La Fille qui avait deux ombres, de Sigrid Baffert
Perturbée par les frasques de sa grand-mère Rose, qui vient dernièrement d'annoncer son intention de passer sous le bistouri pour changer de tête, Élisa fait des crises de somnambulisme et des rêves étranges. Elle voit des maisons délabrées, entend une ritournelle italienne et comprend que tout est lié au passé de Rose, dans ce village de Sicile qu'elle a quitté sans se retourner. Pour le bien de la famille, pense-t-elle, Élisa fouille dans les affaires de sa grand-mère mais déchaîne sa colère.
Les secrets de famille sont un sujet qui me passionne en littérature, surtout si ce sont des histoires de femmes qui sont au cœur de l'intrigue. Et celle-ci a su me réserver ma dose nécessaire de tendresse, émotion, mystère et fantaisie. J'ai franchement beaucoup aimé ! Élisa est une héroïne attachante, avec une famille qui incarne à merveille la joyeuse tribu originale, partageant un lieu enchanteur (la brasserie familiale, avec sa Ruche et sa collection d'objets hétéroclites, où Élisa passe de longues heures à rêver et imaginer des histoires avec le théâtre de marionnettes).
Dans ce décor pourtant idyllique, l'atmosphère est devenue irrespirable depuis le clash entre Rose et sa petite-fille. Élisa, fidèle à sa nature adolescente, s'embrase, vitupère, dépasse les limites et veut tout tout de suite, mais on la perçoit aussi au creux de la vague, éperdue d'idéalisme et hyper sensible au monde qui l'entoure. Sa ferveur juvénile et sa volonté farouche de crever la bulle conduisent l'histoire dans un dédale de racines et de liens filiaux.
Le chemin est long, douloureux, parsemé de doutes et d'incertitudes, troublé par les fantômes et les non-dits, comme dans chaque histoire de famille. Mais c'est passionnant, raconté avec élégance et délicatesse, sans précipitation. De toute manière, la lecture est douce et réconfortante, elle dégage une aura magique ensorcelante, et puis l'histoire nous fait rêver et voyager. Magnifique !
L'École des Loisirs, mars 2015 ♦ photographie de couverture : Meyer/Tendance floue
Halb l'autre moitié, de Sigrid Baffert & Barroux
raconté par Elsa Zylberstein ♦ musique d'Alexis Ciesla
Baka a la mémoire qui flanche et décide d'offrir pour les dix ans de sa petite-fille Tallinn sa précieuse clarinette. Ainsi, la fillette pourra perpétuer la tradition familiale, en jouant la mélodie transmise de génération en génération. Or, Baka ne sait jouer que la première moitié. Elle a oublié le reste ! Avec le petit chien jaune Frageh (qui n'aura de cesse de grossir), elles décident de partir en voyage, jusqu'au village natal de la grand-mère, pour peut-être trouver la suite de la mélodie.
Au fil de leurs rencontres, Tallinn et Baka enrichissent leur répertoire musical, entendent des ritournelles et autres chansonnettes venues d'ici et là, communiquées avec amour et passion, bref la musique se parle dans toutes les langues, mais essentiellement avec le cœur. C'est une transmission universelle ! En bout de course, Tallinn comprendra aussi qu'elle seule délivrera sa grand-mère du poids de la frustration en imaginant elle-même la composition manquante.
« C'est une moitié étrange, faite de bric et de notes, de blanches, de noires et de vertes... Une mélodie frottée aux cahots de la route, sucrée comme une tarte d'anniversaire et amère comme une nuit d'attente, une mélodie qui vous berce l'âme comme un voilier, pleine de rires et de cris à la fois, tantôt frêle comme un brin d'herbe, tantôt charpentée comme un chêne millénaire, une mélodie chargée de terre rouge, qui sent le sel et la pluie noire de Ruzice, une mélodie aux yeux d'orage et aux chevilles de vent d'Amia, une mélodie qui marche au pas cadencé avant de s'envoler... »
Et c'est magnifique ! Quelle jolie balade, pleine de tendresse, de partage, de poésie et de symphonie. La relation entre la petite-fille et sa grand-mère est teintée de complicité et de douceur, d'une franche volonté d'aider l'autre pour sortir de l'impasse, sur fond de mémoire volatile et de l'importance d'entretenir cette souvenance. C'est très, très touchant mais jamais triste, car la musique est constamment pimpante, gaie, entraînante. C'est une joyeuse cacophonie, qui fait du bien à nos oreilles.
On déguste aussi par petites bouchées gourmandes le texte au charme lyrique très appréciable... « Une mélodie qui vient de loin d'entre les mères. Une mélodie pour entrer dans la vie, une mélodie qui aide à comprendre le dedans, le dehors, l'avant et l'après, le pourquoi et le comment. Une mélodie qui explique le sens de la vie. Une mélodie qui fait pousser les branches des arbres généalogiques... »
Cela vous parle de l'amour des mots, des sons, du pouvoir de la musique, bref autant de petits fragments à assembler pour former un tout enchanteur. Musique par Alexis Ciesla, lecture par Elsa Zylberstein (parfaite), illustrations de Barroux sont l'apanage de cet album discret, mais ô combien précieux et bouleversant de mille émotions. Très, très beau. J'ai beaucoup aimé !
Les éditions des Braques, avril 2014
Pour information :
Halb est un projet à 4 mains : Alexis Ciesla, clarinettiste virtuose, pour la musique et Sigrid Baffert pour l'histoire et les chansons...Une collaboration sans fausse note, complétée par 2 autres mains, celles de Barroux, aux pinceaux et une voix envoûtante, celle d'Elsa Zylberstein.
Elsa Zylberstein prête sa voix douce et profonde à cette histoire intemporelle. Des chansons émaillent ce voyage initiatique sur des airs de trombone, sax, contrebasse, violon, percussions, accordéon, et clarinette bien sûr !
Alexis Ciesla, touche-à-tout virtuose à prédominance clarinettiste, a composé la musique sur le texte et les chansons de la talentueuse Sigrid Baffert. Ensemble, avec le soutien du conservatoire municipal de St Priest (69) ils ont orchestré les multiples vies de ce projet protéiforme et fédérateur. Le livre a également reçu le soutien de la Fondation du Judaïsme Français.
Coup de Meltem de Sigrid Baffert
“ Ballet de fourmis dans mes doigts et mes chevilles. Sensation de marcher sur un paquebot. Saletés de pilules. Je dois avoir l'air d'être tombé d'une nuit blanche. Mes yeux glissent sur ses deux petits seins au garde-à-vous sous son pull. J'essaie de fixer mon attention sur l'abeille joufflue qui rit sur son paquet de céréales. Mais là, soudain, face à ce visage, ces talons de cigogne et ses seins sublimes, je réalise que je ne ressens plus rien.
Black out.
Je cherche mon désir dans ses yeux verts, ses cheveux, sur sur hanches. Plus de tectonique des sens, de molécules en désordre, de promesses folles. Est-ce que les sentiments peuvent claquer comme un vieil élastique ou se vitrifier d'un coup ? Il y a quelques semaines, j'aurais donné mon sang pour un regard de Lilia, et aujourd'hui, je donnerais ce qui reste pour ne pas être là, devant elle. Devant elle, si pleine de vie et de futur, si debout devant, si haut perchée sur ses talons, tendue vers un avenir où je ne me vois plus. D'ailleurs, pourquoi s'encombrerait-elle d'un mec au cœur de verre ?
Bon sang, que t'arrive-t-il, Virgil ? ”
À la suite d'une compétition de natation, Virgil fait un malaise. Trop de stress ou un entraînement trop intensif ? Point du tout. Le garçon souffre de la maladie du cœur de verre. Une insuffisance cardiaque héréditaire. Ce problème révèle alors qu'il est né d'une insémination artificielle, que son père n'est pas son père. Un secret qui dure depuis seize ans. L'adolescent, sous le choc, est en colère contre ses parents. Par défi, il se lance alors à la recherche de son géniteur, coupable d'avoir légué à des milliers d'autres enfants sa triste maladie, mais se heurte aux failles d'un système. Incidemment, cela remet en question son identité, le voilà un parmi tous... dans le flou, dans le brouillard. Une entité inconnue, avec probablement des frères et des sœurs parsemés dans le monde. Cela fragilise son rapport avec les autres, il est refroidi avec les filles, n'ose plus se lancer vers les rencontres, laisser voguer ses sentiments. Il est pétri de doutes. À force d'acharnement, ses recherches seront fructueuses, le garçon va mobiliser les troupes et jouer au Zorro. Un combat admirable ! Car, le sujet est sensible, mais abordé avec délicatesse, et parvient à transcrire les émotions contrastées qui vont naître chez les jeunes héros de cette histoire. Cela se lit vite et bien, sur un rythme agréable et entraînant. Sigrid Baffert a parfaitement maîtrisé son sujet (la PMA et ses conséquences), sans jamais soulever un débordement passionnel dans les interrogations qu'il suscite. C'est un texte intelligent, qui jamais ne juge ou ne sermonne, avec des personnages attachants et une histoire très romancée ! ... Jolie couverture, au passage.
La Joie de Lire, co. Encrage, avril 2014 ♦ couverture illustrée par Séverin Millet
... le bonheur, c'est d'accepter de ne pouvoir jamais compter les étoiles, et continuer de les contempler.
ENFIN la dernière partie des histoires des Blue Cerises. J'attendais ce moment depuis mai 2010 ! Cela commençait à faire long... Autant dire que le plaisir des retrouvailles me faisait planer sur un petit nuage. Aussitôt je plonge mon nez dans le bouquin et, là, grand sourire jusqu'aux lèvres, parce qu'il est question de Zik.
Zik, ma chouchoute. La douce rebelle, au grand coeur. Mais Zik est malheureuse par la faute des Cerises. La brouille est sévère, tous se cachent dans leur coquille et c'est à celui qui fera le premier pas, qui tendra la main... Pas facile. Alors Zik a entrepris sa propre thérapie, elle voit un psy, elle parle du passé, une douleur en appelant une autre, et elle a renoué avec son amoureux.
Viendra le tour d'Amos, qui me donne toujours l'impression d'être un grand sage, attentif, présent, ne jugeant jamais, très à fleur de peau, lui aussi. Son refus de quitter la France avec son père et sa soeur s'explique autrement que par l'envie de rester auprès de ses amis, Amos a besoin de retrouver d'autres racines... et là, autre rencontre, autre destin, c'est troublant.
Surgit de sa boîte l'imperturbable Satya, drôle, irrésistible, charmeur et charmant. C'est clair, tout le monde craque pour lui. Et dire que notre grand séducteur ne le fait même pas exprès ! En fait, lui aussi a la tête à l'envers, il fuit certains fantômes, court après d'autres, croise une belle inconnue dans son duffle-coat rouge, serait-ce bien la même ? Satya est à bout de souffle, il en a marre de passer à côté du bonheur et de le voir filer entre les doigts.
Le dernier acte est donc consacré à Violette, complètement paumée et qui s'en veut. Il est temps d'en finir avec Olivia, elle seule doit prendre les devants et affronter le passé. Elle le sait. En chemin, elle croise un type constellé de poussière grise et qui lui parle de Murakami. C'est Nemo. Et déjà, son coeur s'emballe... sauf que c'est connu que Violette est allergique aux histoires d'amour, aux sentiments et aux déclarations. Du coup, c'est la panique. Il ne lui a rien promis, mais son intuition ne la trompe pas.
Entre retrouvailles et secrets dévoilés, la dernière saison des Blue Cerises nous apporte de grandes bouffées de joie, de peine et de tendresse. Place également aux doutes, aux inquiétudes, aux interrogations et aux prises de position. Ce dernier rendez-vous est plus grave, un peu doux-amer, mais c'est aussi le rendez-vous qui recommande de lâcher prise, de s'aimer, de l'avouer, de prendre son envol. Et c'est sur une pointe de nostalgie que ça se termine, que les Cerises nous poussent vers la sortie. Fin du spectacle. Applaudissements.
C'est triste, quoi.
Mais reste le souvenir d'avoir lu et aimé une série bouleversante, très bien écrite, avec des personnages à bichonner et chérir parce qu'ils le valent bien... Encore merci pour cette rencontre, cette expérience complètement folle de pencher vos quatre têtes sur une même intrigue, vraiment un pur enchantement !
la petite phrase de la saison 4 : Elle me lance un regard, elle a peur, je sais, mais ça y est, elle plonge, elle est entière, c'est ce qui me fascine chez elle : sa force de vie, comme une boule d'instinct qui dévale la pente jusqu'au bout, une fois que sa décision est prise, Zik sait ouvrir les brèches.
Blue Cerises, saison 4 : Lune Bleue par Maryvonne Rippert, Sigrid Baffert, Jean-Michel Payet & Cécile Roumiguière
Milan, coll. Macadam, 2012.
nouveau format, nouvelles couvertures -) j'aime beaucoup !
mais surtout...
Blue Cerises saison 3
" Les Cerises, c'est la possibilité d'être nous, tels quels, sans masque, sans paraître. Un cocon, peut-être, où nous pouvons nous protéger de tout le reste. " (Satya, de musc et de havane)
Voilà une troisième saison beaucoup plus rude pour nos Cerises. C'est le soir du réveillon de la saint-sylvestre, tous les quatre se rendent à une fête costumée, mais rien ne se passe comme prévu. Violette apprend que son frère a disparu, Amos pète un câble et lui envoie un scud en pleine figure, Zik et Satya frisent le rapprochement avant de revenir sur terre pour recoller les pots cassés. Quelle soirée !
Après la saison des secrets, voici la saison des révélations et du sentiment de trahison. Les masques tombent, le fantôme d'Olivia revient tous les hanter, entre apparition surréaliste ou harcèlement d'un dégénéré, les Cerises sont paumés et ont besoin de leur amitié pour ressouder les liens qui se desserrent. Or, l'amitié bat des ailes. Zik a le sentiment d'avoir été mise de côté, Amos a cru pouvoir se séparer de sa famille qui part au Canada en se consolant auprès des Cerises, mais soudain le déchirement devient vif et inexplicable, Violette a bafoué la confiance de ses proches, aujourd'hui elle en paie douloureusement le prix, et enfin Satya ne veut pas entendre parler de ce type débarqué de New York qui aurait bien connu ses parents en Inde. A l'instar de ses amis, il préfère se protéger de la réalité, ne pas affronter certaines vérités, trouver un refuge ailleurs, à la Cinémathèque par exemple. Quand on a toujours compté l'un pour l'autre, et l'un sur l'autre, cela devient subitement troublant de ne plus rien retenir et de découvrir que tout se délite. Et le désespoir de Zik est juste beau, poignant et émouvant.
" J'y ai tellement cru, aux blue Cerises, j'ai tellement cru qu'ils m'aidaient à vivre. Notre mot de passe n'est-il pas : "On en parle ?"
Dans ce cas, pourquoi est-il si difficile de se dire les choses ? N'y a-t-il pas une gigantesque supercherie à croire que l'on ne peut être rien sans les autres ? Je n'en peux plus. J'ai envie de hurler. Je ne supporte plus cette hypocrisie de merde. " (Zik, lonely cat)
Les blue Cerises, c'est l'amitié puissance 4. Une amitié fusionnelle, qui n'est pas épargnée par les coups de griffes, mais après tout il faut aussi grandir dans la douleur, et comme nos petits Cerises ont un goût inné pour la dramaturgie (on ne se gave pas de cinémathèque en apprenant par coeur les répliques implacables pour rien !), tout ça vous vrille le coeur et le corps. Cette saison se boucle donc sur une note d'amertume, en même temps lire quatre fois une cinquantaine de pages où les émotions sont intenses et exarcerbées ne peut pas se terminer autrement. Et c'est avec une certaine boule au ventre qu'on repose nos quatre petits bouquins, avec des questions qui passent en boucle, comme de ne pas comprendre où Amos a perdu la raison, à une lettre près (ça signifie "entendre son coeur") et sur quelle épaule Zik a calé sa tête (en se glissant dans la peau de Scarlett).
Donc, les larmes, les cris, la colère, la boisson, les notes de musique ont beaucoup versé dans cette saison mais c'est un mal pour un bien. Cette série, à travers son concept, son idée, son style et son portrait de quatre adolescents inséparables, montre que l'union fait la force.
En attendant un dénouement apaisant (Zik / Satya ?!?), la saison 3 a posé les bonnes questions : " Pourquoi cette violence ? (...) Où est ma place dans cette histoire ? Je suis libre d'être ce que je suis. Les ailes froissées, je me cogne, encore et encore, aux lumières de la vie. Et je me consume. " (Violette, la minute papillon)
La saison 3 des Blue Cerises comprend :
* Violette, la minute papillon ~ Cécile Roumiguière
* Zik, lonely cat ~ Maryvonne Rippert
* Amos, anticorps ~ Sigrid Baffert
* Satya, de musc et de havane ~ Jean-Michel Payet
Milan, coll. Macadam (2010) - 4€ chaque livre.
Blue Cerises saison 2
Milan, coll. Macadam, 2009 - 58 pages - 4€ le volume
La faute à Voltaire ~ Jean-Michel Payet
Les Blue Cerises sont sérieusement secoués dans cette nouvelle saison. L'annonce du prochain départ d'Amos pour le Canada menace leur amitié, un membre en moins équivaut à amputer ce corps solide. Satya et ses camarades tentent de trouver une solution, un point d'ancrage pour Amos, et une chambre de bonne se libère dans l'immeuble de Zik. Ce serait formidable. L'élan de l'espoir les pousse, en contrepartie ils ont conclu avec le proprio de repeindre un appartement défraîchi. Du coeur à l'ouvrage, l'envie d'y croire encore, tous ont néanmoins un noeud à l'estomac.
Car au-delà de cette belle solidarité, il y a des secrets. Cultivés avec lucidité. Tus par omission. Par souci de préserver leur communion d'esprit. Or, cela finit par les oppresser et la belle façade demande un soin constant pour être entretenue.
On trouve l'amour trop compliqué, mais l'amitié est aussi histoire d'amour...
Satya a perdu sa belle sous sa bulle, il croise une autre demoiselle qui a le coeur brisé et Satya se demande. C'est comment faire l'amour pour la première fois ?
Ciné ciné cinéma ~ Cécile Roumiguière
Violette se voit offrir une opportunité de rêve : être figurante du premier rôle féminin sur un tournage de film historique, pendant une semaine. Mais son frère a été catégorique : interdiction d'en toucher un mot à sa bande des Cerises. Alors, Vio ment, esquive, fait des courbettes, des pas chassés et croisés, elle s'emmêle les pinceaux.
Sur le plateau, elle tombe amoureuse d'un garçon qui lui rappelle Amos. L'amour interdit. Aucune ambiguité là-dessous, mais ce garçon est son lien caché, un pont à traverser mais aussi le poids d'une enclume dans le ventre. Elle va comprendre... trop tard.
De leur côté, Satya et Zik repeignent l'appartement. Vio téléphone à Amos en secret. Le garçon est douloureusement absent, comme déjà parti, et la bande a besoin d'un solide remontant. Un remède pour souder à nouveau ce noyau dur qui est en train de fondre comme neige au soleil.
Yapasphoto ~ Maryvonne Rippert
Zik a un secret ! C'est chose courante pour nos Cerises, car c'est décidément la saison du mensonge et du camouflage. Notre demoiselle cache un amoureux secret, donc. Elle ne peut en parler à ses amis, ils ne comprendraient pas. C'est simple, ils le détestent tous. S'ils savaient...
Et la peur de perdre sa petite bande se noue et Zik commet des petites bêtises.
C'est la saison des embrouilles et du brouillard. Les noeuds des intrigues s'emmêlent, les corps se disloquent, les bleus à l'âme apparaissent.
Heureusement, il y a aussi le secret de la mamie de Zik qui permet de détendre l'atmosphère. C'est cocasse, parfaitement risible, et souriant.
La phrase de la saison 2 : Je cherche un Kleenex dans mon sac. Je sais bien que j'en ai pas. Y'a que les mamans qui ont des réserves de mouchoirs...
Rôde movie ~ Sigrid Baffert
Enfin au tour d'Amos de prendre la parole ! Jusqu'à présent, c'était le grand absent alors que toute l'attention de nos Cerises est tournée vers lui. Donc, Amos doit partir. Deux ans au Québec. Il n'a pas le goût de briser le quatuor et il cherche une solution. Et un par un, les Cerises organisent un tête-à-tête secret avec lui.
Une virée dans un grand magasin la nuit, un rôde movie vers la pointe Saint-Mathieu, une chevauchée dans les bois avec une rencontre hallucinatoire... Dans cette saison 2, ôde aux secrets, il y a aussi le spectre d'Olivia qui hante les pages et frappe d'effroi les mémoires de nos charmants personnages.
Non, nous ne trouverons pas la solution mais c'est fait exprès. L'enquête peut commencer, fouiller les pistes, rejoindre les tuyaux, confondre les éléments. Je les attends !
L'autre phrase de la saison 2 : Je les contemple l'un après l'autre, mes amis, mes piliers, ma bande. Les Cerises, comme on se surnomme.
- Putain de bordel de merde... lâche enfin Zik.
- Bon résumé de la situation, conclut Satya en recrachant son écorce.
Lire les blue Cerises, c'est du velouté instantané. Rapide et savoureux.
J'ai déjà évoqué mon amour cet été, alors que je lisais sous un soleil de plomb la saison 1. Je retrouve Amos, Zik, Satya et Violette avec le même grand plaisir. Je constate d'ailleurs qu'on passe à un échelon supérieur, nos Cerises entrent dans la cour des grands, se brûlent les ailes et s'enfoncent encore plus sous le sceau des secrets.
C'est rondement bien écrit et élaboré, une vraie communion d'esprit entre quatre auteurs dont les talents d'écriture ne sont plus à démontrer.
Vivement la saison 3 !
On n'arrête pas les comètes ~ Sigrid Baffert
Seuil, coll. Karactère(s), 2009 - 106 pages - 8€
L'histoire s'ouvre sur la rencontre entre Emilien le facteur et Clémence la costumière pour le théâtre. Sans aucun rapport, arrive Aubin, lycéen qui vient de décrocher son bac. Il rentre chez lui pour apprendre la triste nouvelle du suicide de sa mère, dans sa maison d'enfance. Drame. Larmes. Funérailles. C'est le ballet des heures sombres, pour la première fois Aubin est pris d'un hoquet qui ne le quittera plus et reviendra tous les jours, à heure fixe.
Malgré le souhait de ses proches de vendre la maison, estampillé lieu maudit, Aubin s'oppose. Il a besoin de temps, besoin de revenir aux sources, pour pleurer et sombrer dans le berceau de sa mère.
On retrouve alors Emilien, avec une certaine Hanna. Cette femme fuit aussi son propre passé et refuse de suivre la voie qui s'ouvre à elle. Elle bifurque. C'est à ses côtés qu'Emilien est victime d'une attaque, alors qu'il lisait le journal.
L'histoire peut maintenant tracer sa route, au lecteur d'être entraîné vers ces destinées qui se croisent, s'effleurent, s'éloignent, se lient et se délient. Au coeur du conflit, le suicide d'un parent. A Aubin, la douleur et la déchirure. Le deuil qui commence. La distance à prendre. A Emilien et Hanna, le poids du passé. Le choix d'assumer leurs actes manqués. Ensemble, ils parviendront à accepter et apprendre à vivre l'absence.
Malgré son titre, on comprend que le roman ne traite pas d'astronomie. Son sujet : la famille. On a beau avoir les bras cassés et des regrets qui débordent des poches, on n'est pas pour autant inapte à se reconstruire. Se bricoler des ailes, colmater les brèches, panser ses bleus à l'âme. Ensemble, c'est tout.
Voilà encore une histoire qui nous le prouve.
à partir de 13 ou 14 ans.
une précédente version de ce texte a été publiée sous le même titre en 2004 chez syros.
Amos : Cibles mouvantes ~ Sigrid Baffert
Collection : Blue Cerises
Milan, coll. Macadam, 2009 - 60 pages - 4€
Première saison, premier livre.
Amos, 17 ans, vit seul avec sa soeur jumelle et leur père. Lorsque ce dernier leur annonce sa prochaine mutation pour le Québec, c'est une très mauvaise nouvelle. Amos n'a pas envie de tout quitter, il a sa bande d'inséparables - Satya, Zik et Violette - qui forment les Cerises, tous liés par un secret scellé l'année de leur quatorze ans. Inutile de creuser, nous n'en serons pas davantage dans ce livre.
Mais que c'est bon, que c'est agréable à lire. C'est très court, seulement 60 pages, cela raconte le désarroi d'un garçon qui en aime un autre, qui cherche à l'aborder, qui tente aussi de ne pas penser à sa mère absente, depuis trop longtemps, et qui voudrait que cessent ces harcèlements téléphoniques d'un anonyme, qui a du temps à perdre, matin et soir, c'est le même rituel.
Ambiance laxiste et détendue à la maison, le décor se plante, les personnages avancent sur la pointe des pieds, on devine des personnalités et déjà on s'attache.
Clap de fin, l'envie de lire le prochain (L'attentat) se noue très fort.
L'autre particularité de ce 'feuilleton' est de trouver pour chaque tome la signature d'un auteur différent. Ici, c'est Sigrid Baffert qui s'y colle, et même qui explose la barraque. Car j'ai vraiment beaucoup apprécié son style et son écriture.
Je m'en vais lire un autre roman, On n'arrête pas les comètes, pour m'en prendre encore plein les mirettes.
Quelques liens :
Il faut que je glisse l'extrait qui parle d'une librairie... un antre de livres, qui fait drôlement envie !
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Et une découverte en amenant une autre, voici Séverin et l'album (sortie fin septembre 2009) Cheesecake, pour reprendre la description du site de l'artiste : L'album « Cheesecake » est une gourmandise pop aux consonances multiples qui offre des mélodies sucrées, légères, punchy et inventives. ^.^
à écouter, pour s'en convaincre !