02/07/19

221b Baker Street, par Graham Moore

221b Baker StreetCet habile roman à suspense mêle deux enquêtes à près d'un siècle d'écart. Mais les spectres qu'on y croise n'en sont pas moins imposants.

En 1893, Conan Doyle décide de tuer sciemment son personnage fétiche mais rencontre une grogne populaire sans précédent... sa jalousie et sa haine envers Sherlock Holmes ne font que se renforcer. L'ironie voudra qu'il va finalement jouer au détective avec son ami Bram Stoker et ainsi se rapprocher du héros honni. 
Janvier 2010. Un membre d'une société holmésienne annonce crânement avoir enfin mis la main sur le journal perdu de l'écrivain. Mais on retrouve le type assassiné dans sa chambre d'hôtel... étranglé par le lacet de sa chaussure. Pour Harold White, la dernière recrue des Baker Street Irregulars, commence aussi une enquête palpitante en compagnie d'une charmante journaliste.

Quelle lecture fort sympathique et étonnante ! On ne nous demande pas de connaître par cœur tout Sherlock Holmes ou Conan Doyle pour savourer toutes les subtilités de l'intrigue. On se dit juste que c'est comme un roman policier entre deux époques (contemporaine et victorienne) avec des personnages passionnants. Il y a du vrai et du faux dans l'histoire - les notes finales viendront mettre leur grain de sel - pour le reste, ça se découvre, ça se discute, ça soulève des interrogations, ça fuse et ça use. Tout ça pour dire que le rythme, l'ambiance et l'histoire tiennent la dragée haute. Et c'est pas mal du tout.

J'ai aimé ce personnage d'un Conan Doyle qui bouillonne contre sa création et qui réalise aussi n'avoir rien compris à son influence dans les foyers populaires. J'ai aimé plonger dans les rues de Londres pour faire semblant de vivre une enquête à la Sherlock. J'ai aimé enfin le passage au présent, toujours sur les traces du mythe, à fouiller dans les archives et élaborer toutes folles théories. C'est franchement très distrayant à lire. J'ai vraiment passé un bon moment.

Pocket (2013) - Traduit par Françoise Smith pour Le Cherche Midi

Titre VO : The Sherlockian

 


29/06/19

L'Héritier de Moriarty, par Annelie Wendeberg

L'héritier de Moriarty

Quelle angoisse, ce roman...
J'avais été fascinée et horrifiée par La dernière expérience - roman dans lequel Anna Kronberg était kidnappée par Moriarty, pour être séduite et abusée avant de reprendre le contrôle de la situation.
Anna a donc réussi à fuir avec Sherlock mais un tueur est toujours à ses trousses. Il s'agit du bras droit de Moriarty - Sebastian Moran - qui a juré de lui faire la peau après son accouchement. Eh oui, Anna est enceinte mais n'éprouve aucun attachement pour l'enfant à naître.
En fait, Anna est toujours meurtrie par son enlèvement et sa relation avec son tortionnaire. On se souvient de ce chapitre très sulfureux et du trouble encore présent dans son esprit. Pour l'heure, elle doit d'abord penser à sa survie et passe en mode médecin imperturbable. Elle a aussi pour mission de récupérer l'argent de « son mari », avec la complicité de Sherlock et son frère Mycroft, et ainsi freiner les agissements de la bande de Moriarty.
Il sera étonnamment question d'espionnage avec l'Allemagne, de vaccins détournés et de contaminations en masse. Les projets délirants de Moriarty s'étendent comme une toile d'araignée sur la planisphère et défient notre grand détective tiraillé entre son dévouement pour LA femme et son orgueil notoire.

Ne nous leurrons pas non plus.
... Ça se lit avant tout comme une course-poursuite effrénée, moins comme un roman à suspense avec une enquête à mener. Ce n'est pas inintéressant, seulement trop réducteur. On s'attache à grand-peine aux personnages - toute idylle possible entre Anna et Sherlock est franchement risible. J'étais d'ailleurs heureuse de retrouver Garrett (l'amant des quartiers populaires) et j'ai regretté fort, fort, fort Moriarty... Sans doute une autre fin aurait été meilleure. Au lieu de ça, la série en VO poursuit son chemin mais je pense que l'éditeur français n'ira pas plus loin.

Presses de la Cité (2018) - Traduit par Florence Hertz

 

28/03/19

Bilan du mois de Mars 2019 ♪♫•*¨*•...•*¨*•♫♪

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♪♫•*¨*•...•*¨*•♫♪ Livres lus ♪♫•*¨*•...•*¨*•♫♪

 

Bal fatal (Agatha Raisin 15) & Jamais deux sans trois (Agatha Raisin 16), de M. C. Beaton

Darkwind : Mécanique infernale, de Sharon Cameron

Bordemarge, d'Emmanuelle Nuncq

Jackaby, de William Ritter

Les Mystères de Larispem : Le sang jamais n'oublie, de Lucie Pierrat-Pajot

 

♪♫•*¨*•...•*¨*•♫♪ séries tv ♪♫•*¨*•...•*¨*•♫♪

 

The Order série américaine créée par Dennis Heaton et Shelley Eriksen, diffusion Netflix mars 2019

THE ORDER

Une série farfelue à regarder pour rigoler ! J'espère qu'elle se tiendra à l'autodérision et au second degré - involontaire ou pas - mais elle est rafraîchissante à sa façon et totalement imprévisible. C'est l'histoire d'un étudiant qui fait ses premiers pas à l'université et qui cherche à intégrer une société secrète pour venger la mort de sa mère. L'histoire va finalement partir dans tous les sens - ce qui m'a surprise mais également séduite, car le scénario ne se prend pas au sérieux et vire à la bonne blague qui détend l'atmosphère.

 

The Good Wife série américaine créée par Michelle & Robert King. 7 saisons. Diffusion 2009-2016

The-Good-Wife

J'avais PRESQUE terminé la série (me restait 2 saisons) aussi ai-je retrouvé Alicia Florrick avec grand plaisir dans son parcours de vie. Épouse bafouée et humiliée publiquement etc. elle avait su rebondir en décrochant un poste d'avocate dans le cabinet de son ami de fac. Sa relation de couple ayant connu des hauts et des bas, Alicia était parvenue à redevenir maîtresse de ses choix. Du moins, le pensais-je car la conclusion de la série est DÉCEVANTE !!! C'est comme si on avait tourné en rond sur 7 saisons pour aboutir à ÇA. Je n'ai rien compris. De toute façon, la saison 7 sentait le moisi : je n'ai pas accroché à son nouveau “jules” qui se voulait bad boy mais s'avère un gros lâche en puissance. Alicia & Peter : une histoire sans fin. Idem pour Will. Beaucoup de personnages ont déserté le casting *frustration*. Je suis vraiment, vraiment déçue et pas du tout satisfaite. J'avais adoré cette série mais sa conclusion me laisse une immense amertume. 

 

Sherlock série britannique créée par Mark Gatiss et Steven Moffat. Diffusion BBC One depuis juillet 2010. D'après les aventures de Sherlock Holmes écrites par Sir Arthur Conan Doyle, avec Benedict Cumberbatch et Martin Freeman dans le rôle de Watson.

Sherlock the game is now

Il me fallait voir et revoir cette série dans le bon ordre (souvent aperçu des épisodes en zappant).

Contrairement à beaucoup d'aficionados, j'ai adhéré tardivement à cette adaptation. Mes premières tentatives avaient été peu concluantes. Et puis... et puis... j'ai succombé au ton moderne, à l'approche audacieuse, au rythme parfois brouillon, à la dramaturgie et à l'ambiance résolument fascinante. J'aime aussi beaucoup les acteurs. Et Moriarty... interminables soupirs.

sherlock its not a game

 

 

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02/06/18

La dernière expérience, d'Annelie Wendeberg

La dernière expérience 10 18Après une première rencontre dans Le Diable de la Tamise, on retrouve Anna Kronberg - une femme médecin qui a longtemps caché son identité car la profession était interdite aux femmes - dans une nouvelle affaire sordide. Exilée dans son cottage du Sussex, Anna a finalement été pistée par le Professeur Moriarty - droguée, enlevée puis séquestrée chez lui, à Londres. Elle doit lui fournir une nouvelle arme chimique et n'a pas d'autre choix que de se plier à ses exigences - son père est également retenu en otage. S'installe alors une étrange cohabitation entre notre bactériologiste et son geôlier, l'un et l'autre ne se faisant pas confiance, tous les coups possibles sont permis - quitte à succomber au capiteux parfum de l'interdit. Ambiance opiacée, séduction veloutée, soirée à l'opéra, souper aux chandelles... Anna tombe sous le charme vénéneux de James Moriarty. Quid de Sherlock Holmes ? Lui aussi avait exercé un puissant ascendant sur notre héroïne - femme fatale et maîtresse de son corps, bravo ! - mais le fin limier avait également tracé son chemin sans demander son reste. Entre Anna et lui, l'attirance est palpable mais la raison domine la passion. Ceci dit, il ne faut pas chercher loin pour que la coquille se brise... Aussi troublante et sulfureuse soit-elle, la relation entre Anna et Moriarty ne nous laisse guère dans l'indifférence ! Le résultat est à la fois dérangeant et excitant, à l'image de la série. Pour tout dire, j'aime beaucoup le contexte historique, l'Angleterre victorienne, la société à double vitesse, les rôles controversés que l'auteur attribue à Holmes et Moriarty, les joutes verbales avec la scientifique, par contre l'intrigue est assez complexe et un peu lente pour faire battre mon cœur. Et l'idée d'une Anna Kronberg au centre des convoitises, suscitant les plus fervents penchants, c'est un peu fort de café ! Passons, car cette lecture me perturbe en exerçant une réelle addiction, ce qui m'a fait lire d'une traite les 300 pages du roman. Dernier tome disponible : L'Héritier de Moriarty aux Presses de la Cité.

10 X 18 Grands Détectives (2018) - traduit par Mélanie Blanc-Jouveaux

Presses de la Cité, 2017 pour la traduction française

Mois anglais Cannibal lecteurMois anglais Cannibal lecteurMois anglais Cannibal lecteur

 

 

 

 

#moisanglais_2018

 

15/12/17

La Team Sherlock : Le mystère Moriarty, de Stéphane Tamaillon

La Team SherlockEn cette rentrée au prestigieux collège international de Comte-de-Phénix, Celandine, Haruko et Alejandro vont se découvrir une passion commune pour les énigmes et les phénomènes inexpliqués. En effet, plusieurs événements étranges sont survenus dans les enceintes de l'école - des camarades disparaissent ou sont agressés dans leur chambre par une entité surnaturelle. C'est assez pour exciter la curiosité de nos jeunes enquêteurs, qui décident de porter leur suspicion sur le vieux bibliothécaire, un certain Watson.
On s'ébroue aussitôt dans notre fauteuil en tournant les pages du bouquin. Voilà le parfait petit roman qui introduit au genre policier et qui initie en finesse aux héros classiques de Conan Doyle. On savoure d'avance les prémices de cette série conduite avec intelligence, humour et simplicité. L'enquête soulève quelques frissons (le regard fantôme, les chutes du reichenbach, le testament du dieu tibétain), même si le dénouement est sans surprise. Après tout, la lecture est abordable pour les plus jeunes, dès 9-10 ans, qui apprécieront l'ambiance du pensionnat avec ses mystères. Les personnages sont sympathiques, tour à tour curieux, intrépides et maladroits. J'ai juste trouvé que l'illustration de couverture ne les mettaient pas à leur avantage, ceci étant le premier aperçu d'une histoire, il m'a fallu dépasser cette appréciation pour me plonger aveuglément dans l'ouvrage. Clairement, l'ambiance est la réussite du livre. Mais contrairement à la série Ultramonde, celle-ci cible davantage les plus jeunes lecteurs. C'est le seul détail qui a été pour moi une barrière pour adhérer pleinement à ce je découvrais. 

seuil jeunesse, 2017 - illustration de couverture : alban marilleau

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16/05/17

Le Diable de la Tamise, d'Annelie Wendeberg

EN POCHE ! Sherlock Holmes fait la rencontre de l'étrange Dr Kronberg...

le diable de la tamise

Au cours de l'été 1889, le Dr Anton Kronberg, bactériologiste de renom, est appelé pour confirmer les traces suspicieuses de choléra sur une victime retrouvée morte dans la Tamise. Sur place, il y fait la rencontre de l'excentrique Sherlock Holmes, personnage nerveux et insupportable, qui lui inspire aussitôt une aversion épidermique. Il faut dire que le détective a mis à jour le secret inavouable de Kronberg en une poignée de mains et un simple coup d'œil. Anton Kronberg est en vérité une femme, Anna. Originaire d'Allemagne, où les études de médecine sont interdites aux femmes, puis exilée à Harvard, pour enfin exercer ses talents à Londres, Kronberg dupe son entourage depuis de longues années, mais au prix d'une incroyable mise en scène entourée de mille précautions. Elle a également choisi de vivre dans un quartier misérable, où elle tombe le masque et redevient Anna, infirmière à la coupe de cheveux peu conventionnelle, qui se faufile dans le dédale des rues puantes et crasseuses pour retrouver son amant, un crocheteur irlandais, et pour soigner les plus malchanceux. Son quotidien n'est pas sans risques, Anna en a conscience, malgré un moral d'acier et un tempérament de feu, elle redoute la découverte de sa vraie nature et de finir en prison. En attendant, notre affaire de macchabée va prendre un nouveau tournant pour remonter la piste d'un étrange réseau de trafics humains, sous couvert de servir les besoins de la science (un vaccin contre le tétanos), avec les dérives inhérentes aux ambitions dévorantes.

Le duo formé par Sherlock Holmes, à qui l'on prête une posture effacée et pleine de retenue, et le Dr Kronger, figure autrement plus complexe à cerner, est franchement détonnant ! Ces deux-là jouent un drôle de jeu entre attirance et répulsion, besoin de bousculer l'autre et prouver qui est le meilleur, un concours d'ego assez pesant au démarrage, car les deux parties se jaugent et font grincer des dents. Que d'arrogance !! Puis, ça se tasse car l'histoire finit par les convaincre que l'union fait la force, qu'une femme peut être aussi subtile et intelligente qu'un homme, qu'il y aura toujours l'inégalable Irene Adler, et désormais Anna Kronberg, remarquable pour son habileté au déguisement et sa vivacité d'esprit ! Toutefois, la perspective d'un trouble amoureux a failli me perdre. Pensez donc... Un mythe se meurt ! “Ses lèvres avaient la douceur de la soie. Tout à coup, mon cœur si peu raisonnable quitta ma poitrine pour aller s'installer dans la sienne. Je me demandais s'il avait remarqué le poids supplémentaire.” Huhuhu.

Mis à part ces petits détails, le livre se lit vite et bien. L'intrigue criminelle n'est pas époustouflante, mais reproduit efficacement une ambiance, un contexte, des enjeux médicaux etc. Bon point pour le décor. Je ne suis pas convaincue par l'esquisse des personnages, mais je reste curieuse de la suite de leurs aventures, ce roman étant le premier d'une trilogie. Cf. La dernière expérience, Presses de la Cité (2017).

10x18 Grands Détectives, 2017 - Trad. par Mélanie Blanc-Jouveaux (The Devil's Grin)

23/01/17

Lock & Mori, de Heather W. Petty

Lock moriToujours dans ma monomanie holmesienne, j'ai opté pour le roman suivant - Lock & Mori, qui propose une nouvelle interprétation du couple fatal de Sherlock et Moriarty.
Direction l'Angleterre du XXIe siècle. Lock et Mori sont tous deux lycéens, lui est un excentrique passionné de chimie, qui s'enferme dans un laboratoire sous le théâtre de l'école pour se livrer à des expériences improbables, et elle... oui ELLE, porte le nom de James “Mori” Moriarty et affiche une morgue pour mieux se protéger car la jeune fille vit un drame personnel dont elle a honte. La rencontre entre ces deux-là n'est malheureusement pas explosive, mais leur relation ne va pas se tisser sans heurt ni passion. Tout commence par un défi, lancé par Lock à Mori : démasquer ensemble le tueur en série qui sévit dans les rues de Londres. Même si la compétition fait rage, leur enquête ne doit pas étouffer les indices trouvés et faire état de toutes les observations glanées en chemin. Seulement, Mori va déroger aux règles établies et ne pas partager certains secrets et autres doutes qui vont rapidement poindre. Or, si elle ose en parler, c'est toute sa vie qu'elle met en péril. 
D'abord déçue par la couverture du livre, j'ai ensuite été chagrinée par son contenu : pas de vrai suspense, des personnages sans relief, manque d'alchimie et une propension au  mélodrame un poil trop présente. Cette mise en scène contemporaine des personnages mythiques de Sherlock Holmes et Moriarty n'est finalement pas à la hauteur des attentes, l'auteur focalise l'attention sur les tourments de l'adolescente qui vit dans un foyer plongé dans le cauchemar depuis la mort de la mère. Son père, pourtant inspecteur de police, a sombré dans l'alcool, la dépression et la violence... mais nul n'en a conscience car Mori prend garde à préserver ses frères. Elle encaisse les coups et les humiliations en serrant les dents, d'où son attitude fuyante avec Lock, alors qu'il l'attire beaucoup. Mais leur relation est très en-dessous de son potentiel, c'est plat, sans sucre, sans miel, sans sel, sans piment. Complètement fade. Sans compter qu'on voit tout venir à des kilomètres à la ronde, il n'y a aucune surprise, que ce soit dans l'intrigue policière ou dans l'évolution de leur histoire amoureuse. C'est fichtrement banal et languissant. Suis très déçue. On a là une lecture insipide malgré une initiative savoureuse en imaginant Sherlock Holmes et Moriarty hors de leur contexte habituel. Le flop total.

Traduit par Luc Rigoureau pour les éditions Hachette - Octobre 2016

 

Original Title : Lock & Mori

 

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Sherlock, Lupin & moi : Le Mystère de la dame en noir, par Irene Adler

Sherlock lupin et moiEn vacances avec sa mère à Saint-Malo, la jeune Irene Adler fait la connaissance de deux garçons de son âge, Sherlock Holmes et Arsène Lupin, durant cet été 1870. Tous trois deviennent inséparables et se promènent sur les remparts de la ville ou prennent le large à bord de leur petite barque pour échapper à la vigilance trop étroite de M. Nelson, le majordome des Adler. C'est donc par hasard qu'ils découvrent sur la plage le corps d'un homme échoué, puis qu'ils aperçoivent non loin une silhouette encapuchonnée qui prend la fuite en se sachant observée. Les trois camarades créent aussitôt leur club de détectives amateurs pour résoudre ce mystère, voyant que la police locale s'emmêle les pinceaux pour conduire son enquête. Mais à force de fourrer leur nez dans les affaires malouines, les habitants grondent contre ces jeunes intrus qui perturbent leur tranquillité. 
L'histoire ne manque pas de rebondissements et nous guide dans les dédales de la charmante station balnéaire en dégageant un parfum d'exaltation et de légèreté. L'intrigue combine suspense, action, danger et émotion avec habileté et sans esbroufe inutile. On se délecte aussi de l'ambiance cosy des vacances en bord de mer et du merveilleux cadre du 19ème siècle, avec s
es grandes et belles villas cossues, ses rituels de l'après-midi autour d'une partie de bridge ou d'une tasse de thé. À côté de ça, la jeune Irene, plus intrépide que jamais, s'échappe du carcan maternel pour vivre de palpitantes aventures en compagnie de ses deux amis. Et c'est justement la rencontre surréaliste de ces trois figures littéraires, flanquées d'une douzaine d'années, qui rend ce petit roman si attachant et curieux ! On y trouve déjà un Sherlock arrogant et vif, un Lupin malicieux et enjôleur et notre jolie Irene qui raconte leur étonnante rencontre et la naissance de leur amitié... avant tout le reste. 
Il s'agit en fait de Pierdomenico Baccalario (auteur de Ulysse Moore & La Boutique Vif-Argent) et Alessandro Gatti les réels instigateurs de cette nouvelle série. Le ton, le style, les illustrations de Iacopo Bruno sont d'ailleurs reconnaissables entre mille. L'idée également est attrayante. C'est toujours cocasse de plonger dans une histoire mettant en scène des personnages de fiction qui reprennent vie sous une autre plume et dont on imagine une enfance, des copains, des premiers émois etc. On prend ainsi plaisir à noter les détails et les références car les auteurs n'ont pas fait le job à moitié et ont puisé dans une matière consistante sans dénaturer l'objet de leurs études. Sherlock, Lupin et Irene sont jeunes et insouciants, ils ont pour passion commune les énigmes à découdre, ils grandissent auprès de leur famille dont on perçoit les failles ou les richesses à venir (les leçons de gym avec le scandaleux Théophraste, la voix divine d'Irene, les rapports délicats entre Mycroft et son frère). Pour l'heure, ce premier tome pose les bases et laisse planer le doute en titillant le lecteur pour le forcer à revenir s'il souhaite connaître d'autres vérités et expliquer comment ces trois-là ont vécu le destin que l'on sait. 
Séduite par tant de promesses, j'accepte avec joie cette invitation ! 

Traduit de l'italien par Béatrice Didiot pour les éditions Albin Michel Jeunesse - Janvier 2017

17/06/16

Le Diable de la Tamise, d'Annelie Wendeberg

Le diable de la tamise

Au cours de l'été 1889, le Dr Anton Kronberg, bactériologiste de renom, est appelé pour confirmer les traces suspicieuses de choléra sur une victime retrouvée morte dans la Tamise. Sur place, il y fait la rencontre de l'excentrique Sherlock Holmes, personnage nerveux et insupportable, qui lui inspire aussitôt une aversion épidermique. Il faut dire que le détective a mis à jour le secret inavouable de Kronberg en une poignée de mains et un simple coup d'œil. Anton Kronger est en vérité une femme, Anna. D'origine allemande, où les études de médecine sont interdites aux femmes, puis exilée à Harvard, pour enfin exercer ses talents à Londres, Kronberg dupe son entourage depuis de longues années, mais au prix d'une incroyable mise en scène entourée de mille précautions. Elle a également choisi de vivre dans un quartier misérable, où elle s'y cache et mène son existence non-conformiste. Chaque nuit, elle tombe le masque et redevient Anna, infirmière à la coupe de cheveux peu conventionnelle, qui se faufile dans le dédale des rues puantes et crasseuses pour retrouver son amant, un crocheteur irlandais, et pour soigner les plus malchanceux. Son quotidien n'est pas sans risques, Anna en a conscience, malgré un moral d'acier et un tempérament de feu, elle redoute la découverte de sa vraie nature et de finir en prison. En attendant, notre affaire de macchabée va prendre un nouveau tournant pour remonter la piste d'un étrange réseau de trafics humains, sous couvert de servir les besoins de la science (un vaccin contre le tétanos), avec les dérives inhérentes aux ambitions dévorantes.

Difficile pour moi d'apprécier pleinement ce roman qui emprunte la figure de Sherlock Holmes mais en lui prêtant une posture effacée et pleine de retenue. Ce n'est pas le Sherlock que l'on sait ! Après, c'est un personnage secondaire, prêtant assistance au Dr Kronger, figure autrement plus complexe à cerner et à apprécier... Ces deux-là jouent un drôle de jeu entre attirance et répulsion, besoin de bousculer l'autre et prouver qui est le meilleur, un concours d'ego assez pesant au démarrage, car les deux parties se jaugent et font grincer des dents. Que d'arrogance !! Puis, ça se tasse car l'histoire finit par les convaincre que l'union fait la force, qu'une femme peut être dotée d'un cerveau aussi tonique que celui d'un homme, qu'il y aura toujours l'inégalable Irene Adler, et désormais Anna Kronberg, remarquable pour son habileté au déguisement et sa vivacité d'esprit ! Toutefois, la perspective d'un trouble amoureux a failli me perdre. Pensez donc... Un mythe se meurt ! “Ses lèvres avaient la douceur de la soie. Tout à coup, mon cœur si peu raisonnable quitta ma poitrine pour aller s'installer dans la sienne. Je me demandais s'il avait remarqué le poids supplémentaire.” C'est niais, non ? Huhuhu. Mis à part ces petits détails, le livre se lit vite et bien. L'intrigue criminelle n'est pas époustouflante, mais reproduit efficacement une ambiance, un contexte, des enjeux médicaux etc. Bon point pour le décor. Je ne suis pas convaincue par l'esquisse des personnages, mais je reste curieuse de la suite de leurs aventures, ce roman étant le premier d'une trilogie.

Traduit par Mélanie Blanc-Jouveaux, pour les éditions Presses de la Cité (The Devil's Grin) - mai 2016

 

#Mois Anglais 2016 : Sherlock Holmes

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04/04/16

Une affaire de sang, de Bonnie MacBird

Une affaire de sang

Accusé d'avoir falsifié des preuves dans une récente affaire, Sherlock Holmes est blessé dans son orgueil. Envoyé en prison, puis libéré, il vit désormais cloîtré dans son appartement du 221B Baker Street dans les vapeurs troubles de la cocaïne. Son ami Watson est appelé en renfort et le tire de sa léthargie grâce à une nouvelle enquête mandatée par la fascinante chanteuse de cabaret, Mademoiselle La Victoire, qui s'inquiète depuis Paris de l'enlèvement de son fils, confié à son père, un lord anglais. Ce dernier est également soupçonné d'appartenir à un réseau de trafic d'œuvres d'art, auquel Mycroft, le frère de Sherlock Holmes, souhaiterait mettre un terme. L'étincelle éteinte du détective se ravive à nouveau, et notre duo s'échappe aussitôt outre-manche pour rencontrer une mère éplorée... déjà soutenue par un détective aux méthodes de séducteur peu orthodoxes, à savoir Jean Vidocq, qui s'auto-proclame arrière-petit-fils du célèbre policier français. Une rencontre en apparence testostéronée mais où les égos vont entrer en friction et fusion !

La suite de l'enquête est également forte en révélations et autres rebondissements, où l'on retrouve avec plaisir cette synergie galvanisante des romans de Conan Doyle, jusqu'à ce qu'on bascule brusquement dans une intrigue crapuleuse, au dénouement passable et glauque. J'ai été très déçue qu'on tombe aussi bas ! Je me réjouissais de retrouver le charme et l'arrogance d'une enquête de Sherlock Holmes, certes revisitée à la sauce XXIe siècle, aussi ai-je été fort désappointée par la toute fin du roman. Sans quoi, l'illusion était convenable et la lecture assez cohérente. Cela m'a bien plu, dans l'ensemble.

City éditions / Février 2016 ♦ Traduit par Martine Desoille (Art in the Blood)

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