique « Professeur Cyclope » en 2013, les éditions Casterman et ARTE Éditions publient les premiers albums papier tirés du vivier d’auteurs présents chaque mois au sein de la revue. Le site officiel de la revue : http://www.professeurcyclope.fr/ 

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