Le Sceau de la reine (Intemporia #1), de Claire-Lise Marguier
Yoran a toujours vécu dans son petit village, situé au cœur de la plaine. Il mène une existence sans histoire, faite de chasse et de pêche. Et rêve d'épouser son amour d'enfance. C'est un garçon plein de fougue et de romantisme.
Mais un jour, un mal étrange vient frapper la population. Autour de lui, les gens tombent gravement malades et succombent au virus meurtrier. Les anciens sont dépassés par la situation et vont alors lui confier un secret qui va provoquer son départ.
Si Yoran tient à son bonheur, il n'a pas d'autre choix que de se mettre en route pour déjouer les plans d'une reine tyrannique et sanguinaire. En chemin, il croise également un groupe de rebelles auquel il se joint pour servir sa mission.
Mais d'autres questions se posent, d'autres alternatives viendront s'offrir à lui et notre valeureux gaillard devra rester droit dans ses bottes (ou pas), pour savoir s'il souhaite suivre son instinct ou rester fidèle à ses promesses.
J'ai beaucoup aimé le démarrage du livre. La mise en place est impeccable et l'ambiance fascinante. Mais j'ai également apprécié le changement d'horizon et d'univers, après l'insouciance de la plaine, son charme bucolique, son climat protecteur et bienveillant, on se frotte à l'inconnu et au monde extérieur. Le danger, l'angoisse et la perte des repères. C'est pas mal du tout.
En somme, l'imaginaire est grandiose et promet du mystère, des drames, des sacrifices. Un vrai plaisir de lecture, simple et entraînant, avec ambiance médiévale et fantastique. Quête ultime. Bravoure et amitié. Tout bien comme il faut. Seul reproche : les 530 pages. Surtout que deux autres livres viennent compléter la série.
En attendant, c'était une bonne découverte. Ah oui, en 2014 ! Déjà.
éditions du Rouergue, coll. Epik, 2014
⭐⭐⭐
Tracer, de Guillaume Nail
Après la mort brutale de ses parents (fauchés dans un accident de voiture), Emjie n'a plus le goût de mener sa petite vie ordinaire. C'est après avoir vu un documentaire sur l'Aubrac qu'elle décide de partir sac à dos pour une randonnée à l'aveugle. Malgré un entourage formidable (sa meilleure amie, son oncle et son petit copain), elle sait qu'elle doit partir. Seule. Se lancer dans le vide et affronter ses peurs et ses doutes. Comprendre pourquoi ça ne tourne plus rond et attendre un espoir.
Bref. Ce petit roman raconte un sacré périple ! Tout d'abord drôle et enlevé, il nous fait voir la vie avec insouciance et chasse les nuages noirs avec un optimisme ravageur. Oui, vraiment, ça fait du bien car le sujet du deuil est traité sans pathos. Bien entendu, le personnage d'Emjie est loin d'être lisse - on la découvre écrasée par son chagrin et impuissante à évoquer ses tourments. Pourtant elle s'accroche et avance avec rage (parfois, c'est n'importe quoi) mais elle trace sa route.
Au bout du compte, j'ai beaucoup, beaucoup aimé la première moitié du roman. Moins la suite mais c'est parce que je suis une maman et qu'il m'est difficile de suivre cette demoiselle en roue libre, entre ses galères et sa désinvolture presque excessive... oui, j'avoue, ça m'a fait bondir. Ceci dit, j'ai été enchantée par cette lecture (pour moi, la découverte d'une nouvelle plume) !
Rouergue, coll. doAdo, 2020
⭐⭐⭐
Sortie 32.B, par Antonio da Silva
Moi, au cours de ma lecture... 😱😱😱
MAIS QUELLE HISTOIRE DE MALADE !
Tout commence par deux voyages distincts, d'abord des garçons qui se rendent à un enterrement, puis une équipe de basketteuses en route pour un tournoi. Leur chemin se croise sur une aire d'autoroute. Sourires enjôleurs, battements de cils et gloussements de dindes... L'ambiance est assez insouciante alors même que des détails étranges sont apparus : des oiseaux figés dans le ciel, des cadavres de vaches qui parsèment le bitume ou des volatiles qui échoient en masse sur les carrosseries. Hum ?
Croyez-moi, ce n'est qu'un début. La suite de l'histoire est encore plus incroyable, plus folle, plus EFFRAYANTE ! Le cours des événements va également rassembler Lucille, ses copines et nos petits gars pour les plonger dans un cauchemar sans fin, sans nom.
Et quel enfer !
Pendant 230 pages, j'ai tourné les pages avec des yeux exorbités et la boule au ventre car je n'étais franchement pas rassurée et me demandais où l'auteur voulait en venir. Le rythme est endiablé, la tension dramatique poussée à plein régime. On se croirait au cinéma (section, film d'horreur). Survient alors le chapitre 38. « Du ciel, le fourgon ressemble à une luciole. »
Hello la Quatrième Dimension.
Car tout part à vau-l'eau. Les 150 pages restantes proposent une sortie de route... déconcertante. J'aurais parié là-dessus = j'aurais perdu ! 😁 Mais cela me laisse un goût d'à-peu-près qui me laisse insatisfaite. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ? Les deux, mon capitaine !
Rouergue, coll. épik, 2019
⭐⭐⭐⭐
Quatre désirs, par Yael Frankel
Quatre désirs, quatre rêves ou quatre caprices ?
Une petite fille confesse ses quatre désirs (un peu fous) : avoir son propre parc d'attractions, une voiture avec chauffeur et un voleur pour chiper des bonbons.
Le quatrième, chut... c'est un secret.
Elle émet aussi quelques réserves, par exemple, nul ne pourrait se rendre dans son parc sans son autorisation, ou elle négocierait âprement le droit de partager ses bonbons. Ou juste un seul.
Vu comme ça, le quatrième désir de la fillette est encore plus audacieux !
Où trouver un ami rien que pour elle et qui accepterait ses lubies ?
Ce serait oublier son ange gardien - ce gorille discret et bienveillant - car rien n'est jamais impossible et il est toujours permis de rêver !
**********
Voilà un album doux et méditatif, à la fois plein d'humour et de poésie.
Que j'aime cette tendresse... On tourne les pages en souriant, on referme le livre en chuchotant. Prière de ne pas déranger.
Vraiment très élégant !
rouergue, 2020
Thornhill, par Pam Smy
Deux histoires et un seul mystère autour de Thornhill, une vieille bâtisse d'aspect gothique.
En 1982, Mary y séjourne en tant que pensionnaire, sans famille, attendant une éventuelle adoption. Mais la jeune fille est mutique. Solitaire, elle se cloître souvent dans sa chambre et vit entourée de ses livres et ses poupées.
Des années après, en 2017, Ella emménage dans la maison voisine de cet institut abandonné. Elle retrouve le journal de Mary et découvre son histoire bouleversante : harcelée par une camarade, incomprise et poussée à bout...
Ella est profondément chamboulée par sa lecture, qui a un écho tout particulier en elle car la jeune fille se sent délaissée depuis la mort de sa mère et les absences répétées de son père. Son seul passe-temps consiste à fouiller les ruines de Thornhill et récupérer des petits trésors, comme des poupées en miettes, auxquelles elle donne une seconde jeunesse.
J'ai été littéralement happée par ce gros roman qui offre mille possibilités d'évasion : son esthétisme austère, sa couverture cartonnée, ses nombreuses illustrations en noir et blanc, son parfum d'interdit, son intrigue entremêlant passé et présent, ses fantômes et ses secrets qui hantent le récit... C'est carrément flippant. La chute est d'ailleurs rude, abrupte mais remarquable.
Vraiment, cette lecture nous glace le sang dans les veines. Et on se surprend à la fin de relâcher la pression tant on a retenu son souffle tout du long (inconsciemment). Cette belle brique noire - telle qu'elle se présente - est un petit bijou. Un objet fascinant pour une plongée terrifiante dans un univers très énigmatique. Totale réussite !
Rouergue (2019) - Traduit par Julia Kerninon
Dans la lignée des romans de Brian Selznick, encensé par Philip Pullman, le premier roman graphique de Pam Smy est un petit bijou gothique.
En savoir + :
Teaser
Présentation de l'auteure et de son travail
La Route du lait grenadine, par Alex Cousseau & Charles Dutertre
Chaque année, après la treizième pluie, tout le monde se réunit près de l’Arbre-Château pour assister au départ d’une course mythique et palpitante : la Route du lait grenadine.
Une petite dizaine de participants se rassemble déjà sur la ligne de départ. Avec leurs drôles de machines, ils ont tous l’intention de gagner. Parmi les prétendants au titre, on trouve : Lolof-le-gros dans sa baignoire-bateau, Anastase Pépin et son cousin Straub dans leur train fantôme, Marcel Touk dans sa petite fusée, Jules d'Espinasse et son paquebot à hélices (grand favori), mais aussi Rhubarbe Noire dans sa toupie-foreuse, Muriel Crapoussin au volant du tracteur de son grand-père, les cyclistes Firmine et Basile Édredon et leur roulotte-escargot, sans oublier Antoine Perce-Neige qui tente l'aventure à pied (malgré son plâtre).
La compétition débute dans un fracas de pétarades, de moteurs, de trompettes, de fumées... ça part dans tous les sens. Et la cohue provoque déjà de nombreux pépins. La course se poursuit, les concurrents ne lâchent rien... pourtant les déconvenues s'accumulent. Les adversaires deviennent des alliés, les machines sont bidouillées, larguées ou reprogrammées. Au milieu, Antoine Perce-Neige perd un peu la boule et s'égare dans la forêt pour un instant de poésie d'une grande noblesse.
Pendant ce temps-là, les obstacles ne cessent de pimenter cette course folle... sous un tonnerre d'applaudissements tant la foule des spectateurs retiennent leur souffle et s'interrogent sur l'issue du match. Puis, c'est une explosion de bradaboum bzoiiing sproutch krash peuf... tout un amas d'écrous, de ressorts, de boulons, de câbles, de poulies et de tuyaux ! Quelle catastrophe. Tous ont à peine le temps de se remettre de leurs émotions pour remonter en selle. Car l'heure tourne. Les compétiteurs doivent se ressaisir, trouver une solution, vaincre l'impossible et atteindre la ligne d'arrivée avant le lever du jour.
Que de stress... et que d'humour dans cette lecture déjantée et riche en imprévus ! On y croise des aventuriers de toutes sortes, à poils ou à plumes, en pyjama, en coquille ou à bretelles, en complet veston ou en costume d’écailles, ainsi que des véhicules farfelus et très originaux (dignes des plus grands concours Lépine). Cette lecture demande aussi à être apprivoisée - au début, le nombre de personnages et d'engins peut prêter à confusion - car la suite est phénoménale : explosive, talentueuse, inventive et géniale.
Notre duo fétiche - Alex Cousseau & Charles Dutertre - commet l'exploit de nous embarquer à bord d'une excursion insolite, en clin d'œil à la légendaire Route du Rhum, n'attendez plus de prendre votre ticket et de rejoindre les rangs au plus vite... ça se bouscule pour accueillir le grand gagnant ! Vite, vite. Lecture détonante droit devant.
éditions du Rouergue, 2019
Dix, de Marine Carteron
Un avant-goût de lecture...
« Quand l'eau bouillante se déversa sur elle, la douleur la traversa comme une vague.
Carie hurla si fort qu'un des miroirs se fendit.
L'eau atteint le haut de ses cuisses en moins d'une minute. Les parois, brûlantes, ne lui fournissaient aucun abri. Elle ne pouvait rien faire, alors elle cessa de hurler, de supplier, priant pour que la mort arrive, vite.
Un espoir vain.
Le cœur de Carie, solide comme une pierre, battit jusqu'à la dernière seconde ; jusqu'à ce que l'eau remplisse ses poumons.
Immédiatement après, la bonde de fond se débloqua, et la cabine se vida. Ne laissant sur le sol que le corps bouilli de ce qui, un jour, avait été Carie. »
Sept adolescents vont participer à une émission de téléréalité dans un manoir retiré sur une île bretonne. Deux adultes les accompagnent, et une gouvernante les attend sur place. Le reste semble extrêmement verrouillé et secret. Mais tous sont impatients que débute l'expérience... un peu effrayés aussi par l'ambiance austère et frileuse des lieux. Certes nos jeunes gens sont tous coupables de mensonges ou de vérités non avouées et cherchent à travers ce programme une forme de rédemption ou d'échappatoire à leur emprisonnement. Ils ont donc à peine posé un pied sur l'île que déjà leur cœur s'emballe et que l'instinct de survie est en alerte rouge. Des ritournelles viennent hanter les murs de leur chambre, une voix sépulcrale s'élève pour clamer une sentence... ça ne vous rappele rien ?
Forcément, ce roman est un bel hommage au classique d'Agatha Christie - d'ailleurs cité dans l'histoire et passé à la loupe pour comprendre le piège sanglant qui s'est refermé sur tous. Mais n'imaginez pas avoir déjà résolu le mystère de l'île de Sareck car quelques surprises sont de taille et viendront vous chatouiller alors que vous tentez de vous planquer derrière votre bouquin. La lecture est franchement féroce, avec des scènes saisissantes et bien sanglantes (on adore). La tension dramatique est explosive. On retient à peine son souffle tant on tourne les pages avec avidité. Suspense, angoisse, charade fatale et personnages abominables... que de rouerie au menu ! Sous vos applaudissements, naturellement.
Rouergue jeunesse / coll. doAdo noir / 2019
Pêle-mêle : Quatre pattes - Un drôle de truc pas drôle - Laissez-moi tranquille...
Après le magnifique Tout doux, dans lequel Gaëtan Dorémus exprimait déjà sa tendresse et sa poésie en donnant naissance à son ourson, on retrouve notre cher ami dans son apprentissage de la vie à quatre pattes... Marcher sur le goudron, danser sur les petits cailloux, sentir le chatouillis de l'herbe, patauger dans la boue, grimper et explorer le monde.
Cette histoire donne la sensation de partir loin dans une aventure inconnue et parfois dangereuse. Attendez de voir cette ascension vertigineuse, ce froid aux pattes, cette ivresse soudaine qui vous cloue sur place ! On vit auprès de l'ourson les mêmes émotions et à travers son regard innocent... d'où la chute rigolote et pleine de sourire.
Encore une fois, cet album est remarquable par ses couleurs, son atmosphère mystérieuse et son suspense qui donne des frissons. C'est beau, en plus d'être fascinant. Ça se lit avec des yeux ronds comme des billes - la découverte du monde à hauteur d'ourson est juste une prodigieuse plongée, riche en enseignements. Magnifique.
Quatre pattes, par Gaëtan Dorémus
rouergue, 2019
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Rien ne va plus pour notre jeune héroïne : un drôle de truc pas drôle ne cesse de la poursuivre. Cela ressemble à une pelote noire, embrouillée, indéfinissable. Par contre, elle ne cesse de la coller et refuse de s'en aller.
Mais comment expliquer à maman ce drôle de truc pas drôle ? Simplement que c'est gênant, que c'est là, présent, encombrant. Qu'on a beau lui faire peur, chasser ce truc, menacer, crier, l'enfermer à double tour... il refuse de lâcher prise. Reste alors à mieux cerner ce truc, à comprendre son pourquoi et son comment, à regarder autour de soi, à réaliser que c'est partout, que tout le monde porte ce drôle de truc et que la terre continue de tourner.
Bravo à cet album qui met en scène les états d'âme - ces émotions si complexes qui nous saisissent par surprise et nous laissent souvent à plat - cet album a su les exprimer avec justesse, dans un grand festival de couleurs et au cœur d'un graphisme ordinaire et néanmoins intimiste. On suit la réflexion méthodique de la jeune fille, ses doutes, ses colères, ses bonnes idées pour vivre avec son drôle de truc. On applaudit bien fort ce tour de passe-passe... très habile et astucieux.
Un drôle de truc pas drôle, par Giulia Sagramola
rouergue, 2019
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Parfois Leyla en a assez de vivre au sein d'une tribu nombreuse et bruyante, qui colle et qui donne des bisous tout le temps. Parfois Leyla a envie de calme et de tranquillité. Un jour, elle décide donc de s'éloigner du clan et de partir à l'aventure.
Une aventure non moins périlleuse et pleine d'inconnues ! Car Leyla se blesse au pied - ouille - puis croise un lézard indolent et peu bavard. En écoutant ses plaintes, il lui confie pourtant une astuce - faire silence et fermer les yeux, se dorer la pilule au soleil et réfléchir au sens de la vie.
Miracle, cette formule donne à Leyla le goût de retrouver sa famille et de raconter sa folle épopée. Tous sont en admiration - quel courage, vraiment - et tous répondent en chœur pour cajoler cette héroïne intelligente et déterminée !
On aime beaucoup cet album plein d'humour et de tendresse, aux illustrations douces et réconfortantes. Galia Bernstein a déjà illustré La grande famille (drôle et génial également).
Laissez-moi tranquille... par Galia Bernstein
Album Nathan, 2019
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Pêle-mêle : Chips et Biscotte - Hulot domino - La révolte des animaux moches - Mamie fait sa valise
Chips et Biscotte sont les meilleurs amis du monde. Deux meilleurs amis, pourtant, très différents. L'un adore les glaces, le basket, les bottes et le cerf-volant, l'autre préfère la pastèque, le ukulélé et les mocassins. Pourtant, ils sont inséparables. Dès que le soleil darde ses beaux rayons, ils filent jouer au parc et dégainent leur sac. Dedans, on trouve tout et n'importe quoi. Surtout des solutions à tous leurs problèmes car l'entraide, c'est ce qu'il y a de vrai. En amitié, on donne à l'autre sans compter.
Cet album frais et pimpant assure la bonne humeur dans la maison. Sa lecture est guillerette, simple mais craquante. On aime ça : un ton juste et des super potes très attachants. Pour un premier album, c'est tout bon. Bravo.
Chips et Biscotte, par Mickaël Jourdan
Rouergue, 2019
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David Merveille continue l'exploration de l'univers de Jacques Tati et son personnage iconique de Monsieur Hulot. Ses albums sont des prouesses de technique, de couleurs, de charme, d'élégance et de facétie. Pour les yeux, c'est du bonheur !
Avec ce Hulot domino, ce sont des découpes laser de la silhouette de Monsieur Hulot qui vont révéler bien des surprises. Là, un Hulot à la plage, ou en train de jouer au tennis, ou dégainant son parapluie, et aussi conduisant un bolide. Et l'instant d'après, c'est une autre réalité qui se découvre à nous... une poêle à frire, un bouquet de fleurs, un bain moussant. Cet album va au-delà des apparences et surprend le lecteur avec ses tours de passe-passe. Visuellement, c'est réussi. Le plaisir ressenti est également garanti - c'est cocasse et franchement génial. Je le conseille.
Hugo domino, par David Merveille (d'après Jacques Tati)
Rouergue, 2019
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En 2018, les animaux ont revendiqué leur droit à l'émotion et l'intellect. Depuis, ils peuvent aller en cours ou travailler car ils ont acquis les mêmes droits que les humains. Enfin, une certaine ségrégation demeure car tous les animaux ne sont pas à la même enseigne. Certains ont ainsi des accès vip à des postes ou des statuts que d'autres non pas. Au nom de quoi ? D'un physique pas facile. Ainsi, Marie-Odile le crocodile, Issa le boa, Sven le hyène et Pascale la mygale décident de se bouger pour que ça change.
Ils créent le mouvement des bestioles indignées, bientôt rejoint par de nombreux sympathisants, et font le tour des plateaux tv ou des écoles. L'opinion publique reste encore sourde. Après tout, les chevaux sont portés aux nues. Nos animaux moches contre-attaquent avec le hip hop de Issa le boa. Les enfants en deviennent dingues et réclament des peluches. La tendance enfin s'inverse... mais suscite des jalousies - harcèlement en ligne, tentatives d'intimidation. Même son vieux pote Marcel le cheval cherche à influencer Issa le boa de cesser le mouvement. Mais bientôt le scandale va éclater.
Anne l'ânesse a mené se petite enquête dans l'école des pur-sang et a découvert que c'est une école de sape (encourager les étudiants à saquer les autres animaux). Tollé général. La presse met son grain de sel. Alfred le sdf vole au secours des opprimés. Et la police se jette dans la mêlée. Finalement, un ministre fait voter une loi pour obliger une parité entre animaux et autoriser les études pour tous. Nos animaux moches vont s'en tirer avec les honneurs et auront également une belle et longue vie durant laquelle ils vont tous concrétiser leurs rêves. Et on applaudit bien fort cette lecture mignonne et optimiste, qui fait un bien fou. Bravo. C'était drôle et totalement décalé.
La révolte des animaux moches, par Coline Pierré
dacodac du rouergue (2018)
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Mamie débarque avec sa valise pour une histoire de papier peint à fleurs qu'elle ne supporte plus. Elle a quitté Papie et veut divorcer. Le seul à se réjouir de la situation, c'est Armand. À lui les crêpes et les soirées sans les parents sur le dos... Mamie le bichonne et ronchonne. Après tout, « l'amour n'est pas une équation » ! Armand est encore trop jeune pour comprendre le pourquoi du comment. Pour lui, papie n'a qu'à faire plaisir à Mamie en lui achetant des fleurs qui sentent bon. Celle-ci explique alors que l'amour se cultive autrement, en temps, en minutes, en secondes, en effort en application. Ce qu'elle veut, ce sont des lettres, des mots doux, des secrets de l'âme, des gentillesses pleines de poésie... Et ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd ! Armand, toujours complice, transmet l'info au concerné... et viva Italia ! Un petit roman d'une tendresse délicate et attendrissant par cette naïveté dont fait preuve notre jeune héros.
Mamie fait sa valise, par Gwladys Constant
dacOdac du rouergue, 2019
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L'été où j'ai vu le tueur, de Claire Gratias
Coincé pour l'été dans son petit village tranquille, pendant que ses copains sont tous partis en vacances, Hugo a déjà prévu de dévorer des romans d'épouvante. Sa rencontre avec Vadim va chambouler son programme. Pour impressionner le chef de la bande, il commence à raconter qu'il existe la Porte du Diable - un conte à dormir debout - dans la cave de sa maison. Son pote mord à l'hameçon et demande à en savoir plus.
Commence donc un vrai challenge pour Hugo : donner le change avec des détails croustillants et ne pas montrer qu'il meurt de trouille au fond de lui. Car le garçon est loin d'être téméraire. Les frissons, les nuits blanches, il les réserve pour ses lectures. En vrai, il a peur de son ombre.
En plus, une drôle de rumeur enfle dans son village. Le chien de ses voisins a été empoisonné. Puis un autre, et encore un autre. Cette hécatombe n'est pas le fruit du hasard. Hugo est persuadé qu'un criminel court dans sa verte et paisible campagne. Il entraîne alors Vadim à sa suite pour résoudre ce mystère.
Que de suspense entre les pages de ce roman ! Les jeunes amateurs vont se délecter. Le déroulement de l'intrigue n'est peut-être guère surprenant (j'ai passé l'âge aussi) mais le reste est bichonné avec soin : on a une ambiance pesante, un climat angoissant, un vrai roman noir. On joue avec les codes du genre, on se prête au jeu et on tourne les pages avec excitation. Le décalage avec le charme bucolique en toile de fond est également admirable.
Une réussite en la matière. Très sympa.
rouergue jeunesse, collection doado noir (2019)