Les Sept ruptures d'Amy et Craig, de Don Zolidis
Loin d'être une banale histoire d'amour impossible, l'histoire de Craig et Amy raconte une série de ruptures et de retrouvailles toutes particulièrement cocasses.
Ils ont 17-18 ans, vivent dans le fin fond du Wyoming, ils s'aiment mais ne font que se quitter. Certes, la vie n'est pas simple et vient souvent jouer les trouble-fêtes dans leur relation en dents de scie. Pour autant, ne craignez pas une lecture mélodramatique ou répétitive car le ton est infiniment drôle et décalé. Craig est super étonnant dans sa façon d'exposer ses déboires et fait bien entendu preuve de dérision à balancer toute son aventure.
Au départ, il ne s'en cache pas, il est complètement fou d'amour pour Amy : c'est la fille la plus populaire de son lycée, la présidente des élèves, elle rayonne parmi la foule. Craig est fasciné, lui vit dans l'ombre, accro à Donjons & Dragons, il déteste les soirées et n'a jamais eu de petite copine. Son premier baiser avec Amy est donc pour lui totalement surréaliste. On le comprend. Il plane sur son petit nuage, frôle parfois l'obsession maladive... plus dure sera la chute.
Car la délicieuse Amy ne va pas l'épargner et lui briser le cœur par sept fois. C'est complètement insensé, et pourtant impossible de lui en vouloir : moins lisse que l'image parfaite qu'elle cultive (enfant adopté, maman malade...), Amy est à sa façon attachante et paumée. De son côté, Craig ne peut plus se contenter de sa posture d'éternelle victime (sa famille va traverser une période difficile et ses études en seront menacées). À eux de saisir les branches tendues et d'avancer comme ils peuvent.
Cette histoire est à la fois tendre, drôle et désespérée. C'est un mélange de jouissances et d'échecs dans une vision complètement optimiste ! Je redoutais une mise en scène trop dramatique alors que le résultat est détonant et agréablement surprenant. Il y a en effet beaucoup de romantisme, un peu de désœuvrement mais un vrai souffle de vie, d'envie, de joie et de peine. Avec son dosage au plus juste, la lecture se révèle entraînante et enjouée.
La Martinière J. (2018) - Traduit par Sophie Passant
Titre VO : The Seven Torments of Amy & Craig
Pip Bartlett et la parade des licornes, de Jackson Pearce & Maggie Stiefvater
Dans Pip Bartlett et les créatures magiques, nous faisions connaissance avec une chouette héroïne, passionnée de licornes, qui était également capable de les comprendre et de leur parler. Pour vivre pleinement cette passion, Pip avait été envoyée chez sa tante Emma, vétérinaire dans la ville de Cloverton, véritable repaire en espèces hors du commun. Au cours de son séjour, la fillette s'est liée d'amitié avec le jeune Tomas, un bonhomme timoré et allergique à tout, mais qui a suivi Pip dans ses folles aventures !
Le duo devenu inséparable se rend cette fois à un concours de licornes, le Triple Trident, où les enfants vont déployer des trésors d'ingéniosité pour tirer Régent Maximus de son paddock. Ce modèle de peur et d'angoisse est en train de partir en vrille, nos jeunes assistants ont donc du pain sur la planche pour le rassurer et l'encourager à remporter chaque étape du concours - conformité, agilité, couronnement. Toutefois, la compétition va être compromise par les sabotages répétés d'un individu qui cisaille les crins des licornes. La concurrence est éliminée au compte-gouttes, au tour de Régent Maximus de se sentir menacé !
L'histoire est toujours aussi charmante et enfantine, elle multiplie les situations cocasses, introduit toujours plus de nouvelles créatures magiques, consolide aussi la belle amitié entre Pip et Tomas, propose une enquête palpitante, avec du suspense, des rebondissements et des spécimens étranges, tirés du fameux guide de Jeffrey Higgleston. C'est dans ce contexte débordant d'imagination et de fantaisie qu'on savoure cette série - idéale dès 9/12 ans. La lecture n'en paraît que plus magique et excitante.
Seuil jeunesse, 2017 - Trad. Sophie Passant {Pip Bartlett's Guide to Unicorn Training}
Illustrations de Roland Garrigue pour la version VF
Girl Online joue solo, de Zoe Sugg
Nouveau départ pour Penny Porter ! On le sait, après une tournée catastrophique dans l'ombre de son amoureux, Brooklyn Boy, la jeune blogueuse et photographe amateur a réalisé qu'elle devait se concentrer sur elle-même, ses besoins, ses ambitions, ses progrès... Une décision radicale, qui a entraîné Noah dans sa chute. Ce dernier a depuis disparu de la circulation. Sûre de son choix, ne regrettant absolument rien, elle se languit pourtant d'avoir de ses nouvelles et rumine sa frustration. Pour se changer les idées, Penny rend visite à son amie Megan, inscrite dans une prestigieuse école d'arts à Londres. Elle y fait deux rencontres décisives - un bel écossais à l'accent chantant, Callum, et une étudiante paralysée par la peur, Posey Chang. Comme à son habitude, Penny prend la biche aux abois sous son aile. Touchée par sa détresse, elle espère l'aider à soigner son manque de confiance en elle. Elle en sait quelque chose... Sa fragile embarcation risque cependant de vaciller avec le retour impromptu de Brooklyn Boy dans son quotidien, puis par la découverte d'une trahison dans son cercle d'amis et enfin par la sensation d'impuissance à consoler son meilleur pote Elliot, englué dans sa bulle de malheur et de drames familiaux.
Le roman est toujours aussi délicieusement puéril, superficiel et improbable mais a aussi du charme à revendre, ce qui rend sa lecture délectable et distrayante. Au fil des trois tomes de la série, Penny a conforté son image d'héroïne représentative de sa génération. Fragile, sensible, maladroite mais combative. C'est un modèle du genre 2.0, forte de son succès sur la toile, qui en connaît les rouages, les pièges et l'influence, rappelant aussi que ce nouveau mode de communication est le reflet d'une jeunesse connectée avec son temps, son époque et ses coutumes. Un support qui ne les coupe pas forcément du monde réel. Ou comment Girl Online cherche à réhabiliter internet comme un berceau de communautés où l'on fait son nid. Une série ô combien agréable et écrite sans prétention, qui véhicule bonheur, espérance et idéal.
La Martinière J. / 2017 - Trad. Sophie Passant
« Je suis entourée de photos d'adolescents - des jeunes auxquels je ressemble et qui me ressemblent, toute une génération qui vit autant, et aussi bien, dans le monde virtuel que dans le monde réel. À ceux qui croient que nous gâchons notre jeunesse, ou qui se demandent pourquoi nous ne sommes pas dehors, à respirer le grand air, j'espère offrir, grâce à mes photos, un autre éclairage. »
Les Romantics : Quand l'Amour s'emmêle, de Leah Konen
En couple depuis deux mois avec Anika, Gael est fou amoureux et n'hésite pas à noyer sa douce sous les déclarations et les cadeaux. C'est un grand romantique, qui croit énormément aux signes et à la destinée. Pour lui, il ne fait aucun doute que son amour est grand, fort et réciproque. Et puis, patatras. Gael surprend son amoureuse dans les bras d'un autre... Anika le trompe avec Mason, son meilleur ami ! Trahison suprême. Le cœur de Gael est brisé en mille morceaux. Le voilà blessé, déçu, inconsolable et meurtri. Et plus le temps passe, plus il devient amer. Aussi, pour sauver ce grand romantique du marasme, c'est l'Amour en personne qui intervient dans son aventure en lui proposant une tendre alternative...
Cette idée de donner la parole à une entité aussi floue que l'Amour est charmante (après tout, c'est bien la Mort qui s'exprime dans La voleuse de livres de M. Zusak). Cette fois, la perspective est plus douce et légère. Elle nous embarque dans une comédie délicate et enlevée ! Au centre, Gael est un héros sensible, qui place tous ses espoirs dans une relation hélas illusoire, lui qui refuse de croire que l'amour est mort (il est fils de divorcés). Il n'y a qu'un pas pour qu'il bascule dans le cynisme. L'ingérence discrète de l'Amour donne donc lieu à des situations cocasses, notre Cupidon cherchant à guider le chemin de son sujet vers une certaine évidence, sauf que celui-ci vient de foncer tête baissée dans une nouvelle prétendante... Pas de quoi bouleverser notre entremetteur, dont les projets sont pourtant contrariés, puisqu'il se résout à participer activement à l'intrigue.
Tous les ingrédients pour convenir à une jolie comédie, en toute modestie, se bousculent en un joyeux chaos et invitent le lecteur à un agréable passe-temps. Le déroulement de l'histoire est sans surprise, on ne se pâme pas devant le gong final. Ce sont davantage les commentaires ou les situations dérisoires qui donnent du pep's à l'ensemble. C'est drôle, romantique et idéaliste. On trouve aussi de chouettes clins d'œil à la pop culture (Game of Thrones, Hitchcock, Le Seigneur des Anneaux, Quand Harry rencontre Sally...). Et les titres introduisant chaque chapitre ne manquent pas de sel non plus !
Un roman distrayant, qui rappelle que l'amour pique comme un cactus. ☺
Traduit par Sophie Passant pour les éditions de La Martinière Jeunesse - Janvier 2017
Pip Bartlett et les créatures magiques, de Jackson Pearce & Maggie Stiefvater
Fascinée par les créatures magiques, Pip Bartlett a pour particularité de les comprendre mieux que personne mais est surtout capable de leur parler. Nul n'est au courant de son don, ce qui donne lieu à des situations cocasses, dont le fiasco de la Journée des Métiers organisée par son école. À cette occasion, Pip rencontre des licornes, toutes plus vaniteuses et insupportables les unes que les autres. La jeune fille tente de les calmer mais provoque malgré elle un ramdam du diable. Ses parents l'envoient alors chez sa tante Emma, qui est vétérinaire dans la petite ville de Cloverton, spécialisée dans les soins pour les espèces fantastiques. Pip mesure sa chance de croiser en vrai un cornebec ailé ou un griffon nain soyeux, qui n'ont aucun secret pour elle. Mais la poisse de nouveau la rattrape lorsqu'elle découvre un Poilafeu dans l'écurie d'une licorne. La menace gronde sur cette petite communauté paisible. Car le Poilafeu est réputé pour être un nuisible susceptible d'entrer en combustion sans prévenir. C'est de plus une créature minuscule, qui aime se planquer dans les placards à sous-vêtements, et qui se reproduit à la vitesse de l'éclair. Panique à bord. Pip va prêter main-forte à sa tante Emma, en compagnie de sa cousine Callie et du petit voisin hypocondriaque Tomas, pour secourir la ville en péril ! Et l'histoire de déborder d'imagination et de magie, avec des créatures extraordinaires, qui échappent souvent à tout contrôle et provoquent des situations affolantes, d'où le sentiment de folie et d'effervescence qui colle à l'ambiance générale. La lecture est ainsi légère, distrayante et très amusante. Son esprit enfantin la destine idéalement aux plus jeunes (8-9 ans), plus sensibles au déferlement d'action et d'événements improbables. Le tout a été bichonné dans un écrin prodigieux - les illustrations sont de Maggie Stiefvater pour la VO, Roland Garrigue pour la VF. C'est complètement délirant et très créatif, même si c'est un imaginaire ciblé et stéréotypé. Ce livre a la dose d'humour, de rythme et d'aventure nécessaire pour emporter le jeune lecteur. Qu'on lui laisse le champ libre, après tout. PS : J'adore la couverture !
Seuil Jeunesse - Traduit par Sophie Passant (Novembre 2016)
illustrations de Roland Garrigue
Titre VO : Pip Bartlett's Guide to Magical Creatures
Girl Online en tournée, de Zoe Sugg
Voici donc la suite des aventures de Penny Porter, alias Girl Online, et son adorable Brooklyn Boy de petit copain, autrement dit Noah Flynn, rock star en devenir. Notre petit couple file toujours le parfait amour, sous un ciel sans nuage, et voit l'avenir leur sourire : le groupe de Noah vient de décrocher un contrat de rêve pour jouer en première partie d'une tournée européenne. Penny sera également du voyage et se réjouit de partager quinze jours en compagnie de son chevalier servant. Hélas, cette aventure se révélera une succession de désenchantements (voyages incessants, promo envahissante, fans insistants). La jeune fille a le sentiment de ne pas trouver sa place et se sent souvent seule ou abandonnée. Noah est accaparé par son manager, emporté par le tourbillon du star-system, manipulé par son ami d'enfance, Blake, également membre du groupe. Le rêve de Penny vire peu à peu au cauchemar. Cette terrible désillusion survient d'autant plus à un moment où l'adolescente s'interroge sur ses propres passions, ses désirs et ses ambitions (elle a arrêté son blog, tente d'assouvir son penchant pour la photographie, mais se sent vide et frustrée). Aussi, malgré tout l'amour qu'elle porte à Noah, elle a conscience qu'elle ne doit pas s'effacer et vivre dans son ombre. En manque de repères et d'amis, notre Penny sombre de déception en déception et est à deux doigts de prendre une décision radicale, prompte à chambouler son existence dorée.
J'ai donc découvert l'an dernier Zoella, cette youtubeuse anglaise - plébiscitée par les ados, mais vraisemblablement accusée de prêter son nom à un livre qu'elle n'a pas écrit (pour dire la vérité, Z. a reconnu être “assistée” dans l'écriture de son livre). Loin de toute polémique, j'avais donc considéré son bouquin Girl Online comme une petite friandise savoureuse, visant un public bien défini. Cette suite persiste et signe cette intention : on découvre une histoire adorable et charmante, de celle qu'on imagine quand on a 12-14 ans (tomber amoureuse d'un rocker, partir en tournée et vivre une aventure saupoudrée de passion et de drame... tout ça sonne terriblement romantique et flamboyant !). Alors, oui, il y a des tonnes de clichés, c'est délicieusement niais et souvent gribouillé pour vous mettre la tête à l'envers, mais cette lecture sans prétention est pleine de fraîcheur et agréable à parcourir. Donc, pourquoi pas ? 😝
La Martinière J. Fiction / Février 2016
Traduit par Sophie Passant (Girl Online On Tour)
✨✨✨✨✨✨
Jeu-concours Girl Online en tournée
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> Poste une photo de toi avec ton livre Girl online (la plus drôle et la plus originale possible),
en utilisant le hashtag #GirlOnlineEnTournée
A gagner : un smartphone, du maquillage Zoella et un an de livres !
Concours jusqu'au 8 Mars 2016
Ce si joli trouble, par Cora Carmack
Bliss traîne dans un bar pour y rencontrer un bel inconnu et se débarrasser de son encombrante virginité (selon sa meilleure amie). Alcoolisée, la demoiselle n'en garde pas moins à l'esprit qu'elle est terrorisée, jusqu'à ce qu'elle tombe nez à nez sur Garrick Taylor, assis seul dans son coin, avec un livre de Shakespeare.
Son cœur s'emballe. Elle flirte ouvertement avec lui, l'emmène chez elle, bascule dans le lit, et puis...
L'histoire prend un détour savoureux, franchement hilarant et incongru, et je m'en suis réjouie car le point de départ n'était pas folichon.
Par la suite, forcément ça se complique : Bliss réalise que Garrick est son nouveau prof de théâtre. Relation strictement interdite, sous peine d'exclusion. Du moins, en théorie car ces deux-là ne vont pas se formaliser et continuer d'agir sans crainte d'être pris la main dans le sac.
Ajoutez un meilleur ami qui révèle ses sentiments, des rapports tendus et conflictuels, un climat lourd, qui exacerbe les jalousies, hi hi.
C'est une romance absolument délicieuse et déculpabilisante, truffée de niaiseries, de clichés et autres situations insolites, mais j'ai envoyé balader mon sens commun et dégusté le tout comme une friandise défendue.
C'était succulent !
Garrick est sexy en diable, c'est tout vu. Bliss est encore une chrysalide, sa trouille de l'autre est l'occasion de glousser et de pimenter la relation.
Ce n'est que sensualité, délire entre étudiants (soirées arrosées et virées en boîte), petit cocon, début sur les planches, épanouissement personnel, confiance en soi... Cela fait un peu fouillis, mais on passe un vrai, bon moment. Sans prise de tête.
La Martinière J. ♦ mai 2014 ♦ traduit par Sophie Passant
Sept messages pour mes 15 ans, par Stewart Lewis
Luna porte le deuil de sa mère depuis un an, celle-ci a été renversée par un taxi et a laissé une famille choquée. En fouillant dans son studio, Luna trouve son portable et découvre qu'il contient sept messages. Elle écoute le premier et se réserve le droit d'écouter le reste au fil des jours. Sa mère, qui était un mannequin célèbre, aurait, semble-t-il, emporté ses secrets dans sa tombe. Car au fil de ses découvertes, Luna est de plus en plus perplexe, convaincue que son père lui ment, que sa mère menait une double vie, que d'autres personnes étaient dans la confidence et doivent aujourd'hui jouer cartes sur table avec elle.
Cette quête, finalement, permettra à la jeune adolescente de se remettre sur les rails. Depuis un an, elle se sentait déboussolée et complètement à l'ouest. Elle a même pris l'initiative de taper à la porte de son voisin, le bel Oliver, qui joue du violoncelle sous sa fenêtre, à longueur de journée, pour lui proposer de l'assister. Ainsi, de rencontres en surprises, de révélations en désillusions, d'interrogations en confidences, Luna dresse un portrait pas tout rose de sa jolie maman, mais apprend aussi d'autres vérités sur la vie, l'amour et l'engagement en général.
C'est un doux roman, plutôt doux-amer, très sensible, touché par la grâce et arrosé d'un voile de suspense, que j'ai eu plaisir de picorer. Peut-être le charme finit-il par s'étioler au fil des chapitres, la fin se révélant trop lisse, trop facile, mais du moins le reste du roman n'aura jamais manqué de m'émouvoir, de me troubler et de m'interpeller. Le parcours de Luna est celui d'une adolescente brisée, qui cherche de nouveaux repères et qui va brillamment se sortir de son long tunnel avec tact et beaucoup d'acuité. C'est un très beau et doux moment que nous propose cette lecture !
La Martinière J., octobre 2013, traduit par Sophie Passant