Un mariage anglais, de Claire Fuller
Une jeune étudiante de vingt ans se laisse séduire par son professeur, tombe enceinte et renonce à ses rêves et autres idéaux (qui consistaient à dire non au patriarcat). Elle s'installe donc chez lui, dans sa maison près de la plage, au grand dam de sa meilleure amie qui condamne son existence rangée et passéiste.
Les années passent et le bonheur se fait la malle. On le découvre à travers la lecture des lettres de l'épouse - glissées dans des ouvrages en sachant qu'elles ne seront probablement jamais découvertes. Apparaît alors une radiographie du couple sans complaisance. Une histoire de désillusions, de mensonges et de tromperies.
Un jour, la femme disparaît en allant nager au large.
Quinze ans plus tard, l'homme est persuadé de l'avoir recroisée en pleine rue et la poursuit en hurlant son prénom avant de basculer par-dessus la digue. Ses filles ne savent plus où donner de la tête. Et le mystère sur la Mère s'épaissit.
En vrai ce roman est terriblement amer et démoralisant. Loin de baigner dans une atmosphère de bord de mer ou à raconter une histoire de couple chahuté par les aléas de la vie. On ne s'attache pas du tout aux personnages, on ne comprend pas leurs choix, on s'interroge sur l'absence et finalement on abandonne l'idée d'obtenir une explication.
En bref, on soupire beaucoup et on compte le temps qui nous reste avant de tourner la dernière page.
Ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais et je suis fortement déçue.
Un roman de mer et de soleils étouffés.
Un roman de secrets brûlants et de livres oubliés.
Un roman d'amour contre la mort.
©2018 Éditions Stock (P)2019 Audiolib
- Lu par : Rafaèle Moutier
- Durée : 10 h 20 env.
L'Anniversaire, de Robyn Harding
Imaginez une soirée d'anniversaire pour votre fille de 16 ans : sous votre toit, entre copines, pas d'alcool ni de drogue, interdit aux garçons. Il y aura de la pizza, du gâteau, de la musique et des films. Vous vous couchez sur vos deux oreilles (en avalant un comprimé avec du vin)... jusqu'à ce qu'on vous tire de votre sommeil pour faire face à une adolescente aux yeux exorbités et les mains ensanglantées.
Et là, c'est votre idéal familial qui explose. Votre idée d'une petite vie parfaite brutalement laminée. Les Sanders mènent une existence confortable, grande maison, voitures de luxe, loisirs à outrance. Ils ont façonné cette illusion au fil des ans et de nombreux efforts. Ce qu'on lit ensuite, c'est tout ce qu'on ne voudrait pas connaître : des ados idiots, des mères au bord de la crise de nerfs, des hommes démissionnaires, des profs complaisants, des avocats aguerris, des réseaux sociaux venimeux, de la course à la popularité, du diktat des apparences, des mensonges et des faux-semblants... On ne voudrait pas y croire, et pourtant c'est tellement vrai.
Dans ce roman, tous les personnages sont détestables. Ils font ou disent des trucs qui vous énervent profondément. On a envie de les taper, de les secouer. Sûr que la lecture est horrible pour l'agacement qu'elle suscite. Mais ça parle de cette vie moderne qui va trop vite et qui broie les plus faibles dans son sillage. C'est flippant - vraiment - et ça se lit d'une traite ! Soupirs.
©2018 Le Cherche Midi. Traduit par Élodie Leplat. Titre original : The Party (P)2018 Lizzie
- Lu par : Rafaele Moutier
- Durée : 10 h env.
La lectrice excelle à se mettre dans la peau des uns et des autres (parents, ados etc.) en adoptant leurs caractéristiques qui font hérisser les poils sur les bras. Ça vous met dans l'ambiance en un rien de temps... on a déjà envie de tout casser à les entendre s'excuser ou se dédouaner du comment et du pourquoi. Bref. Très bonne interprétation.
Cinq jours, par Douglas Kennedy
Laura est mariée à Dan depuis de nombreuses années, et pourtant elle ne se sent ni heureuse ni épanouie. Elle mène sa vie professionnelle avec application, elle adore son travail et pourtant là aussi elle commence à flancher. A force de côtoyer tous les jours la détresse des autres (elle est technicienne en radiographie), Laura a le sentiment de devenir transparente.
Elle a aussi pris à bras le corps la dépression nerveuse de son fils, a supporté la neurasthénie de son époux, humilié d'être au chômage. Le temps passant, Laura a accumulé le stress et la morosité des autres et a fini par ne plus se soucier d'elle-même.
Lors d'un weekend à Boston, elle rencontre Richard, agent d'assurances, marié et père de famille lui aussi, un type au physique ordinaire, qui l'aborde, la touche, lui parle. Tous deux ont d'abord un déclic intellectuel. L'un et l'autre vouent une passion pour les mots et la littérature et blablatent des heures durant sur leurs connaissances, leurs frustrations aussi, car jamais auparavant ils n'avaient pu exprimer leur érudition avec autant de liberté.
De fil en aiguille, les sentiments vont apparaître. Et ainsi, ils vont vivre une liaison fusionnelle, passionnelle, intense.
Fin de l'histoire ? Pas vraiment.
Car l'histoire est terriblement banale, nous faisant comprendre que la raison reste plus forte que la passion, que nos vies sont vouées à demeurer dans leur petite case, bien cloisonnée. Inutile de rêver en sortir. Il y a le poids de la famille, des proches, de notre éducation aussi ... Tout ça fait qu'on demeure paralysé plus souvent qu'on ne le voudrait.
A vrai dire, je n'ai pas beaucoup accroché à cette histoire, que j'ai trouvée lente, longue et barbante.
L'ennui, dans ce livre, c'est l'accumulation de clichés, les dialogues plats, le besoin d'étaler une bonne couche de culture qui sonne faux, l'impression d'être en retrait de cette histoire, tristement banale de surcroît, avec des personnages ternes et ordinaires, qui se jettent dans une passion amoureuse laquelle ne nous fait pas rêver une seconde.
L'interprétation de Rafaèle Moutier est jolie et délicatement sensuelle, mais un peu moins convaincante dès qu'il s'agit du personnage de Richard (quel pédant, ce type ! et pourtant quel lâche ! ...). En clair, autant j'ai pu être touchée par la partie féminine, la sensibilité de Laura, autant j'ai été agacée par ce type médiocre, frileux, qui bombe le torse avant de se défiler au moment opportun (tout ce qui m'insupporte !).
C'est triste et tellement pathétique dans l'ensemble. Ce n'était franchement pas le livre qu'il me fallait lire en ce moment (la maladie, la morosité, le constat d'échec, et tout ça). Je n'en pouvais plus d'arriver à la fin ! Par contre, aussi bizarre que cela puisse paraître, j'ai tout de même voulu aller jusqu'au bout de l'histoire, même si j'ai survolé des passages de temps à autre. Comme quoi ! Ce livre renferme peut-être un pouvoir de fascination morbide...
Audiolib, novembre 2013 - texte lu par Rafaèle Moutier (durée d'écoute : 10 h 31) - traduit par Bernard Cohen, pour les éditions Belfond.