Pêle-mêle Junior : Stage de survie - Des vacances bien pourries - Les Super Méchants (7) Opération Panique au jurassique
Abel n'a pas tiré le gros lot en terme de stage d'immersion car le voilà au service comptabilité dans une moyenne entreprise. Sauf que cette semaine va lui réserver bien des surprises... à commencer par un complot déguisé en cambriolage, suivi par une mission de contre-espionnage et pour finir une enquête méthodique qui va renvoyer notre garçon loin de ses conclusions. Ses découvertes n'auront toutefois pas l'honneur d'être étalées au grand jour. Qu'importe. Cette lecture est drôle, inattendue et conduite de façon trépidante. Encore un très bon roman de Christine Avel ! Pour les 11-13 ans.
Stage de survie, par Christine Avel
Médium de l'école des loisirs (2018)
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Les plans de Nils tombent à l'eau pour cet été. À la place de la colo de surf, le garçon est expédié à la campagne chez sa tante écolo. Le bon air frais, les bols de soupe, les petits matins sous la bruine, les vaches qui paissent tranquillement dans les champs... Notre jeune ami est en souffrance. Mais vous connaissez la théorie sur les dominos ? Après tout, s'il n'avait pas été privé de colo, il n'aurait probablement jamais rencontré Marius. Oui, oui. Oubliez la jolie blonde à fossette, la fresque éphémère et le skate qui traîne... le train en retard, la vache folle ou la panne de frigo... la liste est longue. Bref. Tout ça c'est juste pour raconter une amitié unique et précieuse. Ainsi, ce petit bouquin se lit d'une traite - il est débordant de peps, de jeunesse, de rebonds et de révélations. C'est tout bon... écrit par Séverine Vidal. Donc c'est TOP.
Des vacances bien pourries (ou Ma théorie sur les dominos) par Séverine Vidal
& illustrations par Oriol Vidal - Milan, 2019
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Et n'oubliez pas le 7ème épisode des aventures de nos SUPER MÉCHANTS...
... dans une aventure qui nous propulse quelques 60 millions d'années plus tôt ! Eh oui. C'est toujours aussi poilant. Un rendez-vous à ne pas louper si vous aimez le cocasse, le décalé et l'inattendu. On se marre toujours autant, et tout du long ... dans l'attente aussi du prochain numéro (déjà annoncé).
En bonus, en fin de volume, on prend des nouvelles de Kdjfloer (machintruc). Comprenez : l'impossible Professeur Julius Marmelade. Ouiiiii, il est de retour !
À découvrir dans Opération Panique au jurassique (7) par Aaron Blabey
Casterman, 2019
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Pëppo, de Séverine Vidal
Un matin, Pëppo découvre un petit mot de sa sœur Frida lui annonçant qu'elle vient de mettre les voiles et lui confie ses deux dodus le temps de se retourner. Le môme de 17 ans tombe des nues.
Déjà, il faut savoir que Pëppo vit dans une caravane et dans un camping délabré. Ses parents sont actuellement en tournée sur une croisière et ne rentrent qu'à la fin de l'été. Le reste du temps, le frère et la sœur doivent se débrouiller avec le quotidien. En plus, Frida est maman de deux bambinos et trime comme une malade pour faire bouillir la marmite.
Résultat des courses, Frida a capitulé et filé sans demander son reste. Pëppo en reste comme deux ronds de flan mais ne va pas se débiner. Les marmots, il en fait son affaire. Les biberons, les couches, il gère. Puis cap sur la plage à bord d'une vieille charrette de marchand de glaces qu'il a bidouillée exprès pour trimballer les jumeaux.
Car la vie de Pëppo, c'est le surf. Il passe des journées entières à attendre la vague et glisser sur sa planche. Parfois il envisage de se rendre au lycée, même si côtoyer ses congénères lui donne souvent de l'urticaire. Et il y a cette Marie-Lola, au prénom ridicule, avec ses bagues sur les dents et ses étoiles sur les ongles, qui parle tout le temps mais qui commence aussi à lui faire du bien... C'est nouveau, ça. Pëppo ne comprend pas.
Enfin, la vie est une pochette-surprise avec ses rencontres, ses routes, ses lumières, ses chansons et son café-chaussette. Ça rigole pas mal dans cette histoire, ça tire aussi la langue. Mais au bout du compte, ça chante et ça danse sous les étoiles. Au final, ça propulse une formidable énergie et une envie de croire en son prochain. Amitié, solidarité, entraide et roublardise se bousculent et composent cette lecture aux accents franchouillards.
C'est très sympa comme lecture estivale. En tout cas, ce que j'apprécie par-dessus tout, c'est la plume de l'auteur. Un style inimitable, des mots qui semblent glousser sur la ligne... C'est une démonstration sans fausse note d'une parfaite virtuose. N'hésitez pas à jeter un petit coup d'œil en passant : ça se savoure en faisant claquer sa langue contre le palais. Tutto finisce a tarallucci e vino !
Bayard jeunesse (2018) - illustrations : Chez Gertrud
Pêle-Mêle : June & Jo Le caprice qui parle / Émile rêve / Les mots d'Émile
June, une petite fille capricieuse ? Pensez donc. Ce n'est pas parce qu'elle presse son ami Jo tout en haut du phare, pas parce qu'elle a réclamé en pleurant une poupée qui parle, pas parce qu'elle regarde son père naviguer dans sa barque pour trouver son jouet etc., qu'on pourrait en déduire qu'elle fait des caprices. Si ? En tout cas, l'idée est proche. Et June, non vraiment, n'est pas cool à faire tourner son père en bourrique. Son copain Jo est particulièrement sceptique et va conduire la fillette à plus de raisonnement quant à son attitude... déraisonnable.
Le caprice, c'est vouloir quelque chose fort, fort, fort... puis trouver que ce n'est finalement pas si important. Ah, ah. Quelle belle démonstration de la sagesse. Ce troisième titre de la série June & Jo est une précieuse pépite ! J'ai adoré. Déjà emballée par les illustrations ravissantes d'Amélie Graux, j'ai succombé à la tendresse et au trait d'humour du texte de Séverine Vidal. C'est une franche réussite. Il y a dans cet album des pages entières de poésie, de facétie, de réflexion philosophique... J'ai pris un plaisir fou à lire et relire cette histoire.
Le duo chic et choc de June & Jo s'étoffe, gagne en finesse et touche en plein cœur. Forcément, je suis FAN. ☺
JUNE & JO : LE CAPRICE QUI PARLE, de Séverine Vidal & Amélie Graux
GALLIMARD JEUNESSE - GIBOULÉES - 2017
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Voilà sans doute l'épisode le plus psychédélique de la série Émile ! Celui des rêves. Où le pouvoir de l'imagination est si dévorant qu'il avale goûlument notre jeune héros pour le propulser dans un voyage lointain, qui ne touche plus terre... Avouez, c'est génial !
Ce jour-là, pour Émile, se concentrer en classe est difficile car le garçon a déjà la tête ailleurs, en vacances. Sitôt l'école terminée, il doit prendre le train pour se rendre au lac. Et il se voit déjà, dans un express qui s'envole, avec une vache voulant l'attraper au lasso, et le pigeon rouge et vert qui ressemble à un perroquet, mais qui dit miaou...
Ça plane pour Émile, et c'est très drôle à lire !
Une série qu'on ne présente plus, car le succès est assuré. Ce petit gars est impayable. J'adore. ♥
ÉMILE RÊVE, de Vincent Cuvellier & Ronan Badel
Gallimard Jeunesse, Giboulées, 2017
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Et comme Émile ne fait rien comme tout le monde, voici un abécédaire improbable, mais qui correspond totalement à l'univers de notre jeune ami. On y retrouve sa fantaisie, son sens commun, sa logique implacable et son flegme sidérant. Ce petit bonhomme est redoutable.
“À sa façon et comme il est atrabilaire, il faut pas le chercher.
Il fait ce qu'il veut avec les mots et qu'importe si à x il y a xargolaminaboubourgol... et ne lui dites pas que ça n'existe pas, Émile le dit tout le temps, alors ça existe !”
On sourit beaucoup à la lecture de cet inventaire façon Émile, où l'on apprend qu'il adore la biche, mais qu'il refuse de manger de la viande, sauf les steacks, il passe pour un môme incroyable, sa mère est une chèvre, il adore les croûtons et les lardons - il en mangerait à toutes les sauces - il sera directeur général quand il sera grand, il adore la nature et l'herbe, il se prend parfois pour une vache - mais ne le dites à personne - il préfère la mer, car la piscine, c'est rien que pour les bébés, il aime dire saucisson ou chaussette... Ne cherchez pas. Émile est un énergumène, comme dit sa maman.
Une lecture qui vaut le détour, rien que pour ses délires distillés comme si de rien n'était. Franchement top.
LES MOTS D'ÉMILE, de Vincent Cuvellier & Ronan Badel
GALLIMARD JEUNESSE GIBOULÉES, 2017
Nos cœurs tordus, de Séverine Vidal & Manu Causse
Vlad fait sa rentrée dans un nouvel établissement scolaire qui ouvre, pour la première fois, une classe spéciale dédiée aux handicapés. D'humeur chagrine et méfiante, l'adolescent est en pétard contre l'adjoint du proviseur, François Flachard, qui tient un discours pompeux et dégoulinant d'hypocrisie, tout juste bon à le faire sortir de ses gonds. Vlad se la joue rebelle façon Cercle des poètes disparus et attire tous les regards... en se vautrant comme une crêpe alors qu'il tourne le dos à l'assistance médusée. Humilié, le garçon se réfugie dans le couloir où il rencontre la ravissante Lou.
Avec son corps disloqué, sa béquille à portée de main, Vlad a longtemps souffert de sa différence et du regard des autres, au point de se réfugier dans la provocation en guise de bouclier. À ce petit jeu, il découvre en Saïd un adversaire de choix. Lui n'a pas de handicap physique, mais une propension à semer la zizanie en classe, à être incapable de se concentrer, à collectionner les avertissements et à s'attirer une mauvaise réputation. Ces deux-là sont faits pour s'entendre et vont rapidement se constituer leur petite bande avec Mathilde, coincée dans son fauteuil, Lou et son copain Morgan (argh), Dylan, atteint de trisomie, Théa et Charlie, les jumelles au langage cosmique... C'est aussi ensemble qu'ils vont se lancer dans un projet de cinéma en tournant un court-métrage avec un simple téléphone pour gagner un voyage à New York !
Cette lecture est à la fois pleine d'énergie, pleine d'espoir, pleine de vie tout court. Elle met en scène des adolescents qui ont des rêves, des envies, des coups de cœur et des coups de gueule, mais qui ne veulent pas dicter leur choix selon leur handicap. C'est certes une réalité quotidienne, jalonnée de frustration et de contrainte, mais certainement pas l'excuse pour les priver de formidables opportunités sous des prétextes idiots (société enfermée dans ses préjugés, orgueil mal placé, disposition trop lente, angoisse puérile et imbroglio amoureux). En somme, l'histoire nous invite à partager sur une année scolaire le parcours assez commun d'adolescents extraordinaires. Ils n'ont pas fait de leur handicap un signe distinctif mais se comportent comme des mômes de leur âge. Ils ne manquent ni de force, ni d'insolence, ni de talent pour avancer dans la vie, sans compter l'amitié, véritable socle de leur projet insensé, qui montre aussi que le collectif a du bon pour dépasser les étiquettes et les clichés. C'est un chouette roman, qui inspire des sentiments profonds et qui dégage aussi de la sensibilité, de la sincérité, de la joie et de la bonne humeur. Excellent melting-pot !
Bayard Jeunesse, 2017
"Nos coeurs tordus" a d'abord été écrit par Séverine Vidal, et publié sous la forme d'un mini roman paru dans le magazine Je Bouquine. Plébiscité par les lecteurs, il a été enrichi par la plume de Manu Causse. Plein de poésie et d'humour , le roman aborde le thème du handicap , sans pathos, c'est aussi une très jolie histoire d'amour et d'amitiés profondes.
June et Jo : Le Rire des oursins, de Séverine Vidal & illustré par Amélie Graux
Ce nouveau rendez-vous de June & Jo conforte l'excellente appréciation déjà perçue : c'est charmant, drôle, adorable et attachant. On y retrouve notre fillette et son gros monstre jaune qui ne partagent pas toujours le même sens de l'humour, mais au lieu de se fâcher, tous deux vont tenter de comprendre que ce n'est pas seulement “un humour pas drôle de gros monstre ou de petite fille”, mais plutôt affaire de goût, d'émotion, de sensation, de vécu, etc.
Les oursins, par exemple, est-ce que ça fait des blagues ? Et les sardines, ça rit de quoi ? Et les rochers, ils rigolent en vrai ? Ainsi, June et Jo discutent des choses qui font rire les uns et pas forcément les autres (les gros mots de papa, les imitations de maman...), ils s'entendent aussi sur l'humour méchant et moqueur qui n'est pas cool du tout, comme plaisanter sur le physique. Non, clairement, ce n'est pas rigolo.
Là où nos deux amis s'entendent comme larrons en foire, c'est devant les parents de June qui sont aveugles et ne voient jamais Jo, ils pensent souvent que leur fille s'amuse à faire des bêtises et rouspètent en se demandant qui est Jo. Loin de s'offusquer, l'enfant et son monstre jaune sont ravis de partager cette complicité unique, qui n'appartient qu'à eux.
Une lecture délicieuse et pétillante. ♥
Gallimard Jeunesse, coll. Giboulées - Septembre 2016
© Amélie Graux
June et Jo: Les souvenirs, de Séverine Vidal & Amélie Graux
C'est en regardant de vieux albums photos que June et Jo évoquent à leur tour leurs premiers souvenirs. Est-ce qu'on se souvient du jour de sa naissance ? Non, c'est impossible. Parce que tout commence à partir du moment où on sait faire du vélo sans les petites roulettes. ^-^
June tente aussi de remettre un peu d'ordre dans les souvenirs de son ami Jo, qui a tendance à broder les siens selon sa fantaisie et à tout mélanger. Elle l'emmène alors sur la plage pour dessiner et se raconter jusqu'à 344 anecdotes, mais la marée monte et emporte avec elle leurs gribouillis esquissés sur le sable mouillé.
Qu'à cela ne tienne ! Il existe les photos, les chansons et les dessins sur papier pour conserver une trace de leur histoire. Comme ça, même en vieillissant, ils n'oublieront jamais. Et puis, ce qui existe entre June et Jo est inscrit pour durer, parce que « Toi, t'es dans mon cœur. Et moi, je suis dans ton cœur. »
Tout simplement !
Cette histoire adorable réunit le talent espiègle de Séverine Vidal et les illustrations charmantes d'Amélie Graux pour un nouveau rendez-vous aussi drôle qu'attachant. June et Jo nous réservent de doux conciliabules, à mi-chemin entre la poésie et la philosophie, pour faire réfléchir les enfants et les emmener dans un univers enchanteur.
La fillette et son ami imaginaire nous pondent également de sacrées réparties, « il pleut mouillé ! », et affichent des mines expressives qui font doucement sourire. C'est d'une telle innocence qu'on ne peut que se régaler. Cette série s'annonce aussi tendre que délirante, avec déjà un nouveau titre attendu en Septembre (le Rire des Oursins) ! Cela promet. ;-)
Gallimard Jeunesse Giboulées / Mars 2016
J'aime mes cauchemars de Séverine Vidal et Amélie Graux
Même les petites filles adorent les cauchemars, et pas les trucs à paillettes, les petites lucioles et les licornes en peluche pour vous aider à vous endormir le soir... nan ! c'est surfait. Les petites filles chérissent leurs cauchemars, elles dorlottent leurs monstres, tant pis pour les réveils nocturnes, en larmes, les câlins de maman qui pense trouver toujours la solution... nan ! c'est pas possible.
Voilà un chouette album, décalé et délirant, sur l'art de dédramatiser les terreurs nocturnes et de prendre à rebrousse-poil tous ces clichés lénifiants pour voir la vie plus rose ! Avec les illustrations adorables d'Amélie Graux en toile de fond, qui font sourire et paraître les monstres encore plus attrayants (eh oui !). Cette lecture a tout bon : elle est délicieuse, drôle et décomplexante !
♥ Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, avril 2014 ♥
Faut croire qu'on aime ça, les mystères.
Un an a passé depuis les tumultueux évènements survenus au 180 rue des Innocents, Youri, Tomaso et Emma ont regagné un semblant de quiétude, et paf ! leur clodo Félix, qui fait partie des murs, est retrouvé baignant dans une flaque de sang, sauvagement battu, entre la vie et la mort. Aussitôt Flora accourt pour l'accompagner aux urgences, et puis plus rien ! Tomaso et Youri n'ont plus de nouvelles, mais refusent de rester inactifs. Ils décident alors de retrouver la fille de Félix, une certaine Sophie, pour que le pauvre vieux n'imagine pas qu'il est seul au monde en ayant raté sa vie.
De son côté, Emma, amoureuse, a pris ses distances avec les garçons avant de réaliser la couleur amère de sa jolie romance. Hop, il est temps de rentrer au bercail et d'apporter son aide aux copains. Mais leur enquête ne s'arrête pas à retrouver une enfant perdue, c'est surtout flirter avec le danger, encore une fois. Près du corps de Félix, figuraient des inscriptions à connotation fasciste. Les suspects sont désignés, ne manquent plus que les preuves... Et là, attention, DANGER !
Une nouvelle fois, l'histoire trempe ses doigts de pied dans une réalité sordide et qui met mal à l'aise. Il y a l'agression de Félix, la découverte de son passé mais aussi la confrontation avec les milieux extrémistes, racistes. Décidément, le fond de l'histoire ne fait pas dans la dentelle, c'est un roman noir, au goût âpre et qui colle au palais. Mais c'est aussi un roman sensible, alors que les paroles de Félix nous prennent à la gorge, surgissant de nulle part, mettant à nu le désespoir de l'homme. Et c'est enfin et surtout l'occasion de retrouver notre trio composé de Tomaso, Youri et Emma, ils sont drôles, ironiques, réceptifs à la détresse de leurs proches et on les aime pour ça. A ce propos, bonne nouvelle : le triangle amoureux a trouvé sa solution, plus de perte de temps et d'énergie, et c'est tant mieux. Non, parce que ces trois-là s'aiment, mais ils sont indissociables et n'ont pas besoin de se conter fleurette pendant des pages et des pages, ce serait du gâchis.
De toute façon, la vie au 180 (marque déposée) ressemble à un tourbillon de petits et grands drames de la vie : Olga, la soeur de Youri, a besoin d'un jus de raisin qui fait office de remontant, les parents sont dépités, Flora a disparu, Ben le musicos fait son Johnny, madame Robert peut aussi être une aide très précieuse, et le Capone toujours... l'habituel QG de notre petite bande, au décor kitsch réconfortant, avec ses bonnes odeurs et Irina qui devine tout. La bonne adresse, à l'image de la série, aux charmes et aux atouts fort sympathiques.
Rouge Bitume (Roulette Russe #2), par Anne-Gaëlle Balpe, Sandrine Beau & Séverine Vidal
Oskar éditeur, 2012
Roulette Russe : Noël en Juillet, par Anne Gaëlle Balpe, Sandrine Beau & Séverine Vidal
Les éditions Oskar jeunesse ont décidément pris le parti d'offrir à leurs lecteurs un été qui donne des frissons. En voici encore la preuve avec ce Noël en Juillet. L'histoire vous glace les sangs, croyez-moi !
Dans la cour d'un immeuble, trois adolescents s'improvisent enquêteurs pour démasquer le tordu qui zigouille les chats après avoir suspendu leurs cadavres en une sinistre mise en scène. Et pour mieux pimenter l'intrigue, le timbré en question nous livre ses apartés à vous dresser les cheveux sur la tête.
A côté de ça, il y a aussi le triangle amoureux qui se joue entre Youri, Tomaso et Emma. Il y a l'amitié, certes, mais aussi la trahison, les mensonges, les déclarations sur le bout des lèvres et la confusion des sentiments. C'est doux, c'est beau mais ça n'évite pas le drame.
Ahlala, quelle tension ! Et ce dénouement qui n'empêche nullement l'amertume de pointer son nez... C'est un roman sans pitié mais réussi. Un polar noir où l'écriture de trois drôles de dames coule et roule sur un fil, révélant toute la subtilité du pouvoir des mots et de la portée des événements. Troublant, mais fort.
Oskar jeunesse, 2011
Lutter contre les frelons
Je n'ai fait qu'une bouchée de ce petit roman, il était délicieux mais trop court, j'en voulais encore ! Fleur a quinze ans et une maman qui ne tourne pas rond. Celle-ci pousse sa fille à partir et se détacher, mais ce n'est pas facile. Jusqu'au jour où elle ne la reconnaît plus... et là c'est le drame. Fleur décide donc de partir avec ses potes sur leur bateau pour un demi tour du monde. Neuf mois d'errance et de navigation, de coeur qui bat et qui hésite, neuf mois pour grandir, loin de maman.
C'est tellement beau, bien écrit, doux, tendre, ça fait des galipettes et des boucles dans tous les sens, ça vous dresse un portrait de petite fille forcée de grandir trop vite, une ado impuissante et déboussolée, avec une enclume dans le ventre, parce que c'est douloureux, et frustrant, de voir sa maman pelotonnée sur son lit d'hôpital, sans énergie, sans ressource, sans étincelle. Et même le portrait de la maman est juste et touchant, elle est dingue et complètement allumée, c'est vrai, mais c'est une maman et moi je ne résiste pas. J'ai aimé leur tandem, j'ai souvent souri et même éclaté de rire en découvrant leurs petites philosophies de la vie (relever sa jupe et pisser, lutter contre les frelons, sentir le souffle du vent et alors fermer les yeux...).
Enfin bon, j'ai été attendrie par l'histoire de Fleur, pas facile et pas rigolote tous les jours, mais je n'ai jamais ressenti la moindre tristesse. Au contraire, tout est vif et éclatant, ça donne même des ailes. J'ai notamment relu plusieurs fois le dernier chapitre où Fleur apprend à faire du vélo avec sa mère, et c'est tellement ça : pousser son enfant à quitter le nid, lâcher la main de sa mère pour grandir. Même si ça fait peur. (Et moi je swoushe !)
Le livre nous fait également partager leur belle aventure sur la mer, et c'est comme si on faisait partie du lot. Fleur a trouvé sa nouvelle famille, Fredo le capitaine cordon-bleu, le couple modèle Marie et Matthieu (et leur bébé Lou), le Vampire doux comme un agneau et Tristan le phare solide - et au milieu, la petite Fleur en éclosion.
Je me sentais tellement bien parmi la bande, à voyager, rêver, manger des boulettes et du couscous, déprimer sous le ciel gris, jouer aux cartes, passer les écluses, scruter l'horizon. 110 pages, non vraiment, ce n'était pas assez. L'ambiance est délicieusement douillette qu'on ne voudrait jamais la quitter.
Lâcher sa main - Séverine Vidal (Grasset jeunesse, coll. Lampe de poche, 2011 - 112 pages - 7,50€)
illustration de couverture : Sandrine Kao
J'ai aussitôt mis la main sur un autre roman de Séverine Vidal, parce que j'étais encore totalement sous le charme de l'histoire de Fleur. (Et j'ai bien fait - j'adore !!! Je veux lire tous ses romans maintenant. Mode groupie off.) Cette fois, il est question d'une petite fille et de son papa dont elle découvre l'existence dix ans après. Et c'est sa tante qui lui raconte le secret de sa maman, comment elle s'est sentie trahie et malheureuse après son départ, comment elle a cru bien faire en protégeant son bébé et comment sa colère aujourd'hui l'étouffe et l'empêche d'ôter ses oeillères. Ce n'est cependant pas facile pour la fillette, car Ava a besoin de connaître son papa mais n'ose pas en parler avec sa mère. Alors, grâce à la complicité de sa tante, elle prend contact avec lui, écrit un petit mot maladroit, attend, reçoit sa réponse - une belle lettre dégoulinante d'amour et de tendresse.
Les retrouvailles auront lieu mais elles doivent rester secrètes. Ava ne veut pas décevoir sa mère, ni la blesser. D'un autre côté, cela lui permet de gérer seule cette parenthèse, de se familiariser avec la nouvelle vie de son père (rencontrer sa nouvelle femme et ses demi-frère et demi-soeur). Elle s'étonne elle-même de ne pas être jalouse, de ne pas en vouloir à ses parents, de ne pas trop regretter, non plus, le temps perdu. Elle sait qu'elle pourra désormais rattraper tout ça. Du moins, l'espère-t-elle.
Les vacances approchent et Ava a terriblement envie de partir trois semaines avec son père. Jusqu'à présent, elle avait jonglé entre les mensonges et les absences de sa mère (fatiguée, débordée par son travail). Elle sait que toute vérité n'est pas bonne à entendre - tant pis, elle se lance. Elle prépare alors une petite surprise pour sa maman, toujours aidée de sa tante et de son père.
Et je dois dire que j'avais la boule au ventre quand celle-ci est sortie de son boulot, s'est assise sur le trottoir, complètement choquée, avant de s'enfuir. Il y avait de quoi être bouleversée !!! Mais heureusement c'est un roman intelligent et sensible, qui offre une vision idyllique et conciliante de la séparation et du partage, c'est une vraie petite réussite - 70 pages de bonheur, de petites habitudes à prendre et de limites à dépasser parce que c'est beau l'amour !
Et une petite fille qui doit son prénom à Ava Gardner et qui raffole des quinze dernières minutes des films ne pouvait qu'être une héroïne attachante et exceptionnelle - vive la Méthode Ava !
Comment j'ai connu papa - Séverine Vidal (Rouergue, coll. Dacodac, 2010 - 74 pages - 6,50€)
le blog de l'auteur : http://severinevidal.blogspot.com/