Fable #2 : La mer Sans Nom, par Adrienne Young
Et donc ce deuxième tome est à l'égal du premier : facile à lire, distrayant mais plat. Je ne comprends pas. J'avais trop d'attentes ou je vis en parallèle des modes actuelles ? Moi, dans ma tête : ne plus céder aux chants des sirènes ni à la corruption des réseaux mafieux. Ça suffit maintenant.
Pourtant ce diptyque a un bel univers à proposer, si tu t'intéresses aux conflits de marchandages maritimes, tu seras vernie. C'est un monde sournois et intransigeant dans lequel l'héroïne se démène pour affronter son passé et endosser son héritage. Tout est affaire de famille dans son parcours ! En chemin, elle croise aussi l'équipage de la Marigold et tombe amoureuse de son timonier (le taciturne West). Mais cette romance, franchement, laisse à désirer. On ne comprend pas leurs sentiments, on ne partage pas l'évolution de leur relation. C'est assez frustrant. Pour le reste, la quête de vérité pousse Fable à nouer des contacts et signer des pactes avec les pires crapules.
Le tout se lit facilement. Le rythme est entraînant, l'écoute agréable. Il y a sans doute de jolies déclarations qui feront se pâmer les plus sensibles ou romantiques. Personnellement j'aurais préféré qu'on modère la ferveur extatique pour éviter cette sensation d'insatisfaction.
Au moins les couvertures sont réellement de toute beauté. ꘎♡━━♡꘎
©2023 Adrienne Young (P)2023 Editions Theleme from W. F. Howes
- Lu par : Clothilde Matta
- Série : La mer Sans Nom, Volume 1
- Durée : 10 h
⭐⭐⭐⭐
Fable #1 : L'aventurière des mers, par Adrienne Young
Fable est la fille du marchand le plus puissant des Goulets près de la mer sans Nom.
Après la mort de sa mère, son père l’a lâchement abandonnée sur une île peuplée de voleurs où elle a dû se battre pour survivre. Grâce à ses talents de plongeuse, Fable est douée pour découvrir des gemmes qu’elle revend dans un seul but : quitter l’île et obtenir une place dans la flotte de Saint.
Un récent incident va cependant précipiter son départ. Afin de regagner le continent au plus vite, elle négocie son voyage à bord du Marigold auprès du timonier qui fait grise mine. West est certes réticent car il compromet son équipage en tolérant la présence de la fugitive.
La jeune fille n'aura de cesse de prouver sa valeur et d'arracher son droit au bonheur. C'est une orpheline, qui a tout perdu. Aussi, rêve-t-elle de se trouver une nouvelle famille. Mais ses fantômes ne cessent de la courser, d'où le besoin de régler ses histoires du passé et de famille pour avancer.
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Cette lecture me laisse finalement songeuse. D'un côté, j'ai aimé l'univers, les décors et l'ambiance. Les descriptions sont plutôt soignées et rendent l'histoire accessible. Pourtant, j'avais également l'impression de détails survolés ou trop confus.
Et concernant la romance, là aussi je suis sceptique. Un rapprochement s'opère, sans préliminaire. C'est un NON pour moi. Je n'ai rien contre les personnages, au contraire ils sont touchants et attachants. Ils ont aussi leurs blessures secrètes, des désirs fous et l'envie d'un lendemain meilleur.
Toutefois, c'est trop lisse, je ne sais pas, c'est comme observer une action mais en la survolant pour ne pas perdre de temps. Cette sensation revient souvent, c'est frustrant. Sinon, le rythme de lecture est bon, entraînant, sans dégager de caractère obsédant (devenu mon argument incontournable maintenant).
Évidemment, si tu aimes les aventures sur les flots, c'est tout bon. Tu trouveras un souffle romanesque, un soupçon dramatique et des coups de théâtre qui sont très divertissants. J'ai d'ailleurs lu le deuxième tome sans hésiter, et mon avis est sur la même lignée.
©2022 Adrienne Young (P)2023 Editions Theleme from W. F. Howes
- Lu par : Clothilde Matta
- Série : Fable, Volume 1
- Durée : 8 h 10
⭐⭐⭐⭐
Comment le Prince Cardan en est venu à détester les histoires, par Holly Black
Enchantée par ma récente relecture du Prince Cruel (en audio), j'ai dégainé ce livre de mes étagères pour prolonger le plaisir. Quelle bonne pioche !
Dans ce très court ouvrage, on découvre un Cardan comme il ne vous sera pas permis de connaître dans la trilogie du Peuple de l’Air. On cerne pas à pas son personnage. On suit son parcours d'enfant, puis de jeune homme. On pénètre ses pensées. On pointe ses failles, ses désirs, ses déceptions. On l’observe, auprès de Jude, de son frère Balekin, de ses amis Nicasia et Locke, auprès du troll Aslog dont les contes évoluent au fil du temps.
On sent le personnage douter, s’endurcir, repousser ses limites et se mettre au défi. On le retrouve après les événements de La Reine sans royaume. L’ambiance est toujours aussi vénéneuse et fascinante. Et les illustrations, magnifiques. On savoure franchement cette aubaine.
Cette lecture s'adresse idéalement aux amoureux de la saga. L'ouvrage en lui-même est magnifique, couverture cartonnée, illustrations par Rovina Cai et atmosphère vaporeuse. Tout le charme du Prince Cruel est ici mis à profit.
Ne crois-tu pas que les filles monstrueuses et les garçons maléfiques méritent de connaître l'amour ?
J'avais d'abord hésité à me le procurer jusqu'à ce que je saisisse des extraits et réalise qu'on allait percer la carapace de Cardan. DÉCLIC. Évidemment, je ne regrette pas du tout d'avoir cédé à la tentation !
Rageot, 2022 pour la traduction. Par Leslie Damant-Jeandel
⭐⭐⭐⭐
- Avant d’être un prince cruel ou un roi maléfique, Cardan était un enfant Fae avec un cœur de pierre et une langue acérée.
- Grâce à ce nouvel ouvrage richement et magnifiquement illustré, nous plongeons au fond de son âme et considérons pour la première fois les événements de son point de vue.
- Nous découvrons des petits détails de sa vie avant Le Prince cruel et une aventure qui s’étend au-delà de La Reine sans royaume.
- C’est surtout pour les lecteurs l’occasion d’un délicieux retour au royaume de Domelfe… ou d’une première découverte, pleine de danger, de romance, d’humour et de drame.
La Reine sans Royaume, de Holly Black ( ◡́.◡̀)(^◡^ )
J'ai adoré ce tome trois ! Émotions. Sacrifices. Révélations. Héroïsme. C'était magique et flamboyant. Je ne regrette pas du tout d'avoir enchaîné les livres. J'ai plongé dans un univers faerique si sombre et dénué de tendresse que j'ai souvent failli en pleurer de détresse. Mais j'étais fascinée. Complètement obsédée par l'histoire.
Ma voix n’est qu’un murmure : – J’ai perdu ta cape. Il m’observe. – Menteuse, réplique-t-il, les yeux brûlants de rage. Espèce de sale menteuse mortelle.
Si vous aimez les intrigues royales, les personnalités complexes et les contes à faire peur, saisissez votre chance ! Tout n'est pas parfait mais l'ensemble fait son effet. Cette fois encore, j'ai vécu mille sensations au cours de ma lecture. Depuis le début, je ne savais plus quoi penser de toutes ces âmes tourmentées. Je trouvais Jude tellement compliquée à suivre. Sa relation avec Cardan, presque nocive. Les complots, par contre, sont incroyables. La soif de pouvoir rend dingue. Les prophéties deviennent des chaînes. Et les pièges dans ce labyrinthe infernal sont nombreux.
– Quand j’étais dans le monde des mortels, je te considérais comme mon ennemi, mais tu me manquais quand même, dis-je. – Ma chère ennemie jurée, comme je suis heureux que tu sois revenue.
Finalement, ce tome trois apporte des solutions. Pose les personnages. Lisse. Explique. Réconcilie. C'est un vrai confort à lire. Ouf, merci Holly Black ! Tellement de bonnes choses sont dites ou avouées. Ça n'enlève rien du ton mordant et revanchard. La tension dramatique va d'ailleurs atteindre des sommets. Pfiou, boule au ventre, gorge nouée, estomac serré et frissons dans le dos. J'étais à fond dans ma lecture !
Je suis faite pour les ombres ; pour l’art de manier les couteaux, pour les effusions de sang et les coups d’État ; pour les paroles venimeuses et les gobelets empoisonnés. Je sais comment planter un couteau dans ma paume. Je sais comment haïr et me faire haïr. Je sais aussi comment triompher, du moment que je suis prête à sacrifier tout ce qu’il y a de bon en moi.
...
J’ai dit que, si je ne pouvais pas être meilleure que mes ennemis, alors je serais pire. Cent fois pire.
J'ai dévoré. J'ai adoré. ♥
Comment les êtres comme nous s’y prennent-ils pour ôter leur armure ?
Rageot, 2022 pour la traduction. Traduit par Leslie Damant-Jeandel
– C’est toi, que j’aime, confesse-t-il. J’ai passé une grande partie de ma vie à préserver mon cœur. J’ai si bien réussi que je pouvais faire comme si je n’en avais pas. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un organe scabreux, abîmé et rongé par les vers. Mais il t’appartient.
⭐⭐⭐⭐⭐
– Moque-toi si ça t’amuse, susurre-t-il. Peu importe ce que j’imaginais alors ; maintenant, c’est moi qui serais prêt à te supplier en rampant pour obtenir un mot gentil de toi. Ses yeux sont noirs de désir. – Tu m’as terrassé, souffle-t-il.
🖤
Le Roi Maléfique, de Holly Black ಥ_ಥ
Cette lecture me laisse encore et toujours une sensation grisante. Entre dégoût et incompréhension. Fascination et désolation. C'est un étrange cocktail qui me laisse un goût amer en bouche tout en créant une vilaine dépendance parce que j'ai été complètement obsédée par cette histoire !Cette suite au Prince Cruel reprend en plein chaos. Cinq mois ont passé. Pour Jude, notre mortelle plus ambitieuse que jamais, le poids des actes est sans commune mesure. Elle a trahi. Manipulé. Œuvré en coulisses. Elle a obtenu ce qu'elle n'aurait pu imaginer. Mais à quel prix ! C'est une jeune femme isolée, craintive et méfiante qu'on retrouve. Avec son cerveau en surchauffe toutes les cinq minutes tellement elle a besoin d'anticiper et de projeter chaque interaction. Pfiou. C'est étourdissant. Depuis le début, j'ai du mal à m'attacher à elle. Tout comme son histoire avec Cardan. Ce qu'on nous vend comme une idylle impossible. Or, ces deux-là se détestent. Ne se font pas confiance. Et je n'arrive pas à m'enlever cette image de couple qui avoue détester les sentiments qu'ils s'inspirent.
Tu es la punition que je préfère.
La position est délicate car il n'y a rien de romantique, de doux, de tendre ou de désirable. Par quelle pirouette va-t-on nous retourner cet exercice de défiance ? Hmm. Hmm. Désabusée, je suis. Ceci dit, je suis aussi extrêmement attentive à cette mise en scène en trompe-l'œil. Tout est dans le détail. Et dans le manque de perspective. L'histoire est racontée du point de vue de Jude, après tout. La demoiselle est loin d'être la plus clairvoyante dans certains domaines. Espionne. Main armée. Sénéchale. Elle sait faire, mais décoder les émotions, percer les sentiments. No way José.
De toute façon, elle a d'autres chats à fouetter. Autour d'elle, ça se bouscule pour lui donner un coup de poignard dans le dos. Les courtisans. Les ex rancuniers. Sa famille ! La ronde des tromperies a repris son tour infernal. L'action n'est pas explosive mais n'empêche pas de penser que le danger est bien là. Les intrigues politiques ont d'ailleurs beau jeu et tissent un décor ombrageux. C'est ce que j'aime dans cette saga, chaque moment compte. Chaque mot a son importance. Tout est imprévisible. Les sens sont en alerte. J'ai beau m'énerver après les personnages, m'agacer et soupirer à n'en plus pouvoir. J'ai quand même des griffes à la place des mains tellement je suis accrochée aux pages que je tourne avec fébrilité (et dans l'attente de la prochaine traîtrise). C'est comme ça, on devient des horribles lecteurs avides de coups fourrés. Et ça ne manque pas ! Par contre, je sors de cette lecture avec le moral en berne.
Je voudrais ressentir quelque chose. Je voudrais trembler, avoir la nausée. Être celle qui craque et pleure. Je voudrais être n'importe qui sauf celle que je suis ; celle qui vérifie qu'il n'y a pas eu de témoin ; celle qui essuie son couteau dans la terre, ses mains sur les vêtements du cadavre; et quitte les lieux avant l'arrivée des gardes.
Purée, ça craint...
Rageot, 2021 pour la traduction. Traduit par Leslie Damant-Jeandel
⭐⭐⭐⭐.5
Le Prince Cruel, par Holly Black ٩(˘◡˘)۶
“Je suis obsédée par le battement de cils paresseux de Cardan sur ses yeux brûlants comme des charbons ardents.”
Difficile de flâner au sein de la communauté des lecteurs sans passer à côté de ce phénomène ! Entre Sarah J. Maas, Jennifer L. Armentrout et Holly Black, le terrain est miné. Et il faut se blinder pour résister. Moi, je n'ai pas pu lutter. Trop intriguée par les échos de la foule en liesse. J'ai fini par céder, de bonne grâce.
J’ai été élevée par l’homme qui a assassiné mes parents, sur une terre peuplée de monstres. Je vis avec cette peur, elle a pris racine en moi, et je m’efforce de l’ignorer.
Jude n'avait que sept ans lorsqu'elle a assisté à l'assassinat de ses parents avant d'être enlevée avec ses sœurs du monde des mortels pour vivre parmi les Faes. Malgré la protection de son beau-père, elle va grandir en détestant la peur qu'elle ressent de vivre entourée par des créatures sadiques et cruelles. Elle va donc s'adapter en se perfectionnant dans le jeu de l'escrime, le poids des mots et l'art du faux-semblant. Son pire ennemi s'appelle Cardan. C'est un prince héritier de la Couronne. D'une grande beauté mais terriblement dédaigneux, il se moque du pouvoir et entraîne sa clique à persécuter les plus faibles. Jude pourrait être une proie idéale, seulement elle va leur tenir tête et les défier à leurs propres ruses.
Cette relation entre le prince et Jude n'est pourtant pas le cœur du roman. En fait, ce premier tome met en place l'univers de la faerie avec ses complots politiques, ses ambitions dévorantes et ses retentissements. Qu'on ne me vende pas un truc romantique et glamour, c'est faux. En plus, les personnages sont froids, distants, menteurs ou lâches. Tout le monde se déteste ou se manipule. Il n'y a pas un soupçon de pureté derrière cette façade. Tous sublimes d'extérieur, mais viscéralement affreux et insensibles. Chapeau bas pour ce cocktail d'émotions contradictoires qu'on vit au fil des chapitres ! L'ambiance est douce-amère, l'action se déploie lentement, les personnages ne sont pas attachants, et pourtant on s'accroche, on veut connaître la suite, on a besoin de savoir.
– Dis-moi, pourrais-tu m’aimer ? demande-t-il à brûle-pourpoint. – Bien sûr ! J’éclate de rire, sans savoir si c’est la réponse que j’étais censée donner. Mais la question est si bizarrement formulée que je peux difficilement dire non. J’aime l’assassin de mes parents, alors je dois être capable d’aimer n’importe qui.
Suis déjà en pleine communion avec Le Roi maléfique. Tchüss !
Rageot Editeur, Septembre 2020 pour la traduction. Traduit par Leslie Damant-Jeandel
⭐⭐⭐⭐⭐
– Avant tout, je te déteste parce que je pense à toi. Souvent. Ça me dégoûte, et je ne peux pas m’en empêcher.
Trafic sanglant - Vampires sur les dents (Les tribulations d'Esther Parmentier, sorcière stagiaire #2), de Maëlle Desard
Ce deuxième tome enfonce le clou : cette série est une réussite sur toute la ligne. Un, c'est drôle. Deux, l'histoire est bien écrite. Trois, les personnages sont incroyables. Quatre, les rebondissements sont inattendus. Cinq, les répliques font mouche. Et j'en passe ! Mais je suis complètement fan.
Dans cette nouvelle aventure, nous rencontrons un étrange énergumène du nom de Wolfgang Strom. Sa présence fait débat car il est suspecté d'être une taupe pour les dirigeants de l'agence. D'ailleurs c'est Esther qu'il scrute avec attention. Les récents événements soulèvent des questions - la stagiaire maladroite aurait été complice de crimes ou pas ? Et Loan qui est toujours absent... désespoir dans la vie de notre sémillante sorcière ! Mon dieu, que c'est drôle. C'est frais et rigolo. En même temps, le tempo a tout bon. On ne s'ennuie pas. L'action se renouvelle sans cesse. Le rythme est entraînant. Et l'intrigue parfaitement ficelée, avec des retournements de situation qui font décrocher la mâchoire. Oui, j'applaudis des deux mains.
Cette série parvient à mélanger les genres - fantastique et comédie - en le faisant prodigieusement. Ni trop lourd, ni superficiel. Le juste équilibre. Et on passe aussi moins de temps à présenter les personnages, le contexte, les enjeux etc. donc on profite davantage de cette atmosphère délirante mais bien cadrée. C'était TOP ! Vivement la suite.
Rageot, 2021 - illustration : Agnès Maupré
Présentation :
De sorcière qui s'ignore à sorcière stagiaire, il n’y avait qu’un pas et Esther Parmentier, 19 ans, l’a franchi grâce à la manière brillante dont elle a résolu une précédente enquête sous la direction de l’agent Loan, un vampire désagréable, mais néanmoins très séduisant.
Elle est désormais à plein temps au sein de l’Agence qui contrôle les relations entre les humains et les créatures surnaturelles. Mais bientôt, un nouvel arrivant, un dénommé Wolfgang Strøm, loup-garou de son état, se présente pour, prétend-il, réaliser un audit de l’Agence.
Et voici que simultanément l’agent Loan, qui avait mystérieusement disparu, fait son come-back : il enquête désormais sur un trafic de sang et exige la participation d’Esther. Quand à son tour Wolfgang s’immisce dans l’enquête, un trio est formé. Et qui dit trio dit complications...
⭐⭐⭐⭐⭐
Les Tribulations d'Esther Parmentier, sorcière stagiaire #1 : Cadavre haché - vampire fâché, de Maëlle Desard
Qu'est-ce que c'était drôle !
J'ai adoré le mélange d'humour, de dérision et de phénomènes saugrenus qui surviennent dans la vie de l'héroïne. Car Esther Parmentier (une banale stagiaire en comptabilité) va découvrir brutalement qu'elle est une sorcière.
Bim, elle est recrutée en tant que nouvelle stagiaire dans une enquête menée par un vampire. Loan n'est pas le partenaire le plus malléable. Il est cynique et arrogant. Et pourtant, leur duo est explosif !
Ça roule tout seul sur presque 400 pages. Le rythme est entraînant et intègre parfaitement la mise en place donc aucun temps mort. On a un folklore décrit avec naturel (tiens, des créatures surnaturelles en marge du monde des humains). Non, ça ne choque pas.
Ce roman est une bulle de fraîcheur dans un univers parfois trop éculé ou stéréotypé. On se marre vraiment beaucoup, du début à la fin. Ça surprend, et puis ça s'emballe. L'intrigue aussi tient la distance et nous fait passer un super moment.
J'attaque le deuxième tome dans la foulée !
Rageot, 2020 - Couverture illustrée par Agnès Maupré
Présentation :
Esther Parmentier, 19 ans, a quitté sa Bretagne natale pour un stage à Strasbourg dans une société informatique quand elle est repérée par l’Agence de Contrôle et de Détection des Créatures Surnaturelles. Car Esther est une sorcière.
A peine remise de cette découverte, et des tests visant à déterminer ses capacités, Esther apprend qu’elle n’a pas plus de pouvoirs qu’une allumette mouillée. Sa note sur l’échelle des pouvoirs est historiquement basse : 2 sur 82.
Mais Esther est dotée d’un caractère de cochon, de solides capacités de déduction et est capable de résister aux pouvoirs de séduction des Créatures. Malgré son faible score, l’Agence décide donc de l’embaucher comme stagiaire.
Seul bémol à cette nouvelle vie trépidante au sein d'une Agence où Esther côtoie un loup-garou alpha, une sorcière surpuissante, un djinn séducteur, une goule affamée, un fantôme accro aux jeux de rôle, elle va devoir faire équipe avec l’agent Loan, désagréable mais néanmoins très séduisant vampire, qui la considère de haut.
Il va pourtant bien falloir qu’ils collaborent, car l’affaire du Ghost Challenge affole l’Agence : des adolescents disparaissent régulièrement et sont transformés en vampires.
⭐⭐⭐⭐⭐
Tempête d'une nuit d'été, de Meg Rosoff
Au cœur d'une maison plantée sur le sable, une famille retrouve ses habitudes de vacances pleines d'insouciance (lectures, baignades, virées à vélo). Le cadre est planté : la bicoque sent les vieilles tentures, le sel et le renfermé. Les chambres sont petites mais douillettes. Et de toute façon, la vraie vie se passe ailleurs.
Cette année, leur tante annonce qu'elle va se marier et prépare la cérémonie qui se tiendra au cours de la saison. Ça parle théâtre, comme ça parle de fleurs et de dentelle. Rarement un bouquin n'aura su me capturer dans ses filets avec autant de facilité. J'étais conquise, dès les premiers chapitres.
Étourdie par cette atmosphère languide et ce climat lourd, chaud d'un été riche en promesses. Troublée par cette désinvolture qu'on jette dans chaque mot, chaque ligne. Meg Rosoff est unique pour inspirer autant de dévotion.
Mais surtout, elle a ce don pour décrire ses personnages. La famille n'a pas de nom, la narratrice non plus, même si leur valeur n'est pas quelconque non plus. Simplement, l'attention est fixée sur les frères Godden. Le solaire et le taciturne. Car Kit séduit à tour de bras, tandis que Hugo fuit toute compagnie. Et déjà la famille est chamboulée par leur présence.
Dans ce roman, il est donc question d'apprentissage du désir et de la trahison. Un rien qui devient dévastateur. Une relation toxique, puissante et incontrôlable. Cette lecture sait admirablement raconter tout ça, de façon poétique et fascinante.
Sensation fugace d'une lecture bouleversante.
Rageot, 2021 - Traduction de Clémentine Beauvais
⭐⭐⭐.5
Winterwood : La forêt des âmes perdues, de Shea Ernshaw
Point fort du roman : son ambiance tellement ensorcelante.
Imaginez une jeune fille vivant isolée dans une maison au milieu des bois. Un nuit d'hiver, suite à une violente tempête, elle trouve un garçon porté disparu depuis quinze jours. Elle pense d'abord qu'il est mort car il est étendu, les yeux clos, la peau bleue. Mais voilà qu'il les ouvre soudainement et la fixe comme un hébété. Nora le recueille chez elle.
Mais rien n'est clair dans cette histoire. Le garçon s'appelle Oliver et parle peu. Sa mémoire est défaillante. Tout juste se souvient-il qu'il séjourne dans un camp pour jeunes en difficulté. Lorsqu'il décide d'y retourner, c'est pour s'en échapper à nouveau.
De son côté, Nora ne peut pas oublier leur rencontre. Elle a besoin de comprendre et décide de mener sa petite enquête. Par contre, il faut bien se figurer que le contexte est oppressant, qu'il fait très froid et que des légendes de sorcellerie courent sur la famille de Nora.
Donc, total respect pour cette atmosphère si particulière et qui rend la lecture mystérieuse et néanmoins envoûtante. Cela m'a énormément plu. J'avais plusieurs pistes en tête quant à l'issue du roman, et pourtant le dénouement m'a un peu prise de court. Une autre issue aurait été plus percutante, à mon goût, mais c'est très bien comme ça aussi.
Un bon roman au charme gothique et terriblement mélancolique. Je dis oui, oui et encore oui.
Rageot, 2020 - Traduit par Lilas Nord
⭐⭐⭐.5