25/06/07

DoAdo Noir, une collection de la "jeune littérature" de grande qualité !

je_mourrai_pas_gibierLe village de Mortagne est divisé en deux clans : les vignerons et les scieurs, les employés de la scierie dirigée par M. Listrac, où Frédo Lopez est le contremaître. A Mortagne, aussi, tout le monde chasse. Il y a même un dicton populaire qui cite : "Je suis né chasseur ! Je mourrai pas gibier !".
Mais Martial en a soupé de cette ambiance, de ce trou perdu et de cette mentalité de "bourrins". Il a d'ailleurs choisi la mécanique pour bien marquer la distance. Cela n'empêchera pas la bêtise et la violence de faire son nid à Mortagne.
Mais les têtes brûlées façon Frédo Lopez, Martial en a assez et a décidé de faire leur fête le jour du mariage de son frère. Un fusil de chasse, douze cartouches, des nerfs en béton... Martial met en joue.
Au final : cinq morts, deux personnes dans un état grave et un blessé léger.
Comment en arriver là ? Que se passe-t-il dans la caboche d'un ado plutôt sain d'esprit qui décide de faire justice lui-même, après les actes de barbarie organisés contre le benêt du village ?
L'histoire n'est pas tendre. Guillaume Guéraud a ouvertement inscrit son histoire dans un rythme vif, très nerveux. Il met en scène une violence ordinaire, sous prétexte d'une guéguerre ancestrale, au sein de bougres mal embouchés. La bêtise est brutale, mais hélas associée à un milieu retiré, esclave de la pauvreté sociale et intellectuelle.
Pour échapper à son destin, un gamin a simplement décidé de faire un carnage.
Un roman noir et terrible, lauréat du Prix Sorcières 2007 décerné par l'association des bibliothécaires de France.

80 pages - Janvier 2006.

anges_de_berlinPour fêter la fin de l'année scolaire et des épreuves du bac, Mary convie sa fille Solti à un week-end à Berlin pour le Live 8. Au cours de l'après-midi, la jeune fille s'échappe et laisse sa mère se reposer, mais à l'heure du rendez-vous, nulle trace de Mary !
Désemparée, Solti cherche dans les rues berlinoises, demande une aide quelconque et rencontre un jeune homme qui parle français et vit dans la capitale allemande depuis quelques temps, il s'appelle Nels. Musicien et idéaliste, il n'hésite pas à guider la jeune Solti vers No F., un type bourru qui ne s'exprime que dans sa langue natale, un vieux punk renfrogné qui n'aspire guère de sympathie.
Pourtant, No F. va obtenir des informations précieuses pour mettre la main sur Mary. Cette dernière, ne donnant plus signe de vie, semble en mauvaise posture, ceci étant lié à ses activités d'anarchiste et d'extrême-gauche dans sa jeunesse, quand Mary étudiait à Berlin.
Le temps présent est celui de la vengeance, des réglements de compte. Des anciens camarades refont surface, une femme a été assassinée, bref l'angoisse noue le ventre de Solti, désespérée du sort réservé à sa mère, décontenancée d'apprendre toutes ces mystérieuses embrouilles et dégoûtée par un week-end qui vire au cauchemar.
"Anges de Berlin" est le genre de roman absolument noir, prenant, captivant et angoissant qu'on refuse d'abandonner. Il est écrit de manière tendue, avec des phrases concises, et ne laisse aucune place pour lâcher la pression. Sylvie Deshors, l'auteur, décrit un milieu opaque, celui de l'underground berlinois, celui des anarchistes et des groupuscules de l'extrême. Dans le Berlin d'aujourd'hui, au-delà du climat festif, la violence est tapie dans l'ombre, avec l'organisation politique des néo-nazis.
Ce roman pourrait décontenancer tout jeune lecteur non averti, et pourtant la collection doAdo Noir est désormais réputée pour éviter tout écueil.
Personnellement j'ai été scotchée par cette histoire, admirablement écrite, au style syncopé et percutant. Le récit est terriblement excitant, il n'hésite pas à mêler la peur et l'incertitude aux arcanes de ce polar haletant. Agressions, meurtre, traque informatique sont au menu !
Régalez-vous !

210 pages - Mars 2007.

Posté par clarabel76 à 11:30:00 - - Commentaires [16] - Permalien [#]
Tags : , , ,


20/06/07

Des trolls de dents et la bistrouille à Takadoum

A l'âge de 6 ans, les 2/3 des enfants français ont au moins une carie. En 2006, 830.000 bébés sont nés en France. En 2012, les dentistes devront donc soigner au moins 555.333, 33 caries !

trolls_de_dentsCet album débarque de Suède où les trolls de dents font partie intégrante du folklore suédois ! C'est une manière très originale et absolument drôle d'inviter les enfants à se brosser les dents. Avec cette histoire de trolls de dents, ils vont découvrir le métier de ce peuple ancestral qui se loge dans les bouches avides de sucreries et fore, perce, creuse les dents pour gagner leur vie !

Hélas, leurs ennemis sont nombreux : la brosse à dents, le fil dentaire, le dentifrice, l'eau citronnée et les dentistes ! C'est bien connu que l'hygiène dentaire et le lobby des dentistes constituent une menace de plus en plus réelle pour la survie des trolls de dents, mais grâce à la mondialisation des bonbons et à l'apprentissage des langues, les trolls de dents peuvent maintenant être dans toutes les bouches ! De Stockholm à Paris, ils travaillent d'arrache-pied à l'industrialisation et à l'échange des richesses en sucre !

Si d'aventure vous fronciez les sourcils, vous devez vite comprendre une chose : Nina Blychert, l'auteur, donne du piquant à son histoire en prenant à contre-pied les discours didactiques et moralisants auxquels caries et trolls de dents sont associés. La manière est gagnante car cela fait rire les enfants ! Libre à eux d'en tirer les leçons qu'ils veulent, mais soyez rassurés que ce n'est pas négatif ! ...

L'ensemble est bien imaginé, la caricature du troll de dents est abominable mais impossible de détester ! Les illustrations sont jolies, un peu désuètes et décalées. Une découverte vraiment sympathique. 

Trolls de dents, texte et illustrations de Nina Blychet - Editions du Rouergue, coll. Varia - 40 pages. Mai 2007 / 14 euros

moi_je_saisPartons maintenant au village de Takadoum, au coeur de la Médina, pas très loin de la plage. C'est un petit village paisible, qui baigne dans des nappes de brouillard. Cela arrange tout le monde car chacun mène sa vie tranquillement dans son coin, sans embêter le voisin.

Or, l'un des habitants, Anatole, est ennuyé de ne jamais voir le soleil. Il décide de capturer les nuages qui s'envolent vers la plage. Takadoum est dévoilé, de même que l'intimité des uns et des autres n'a plus de secrets pour personne.

Quelle déconfiture ! On se dispute, on se fâche, on s'embrouille.

Anatole est contrarié et aimerait retrouver la tranquillité à Takadoum en espérant le retour des nuages.

Ce livre est une invitation fantasmagorique de l'idiome : Pour vivre heureux, vivons cachés. Ou : Pour vivre ensemble, vivons en toute liberté. La réflexion est subtile car le procédé de Thisou, l'auteur, mêle avec finesse collages en papier de soie et dessins au trait. L'aspect est raffiné, il faut se pencher sur l'ouvrage pour scruter les moindres détails. Et l'humour ne manque pas.

Un album avec beaucoup de charme, plutôt drôle, et qu'il faut lire attentivement.

Moi je sais qui, par Thisou. Editions du Rouergue, coll. Varia - 48 pages - Avril 2003 / 15 euros

Posté par clarabel76 à 11:15:00 - - Commentaires [10] - Permalien [#]
Tags : , ,

23/05/07

Pour les lecteurs de 7-11 ans

Voici 3 petits livres délicieux, parus chez Le Rouergue, dans la collection zigZag :

sidonie_quenouilleSidonie Quenouille est la nouvelle maîtresse de CM1 où est élève Adrien. D'ordinaire, c'est un garçon qui n'aime pas l'école et qui soupire dès janvier après les grandes vacances. Or, cette année, tout a changé : il est le premier levé, il court pour aller en classe ... bref il adore l'école ! C'est grâce à sa nouvelle institutrice, une Sidonie Quenouille fort originale, affublée de vêtements extravagants (des collants verts, un short rouge et un tshirt bleu "j'aime les baleines" le jour de la rentrée) et aux techniques d'apprentissage qui bousculent les idées établies. Les enfants en redemandent, par contre certains parents ripostent, l'inspecteur grogne...

Vraiment un texte attachant et drôle, où le personnage de la maîtresse loufoque est accompagné d'illustrations aussi cocasses ... un bel ensemble, une lecture revigorante et qui donne une vision tout à fait sympathique de l'école pour les enfants qui rechignent !

Annelise Heurtier / Aurore Petit.

vive_la_marieeA l'approche de la saison des mariages, vous pouvez offrir ce livre à vos enfants ! Vive la mariée est une histoire pour se détendre, pour rire, pour s'amuser. Les parents de Benjamin ont décidé de se marier ... après tout ce temps, avec un garçon aussi grand ! Qu'importe. La maman de Benjamin a toujours rêvé d'une robe blanche, d'une fête et souhaite qu'on ne la juge pas. La journée s'annonce donc extraordinaire, et même si la mamie fait un peu la tête, l'ambiance respire la bonne humeur. Depuis l'église, en passant par la mairie, pour arriver à la salle des fêtes ... tout le rituel est respecté. Même la panoplie des personnages (ronchons, enquiquineurs, pathétiques ou rigolos) est mise en avant. Attention, rien n'est caricatural ! Loin de là.

La lecture est drôle, pétillante et joyeuse. Vraiment une belle surprise, un bel instant pour se plonger dans la journée mémorable du mariage !

Vincent Cuvellier / Catherine Chardonnay.

A_mes_amouresEt je finis sur une note de lecture plus nuancée. Ce n'est pas que je n'ai pas aimé, c'est juste que je trouve cette lecture plus délicate et à proposer aux plus grands lecteurs, plus avisés.

La petite Rosalie vit avec ses deux mères, Natacha et Mélanie. Sa meilleure amie Lucie vit avec sa mère, elle est séparée du papa et a un nouveau copain... Ce livre propose donc une jolie variante de l'amour - que ce soit au féminin, au pluriel, cassé, réparé, éludé. C'est une interrogation sur les amours homosexuelles, hétérosexuelles, sur les familles recomposées. Honnêtement, c'est très bien fait.

Par contre, j'hésite à le proposer à un jeune lecteur. Les paraboles sont parfois subtiles, et même si les illustrations sont riches et démonstratives, j'ai toujours un doute. J'ai personnellement apprécié ces nuances et les finesses du texte de Claudine Galea. Elle écrit avec beaucoup de poésie, en jouant sur les mots. Si ce livre est "gay" et militant, il l'est surtout par son message joyeux en faveur de l'amour, universel par essence. A découvrir, chers parents !

Claudine Galea / Thisou.

A noter : Dans la collection zigZag, les livres sont tous joliment illustrés et se finissent sur une présentation facétieuse de leurs auteurs et qu'il est toujours intriguant de découvrir !

19/04/07

Quelques lectures pour les plus grands

Voici 3 romans destinés pour les lecteurs dès 12 ans :

IMGP3853

Des princesses et des hommes, Emmanuelle Delafraye. - Lucille a seize ans, elle vit seule avec sa maman qui est peintre et qui a un peu de mal à joindre les deux bouts. Le papa est un homme fort occupé, qui téléphone trois fois par an à sa fille et lui envoie des vêtements qui coûtent une fortune mais qui ne collent pas du tout au style de celle-ci. Alors un jour elle décide de lui suggérer qu'il lui adresse des tissus plus originaux car Lucille est habile de ses mains et se confectionne ses propres tenues. L'idée n'est pas au goût du père et les deux se fâchent.
C'est le début de la galère. Soudainement Lucille se sent mal dans sa peau, abandonnée donc agressive. Elle néglige ses leçons, devient arrogante avec ses professeurs, se dispute sans cesse avec sa mère et même l'acteur Johnny Tebbud parvient difficilement à lui faire oublier la réalité sordide et pénible de son existence.
Avec un titre aussi mirifique, "Des princesses et des hommes", le roman d'Emmanuelle Delafraye tient effectivement ses promesses à raconter le malaise d'une adolescente qui souffre de l'absence de son père. Se sentant mal aimée et rejetée, la jeune fille va se réfugier dans un monde imaginaire, celui des paillettes du cinéma hollywoodien. Et plus elle s'y perd, plus la remontée vers le réel lui semble insurmontable. Il lui faudra donc beaucoup de patience, pas mal de prises de tête encore, et surtout du soutien, de l'amitié et de l'amour pour qu'elle reprenne pied dans la vraie vie. Ce roman est léger, pétillant, reflète bien les effets pervers de l'adolescence désenchantée qui cherche ses repères où elle peut, et évidemment la fin est bien heureuse et hâtivement remédiée !  D
ès 14-15 ans.

Les trilingues, Emmanuel Arnaud. - Je comprends que ce livre remporte autant de succès auprès des jeunes lecteurs car le style du narrateur ne peut que leur être très proche. C'est un franc parler, un style décousu et mordant, un mélange de verlan, de franglais et de vas-y-comme-je-te-pousse. Moi je n'aime pas trop, par contre ça a le mérite d'être très drôle ! Le narrateur nous livre sans ambages son année de 6e 7 dans le collège-lycée La Bruyère à Paris dans sa classe des trilingues (le choix délibéré des parents pour contourner la carte scolaire !). Avec lui, on comprend que ses camarades japonaises sont taxées de "thons", que leur mutisme et leur politesse sont trop beaux pour être vrais, que leur culture a le goût douteux du thé vert à boire sans fin ou du tofou ("un gros bloc de gelée, genre pas de goût, à faire vomir un zombi, qui flotte comme ça à la surface des plats"...). Et c'est le père Goldour qui est à l'initiative de toutes ces réjouissances, lui le responsable de l'Association d'amitié franco-japonaise. Je vous laisse la surprise de bien autres expériences poilantes prévues à leur programme ! Le livre se terminerait même sur un voyage au Pays du Soleil Levant, cela annonce-t-il une suite prochaine ?
C'est finalement ce qu'on lui souhaite, car même si c'était plutôt mal parti, ce roman est bourré de charme, d'humour goguenard et il colle définitivement au public destiné. Par contre, le personnage du père est un peu lourd, ou bien l'auteur a résolu un problème en épinglant les adultes dans la caricature un peu trop facile. Pas grave, ce roman a des atouts en poche qui vous feront convaincre que ... Allez, optez pour l'option Japonais !  Dès 12 ans.

La main de l'aviateur, Florence Aubry. - Découvrez vite cet univers angoissant, ce silence, ces mystères qui pénètrent dans le roman de Florence Aubry ! On y rencontre une adolescente de 16 ans, Gabrielle, enfermée dans une hutte de chasseurs, blessée, affaiblie et l'esprit en miettes. Pourquoi est-elle là ? Comment tout a commencé ? En Espagne ? Chez sa mère qui l'élève seule et qui semble être déçue de sa fille à vouloir s'en débarrasser sans état d'âme ? Ou en 1945, près de la dépouille d'un aviateur ? Et cet anneau en or, Emily and Greg for ever, quel étrange pouvoir dégage-t-il ?
"La main de l'aviateur" vient enrichir le catalogue de la nouvelle collection DoAdo Noir et c'est clair que son orientation toute désignée se passe de commentaires. C'est très bien écrit, laissant la place à une intrigue bien ficelée, une enquête se déploie, infime mais suffisamment aggrippante, et ces plongées dans le passé rendent le récit encore plus dense et passionnant ! J'ai beaucoup aimé, même frissonné à quelques indices, et même si ce roman est destiné à la jeunesse, il peut intéresser un large lectorat.  Dès 15 ans.

Editions du Rouergue, collection DoADo.

Posté par clarabel76 à 18:00:00 - - Commentaires [12] - Permalien [#]
Tags : , , , ,

18/04/07

4.Souviens-toi

Un oeuf à la coque se souvient de quand il était au chaud couvé par la poule. Une rose fanée se souvient du jour où on l'a achetée. Un pull en laine se souvient des alpages, lorsqu'il était encore la fourrure d'un moutonsouviens_toi. Un vieil homme se souvient de ses rêves d'enfant et un comédien a oublié son texte ... Et toi, te souviens-tu de la première fois, te souviens-tu de quand tu étais bébé, te souviens-tu d'où tu viens ? ... et se souviendra-t-on de toi ?

Ceux et celles qui ont lu le livre de Vincent Cuvellier penseront qu'il s'agit encore du même sujet sur l'apprentissage de la première fois et du doux travail de la mémoire et des souvenirs à entretenir ... Eh bien non ! Cela reste différent. Ici, on a un peu l'impression de goûter aux petites madeleines de Proust avec cet exercice proposé par Frank Secka car il suffit de poser son regard sur tel ou tel objet pour lui donner la parole et se rappeler son origine. Comme pour nous, aussi. En tant que parent ou enfant. Ce livre est une invitation à rêver et à plonger dans notre puits des souvenirs. C'est profond, mais c'est tellement douillet. Les illustrations poétiques de Pierre Piech complètent l'enchantement. Beaux esprits rêveurs, mais point nostalgiques, ce livre sans moralisme mais truffé d'onirisme est fait pour vous !

Souviens-toi, par Frank Secka & Pierre Piech * éditions du rouergue * (avril 2006)

IMGP3804

Posté par clarabel76 à 09:30:00 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
Tags : , ,


3. Si seulement

Attention ! Livre doux, superbe, poétique et enchanteur !

si_seulementQuand on pense à son enfance, on cultive un brin de nostalgie et on se dit que c'était vachement bien, drôlement chouette, simplement bête et pas compliqué. Or, on oublie un peu trop vite que le monde de l'enfance est celui aussi où les parents vous imposent des règles, des restrictions, des codes, des conduites à respecter. Etre petite cause bien du souci ... Si seulement on nous laissait sans carcan mener notre vie d'enfant ! A entendre les grands nous houspiller constamment on pourrait croire qu'obéir est notre seul devoir !

Moi j'vous l'dis à ma manière : y a des façons plus singulières qu'obtempérer sans sourciller. Pour devenir grande, j'en fais mon affaire, je me dirige tout droit vers les avenues buissonnières.

Ah ! si j'étais cuisinière, médecin spécialiste en p'tits bobos, auteur de dictionnaires, si je savais bricoler ou si j'étais gardienne de nuit ... dans ce cas-là, j'me dis tout bas rien que pour moi, en tapinois ... [Tendez votre oreille !]

Et vivement que j'aie des enfants pour leur montrer comment on devient grand ... sans suivre forcément la voie toute tracée de ses parents !

Point de manières, et à sa manière ! Ce livre est merveilleux, écrit en copiant l'esprit des comptines, revu et corrigé par une petite fille à la langue bien pendue et à l'imagination mutine. C'est une révolte contre les adultes et le rêve d'être grande. C'est beau, tout en musicalité et jeux de mots, avec un humour décalé et presqué suranné... Son côté rétro lui donne un charme fou : texte et illustrations vous feront succomber illico ! Moi j'adore.

Si seulement par Sandrine Chambéry - éditions du Rouergue  (octobre 2006)

 

 

 

 

Posté par clarabel76 à 08:45:00 - - Commentaires [7] - Permalien [#]
Tags : ,

1. Le roi du silence

En avant toute ! Il est temps de vous raconter l'histoire du Roi du Silence car je suppose que vous ignorez des tas de choses sur ce roi ô combien précieux ! D'abord c'est un roi dont la fonction est si éphémère, à peine une minute une fois de temps en temps, qu'on en oublierait presque son existence. C'est un roi qui a un mal fou à régner ou il est juste appelé par tradition, par nécessité ou par la force des choses... Ce n'est pas drôle pour lui, on dit même qu'être roi du Silence est absolument démodé, dépassé et donc souverainement déprimant. Alors il a décidé de vivre avec son temps, comme tout le monde, à fond, réjoui de vivre en plein boum, radieux d'être klaxonné, bousculé, émerveillé par la cohue, enchanté du tollé général, bercé proi_du_silencear le tohu-bohu infernal ! Le roi du Silence a changé de métier, désormais il fait du bruit. Sans oublier que pour échapper au charivari ailé des basses-cours, aux clameurs douces des bergeries,  au chahut vif des forêts et au tintamarre des marais, le roi du Silence a aussi SA solution...

Ce petit livre ne l'annonce sans doute pas assez fort, mais il est bougrement intelligent. C'est parti sur une idée simple d'Annie Agopian (l'auteur) qui a découvert qu'il n'existait aucun synonyme du mot silence, contrairement au mot bruit. Pourquoi ? Le silence est-elle cette chose si infime qu'on ne peut désormais plus la qualifier, en parler, la décrire, etc . ? Ou bien est-ce devenu une denrée si rare et luxueuse qu'on l'oublie à force de ne plus y consacrer un seul instant ? ! Alors ce petit livre vous invite à ré-apprécier cette bulle en vous y coulant, le ton est parfois menacé par les illustrations criardes, bien volontairement, par un vocabulaire mitonné aux petits oignons (votre enfant va élargir sa palette des connaissances - comment décliner le mot "bruit" en 40 pages ... !). Et en tout et pour tout, c'est très, très drôle. C'est l'histoire d'un roi qui ne peut plus faire son silence alors il décide de faire du bruit ... utilement ! Belle idée, effectivement. Vos enfants vont raffoler de la physionomie de ce bonhomme "souverainement déprimé" et qui s'épanouit en faisant du bruit comme tout le monde !  Ils vont également beaucoup apprécié l'acrobatie sur les mots pour évoquer le "bruit" ou le "bonheur". Leurs deux associations semblent paradoxales, et pourtant on en apprend tous les jours (chers parents !). Je sais, ce n'est pas évident à expliquer... Car c'est encore un peu abstrait de comprendre le poids du boucan alentour pour un jeune lecteur, le sentiment de lassitude et d'ennui (également exacerbé par trop de silence !). La tâche s'alourdit, donc évitons de philosopher ! Ma Miss C. a surtout apprécié l'humour de cet album, de ce roi qui a le cafard et qui fait des boum-badaboum à en devenir un roi du n'importe quoi ! (c'est elle qui le dit !). Allez, le mot de la fin : PERSPICACE ! 

Le roi du Silence, texte d'Annie Agopian & Illustrations de Beppe Giacobbe / Editions du Rouergue  (mars 2007)

IMGP3780

Posté par clarabel76 à 08:00:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , ,

21/03/07

Toute la musique qu'on aime !

juke_boxVoici un livre sans texte qui se dévore avec les yeux ! Cela se passe dans un café, Chez Michel, et autour d'un juke-box. On y découvre vite que chaque client s'empresse de glisser sa petite pièce pour écouter sa musique préférée et s'imaginer dans la peau d'une cantatrice, d'un chanteur de rock, de blues ou de jazz ... Tous les genres musicaux y passent !

Pour les enfants, ce livre est surtout une belle démonstration visuelle. Il faut les voir contempler tous les coins et recoins des pages de ce livre, à la recherche du moindre détail, s'esclaffant et rigolant à tout va. Ma Miss C. a beaucoup apprécié, c'est vrai. Après, c'est au tour des parents d'expliquer un peu plus à quoi correspond tel ou tel style de musique. Cela a été pour nous l'occasion de piocher dans nos armoires et nos bacs à cds pour mieux illustrer en musique cet album déjà fort bariolé et haut en couleurs.

La musique adoucit les moeurs, dit-on. Elle révèle les personnalités et rassemble les hommes. C'est tellement vrai quand on feuillette l'album de David Merveille. Cet auteur illustrateur nous offre son univers insolite et fantaisiste où il faut fourrer son nez à la recherche d'indices et de détails pour mieux cerner les clins d'oeil laissés par l'auteur. Chapeau d'ailleurs pour le finale de cette histoire : quand le chat n'est pas là, les souris dansent ... Et pas que ça !  (Ma fille est encore trop jeune pour comprendre, et là c'est moi qui me suis bidonnée !).   Editions du Rouergue ont fêté leurs voeurs 2007 de cette façon - 48 pages

 

Ma Miss C. a glissé sa pièce dans le juke-box :

 

 

Et moi j'ai mis ceci :

 

A votre tour !  Bonne lecture en musique !!!!!!!

Posté par clarabel76 à 21:30:00 - - Commentaires [6] - Permalien [#]
Tags : ,

15/03/07

2 romans pas que pour la jeunesse

Atrabile, Hélène GaudyJ'avais été séduite par la plume d'Hélène Gaudy en découvrant son roman "Vues sur la mer" (ed. Impressions Nouvelles, 2006) et c'est aussi naturellement que j'ai apprécié son style et son univers avec ce 1er roman destiné pour la jeunesse (mais pas seulement, j'entends par là aussi tout ceux qui pensent que cette littérature n'est pas mineure mais très riche et intéressante ).

Atrabile est le nom de code d'un adolescent de 15 ans, Thomas. Il vient de perdre son grand-père, a accompagné ses parents aux funérailles, empaquetté quelques bricoles qui rappellent le disparu avant de rentrer chez eux à Paris. Là où les choses ont commencé à aller de bancal, selon lui. Voilà pourquoi il a décidé un soir après le lycée de ne pas rentrer chez lui et de prendre le train pour partir dans le Sud vivre dans l'appartement du grand-père. Nom de code, mission secrète.. Atrabile est un garçon mystérieux et qui a soif de dessous obscurs.

En fait, Atrabile est paumé. Il ne connaissait pas du tout son grand-père car l'homme refusait de lui parler. C'est une blessure secrète pour l'adolescent, un détail qui n'a jamais fait l'objet de discussion dans sa famille. Pourquoi tant de silences ? En se rendant dans l'appartement du défunt, Atrabile espère faire connaissance avec le fantôme du grand-père. Il fouille les cartons et feuillette les albums pour dessiner un portrait du disparu (et si ça pouvait coller avec l'image du héros mystérieux qu'il s'imagine, ça serait formidable !..). Mais bon...

Sur place, il fait la rencontre d'une jolie fille, une rescapée de l'Apocalypse, pense-t-il, une fille qui pourrait le comprendre.

Alors voilà, ce petit roman est charmant, écrit avec sensibilité, narrant la mémoire d'un grand-père grincheux dont l'auréole de gloire a été héritée de ses exploits passés. C'est difficile pour un garçon de faire connaissance avec cet ancêtre qui semblait préférer la vie de ses proches dans des albums au lieu de les apprécier dans la vraie vie. La quête d'Atrabile est par certains aspects nimbée de nostalgie, de douceur et de tristesse. Et d'un autre côté, le garçon se confronte à la réalité avec une lucidité et une fraîcheur propres à son âge. Soit, l'auteur ne va pas au bout des choses, laisse encore des zones dans l'ombre, mais après tout ce n'est pas grave. On en retient d'avoir lu un très beau roman qui recèle toute la fragilité d'un adolescent mis en présence de l'absence et de la mort. C'est très bien écrit, et c'est une lecture susceptible de rattacher parents et enfants !   Le rouergue, mars 2007.

IMGP3362

Rouge métro,  Claudine Galea - Il y a sept mois déjà, Cerise a subi un choc considérable. C'était un lundi du mois de juin. Elle rentrait de chez sa meilleure amie Clara pour retrouver son père. Il n'était pas encore 22 heures et elle a l'habitude de prendre le métro depuis l'âge de 11 ans... Ce jour-là, elle avait mis sa belle robe rouge toute neuve.

J'essaie de me souvenir. De mettre dans l'ordre. Je me souviens et je fais partir les choses. De cet endroit, là. Là. Je ne sais pas nommer. Un endroit dedans. Qui fait mal quand je passe dessus. Je passe dessus sans m'arrêter. Je vérifie. La douleur est toujours là. Elle ne part pas. C'est même le contraire, elle augmente.

Cerise est une jeune fille ordinaire, qui n'a jamais eu peur de prendre le métro. Elle y a en fait découvert que c'était là un endroit excitant où elle pouvait écouter les gens parler. Cerise adore entendre les mots des autres, elle écoute, elle note des bouts, des monologues entiers, retient et compose ensuite sa petite popote. Cerise est une grande sensible, émue par des visages, des larmes, des cheveux; elle est aussi très touchée par les sans-abris qui prennent le métro avec des discours qui la mettent à l'envers. Elle ne s'habitue pas à ce qu'il y ait des gens aussi seuls, aussi abandonnés.

Comme ce soir-là, cet homme aux yeux verts a lancé son propos, avec la hargne et le ras-le-bol. Ce type est au bout du rouleau. Pas qu'un peu... Quand on commence à entrer dans l'histoire de Cerise, on ressent tout le poids et le souffle du drame. On se demande ce qu'il s'est passé, on veut savoir. Le dénuement de Cerise est à la fois accablant et émouvant. On dévore son histoire qui déroule le film de ce soir-là. Le charme qui s'en dégage nous rend quasi extatique, fasciné. On boit les paroles de Cerise, on se nourrit de son désespoir. C'est froid, c'est poignant et on en sort avec une grosse boule au ventre. Franchement, ne passez pas à côté ! C'est un petit livre qui ne paie pas de mine et pourtant il est capable de vous renverser illico.  Complètement bouleversant !  Le rouergue, mars 2007.

A noter : ce livre figure parmi la nouvelle collection de romans pour adolescents, doAdo Noir. Parce que la collection a la réputation d'être sans concessions, les éditions du Rouergue ont voulu afficher d'emblée la couleur. Dans doAdo Noir, ce sont des histoires à vif, qui jouent du mystère, du suspense ou du frisson, et qui éclairent les zones sombres et frappent toujours fort.

Posté par clarabel76 à 14:00:00 - - Commentaires [7] - Permalien [#]
Tags : , , ,

02/12/06

Tout le monde s'embrasse sauf moi ~ Alex Cousseau

Une histoire très plaisante à lire où l'on suit Grégoire, neuf ans, qui tombe amoureux d'une vendeuse de chaussures qui a vingt ans. C'est Léonor. Elle est jolie, c'est le grand amour du garçon qui rêve de la revoir. Quand elle devient sa babysitter, tous deux vont franchir le cap vers l'amitié jusqu'à ce que Grégoire découvre qu'elle a aussi un amoureux secret ... Chez Grégoire, son univers est simpliste et sympathique. Sa chien est amoureux d'une taupe, son papa et sa maman s'embrassent tout le temps et Grégoire s'imagine déclamer sa flamme pour la belle Léonor et recevoir un accueil tout aussi passionnel. Bref, Alex Cousseau écrit une bien belle histoire qui enchante son lecteur, abordable dès huit ans. Le texte s'accompagne d'illustrations rondes, blanches et noires et comiques aussi, réalisées par Nathalie Choux. C'est un petit livre sur l'amour, l'innocence et l'optimisme à toute épreuve. Tant pis si l'on n'a pas de chance, le principal c'est d'y croire et d'être amoureux ! Belle leçon que ce livre enseigne !

lu en décembre 2004

Posté par clarabel76 à 13:44:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , ,