Balto, le dernier des Valets-de-Cœur ; par Jean-Michel Payet
Déjà séduite par la couverture illustrée par Germain Barthélémy, je n'imaginais pas une seconde être déçue par ce roman ! Eh bien mes espoirs n'ont pas été vains et mon vœu a été exaucé : c'était génial comme lecture. L'histoire est rondement menée et captivante. Les personnages sont bien campés et les mystères savamment entretenus.
Aussi beau que bon... n'est-ce pas fabuleux ?
L'auteur nous invite à plonger dans le Paris de 1920 et plus particulièrement dans le quartier de la Zone où règne la misère sociale. Un gamin de 14 ans, Balthazar dit Balto, se désespère du retour de son frère Victor (aux prises avec la justice). Convoqué pour un rendez-vous secret, le garçon va malheureusement tomber sur un cadavre et être suspecté par la police. C'est finalement grâce à une jeune et charmante journaliste que Balto pourra s'en tirer in extremis même si ses ennuis ne sont pas terminés. Car Victor est recherché par les enquêteurs pour répondre à une série de meurtres (tous des anciens soldats se faisant surnommer les Valets de Cœur). Or ces six Poilus auraient scellé un drôle de pacte dans les tranchées boueuses de la Somme et sous le feu des balles allemandes. Or, depuis la fin de la guerre, tout part en vrille !
Bref. Voilà un roman qui mérite d'être découvert et épluché à son rythme car il est franchement surprenant. Il y a de l'humour, une pointe d'amour et surtout beaucoup de mystère entre ses lignes. L'objet est aussi beau qu'il est merveilleusement écrit - avec un peu de gouaille populaire, de panache et de caractère. On se régale de bout en bout. Vraiment, c'est un excellent roman ! ♥
École des Loisirs, collection Médium+ (2020)
Couverture illustrée par Germain Barthélémy
⭐⭐⭐⭐
La fille sans nom, de Maëlle Fierpied
Camille fugue en pleine nuit car elle en a ras-le-bol de l'éducation trop rigide de ses parents. Sur le bord du fleuve, elle croise une péniche et répond à une petite annonce : recherche garçon à tout faire. Avide d'aventures, la jeune fille monte à bord et ment sur son identité.
Au moment de signer son contrat (avec une goutte de son sang), Camille s'écroule de sommeil et se réveille en ayant tout oublié. Elle ne comprend pas ce qu'on attend d'elle, si ce n'est s'occuper des animaux en cage d'un certain Mage Hélix. Elle doit aussi éviter le plus possible ses compagnons de voyage, deux Ogres-dragons peu commodes.
Oui, oui, c'est carrément bizarre. Et tout le roman est de cet acabit !
On débarque au beau milieu d'une histoire très curieuse et on ne cesse de se demander où on va. L'ambiance est sombre et angoissante, avec des personnages inquiétants. La mise en place peut sembler lente - elle l'est - et pourtant tout semble nécessaire pour comprendre la quête. Après tout, le roman fait 500 pages donc il faut se préparer à élargir ses horizons.
L'univers de Maëlle Fierpied est souvent atypique, avec une bonne dose de fantastique, de l'audace et une imagination improbable. Cf. ses Chroniques de l'université invisible qui m'avaient fait découvrir son auteure ! Celui-ci ne déroge pas à la règle, même si j'ai parfois eu une sensation d'errance et de flou...
École des Loisirs, roman, Médium + (2019)
Dix battements de cœur, par N.M. Zimmermann
Ambiance envoûtante pour lecture énigmatique !
C'est l'histoire d'un contrat invisible qui lie deux familles depuis des générations. Les White et les Chapel partagent aujourd'hui le même appartement à Fleet Street. Toutefois, le père d'Isabella est avocat, celui d'Andrew son assistant. L'un connaît la prospérité et l'aisance, au détriment de l'autre, soucieux et maladif.
Pour la fillette, son amitié avec Andrew a toujours semblé acquise et naturelle. Le temps passant, le garçon va néanmoins manifester des signes de mécontentement et de rébellion.
En septembre 1939, l'Allemagne entre en guerre. Les enfants sont expédiés à la campagne, au cottage de Mrs Cole, où ils vont rencontrer Winter et Rosie Warren, un frère et une sœur sans cesse en fugue. Le garçon, surtout, va entraîner Andrew dans ses combines et tenter de lui dessiller les yeux. À nouveau, les rapports entre les deux amis vont être mis à mal car la mère d'Isabella réclame leur retour à Londres.
C'est difficile de mettre des mots sur cette relation inhabituelle et contraignante entre les White et les Chapel, d'autant qu'elle est vécue à travers le regard d'une fille de treize ans qui souhaiterait que ça cesse - consciente de la détresse de son ami et se sentant coupable de lui infliger un tel poids. Malheureusement, rompre le contrat implique aussi de mourir. Les deux familles sont donc pieds et poings liés, sans issue possible.
On reste seulement sur notre faim face à ce concept trop flou et aux accents fantastiques un peu brouillons. Pour le reste, c'est grandiose ! On débarque dans l'Angleterre de Churchill qui se prémunit contre les bombardements ennemis. On vit les heures sombres de l'attente, puis les dégâts du Blitz, l'angoisse dans les refuges, la peur d'être sans nouvelles de ses proches. La mise en place est remarquable, l'ambiance poignante et dramatique. On s'exporte littéralement dans le temps et on devient les premiers rôles d'une histoire sombre mais envoûtante.
J'ai beaucoup aimé le contexte historique et l'aura globale de cette lecture qui la rend aussi fascinante !
Médium de L'École des Loisirs (2019) - Couverture illustrée par Séverin Millet
Longtemps, j'ai rêvé de mon île, de Lauren Wolk
Elizabeth Islands, Massachusetts, 1925. Corneille a douze ans et vit sur l'île de Cuttyhunk chez Osh, un peintre solitaire et bourru. De sa naissance, elle sait juste qu'elle a été abandonnée dans un vieux rafiot avant de s'échouer sur cette plage. Les autres habitants se sont toujours méfiés d'elle - exception faite pour Miss Maggie qui lui a appris à lire et écrire - et pensent qu'elle a été envoyée de Penikese, l'île voisine ayant abrité un hôpital de lépreux.
Corneille est naturellement curieuse. Elle se pose des questions. Elle a envie de savoir qui est sa famille. Comprendre son passé. Son instinct la pousse vers l'inconnu et elle s'y rend spontanément. À Penikese, les découvertes ne vont pas manquer. On parle d'un trésor caché et d'un Pat Hibulaire qui fouillerait les vestiges de la léproserie avec une arme au poing. Aventure, nous voilà !
Bref. Je m'apprêtais donc à plonger dans une histoire passionnante - ce qui est vrai - et en même temps je suis longtemps restée en retrait. Ça ne s'explique pas. Pourtant, le cadre est magnifique, un petit coin de paradis à l'abri du regard, seulement troublé par les caprices de la météo et des marées. Osh, Miss Maggie et Corneille y mènent une existence rudimentaire mais heureuse.
On absorbe tout ça de bonne grâce, le rythme est nonchalant, les journées occupées à la pêche, au jardinage, à la peinture ou à la contemplation. C'est lent, doux et poétique. Tout ce dont je suis très sensible habituellement. Il y a aussi une part de mystère sur la naissance de la fillette et une belle quête initiatique. Des ingrédients appréciables pour un roman non dénué de charme.
Traduit par Marie-Anne de Béru pour L'école des Loisirs, 2019
Titre VO : Beyond The Bright Sea
Pêle-mêle Junior : Stage de survie - Des vacances bien pourries - Les Super Méchants (7) Opération Panique au jurassique
Abel n'a pas tiré le gros lot en terme de stage d'immersion car le voilà au service comptabilité dans une moyenne entreprise. Sauf que cette semaine va lui réserver bien des surprises... à commencer par un complot déguisé en cambriolage, suivi par une mission de contre-espionnage et pour finir une enquête méthodique qui va renvoyer notre garçon loin de ses conclusions. Ses découvertes n'auront toutefois pas l'honneur d'être étalées au grand jour. Qu'importe. Cette lecture est drôle, inattendue et conduite de façon trépidante. Encore un très bon roman de Christine Avel ! Pour les 11-13 ans.
Stage de survie, par Christine Avel
Médium de l'école des loisirs (2018)
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Les plans de Nils tombent à l'eau pour cet été. À la place de la colo de surf, le garçon est expédié à la campagne chez sa tante écolo. Le bon air frais, les bols de soupe, les petits matins sous la bruine, les vaches qui paissent tranquillement dans les champs... Notre jeune ami est en souffrance. Mais vous connaissez la théorie sur les dominos ? Après tout, s'il n'avait pas été privé de colo, il n'aurait probablement jamais rencontré Marius. Oui, oui. Oubliez la jolie blonde à fossette, la fresque éphémère et le skate qui traîne... le train en retard, la vache folle ou la panne de frigo... la liste est longue. Bref. Tout ça c'est juste pour raconter une amitié unique et précieuse. Ainsi, ce petit bouquin se lit d'une traite - il est débordant de peps, de jeunesse, de rebonds et de révélations. C'est tout bon... écrit par Séverine Vidal. Donc c'est TOP.
Des vacances bien pourries (ou Ma théorie sur les dominos) par Séverine Vidal
& illustrations par Oriol Vidal - Milan, 2019
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Et n'oubliez pas le 7ème épisode des aventures de nos SUPER MÉCHANTS...
... dans une aventure qui nous propulse quelques 60 millions d'années plus tôt ! Eh oui. C'est toujours aussi poilant. Un rendez-vous à ne pas louper si vous aimez le cocasse, le décalé et l'inattendu. On se marre toujours autant, et tout du long ... dans l'attente aussi du prochain numéro (déjà annoncé).
En bonus, en fin de volume, on prend des nouvelles de Kdjfloer (machintruc). Comprenez : l'impossible Professeur Julius Marmelade. Ouiiiii, il est de retour !
À découvrir dans Opération Panique au jurassique (7) par Aaron Blabey
Casterman, 2019
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Ma vie sens dessus dessous, d'Anne Fine
À l'annonce de la séparation de ses parents, Erica est en colère. Contre sa mère, qui ment. Contre son père, qui renonce à se battre. Contre ses camarades du collège, qui sont au courant de tout. Contre la vie aussi, qui est compliquée.
On lit ainsi des pages et des pages de frustration et de rancœur d'une jeune ado qui déverse ses humeurs en testant notre patience - au bout de 260 pages, ça use ! Certes Erica n'a rien demandé et doit supporter les choix de ses parents, bon gré mal gré. Toutefois, elle montre vite son désaccord en étant odieuse et en menant la vie dure à sa mère et son nouveau compagnon. Elle va aussi chercher à la rendre jalouse avec son père, en jouant le mystère sur leurs weekends à deux ou au sujet d'une vendeuse rencontrée dans un magasin de bricolage.
Puis elle va se rendre compte que c'est vache. Ses parents aussi ont leurs états d'âme et leurs passages à vide. Il faut du temps pour accepter les changements, mais le brouillard finit par s'éclaircir. Ce big bang familial aura finalement du bon et va lui permettre de gagner en maturité, doucement mais sûrement.
Bon point donc pour la transparence dans les émotions - on soupire, on râle, on peste contre cette héroïne vindicative. Par contre elle morfle aussi. Son petit monde éclate et elle n'a rien vu venir. C'est là où je me dis que le roman a réussi le juste équilibre et nous inspire ce maelstrom avec des hauts et des bas. Cela reste très positif et drôle aussi. On en sort avec beaucoup d'indulgence.
L'école des loisirs, 2019 - Traduit par Dominique Kugler
Titre VO : The Silver Book
Summer kids, de Mathieu Pierloot
Comment survivre à une rupture amoureuse ? Antoine a 18 ans et le bac en poche, un été caniculaire pour horizon et aucune perspective pour la prochaine rentrée. Sa mère grogne, le môme soupire. Au lieu de rassurer son entourage, il sort, il boit, il fume trop. Ses meilleurs potes refusent d'aborder LE sujet qui fâche. Hannah. Le grand Amour. L'amour déçu, brisé, envolé.
Il est très agaçant, Antoine. Il a besoin qu'on lui secoue les puces. Il est lourd avec son désespoir. Mais il est le reflet de sa génération. Au cœur de cet été, il va finalement trouver un job et rencontrer une nana mal fagotée. Il va écouter de la musique et passer des coups de fil rageurs. Il va demander pardon. Il va pleurer. Pas forcément dans cet ordre. Et durant 150 pages.
On oublie vite qu'on n'a plus 18 ans et les émotions à fleur de peau. Pourtant cette lecture nous en rappelle les codes - avec dérision parfois. Elle nous replonge dans nos souvenirs - sans aucune nostalgie. C'est vrai que j'ai souri car cela m'a fait plaisir de retrouver la bande d'En grève ! qui poursuit son bonhomme de chemin en se frottant à la vie.
Ça se cherche énormément et ça confirme combien grandir est compliqué. Même les parents en prennent pour leur grade. Comme ça, tout le monde est rhabillé pour l'hiver. Cela reste un bon petit bouquin sympa, très lucide et plein de sincérité. En plus il donne du bonheur aux oreilles avec des playlists canons s'il vous plaît ! ♪♫ And in the end the love you take is equal to the love you make ♪♫
L'école des loisirs, 2018
Cochon vole, par Erwan Seznec
Nos jeunes fondus de l'arctique sont de retour dans une nouvelle aventure qui va les conduire en terre bretonne : Antoine, Marie, Julien et Joris ont été embauchés pour s'occuper de Galahad, huit ans. Pensant qu'il s'agissait d'un simple garçonnet, les amis vont finalement découvrir un gros porc laineux à chouchouter pour son prochain concours. Soit. Les enfants estiment qu'ils ont énormément de chance et profitent au mieux de leurs vacances. Julien a également un secret à leur révéler : il est devenu très, très riche. Mais en y parvenant, il vient aussi de s'attirer les foudres des frères Bruno, les caïds de son quartier. Sa mise au vert a donc pour but de se faire oublier, sauf que notre ami va faire la une des journaux et voir son passé le rattraper.
Ha, ha ! Qu'est-ce que j'ai pu sourire à la lecture de ce petit roman désopilant ! D'abord, je n'avais pas imaginé que l'auteur proposerait une autre histoire avec notre bande de potes - la surprise a été grande et inégalable. J'ai retrouvé cette tendre camaraderie faite de blagues, de boutades et de soutien sans failles dans toutes les épreuves. Antoine et ses compagnons sont étonnants de flegme, montrant autant d'audace que de rouerie ou de malice, pour mieux contrer l'adversité. Préparez-vous à une série de péripéties abracadabrantes, beaucoup d'humour et de dérision, un grand vent de folie douce et aucune moralité sous-jacente. C'est super distrayant ! Une réussite, bis.
« Julien et Joris échafaudaient des plans.
- On les laisse entrer, on les assomme, on les tue. Ensuite, on balance les corps à Galahad, qui les mangera.
- Pure folie ! a hurlé Joris. On ne peut pas changer l'alimentation de Galahad sur un claquement de doigts ! Ce cochon est un sportif de haut niveau, une machine de précision !
- Alors on les enterre !
Marie a refusé catégoriquement. Pas question de faire des trous dans le beau jardin de Tonton Archibald. C'est vrai qu'enterrer ses ennemis chez quelqu'un qui vous prête sa maison, ce n'est pas très joli. »
l'école des loisirs, 2018 - illustrations de Vincent Bourgeau
Le murmure des sorcières, de Marianne Renoir
Entre la couverture illustrée par Camille Jourdy et le titre, mon cœur a fait boum, impatient de découvrir un peu plus ce que le roman dissimulait entre ses pages.
Autant dire qu'il ne fait pas dans la dentelle. En nous envolant vers l'île aux Sorcières, on découvre une chouette communauté de 19683 âmes. Des sorcières, rien que des sorcières. Toutes portant un prénom à trois lettres, prénom à usage unique forcément, le compte est bon. Même le taux de naissance et de mortalité est étroitement lié. Sachant que la population est exclusivement féminine, on se demande comment... et là aussi, l'auteur nous explique tout bien. Pas de souci. Cela peut sembler trop didactique comme entrée en matière. Mais l'approche est nécessaire pour que le roman nous transporte dans son imaginaire. On apprend ainsi des tas de choses pertinentes, par exemple les sorcières sont des descendantes du Dragon de Komodo. Elles n'en sont malheureusement pas très fières et préfèrent brouiller les pistes en racontant toutes sortes de fables. Elles mettent aussi en avant que ce sont de grandes globe-trotteuses, parcourant le monde pour apprendre de nouvelles langues et d'autres cultures. Toutefois, rien ne vaut la vie sur leur île qu'elles retrouvent toujours avec grand plaisir. Ceci dit, et contrairement au président américain, nos sorcières n'ignorent rien du réchauffement climatique ni de la menace qui pointe à l'horizon.
Par un jour de tempête, alors que les vagues fouettent sauvagement leur petit rocher perdu, nos pauvres sorcières comprennent qu'elles doivent prendre leurs cliques et leurs claques pour chercher bonheur ailleurs. Elles débarquent à Paris, sur l'île de la Cité et l'île Saint-Louis. Or, leur arrivée n'est pas du goût des habitants qui s'insurgent contre l'occupation intrusive et malodorantes de ces étrangères. Les journaux en font leurs gros titres et Paris a peur. Au milieu de tout ça, une petite sorcière rencontre une petite parisienne. Les fillettes se ressemblent comme deux gouttes d'eau, ce détail les amuse et leur donne aussi une idée. Elles décident en effet d'échanger leur place : Kaï devient Marie-Astrid, rebaptisée Mad. L'une et l'autre vont ainsi découvrir une nouvelle vie, non sans heurt, car la maman de Marie-Astrid est assez déjantée dans son genre, même si cela suscite des situations rigolotes et exagérées.
Au final, ce petit roman est inattendu à vouloir s'affranchir de certaines expectatives. Parce qu'en choisissant le thème des sorcières, on s'attend plus ou moins à du fantastique. Nous en sommes vraiment loin. Le texte est assez fourre-tout, tantôt original, tantôt culotté, tantôt loufoque. Ma foi, c'est tout aussi pétillant mais parfois déconcertant. Après, le lecteur pourra y voir des messages de tolérance et d'ouverture aux autres. Et pourquoi pas recouper avec des images vues dans les journaux. Mais j'avoue que la logique m'échappe et que cette lecture n'a cessé de me surprendre. Le verdict est clément, même s'il peut susciter quelques interrogations. Après, je ne suis pas contre les histoires qui ne prennent pas les lecteurs pour des nouilles... en voici une parfaite démonstration. Je préviens simplement que l'emballage ne reflète pas vraiment le contenu. En tout cas, bonne route à nos nouvelles copines & longue vie aux sorcières.
L'école des loisirs, 2019
Malo de Lange, de Marie-Aude Murail
Première parution en volume unique de cette fabuleuse saga à mi-chemin entre les Mystères de Paris et Charles Dickens.
Roman illustré en trois parties et 56 tableaux.
Un bambin de deux ans, blond aux yeux bleus, est abandonné à l'hospice et recueilli par deux sœurs qui rêvaient d'une petite fille. Avec son charmant minois et son caractère enjoué, Malo devient vite la coqueluche des demoiselles de Lange.
Chouchouté dans un cocon douillet, il explore aussi le voisinage pour lier connaissance avec la ravissante Léonie de Bonnechose ou apprendre l'arguche avec La Bouillie. Mais les ennuis se présentent sous la figure de Riflard, qui prétend être le père de Malo. Bien entendu, ce type n'est qu'un escroc qui va kidnapper le garçon pour servir ses sombres desseins.
En attendant, la question sur les origines de Malo est posée. Que signifie cette fleur de lys tatouée dans son dos ? S'agit-il réellement de la marque des criminels ? Malo perd tous ses repères et décide de ne pas retourner chez les demoiselles de Lange.
À la place, il devient un grinche (autrement dit, un voleur) et s'associe avec d'autres jeunes égarés pour trousser les riches. La suite des aventures réserve d'autres surprises, au fil des rencontres et des rebondissements. On va cavaler derrière Malo, partager ses péripéties et assister à des drames, dans une excellente mise en scène qui relance sans cesse la lecture.
Le rythme est vif, les situations souvent inattendues et palpitantes. On rit, on tremble, on erre dans les rues de Paris, ambiance 19ème siècle, avec des yeux écarquillés et le cœur prêt à bondir hors de la cage thoracique. On tourne avec impatience les pages de ce roman-feuilleton amoureusement élaboré et empreint d'humour. C'est vraiment très, très bon. Cela m'a aussi fait grandement plaisir de retrouver ce héros charismatique et de reprendre une bouchée de son histoire étonnante et riche en émotions.
« Moralité, pour être heureux, il faut prendre les choses du bon côté, comme disait saint Laurent sur son gril, juste avant d'être retourné. »
L'école des loisirs (2018) - illustration de couverture par Régis Lejonc