Life sucks, then you die. Then it sucks again.
Après un joli tome 1, placé sous le signe de l'humour déjanté, voici le retour de Charlotte Usher dans une aventure tout aussi insolite. Avant de décrocher son diplôme, la jeune fille doit d'abord suivre un stage qui consiste à répondre aux appels des ados en détresse. Tandis que toutes ses copines sont débordées par leur boulot et leur nouvelle vie, Charlotte périt d'ennui car elle ne reçoit aucun coup de fil ! De son côté, Scarlet, sa meilleure amie sur terre, remet en question sa relation amoureuse avec Damen au moment où sa peste de soeur, l'éblouissante Petula, tombe dans le coma après une séance de pédicure. Aux grands maux, les grands remèdes, Scarlet opte pour une décision radicale en invoquant une formule pour entrer en contact avec Charlotte, et la voici à son tour plongée dans un état entre la vie et la mort.
Le récit est bien huilé, on se laisse facilement prendre au jeu et, comme souvent, ce sont les garces qui ont le plus beau rôle ! Mention spéciale pour les deux Wendy parfaitement abominables, mais franchement tordantes !
Encore une fois, l'emballage est réussi (couverture, illustrations, citations et autres détails décoratifs qui peuvent faire la différence).
Ghostgirl, tome 2 : Le Grand Retour, par Tonya Hurley
Plon jeunesse, 2011. Traduit de l'anglais par Myriam Borel.
Le Yark : il adore les enfants !
... et particulièrement leur odeur d'amande et de beurre frais. C'est aussi bon qu'un bonbon fondant !
Le Yark est donc un conte moderne délicieusement effrayant.
C'est l'histoire d'un ogre qui ne mange que les enfants sages, parce que les premières de la classe ont le goût de la tarte aux cerises par exemple. C'est plus fort que lui, il adore ça et en raffole. Mais les temps sont devenus durs, les enfants d'aujourd'hui ne sont plus ce qu'ils étaient et il devient difficile de se mettre sous la dent un plat consistant. C'est la fête pour les chenapans, simplement parce que tous les livres rapportent que le Yark souffre de gaz et d'indigestion s'il les croque. Il décide alors de se rendre chez son vieil ami le Père Noël afin de lui chiper sa liste des enfants sages. Or, le vieux barbu en habit rouge ne l'accueille pas à bras ouverts, oh non ! Par son faute, le Père Noël risque d'être au chômage. Oust, va au diable ! Le Yark est une créature incomprise et son ventre crie famine. D'aventures en mésaventures, il finit par rencontrer une charmante petite fille, prénommée Madeleine, qui vit dans un phare à l'autre bout du monde. Sa gentillesse l'émeut tellement qu'il finit par perdre la boule, à tel point que sa perception du bien et du mal va en prendre un coup dans l'aile !
Sur une base très classique, l'histoire prend des virages inattendus et patauge avec bonheur dans l'humour malicieux ... pour le plus grand plaisir du lecteur. Les illustrations de Gapaillard ne sont pas sans rappeler l'univers de Chris Riddell, et l'humour noir de Santini fait franchement sourire. Même les réflexions sur les enfants d'aujourd'hui sont justes, affreuses et donc jubilatoires !!!
Le Yark, par Bertrand Santini et Laurent Gapaillard
Grasset jeunesse, 2011.
Ce livre est édité sous le même format que La boulangerie de la rue des dimanches d'Alexis Galmot et Till Charlier. ♥
(...) il me restait de toute cette aventure en Bretagne une incroyable impression d'irréalité.
De retour au pays, après leur périple breton, Isabelle et Max pensent reprendre une vie normale mais les événements et les révélations sur la nature de la jeune fille ont fragilisé les relations entre frère et soeur. Max, surtout, est fuyant. Il a trouvé un petit boulot, a repris les cours et vient de rencontrer Alicia, une beauté blonde d'origine argentine, une danseuse de tango, sensuelle et sulfureuse... Cette passion lui fait tourner la tête ! A la maison, l'ambiance est électrique, les parents imposent des règles, le garçon claque la porte. Au milieu, Isabelle se sent paumée et veut aider son grand escogriffe de frère.
Aussi, lorsque celui-ci l'appelle à l'aide, elle accourt sans réfléchir. Alicia est malade, elle est fièvreuse, Isabelle a recours à son don de consoleuse pour l'apaiser. En remerciement, la copine de Max lui offre un bouquet de fleurs ... empoisonnées ! Trop, c'est trop. Isabelle et Max se fâchent. Comprenant que son frère est envoûté, Isabelle cherche à cerner les secrets de son amoureuse... trop belle, trop mystérieuse.
Ce deuxième tome allait déterminer si, oui ou non, j'avais eu du flair en appréciant le précédent volume. La plume est toujours aussi belle, l'auteur parvient à créer un vrai roman à l'atmosphère hypnotisante, et ce parfum des fleurs, qui envahissent l'appartement d'Alicia, en plus des danses de tango, font véritablement tourner les sens. Oui, le charme latin est très présent, c'est sensuel et en même temps dangereux.
Toutefois, je n'y ai pas retrouvé le même attrait qu'avait su générer l'aura du manoir de Bellotte. En fait, j'ai trouvé ce deuxième tome moins cohérent, puisque l'intrigue est centrée sur Max, on a souvent l'impression de faire du surplace à suivre les observations d'Isabelle, qui ne comprend pas, ne ressent pas, ne perçoit pas les évènements de la même façon. Elle pense agir pour le bien de son frère, ou elle boude et ne décide d'intervenir qu'au moment opportun, du coup l'action est plus lente.
Même si je parais moins enthousiate avec ce deuxième roman, je conserve un attachement profond pour la série, riche d'une ambiance qui ne cesse de se renouveller au fil des tomes. Le résumé du prochain épisode apparaît encore plus exotique et palpitant en voyages et découvertes !
Chroniques d'une sorcière d'aujourd'hui : 2. Alicia - Angèle Delaunois
Editions Michel Quintin (2011) - 228 pages - 14,50€
illustration de la page couverture : Magali Villeneuve
Blood and earth, hear my appeal : through skin and flesh, readily heal.
Ce roman est une vraie réussite, pas tout à fait perceptible dans les premiers chapitres, mais lorsque le lecteur se sent à l'aise et a tout saisi de l'ambiance gothique, il ne peut que suivre l'héroïne, Silla, une adolescente complètement paumée depuis la mort brutale de ses parents, et attendre le sombre dénouement avec angoisse.
Direction la petite ville de Yaleylah, dans le Missouri. Les parents Kennicot ont été retrouvés dans un bain de sang, tout le monde accuse le père, prof de latin, d'avoir pété un câble, mais la jeune fille n'y croit pas une seconde et pense que la menace est venue de l'extérieur. C'est comme ça qu'elle trouve le livre des sortilèges de son père, comme ça qu'elle comprend qu'un monde nouveau s'offre à elle, un monde teinté de magie et de sang, comme ça qu'elle ouvre sa boîte de Pandore. C'est fatal, à partir du moment où Silla se rend dans le cimetière, sur la tombe de ses parents, en feuilletant l'ouvrage, elle entre dans la ronde et ne pourra plus en sortir !
L'histoire surprend sur plusieurs plans, d'abord parce que l'auteur n'épargne pas ses personnages, souvent confrontés à des situations violentes et douloureuses, avec force détails et descriptions dégoûtantes. C'est l'un ou l'autre - captivant ou rédhibitoire. Et puis, il y a la magie du sang, dans le genre poisseux et dégoulinant, avec ses rituels, ses masques, ses sacrifices... Il ne faut pas songer ouvrir ce livre si on tourne de l'oeil à la moindre goutte de sang, ce n'est même pas la peine !
Et pourtant j'ai aimé ça !!! L'histoire est ce qu'elle est : ténébreuse, inquiétante, bizarre, effrayante, romantique et tragique. Le cocktail est très curieux, mais produit une effet magique ! (Je me répète, je sais.) C'est une lecture qui imprègne le lecteur, littéralement, et c'est à cheval entre la fascination et l'appréhension qu'on avale les 490 pages du roman. Un bon gros livre, oui, avec ses scènes sinistres et son décor improbable, mais qui offre aussi de jolis moments de poésie et de théâtre (l'influence de Shakespeare est grande !).
Une lecture un brin originale, et à l'atmosphère particulièrement envoûtante.
Blood Magic : Le sang ne ment jamais, par Tessa Gratton
La Martinière J. 2011 - 490 pages - 14,90€
traduit de l'anglais (USA) par Anne-Judith Descombey
Histoires bizarres de Balthazar
Balthazar Clairon reçoit avec stupeur un courrier lui annonçant qu'il vient d'hériter d'un grand-oncle, qu'il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam, et serait ainsi le propriétaire d'un Manoir situé sur l'île de la Roche Crampon. Son arrivée ne passe pas inaperçue, l'accueil est scrupuleux, le garçon doit fournir tous ses papiers pour montrer patte blanche et accéder dans sa vaste demeure. Il est aussitôt pris sous l'aile de Mme Bonpain, la gouvernante, qui fait preuve d'un zèle remarquable et attend qu'on lui obéisse au doigt et à l'oeil. Le garçon ne doit donc jamais sortir seul la nuit tombée, à cause d'une créature féroce qui rôde dans les landes et qui décime la population (et les chiens). Au village, Balthazar pousse plus loin l'information en rencontrant une bande de pirates qui le cajole tant et si bien que le garçon est désormais convaincu que lui seul peut éliminer ce qui semblerait être un loup-garou (eh oui, ce n'est pas comme si le titre n'avait pas donné un indice non plus !).
Cocasse ou pathétique, chacun choisira son camp. Il s'agit avant tout d'une initiation au fantastique pour des jeunes lecteurs (à partir de 8 ans). A mon sens, l'histoire est saugrenue, le héros est un gentil benêt mais la tournure de l'intrigue est bien amenée. Bon point pour les illustrations en noir et blanc, parfaitement appropriées et se mariant pertinemment avec le texte.
Histoires bizarres de Balthazar -- Le terrible loup-garou
par Chris Mould
Bayad jeunesse, 2011 - 188 pages - 5,20€
traduit de l'anglais par Vanessa Rubio-Barreau
"The easiest lies to tell are the ones you want to be true."
L'histoire débute de façon assez originale et sur les chapeaux de roue, puisque le héros se retrouve sur le toit de son école en simple caleçon. C'est la nuit, probablement le fruit d'une crise de somnambulisme... Dès le lendemain, son grand frère arrive pour le conduire chez lui afin d'assurer sa sécurité. Ceci ne réjouit guère Cassel, à dix-sept ans, cadet de la famille Sharpe, il est le seul à ne posséder aucun pouvoir (c'est là qu'entre toute la dimension fantastique) : son grand-père tue par simple contact, sa mère manipule les émotions (et purge une peine de prison pour escroquerie), son frère Barron trafique la mémoire et l'aîné, Philip, peut briser les os d'une simple pensée. (Sans entrer dans les détails, il est ici question de faucheurs et de magie. Vous comprendrez...)
Mais si Cassel est aujourd'hui autant chouchouté par les siens, c'est parce qu'il serait l'auteur du crime qui a coûté la vie de sa meilleure amie, Lila, il y a quelques années. Le père de celle-ci étant un redoutable chef de la pègre, les Sharpe craignent une vengeance. Problème, il n'a aucun souvenir de son acte de violence et cela ne cesse de le hanter. Il fait également des rêves récurrents d'une chatte blanche qui lui murmure dans son sommeil de réveiller sa mémoire endormie, mais tout ceci n'est pas très clair et sa famille ne lui prête qu'une oreille distraite.
Il faut dire aussi que les Sharpe sont des gens atypiques, qui usent de l'union familiale sous de faux prétextes. En gros, ce sont des arnaqueurs et Cassel lui-même est un fichu manipulateur, relevé d'une pointe de menteur patenté. Quel beau portrait ! Cet anti-héros a franchement tout pour plaire ... ou déplaire. C'est le risque. Personnellement ce garçon ne m'a pas été trop antipathique, et comme rien n'est facile dans sa vie, comme tout n'est que coups bas et vastes fumisteries, j'étais forcément cliente !
Par contre, l'autre inconvénient du récit tient du fait que le tempo est lent, très lent. C'est le parti pris de l'auteur - Holly Black n'avantage pas le mouvement, mais les rouages des esprits torturés. L'ambiance est assez particulière, sombre et poisseuse, cela a son charme. Toutefois, il m'a manqué ce truc en plus pour rendre à mes yeux cette série incontournable et bluffante. L'intrigue est parfois trop alambiquée, les chemins trop sinueux, on s'y perd facilement, d'autant plus que le rythme ne nous laisse pas cheveux au vent. Enfin bref, il reste que l'auteur propose là quelque chose de différent, sur un ton plus décalé et avec un style bien à elle, c'est déjà ça.
Chat Blanc (Les Faucheurs #1) - Holly Black
Fleuve Noir, coll. Territoires, 2011 - 364 pages - 16,90€
traduit de l'anglais (USA) par Jean-Pierre Pugi
I wished I had the ability to comfort with a soft touch. I didn't. Instead I had daggers and determination.
Préparez-vous une déferlante de romans made in USA estampillés "for fans of the Hunger Games", et moi, bonne poire, je mords à l'hameçon... alors que, franchement, je pense que ce roman s'approche davantage de La Forêt des Damnés de Carrie Ryan pour son univers post-apocalypse peuplé de zombies ! Heureusement j'ai bien aimé et je n'avais pas nourri trop d'attentes non plus par rapport à cette lecture.
Nous sommes plongés dans une cité souterraine, baptisée Enclave, où vit Deuce, une jeune fille qui vient d'obtenir enfin son nom après avoir passé quinze années sous une étiquette (Girl15) parce qu'on n'est jamais trop prudent, tous les gosses ne vivent pas longtemps, et il faut ensuite leur donner une place dans cette micro société. Deuce obtient celle qu'elle espérait depuis toujours - c'est une chasseuse. Elle doit travailler en partenariat avec Fade, un garçon que personne n'apprécie. Il n'a pas grandi dans l'Enclave, il a toujours été à part et taciturne, mais c'est un redoutable guerrier. La mission des chasseurs consiste en effet à se procurer de la nourriture et à traquer l'ennemi - les Freaks, des créatures monstrueuses, avec griffes et dents acérées, qui se sustentent de chair morte. Erk.
Lors d'une patrouille, Deuce et Fade recueillent un pauvre petit gamin aveugle, rescapé d'une autre ville souterraine, laquelle serait aux abois et réclamerait de l'aide. En choisissant de contrevenir aux ordres, nos deux héros n'ignorent pas qu'ils se risquent à des représailles. Et lorsque la sanction tombe, aussi terrible soit-elle, elle apporte quelque part un autre souffle au roman. Car l'intrigue en elle-même est classique, pas révolutionnaire, mais les personnages sont vrais, attachants, sensibles, mystérieux. Deuce et Fade ont beaucoup à apprendre l'un de l'autre, le temps d'apprivoisement est lent et incertain, mais cela rend leur rapprochement encore plus touchant et excitant. J'ai apprécié aussi le flou et l'immaturité de la jeune fille, dans ce qu'elle vit et ressent, au vu de son parcours. C'est parfaitement crédible, puisque rien ne repose sur une évidence absolue.
Bien entendu, j'ai globalement adhéré à ce monde nouveau et sans fioritures, c'est violent, très dur et oppressant, il n'y a aucune poésie, aucun glamour, mais beaucoup d'action, des coups, du sang, des vilaines bébêtes toutes moches. Deuce est une très belle héroïne, courageuse mais accablée par les doutes, formatée pour une pensée unique et complètement déstabilisée face aux changements, aux émotions etc. J'espère très sincèrement que les deux prochains tomes vont continuer à verser dans ce sens - de la pudeur, des sentiments, des déclarations rares mais bouleversantes, en plus du reste (de la baston !). Pour l'instant, le début est convaincant !
Enclave (Razorland #1) - Ann Aguirre
Published April 2011 by Feiwel & Friends
L'âme humaine contient autant d'ombre que de soleil.
Max et Isabelle, des jumeaux de dix-sept ans, ont quitté leur Québec natal pour quinze jours de randonnée en Bretagne. Un soir de tempête, ils arrivent trempés et épuisés au manoir de Bellotte où une vieille dame leur offre le gite et le couvert. Tout de suite, Isabelle est frappée d'une sensation étrange qu'elle ne peut s'expliquer. Durant la nuit, elle est réveillée par un frôlement et toujours cette sensation inconfortable. Dès le lendemain, elle fouille les rayons de la bibliothèque et dégote une histoire familiale teintée de tragédie sentimentale. Une jeune fille de bonne famille serait tombée amoureuse du médecin du village, avec lequel elle aurait envisagé de tout plaquer (fiancé, fortune) pour une autre vie. Isabelle comprend alors qu'un drame a entaché les murs du manoir et que l'esprit de cette jeune femme amoureuse hante encore le domaine. Il ne lui reste que quelques jours pour tout démasquer, et elle ne devra guère compter sur l'aide de leur hôte, car soudainement la vieille dame semble trouver leur présence encombrante.
Que de mystères dans les pages de ce roman ! Imaginez, la Bretagne, une tragédie sentimentale, des fantômes du passé... je buvais du petit lait ! Et très franchement, l'écriture est envoûtante. Le ton est doux, romantique et dramatique, agrémentée de quelques pointes d'humour et d'expressions québecoises qui font toujours sourire (et les petites réflexions bien piquantes d'Isabelle donnent du grain à moudre au moulin). La jeune fille, également narratrice, est une personnalité forte et attachante. Elle est entêtée et pragmatique, peu portée par le fantastique et les légendes folkloriques (son frère, même s'il est au second plan, apparaît davantage rêveur et sensible). Inutile de préciser que ce qu'elle va découvrir en Bretagne risque donc de la bouleverser et la conduire à revoir ses jugements et autres certitudes. En somme, c'est un très beau roman d'ambiance où le charme et l'élégance ne font pas défaut, et où l'intrigue délicate et mystérieuse finit de convaincre le lecteur. Une première rencontre séduisante, qui augure d'autres heures agréables de lecture (un deuxième tome va paraître en septembre).
Chroniques d'une sorcière d'aujourd'hui : 1. Isabelle - Angèle Delaunois
Editions Michel Quintin (2011) - 222 pages - 14,50€
illustration de la page couverture : Magali Villeneuve
Blood Sinister
Le début est assez remarquable : une jeune fille de seize ans, en convalescence chez sa grand-mère, découvre les journaux intimes d'une aïeule portant le même prénom qu'elle - Ellen. Au fil de sa lecture, elle réalise que son ancêtre a rencontré un vampire, qui va chercher à la kidnapper. Plus d'un siècle après, il semblerait que la créature réclame vengeance alors que l'état de santé d'Ellen s'aggrave et qu'elle est hospitalisée en urgence (rien n'est le fruit du hasard). Le début du roman est donc une petite réussite qui a su immédiatement me séduire : cadre victorien, héroïne chêtive, passé mystérieux, journaux intimes et ambiance sombre et oppressante... Quand Celia Rees s'empare du mythe du vampire, elle verse davantage dans la forme classique à la Bram Stoker que dans les (délicieuses) bluettes qui fleurissent sur le marché ces dernières années. Le pari est-il pour autant tenu ? Non, hélas. Cela tient la route les 2/3 du livre, mais la dernière partie est faible et décevante. L'intrigue avait su dresser un tissage habile et confondant entre le présent et le passé, les deux Ellen faisaient corps et s'entendaient pour réciter une histoire qui nous interpellait, mais le retour à la réalité est brouillon. Tout l'épisode de l'hôpital est plat, invraisemblable et je m'y suis ennuyée. La fin aussi est facile, trop rapide. C'est dommage de n'avoir pas su profiter de l'élan du début, vraiment réussi et captivant. Je ferme ce roman sur une note mitigée, teintée de frustration.
Malédiction du sang - Celia Rees
Seuil (2011) - 248 pages - 13,90€
traduit de l'anglais par Anne-Judith Descombey
She's no angel...
Après les tragiques événements survenus dans le tome 1 (cf. Strange Angels), Dru et Graves débarquent à la Schola - l'école pour les djamphirs et les wulfens. Très vite, l'atmosphère des lieux fait prendre conscience à la jeune femme que sa présence cloche - et effectivement il s'avère qu'ils ont été détournés de leur véritable destination et qu'un piège leur a été tendu. De nouveau, Dru court un grand danger ! Christophe ne donne plus de nouvelles, mais peut-elle encore lui faire confiance ? Car à force d'isolement et d'inactivité, elle s'est perdue dans ses réflexions et en a conclu qu'il y a bel et bien un traître dans son entourage.
De nouvelles révélations éclatent, le passé ressurgit, plus vif et douloureux, l'amitié s'affirme et en vient à semer une autre incertitude, la loyauté de Graves n'a pas d'égale, toutefois se pourrait-il qu'il en pince sérieusement pour elle ? Dru ne sait plus, comme elle se trouble dès qu'elle revoit Christophe (et son odeur de tarte aux pommes sortant du four), mais elle jure qu'elle ne ressent rien, si ce n'est de la peur !
Dru n'a pas fini d'être terrifiée - mais ce qui me frappe dans cette suite, c'est que l'héroïne est également et essentiellement passive. Ce n'est pas du tout son genre, c'est même limite décevant. Du coup, l'ambiance générale en subit les conséquences. Le ton est plus lourd et traînant, ça manque un peu de peps, bien que d'un autre côté cela donne aussi la chair de poule. De toute façon, cette série est loin d'être glamour, il y a énormément d'énigmes à résoudre, des coups d'éclats pour le bénéfice de l'ennemi, et un peu d'humour (ça taquine, ça chatouille, parfois pour les beaux yeux de Dru)... Il ne faut pas s'attendre à un miracle non plus. C'est une série aux ambitions honnêtes, que j'apprécie pour son univers et les perspectives offertes, en lui reconnaissant aussi des défauts. Et je suis franchement curieuse des tournants qu'elle va prendre.
Betrayals (Strange Angels #2) - Lili St. Crow
Published November 2009 by Razorbill