01/04/16

Camarades, de Shaïne Cassim

Camarades EdL

Quelque part en Normandie, Eulalie se languit du retour de sa mère, la fougueuse Clara, qui parcourt l'Europe en quête de nouvelles rencontres et autres sensations fortes. La jeune fille vit chez sa grand-mère, parmi les vergers, jusqu'au jour où la colère l'emporte et lui fait commettre le geste de trop. Gisèle, la parisienne, manque de mourir sous les coups de son père et trouve refuge auprès d'une femme médecin, Pernille, et son compagnon Søren. Au Pays de Galles, Eddie, un garçon rêveur, perché sur un arbre, aspire aussi à une autre vie, à d'autres horizons. Sa rencontre avec le journaliste Galbraith lui donne cette fabuleuse opportunité de quitter son petit coin paumé pour apprendre le métier qui le passionne. Leur chemin croisera aussi celui d'Evgueni, un garçon russe, efflanqué, fuyant, craintif et méfiant. Ses cauchemars ne disent pas sa fuite éperdue depuis le bagne, où il était retenu prisonnier, jusqu'à la ville de Varsovie, se dérobant aux traques intempestives de la police du Tsar. Ce petit monde se croisera dans la maison de Montrouge du vitupérant Garaï... ancien amant de Clara et père méconnu d'Eulalie. Et toutes ces destinées continueront de dessiner leurs contours avec autant d'emphase et de passion, que d'indécision et d'anxiété.

Je me suis naturellement sentie aspirée par cette jeunesse, cette fougue, cette soif d'apprendre et de découvrir autrement. C'était exaltant. J'aurais d'ailleurs voulu que ça ne s'arrête pas et que l'auteur se lance dans une trilogie, pour mieux développer cette belle fresque romanesque, sur fond historique (la guerre de 1870, la Commune, Napoléon III...) et éviter ainsi cette sensation de fin bâclée et d'une lecture riche en possibilités sabordées. Quelle frustration. Malgré tout, le roman s'est révélé enivrant ! J'ai beaucoup,  beaucoup aimé. 

L'École des Loisirs / Février 2016

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Crédit illustration @ Communardes ! de Wilfrid Lupano & Lucy Mazel / Anthony Jean / Xavier Fourquemin

 

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14/03/12

Held you in my arms one time, Lost you just the same

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Je suis tombée amoureuse de ce livre ! 
Aurélien est un cowboy solitaire, il aime les conquêtes mais pas les attaches, jusqu'au jour où il rencontre Jolene. Franche, vigoureuse, exaltée, passionnée et passionnante. Aurélien tombe sous le charme. Sauf que c'est trop pour lui, et il prend peur en prenant le large. C'est à lui qu'il inflige la plus grande claque. A son tour de connaître les souffrances de l'amour.
Jolene n'a pas seulement le charme et l'insolence, c'est aussi une jeune femme blessée et fragile, avec un passé chargé de mauvais souvenirs. Elle aussi va apprendre ce que signifie de se donner à l'autre sans peur d'en payer le prix. Et cette relation, improbable au départ, devient belle, forte, entière, fusionnelle et tumultueuse.
C'est doux, souvent volcanique. Les coups de gueule valent autant les déclarations lyriques. C'est ce qui rend l'histoire plus émouvante, plus touchante, plus troublante.
Comment ne pas succomber face à ce roman qui parle d'amour, de musique, de blues et de rencontres uniques qui bouleversent le cours d'une vie ?! Aurélien est un rebelle qui se découvre un coeur de guimauve, d'abord il y a eu Rosemarie, si pure et bouleversante, puis Jolene, l'insoumise, et Perdita Cruz, notre cauchemar à tous. Trois rencontres, trois petits cailloux dans la santiag.
Des papillons dans le ventre, et la gorge nouée.
Il y a un passage où Jolene apprend à Aurélien à jouer To Love Somebody, elle râle en disant ceci : "Cette chanson ne supporte pas la médiocrité, sinon elle devient mièvre et débile."
Pour moi, cette réflexion s'applique aussi au roman de Shaïne Cassim.
Il faut le lire, le savourer par petites lampées, faire une pause, écouter Ray LaMontagne, se replonger avec la sensation d'y trouver autant de tendresse que d'amertume, en apprécier la texture, soupirer, et refermer la dernière page avec un léger goût de tabac et de fraîcheur sur la langue.

Jolene, par Shaïne Cassim
Ecole des Loisirs, coll. Medium, 2012 - illustration de couverture : Carine Brancowitz / www.pellmell.fr 

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17/12/11

Une vague idée qui peut donner quelque chose

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Un beau titre pour un roman qui promet son lot de petites perles. Eugénie Grandet est mise l'honneur lors d'une exposition de Louise Bourgeois, à laquelle se rendent les soeurs Pratt, Alice et Anne-Louise. Et c'est au cours de cette visite que la plus jeune, Alice, va réaliser ô combien elle étouffe de rester dans l'ombre de son aînée. Elle en tombe dans les pommes et c'est un charmant livreur de fleurs, Alphonse, qui vient à son secours. 
Dans la deuxième partie du roman, les soeurs Pratt se rendent chez leur grand-mère dans la Creuse. C'est une femme revêche, qui ne sourit jamais et ne manifeste aucun geste de tendresse. Elle est fermée et sèche. Mais cette fois, les relations vont être mises à plat, car Alice découvre la maladie de sa mamie et va la bousculer pour qu'elle rompe sa coquille. 
Et c'est ainsi qu'on se dirige vers la sortie, après un coup d'oeil sur la représentation de La Cerisaie de Tchekhov par l'inénarrable Max, l'amoureux d'Anne-Louise. Une dernière partie où le plaisir s'émousse, même si on conserve un jugement hautement satisfaisant de notre lecture globale. 
A vrai dire, j'ai aimé plus que tout le ton d'Alice, l'écriture de Shaïne Cassim. C'est juste, virevoltant, beau et poétique. Derrière chacune des considérations de l'adolescente (Alice est effectivement la narratrice), il y a toujours une part de vérité, de beauté, de grâce. Cela donne au roman un atout essentiel, parce que la séduction est évidente. Dès les premières pages, vous êtes conquis. Convaincus. Chaleureusement encouragés. Et vous tournez les pages de votre livre avec des regards amoureux. Alice Pratt est une héroïne authentique, elle est sentimentale et sensible, elle a aussi besoin qu'on la guide sans pour autant avaler toutes les belles paroles de sa soeur, tellement différente d'elle, car plus excentrique et volubile. 
Ce roman, c'est une relation entre soeurs. Une envie de s'affirmer. De rêver aussi. C'est vouloir se détacher des liens trop étroits, affronter le vide ou le manque (leur maman est partie à l'autre bout du monde). C'est dire qu'on aime les autres, qu'on les admire. Qu'on pardonne aussi. 
En bref, ce sont 180 pages intenses et troublantes.

Je ne suis pas Eugénie Grandet, par Shaïne Cassim
Ecole des Loisirs, coll. Médium, 2011. Illustration de couverture : Hélène Millot. 

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24/05/11

Teaser Tuesday #19

Mes soeurs à moi le sont devenues au fil d'années de coups durs et de fous rires, de livres échangés, de fêtes mémorables, de crises de larmes qui ne l'étaient pas moins, de naissances d'enfants, de mariages et de divorces, de maladies, d'embrassades et de disputes. Car, comme toutes les soeurs, les miennes m'énervent, prennent la mouche, claquent la porte, laissent des messages, pensent à moi, pardonnent, ouvrent leurs bras et leur coeur. Je sais qu'à toute heure du jour et de la nuit, et même si je n'ai pas donné de nouvelles depuis cent sept ans, elles m'écouteront au téléphone, viendront me chercher à la gare, sortiront la théière ou l'apéro, déplieront leur canapé, pleureront de mes chagrins, jubileront de mes succès et n'hésiteront pas une seconde à me secouer les puces si nécessaire.
La gloire de mes soeurs - Florence Thinard

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Neuf histoires qui parlent de relations avec les frères et soeurs, des histoires qui puisent dans les souvenirs de famille, des histoires qui parlent de relations compliquées, ou harmonieuses, parce que c'est toujours complexe d'aimer, de grandir, de se comprendre, de partager tout et si peu à la fois. Il y a des rancunes qui durent et s'épanouissent avec le temps, des colères qui explosent, des crises de jalousie mais aussi des liens forts, qui se serrent ou se resserrent en cas de coups durs. Neuf auteurs se sont essayés à l'exercice (pour la plupart ce sont des auteurs déjà publiés par les éditions thierry magnier, les autres ont vu de la lumière et se sont invités). C'est un ouvrage qui s'adresse à un peu tout le monde, on trouve des textes pour tous les goûts et toutes les sensibilités. J'ai même été étonnée par mes diverses balades, j'ai picoré des morceaux, au gré du vent (de mes envies, de mes curiosités, que pouvait me servir cet auteur, et lui, et lui...), j'ai fait des rencontres, je me suis identifiée, j'ai pesté, j'ai froncé les sourcils, j'ai compati, j'ai aimé, parfois un peu moins. En bref, cela a été une belle promenade littéraire, sur un thème qui m'est très cher.

Comme chiens et chats (éditions Thierry Magnier, 2011).
par Shaïne Cassim, Jérôme Lambert, Véronique M. Le Normand, Pascale Maret, Frédérique Martin, Mathis, Charlotte Moundlic, Mikaël Olliver, Florence Thinard.

Et n'oubliez pas les Trois Grains de Riz par Aki - des histoires de frangines 100% rigolotes !

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01/09/10

Sa Seigneurie, de Shaïne Cassim

Sa_Seigneurie_de_Sha_ne_CassimCe livre bénéficie d'une réédition et c'est un grand bonheur ! Il m'a notamment permis de faire sa découverte, et donc d'apprécier le style de l'auteur à travers cette histoire assez originale et plaisante à suivre. Cela pourrait se résumer à une histoire d'amour entre deux adolescents, sauf que Simon et Rose ne sont pas des personnages ordinaires, comme on pourrait en croiser souvent dans cette littérature. Simon, alias Sa Seigneurie, est une équation avec plusieurs inconnues à lui tout seul. D'extérieur, il est très beau, il cultive une attitude guindée et raffinée, avec tailleurs sur mesure et langage révérencieux, ce qui le met à l'écart de ses camarades de classe, devenant l'objet de leurs quolibets. Car au fond, Simon souffre, il se sent seul et incompris, de plus il nourrit une admiration amoureuse pour Liane, l'amie de sa mère, jusqu'au jour où emménagent leurs nouveaux voisins.

Rose, jolie anglaise sans accent, n'est pas très grande et reçoit comme accueil une remarque déplaisante de la part d'un bougre de l'école. Qui a dit que le lycée était le nouvel enfer sur Terre ? Bref, Rose et Simon vont d'abord se tolérer, s'intriguer, se rapprocher et se toucher. Et puis tout bascule, tout s'accélère. Simon se découvre épris de Rose, qui s'effarouche et veut mettre de la distance entre eux. Patience, incompréhension, souffrance, maladresse et j'en passe vont donc devenir leurs pions dans ce jeu amoureux qui connaît ses hauts et ses bas. J'ai trouvé l'histoire charmante, la personnalité de Simon se révélant séduisante au-delà des apparences. Une douce harmonie règne entre Rose et lui, comme deux sensibilités qui trouvent là un reflet de miroir. Ce fut une bien jolie lecture, pleine de tendresse et de légèreté !

Flammarion (réédition 2010) - 167 pages - 8€

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