Son Espionne Royale mène l'enquête (Her Royal Spyness Mysteries, #1), par Rhys Bowen
Besoin de raffinement avec ambiance délicieusement guindée ? Hop, suivez lady Georgiana de Rannoch, trente-quatrième héritière du trône britannique, qui s'improvise gouvernante, femme de ménage et apprentie détective dans cette virevoltante aventure !
Privée de sa rente annuelle, Georgie s'offusque des fiançailles envisagées par sa famille et choisit de se rendre seule à Londres pour subvenir à ses besoins. Vendeuse chez Harrods ? modèle pour styliste en vogue ? pique-assiette insouciante ? domestique incognito ? Notre demoiselle ne manque pas d'idées et encore moins d'imagination.
Même si elle réalise un peu brutalement l'austérité de son nouveau quotidien (préparer ses repas ou activer la chaudière pour son bien-être), elle s'en remet aussi à son titre pour rebondir et saisir les opportunités. Seule la découverte d'un cadavre dans sa baignoire va finalement lui donner du fil à retordre !
L'intrigue sera donc volubile et légère car point de suspense de folie. C'est charmant et débordant de peps. Par contre on oublie la présentation de l'éditeur qui n'a vraisemblablement pas lu le même roman (présentation réductrice et surfaite). Pour le reste on s'accorde sur la fraîcheur de Lady Georgiana, sa grâce, son humour, sa maladresse, et sur la dynamique de l'enquête, joyeuse et pimpante. Vraiment pas de quoi s'ennuyer !
C'est aussi le pur produit du flegme britannique qui offre le cadre idéal, la comédie enlevée et singulière, les personnages pittoresques et l'envie d'y revenir au plus vite... car OUI j'ai beaucoup aimé ce premier tome d'une série sans prétention mais merveilleusement cosy, vintage, poudrée, pompeuse et désuète. Tout ce que j'aime.
Robert Laffont, coll. La Bête Noire, 2019
Traduit par Blandine Longre
#challengebritishmysteries chaperonné par @lou_myloubook et @hildelle
⭐⭐⭐⭐
Toute la vérité, de Karen Cleveland
Le monde s'effondre pour Vivian quand elle réalise que son mari n'est pas celui qu'elle imaginait. Experte en informatique pour la CIA, division Renseignements Russie, elle vient de décoder un fichier contenant cinq photos d'agents dormants. Et là, elle découvre le père de ses enfants. Matt Miller, papa poule, mari prévenant, gendre idéal. Le ciel lui tombe sur la tête. Si les documents disent vrai, jusqu'où son compagnon a abusé de la situation ? a-t-il joué avec ses sentiments ? Toute leur vie n'aurait été qu'un leurre ? Commence donc un terrible casse-tête : le dénoncer à ses supérieurs, agir en bonne américaine, laver tout déshonneur... ou préserver sa famille, son bonheur, son équilibre. Effacer les preuves. Basculer dans une spirale. Tomber dans une embuscade ? Dix ans de mariage, quatre enfants. Vivian se demande qui est l'homme qui partage sa vie.
Intriguée par les critiques positives, j'avais une idée surfaite du roman. Car l'histoire m'est finalement apparue quelconque et improbable. Non seulement on se cogne aux incongruités et aux doutes mais on réalise aussi qu'il n'y a pas de réel suspense. L'histoire se concentre sur le personnage de Vivian - tellement commune dans le genre. On se glisse dans sa peau, on comprend son mal-être et en même temps on partage son intimité, on remonte le fil du temps, on revit sa rencontre avec Matt et tous les carrefours de leur vie commune probablement influencés par sa double identité. Du moins, c'est une relecture de faits acquis qu'on décortique à la lumière des nouvelles révélations. Et là, on pourrait se dire han-han... Toutefois, on ne vibre pas non plus au fil des pages. C'est sans surprise. Assez lent et un peu dépassé. Je n'ai même pas sourcillé en lisant le dénouement... alors que c'était supposé être le cas. Bref. Une lecture passable et assez vaine. Dommage.
Pocket (2019) - traduit par Johan-Frédérik Hel Guedj
David Bowie n'est pas mort, de Sonia David
Je suis clairement dans une thématique à fendre l'âme, ces temps-ci, et j'enchaîne les lectures bouleversantes à un point... Je ne suis plus qu'une flaque de larmes, c'est dit. Ce roman de Sonia David a également fait big-bang dans mon cœur et ma tête. Il a pour lui de parler de famille dysfonctionnelle, de parents qui s'éteignent, de deuil à absorber, de souvenirs à redorer, de portraits sans fard à dessiner... C'est tout ça, mais c'est surtout terriblement personnel, ça résonne partout, ça vous touche et ça vous interpelle.
Hélène a 52 ans et deux sœurs, Anne et Émilie, qui ont respectivement 55 et 49 ans. Elles mènent chacune une existence autonome et se voient une fois par an pour conforter leur lien sororal. Fin mai 2015, Hélène apprend par téléphone la mort de sa mère. Un choc, plutôt qu'un chagrin, car Hélène avait pour sa mère, égoïste et fantasque, des sentiments contradictoires. Un an plus tard, c'est au tour de son père de tirer sa révérence - un père doux et mystérieux, qui aimait défendre ses idées avec ardeur.
Hélène et ses sœurs, Anne et Émilie, sont donc tiraillées entre la tristesse et la colère, jugeant, blâmant, condamnant. Leur mère était une “connasse” sans cœur, qui ne montrait jamais son affection, mais exerçait un chantage affectif à sa façon. A contrario, leur père brillait en société, se passionnait pour les débats et luttait contre les injustices, il avait abandonné le foyer familial, refait sa vie et s'était brouillé avec l'une de ses filles, il en souffrait mais avançait sans se retourner. Hélène et ses frangines ont ainsi grandi entre le marteau et l'enclume, se forgeant au mieux leur force de caractère et leur désir d'indépendance. Elles ont rapidement mis les voiles pour échapper au naufrage, mais se retrouvent pour gérer ensemble le deuil, pour évoquer leurs souvenirs, pour ranger, jeter, classer les papiers, pour organiser les funérailles, et disperser les cendres, pour se lancer dans des démarches administratives et renoncer à leur héritage.
Au milieu de ces deux disparitions, vient se glisser David Bowie. L'artiste est décédé début janvier 2016. Et avec lui, s'envole une autre part de l'enfance et déferlent les réminiscences d'un passé oublié. C'est toutefois à travers lui que la narratrice parvient à tisser les liens familiaux, à reconstruire son arbre bancal et à retrouver sa place sur l'échiquier. Elle nous raconte son histoire avec force et authenticité, c'est tout à la fois émouvant et bouleversant. D'une grande justesse, et d'une sincérité aussi magnifique que déconcertante.
En somme, j'ai beaucoup, beaucoup aimé.
Fantastique Micky Sebastian qui est la lectrice pour Audible Studios de cette histoire renversante.
>> Ce livre audio est proposé en exclusivité par Audible et est uniquement disponible en téléchargement.
©2017 Robert Laffont (P)2017 Audible Studios. Texte lu par Durée : 4 h 18
Ragdoll, de Daniel Cole
Éprouvé par son enquête contre le Tueur Crématiste, l'inspecteur William Fawkes, alias Wolf, tombe fou à l'énoncé du jugement. Et pour cause... Quatre ans plus tard, le type a une solide réputation de teigne au sein de sa brigade, mais il s'en moque. Car une nouvelle mission l'attend lorsqu'il découvre au pied de son immeuble un magma de corps rapiécés et six victimes à recenser. Un autre tortionnaire dérangé vient jouer avec les nerfs de la police, en diffusant une liste des prochaines têtes à tomber, précisant la date de leur assassinat. En dernière place, se trouve le nom de Wolf.
Annoncé comme le phénomène du moment en matière de thriller, RAGDOLL aurait ainsi pompé Seven et cloné Jack Bauer pour émoustiller le lecteur, c'est dire l'ambition affichée du roman ! Ma foi, j'ai trouvé le rythme efficace, car soutenu et addictif. Par contre, le contenu se révèle plutôt bancal à force d'avoir été calibré exprès pour répondre aux attentes. Les effets de style, le suspense, les rebondissements, le boum final... tout est déjà lu, déjà vu, et on ne bondit plus de notre siège. C'est bien, c'est tordu, on suit l'intrigue avec attention, et on obtient ce qu'on espère. Il n'y a pas de déception là-dedans, juste une absence de surprise.
Techniquement, la lecture de Damien Ferrette pêche en variation. L'écoute est monotone, l'interprétation souvent caricaturale. C'est supportable, mais cela aurait pu être mieux. Conséquence ou pas, je n'ai pas su m'attacher aux personnages - Wolf incarne l'archétype du flic bourru, sa partenaire Emily Baxter serait son amoureuse éconduite, Edmunds un stagiaire très perspicace, et Andrea, l'ex versatile, journaliste aux dents longues, forcément... On a donc un ensemble ordinaire et convenu, avec le dosage évalué au plus juste de séquences fortes entrecoupées de périodes sinueuses. L'enquête s'organise autour de fulgurances assez grossières, mais le tout fait illusion.
And last but not least, William Fawkes will be back.
©2017 Audiolib / Daniel Cole. Éd. originale : Orion Books, an imprint of The Orion. Publishing Group Ltd, an Hachette UK company, Londres. Traduction française : Natalie Beunat pour les Éditions Robert Laffont
Texte lu par Damien Ferrette - Durée : 12 h 24 (P)2017 Audiolib
Phobos³ : Il est trop tard pour renoncer, de Victor Dixen
Le troisième tome de la série Phobos est bienheureusement sorti en format audio peu de temps après sa parution chez Robert Laffont. Cela m'a ainsi permis de replonger illico dans cet univers et connaître la fin de l'histoire avec les derniers événements en date encore au chaud dans ma mémoire. ☺
Par contre, je ne suis pas sûre s'il s'agit du dernier tome ou si l'auteur ne prévoit pas de publier du bonus au vu du dénouement pour le moins sibyllin. Ah, ah. La bougresse que je suis. Titiller sans dévoiler... Éternelle perfide et vicieuse.
Bref. L'histoire reprend exactement au point de chute du tome précédent : les jeunes envoyés sur Mars sont confrontés à la trahison d'un des leurs. Un procès est mis en scène en dehors des caméras et chacun débat selon ses convictions. De nouvelles révélations fleurissent, à moins d'avoir déjà servi de matière dans Phobos Origines, le tome d'accompagnement que j'ai volontairement zappé. Mais des masques tombent et viennent chambouler les cartes et surtout les pactes matrimoniaux. Quelle cacophonie.
Nos pionniers ignorent également que sur Terre règne une confusion politique de grande échelle : attentats à répétition, échiquier diplomatique renversé, adversaires étouffés... Serena McBee tire longuement les ficelles du jeu, perd des plumes mais ne lâche jamais prise. Elle possède également une arme secrète sur Mars et ne craint pas d'y avoir recours pour enterrer les causes perdues ! Dans le fond, l'intrigue est habilement tissée et entretient de la tension, du suspense, de l'angoisse et de l'inattendu avec une parfaite maîtrise. J'étais souvent aux aguets et incrédule à entendre les rebondissements de la trame romanesque.
En revanche, je reste impassible face au devenir des personnages. Ce troisième tome n'est pas parvenu à nous réconcilier, eux et moi. Eleonore cristallise trop l'électron libre prêt à atomiser l'ordre établi, autour d'elle c'est assez fade ou attendu. Un amoureux chasse l'autre, mais ce jeu de dupes ne trompe personne. Je comprends le but de la manœuvre, sauf que cela ne me touche pas. À ce stade, de toute manière, j'ai trouvé que les émois sentimentaux étaient davantage édulcorés et ne venaient plus forcément polluer l'atmospère (ouf). Il y a aussi une escalade de l'horreur qui oblige fatalement de reléguer la mission de coloniser Mars en retrait.
Globalement c'est une lecture divertissante, avec ses points faibles et ses bons côtés, les deux parvenant finalement à un équilibre acceptable. Personnellement il m'a manqué l'attachement aux personnages pour adhérer complètement à la série, même si j'ai avalé les trois disques audio sans rechigner ! Maud Rudigoz est une narratrice attentive et pleine de charme. Son interprétation ne manque jamais de poigne, de sincérité et d'attrait. J'ai été captivée du début à la fin par sa voix mélodieuse et sa prouesse à m'embarquer vers les étoiles.
Quid de l'avenir pour nos aventuriers ? La cruauté de l'auteur est également sans nom. "I understand you so far, now tell me a little more". ☺
Phobos, Livre 3 par urée : 17 h 12)
Audible Studios - Date de publication 01/12/2016
>> En exclusivité & uniquement disponible en téléchargement sur Audible
Phobos² : Il est trop tard pour oublier, de Victor Dixen
J'ai donc enchaîné avec la suite de Phobos en téléchargeant dès que possible la version audio, toujours lue par Maud Rudigoz pour Audible. Pratique pour replonger aussitôt dans cette ambiance stellaire.
On retrouve ainsi nos douze pionniers face au choix de leur vie : poursuivre la mission sur Mars ou exiger de rentrer chez eux, après avoir eu connaissance des risques du métier. Et cela va durer, pas moins d'1 heure 30, pour parvenir à un compromis. Le bras de fer entre nos candidats et leur productrice n'est pas une partie de rigolade. Les mines sont tendues. Et chacun se méfie des coups bas. Car Serena McBee est maîtresse en la matière, même si ses adversaires ont quelques atouts en leur possession.
Plus loin, dans le désert du Wyoming ou ailleurs, un camping-car noir file à toute allure pour semer les patrouilleurs qui veulent l'empêcher de pirater le programme Genesis. Mais Andrew Fisher est un fils éploré, avide de vengeance et de justice. Il a pour alliée la très éthérée Harmony McBee, ou disons plutôt la fille cachée de la future vice-présidente des USA, qui promet d'être une “bombe à retardement”.
Après une première exploration électrisante de l'univers de Phobos, j'espérais renouer avec cette même sensation fébrile d'une histoire prête à déployer ses ailes. Et pourtant, je n'ai pas retrouvé la même excitation à la lecture du deuxième tome, dont l'histoire m'est apparue longue et lassante. L'action traîne la patte, le suspense n'est qu'un feu de paille. On passe essentiellement du temps à gazouiller entre jeunes gens amoureux ou aux prémices du sentiment amoureux. C'est d'une niaiserie abyssale, avec des envolées lyriques à faire grincer des dents. Je n'étais clairement plus la cible visée.
La partie SF du roman est également sous-exploitée et semble tâtonner entre plusieurs pistes. C'est vide, lent, dilué. En gros, cela reste assez simpliste et ne nous laisse guère dans l'expectative. Frustration, ô frustration. Ou comment un bouquin loupe son virage en volant dans le décor et ne termine pas sa course malgré les attentes du lecteur. Tant pis.
Je pense zapper le tome intermédiaire - Phobos Origines - essentiellement parce que je ne suis pas cliente des produits dérivés, et encore moins lorsque les personnages (filles ou garçons confondus) me laissent passablement indifférente. Connaître le passé du casting masculin n'offre donc, pour moi, aucun intérêt. Trop de stéréotypes et trop de clichés à craindre. C'est bon. Je vais patienter jusqu'en novembre pour lire le troisième tome.
Texte lu par Maud Rudigoz pour Audible FR / Août 2016 (durée : 12h 35)
©2015 Robert Laffont (P)2016 Audible FR
>> Ce livre audio en version intégrale est proposé en exclusivité par Audible (uniquement disponible en téléchargement).
Phobos : Il est trop tard pour regretter, de Victor Dixen
J'ai profité de l'édition audio proposée en exclusivité sur Audible pour découvrir cette nouvelle série de Victor Dixen, dont j'avais déjà beaucoup apprécié Animale, la malédiction de Boucle d'Or. Cette fois, on plonge dans un univers aux émotions fortes garanties avec un voyage cosmique qui vend de l'amour et du danger à bord, ce qui promet une immersion brûlante dans les étoiles !
Six filles et six garçons ont été sélectionnés pour partir sur Mars, dans le cadre du Programme Genesis, un jeu de télé-réalité qui consiste à former des couples pour implanter une colonie sur la planète rouge. Les douze prétendants ont donc cinq mois pour se séduire “et choisir le partenaire avec qui enfanter” au cours de séances de speed-dating, derrière une paroi vitrée, car garçons et filles vivent dans des compartiments séparés, mais sous l'œil de caméras embarquées.
Zoom instantané sur Léonor, la sculpturale rousse, au caractère volcanique et farouche, qui cache aussi de nombreux complexes. Orpheline de dix-huit ans, elle porte de lourdes cicatrices traumatisantes, liées à son enfance malheureuse et rejetée. Depuis, Léonor a développé une attitude de défiance et a opté pour une stratégie psychorigide pour aborder son aventure, même si deux garçons ne vont pas tarder à percer sa carapace et la toucher plus que de raison.
L'héroïne n'est pas l'unique cas d'école dans ce casting taillé sur-mesure, où défilent des personnalités qui semblent toutes sortir du même moule (famille dysfonctionnelle, stigmates, plaie béante, besoin d'une seconde chance). Bref. On ne tombe pas de haut à la lecture des révélations prodiguées, mais ce choix de retenir des candidats aux abois est proprement délibéré de la part de la productrice de l'émission. Serena McBee, la figure médiatique qui cristallise tous leurs espoirs, est en effet animée d'une ambition dévorante, comme il apparaîtra vite dans le déroulement de l'histoire, en dévoilant l'envers du décor avec ses plus féroces abjections.
Voilà qui fait miroiter une lecture palpitante et jouissive, qui se réserve aussi le droit de nous servir des clichés sur plateau doré, avec des personnages gnangnan et des intrigues qui ne risquent pas de nous défriser, mais c'est le pari à prendre en YA. Malgré tout, j'ai été agréablement surprise par ma lecture. Une lecture qui a su littéralement me “happer” et m'entortiller dans ses grosses ficelles. C'était résolument excitant. J'avais beau souffler, rouspéter, froncer les sourcils, je refusais néanmoins de lâcher l'affaire. J'étais comme le poisson dans l'eau, complètement ferrée.
Et diantre que c'est bien fichu ! Douze jeunes gens qui partent la fleur au fusil, avec des rêves d'amour plein la tête, puis qui comprennent dans quel traquenard ils sont tombés, hélas tardivement. On devient alors ce téléspectateur derrière son écran, avide de sensations nouvelles, se demandant qui décrochera la première étoile dans chaque classement, s'attendant à des interactions impétueuses, se demandant jusqu'où notre vilaine de service va tisser sa toile pour piéger davantage de nigauds, spéculant sur l'issue du voyage avant de pester contre ce point final qui survient au moment crucial. Bah voyons.
Je suis donc en train d'écouter le deuxième épisode, Phobos : Il est trop tard pour oublier (Phobos 2). ^-^
Texte lu par l'adorable Maud Rudigoz pour Audible FR / Juillet 2016 (durée : 11h 36)
©2015 Robert Laffont (P)2016 Audible FR
>> Ce livre audio en version intégrale est proposé en exclusivité par Audible (uniquement disponible en téléchargement).
Le premier tome de la nouvelle série de Victor Dixen, double lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire.
Ce que je peux te dire d'elles, d'Anne Icart
C'est une histoire de femmes et de filles qui se raconte dans ce roman d'Anne Icart. Une histoire de sœurs, Angèle, Justine et Babé, qui grandissent auprès de leur grand-mère et qui vont apprendre à voler de leurs propres ailes en suivant leurs rêves et leurs espoirs fous. Angèle, qui souhaite devenir journaliste, fait la rencontre de Charles qui ne ménage pas ses efforts pour la séduire et la convaincre de faire un bout de chemin ensemble. Justine, indépendante et frondeuse, se lance dans la couture, apprend, fait des merveilles et va créer son propre atelier de mode. Babé, la plus jeune, la plus sensible, est aussi le maillon essentiel du trio, celle qui consolide le groupe et répare les petits bobos, prête une écoute attentive, cajole les moues boudeuses et sèche les larmes. Blanche, bientôt, se joindra à ce fabuleux essaim. Bébé de l'amour fou, mais rappel incessant de ce qui n'est plus. La fillette va grandir dans l'ombre d'une mère aux humeurs lunatiques, atteinte d'une grave dépression, qui la privera des petites attentions, des gestes affectifs et des témoignages de tendresse. Blanche, par précaution, se tiendra à distance de l'amour et suscitera à son tour un gouffre de frustration chez sa propre fille, Violette, laquelle quittera le nid très tôt, en colère et demandeuse d'explications. Et le roman de s'ouvrir sur un simple coup de fil, Violette a accouché d'un petit garçon. Blanche se rend, par le premier train, à son chevet et ressasse l'histoire du clan Balaguère sur près de cinquante ans.
Quel doux roman ! Il est à la fois généreux, simple, tendre, attendrissant, fort et poignant. Toute l'histoire est centrée sur un magnifique portrait de famille, dont la particularité est d'être essentiellement conjuguée au féminin. Et quelle énergie ! Que de luttes ! Les filles Balaguère ont aimé, ont donné, ont perdu. Elles ont mené chacune leurs propres combats, ont trébuché et se sont relevées. Leur complicité n'était jamais à l'abri de coups de griffes, les colères souvent explosant dans leur appartement rue d'Aubuisson à Toulouse, également suivies de rires et de larmes. C'est une vie colorée, bruyante, passionnée et passionnante. Et j'ai pris un plaisir fou à partager la chaleur et l'exubérance de ce cocon familial. On s'y sent à son aise, on y trouve sa place et on écoute avec grand intérêt les vies de chacune se raconter avec pudeur et sans tricherie. Cela a beaucoup de charme, en plus d'être attachant.
>> Également disponible en livre audio, en exclusivité sur Audible, uniquement en téléchargement.
©2013 Robert Laffont (P)2015 Audible FR
Lu par : Durée : 7 h 30
A Kiss in the Dark, de Cat Clarke
« J'étais amoureuse d'une fille qui était amoureuse de moi. Je vivais exactement ce dont on parlait partout, ce que les chansons racontaient, ce qui faisait tourner le monde, apparemment. Je comprenais ce que c'était désormais, l'amour. J'aurais voulu arrêter des gens au hasard dans la rue pour leur dire que j'étais amoureuse, mas ça aurait été trop bizarre. Je n'ai jamais été très bavarde, mais tout à coup j'aurais voulu avoir quelqu'un avec qui partager mon bonheur. Quelqu'un en dehors de Kate. (...) J'aurais voulu avoir une meilleure amie à qui me confier, une personne à qui j'aurais cassé les pieds à force de lui rabâcher à quel point Kate était géniale. Étrange comme être amoureuse me faisait me sentir plus fille, d'une certaine façon. »
Alex et Kate font connaissance sur un forum de discussion d'un groupe de rock et se rencontrent à leur concert. Tout de suite, s'installe la connivence. Puis la sensation intime d'être un tout. Kate est adorable, spontanée, fraîche et sentimentale. Alex fond et se coule dans cette relation avec le même enthousiasme. Toutefois, leur idylle naît sur un malentendu : Alex est une fille (révélation faite page 22).
Solitaire et secrète, la jeune fille n'a jamais été très féminine, a longtemps admiré son grand frère et a toujours caché son corps dans des vêtements amples et asexués. Ce qu'elle vit auprès de Kate est nouveau et euphorisant. Pour la première fois, elle se sent pleinement heureuse avec quelqu'un. Entière, épanouie, transformée. Elle a conscience de son mensonge, mais elle a aussi très peur de tout perdre, alors elle préfère travestir la vérité.
On découvre donc une jolie histoire d'amour, avec ses délices et ses frissons, qui bouscule les idées reçues en ne collant pas aux « clichés traditionalistes ». L'auteur a beaucoup joué avec les nuances pour raconter cette relation, avec aussi pudeur, tendresse et naïveté. C'est très touchant, même si on n'oublie pas les conflits, les tourments, la confusion des sentiments, la sensation de trahison et le besoin de vengeance.
Cela se lit d'une traite, c'est plaisant mais un peu facile et mièvre sur la fin (je n'ai pas aimé le dénouement !). Toutefois, il me reste de ce roman une sensation forte, poignante et percutante, avec une envie de secouer les idées toutes faites, de faire réfléchir et de chambouler le lecteur. Pari réussi pour l'auteur, dont les livres se suivent et ne déçoivent pas.
éd. Robert Laffont, coll. R, juin 2014 ♦ traduit par Alexandra Maillard
« L'amour pousse les gens à faire des trucs complètement dingues. Quand on trouve l'amour, on serait prêt à faire n'importe quoi pour le garder. Je le savais parce que j'avais éprouvé la même chose. »
La Nuit a dévoré le monde, de Pit Agarmen
Antoine Vernet collectionne les échecs : écrivain raté, amoureux abandonné, type désabusé... Il est en quête d'un nouveau souffle. Aussi, accepte-t-il l'invitation d'une amie à passer la soirée dans son appartement cossu. Mais cela ne va pas se dérouler comme prévu. Il va boire, beaucoup. Perdre pied. Se réfugier dans un bureau et s'écrouler de fatigue. Le lendemain, il se réveille dans un appartement étrangement silencieux. Découvre une scène de désolation, avec des murs maculés de sang. Nulle âme vivante aux alentours.
Dehors, règne la même scène de chaos. Il y a des zombies, partout ! La police tente de lutter contre une armée de morts-vivants affamés, lesquels sautent sur tout ce qui bouge, se multiplient, forment des hordes sauvages, déchaînées, incontrôlables. C'est la fin du monde. Antoine est ahuri mais décide de se barricader dans l'appartement. Il rassemble le maximum de vivres pour assurer sa survie. Trouve des armes. Le voilà désormais seul, coupé du reste du monde. Avec l'angoisse au ventre. Et du temps pour cogiter.
Antoine va alors s'organiser une routine surprenante de banalité : il lit, il mange, il prend des bains de soleil, il s'occupe amoureusement d'une petite plante verte, il joue de la trompette. De temps en temps il dézingue un ou deux zombies pour se rassurer. Il fait un peu n'importe quoi, il hurle à la mort, s'habille en femme, se désole et est tenté de s'offrir en amuse-bouche aux âmes errantes. La folie n'est pas loin de le guetter quand survient, vers la fin, LA rencontre qui peut tout changer.
Voilà un roman original, bien écrit, à envisager comme une approche philosophique (et intellectuelle) sur le temps perdu, les remords et les regrets, la solitude et comment ne pas sombrer face au désespoir. C'est intéressant, totalement décalé et assez perspicace. Par contre, ce n'est pas un roman de “zombies” tel qu'on pourrait s'attendre (il y a peu d'action, juste un type paumé qui soliloque), c'est davantage une robinsonnade qui se veut distrayante mais révèle surtout une grande part de mélancolie.
Robert Laffont, août 2012 ♦ parution en format poche (J'ai Lu)
« Ce qui est beau et sûr, c'est le passé. Même le passé triste, ma solitude, mes difficultés matérielles, mon adolescence, tout ça me paraît doux désormais : j'étais heureux et je ne le savais pas. Le désespoir d'alors était un état de plénitude extatique comparé à ce que je vis aujourd'hui. »