Killer Game, de Stephanie Perkins
Voulant faire table rase du passé, Makani est venue vivre chez sa grand-mère à Osborne, petite ville du Nebraska, où l'attend une existence insipide. Mais quelques jours avant Halloween, le lycée apprend qu'une élève a été assassinée chez elle. Un meurtre d'une rare violence bientôt suivi par d'autres !
Pour Makani et ses amis, l'occasion est trop belle pour papoter et spéculer. Qui et pourquoi ? La liste des victimes s'allonge, la police n'a aucune piste mais rappelle aux ados la plus grande prudence. Bien entendu, Makani fonce tête baissée vers l'interdit et ainsi s'amourache du frère de l'inspecteur. Ollie est un garçon étrange, un peu fuyant, qui a teint ses cheveux en rose délavé. Ils ont eu une brève liaison l'été dernier, puis ont coupé les ponts sans explication. Aujourd'hui ils se flairent à nouveau et ne tiennent plus compte des mises en garde.
Ancienne amatrice des Slashers des années 90-2000, je ne pouvais ignorer ce roman dont l'efficacité était programmée. En effet, même si l'histoire est carrément gore et cousue de fil blanc, elle vous obsède et ne vous lâche plus jusqu'au point final. On gobe tout, même le creux, le niais, le stupide. La romance entre Makani et Ollie vous semble inopportune ? C'est vrai. Mais on gobe tout. Même le raisonnement du serial killer ou le dénouement carnavalesque... Ha, ha. Après tout, ça se lit tellement vite. Et les mises à mort sont vachement détaillées : sauvages et sanguinaires. Bleh. Rien que par curiosité, ça vaut le coup de flipper sous la couette !
Un roman d'horreur à la Scream : redoutable et impossible à refermer. Oh yeah.
Gallimard jeunesse (2019) - traduit par Isabelle Troin
Illustrateur de couverture : Emmanuel Polanco
Minuit ! 12 histoires d'amour à Noël
La neige, les fêtes, les longues soirées d'hiver... C'est le moment de tomber amoureux ! Humour, émotion, coups de foudre, étincelles... l'amour sur tous les tons par les 12 meilleurs auteurs de la littérature ado.
Stephanie Perkins a fait appel à un casting de rêve (Holly Black, Ally Carter, Gayle Forman, Jenny Han, David Levithan, Rainbow Rowell, Matt de la Peña, Kelly Link, Myra McEntire, Kiersten White & Laini Taylor) et invite ses lecteurs à se plonger dans une ambiance festive et hivernale en papillonnant sur douze variations de l'amour. Un programme alléchant, qui n'est cependant pas toujours à la hauteur des espérances.
Les histoires sont, pour la plupart, charmantes et légères, mais aussi bien peu consistantes. Je décerne donc un prix de mérite pour le texte plein d'humour de David Levithan, “Ton père Noël pour une nuit”, où l'on fait connaissance avec un narrateur juif qui accepte de jouer le visiteur nocturne, pour ne pas décevoir son petit copain et pour enchanter sa plus jeune sœur qui croit encore à la magie des fêtes. C'est un texte exquis et très drôle, avec des réflexions cocasses décrivant des situations qui m'ont souvent fait ricaner. J'attribue un deuxième bon point à Holly Black pour son “Krampuslauf” - une histoire d'amour, de jalousie, de classe sociale, de vengeance et de malice, au cours d'un réveillon rock'n roll, qui nous rappelle aussi de « ne jamais oublier qu'il y a de la magie dans le monde ». Et enfin, prix de consolation pour “Le réveil du rêveur” de Laini Taylor, de la fantasy YA bien écrite, qui fait montre d'une imagination foisonnante et dont l'originalité la distingue du reste de l'ouvrage.
Si ce n'est pour son thème général (les fêtes, les rêves, la magie, l'espoir, les désirs fous qui se réalisent), un thème particulièrement propice en cette période de fin d'année, la découverte de cette anthologie d'histoires courtes est discutable, tant elle peine à nous bercer de douces illusions et à nous transporter littéralement, mais la réunion de tout ce joli monde en incitera plus d'un à tenter l'aventure pour lire ou relire la plume de son auteur fétiche.
Gallimard jeunesse / Novembre 2015 ♦ Traduit par Géraldine d' Amico (My True Love Gave to Me: Twelve Holiday Stories)
Lola et le Garçon d'à côté, de Stephanie Perkins
« Je ne sais pas ce que je veux, mais je sais que je ne veux pas le perdre à nouveau. »
Lola a un super petit copain, Max, du genre rockeur sexy, regard de velours et voix rocailleuse. Mais Max ne plaît pas aux parents de Lola : 22 ans, musicien, tournée et concert... Tous les signaux sont en alerte ! Lorsque la maison voisine se réveille d'un long sommeil en accueillant ses propriétaires, la famille Nolan a les yeux braqués sur la fenêtre du premier étage. Cricket Bell est de retour.
Cricket, c'est ce garçon dégingandé, au look improbable, la tête dans les étoiles et les idées en fusion. Lola et lui étaient de très grands amis, avant que sa famille déménage pour couvrir la carrière de sa sœur jumelle (une championne de patinage artistique). Et pourtant ils se sont quittés fâchés, deux ans plus tôt.
Lola veut montrer qu'elle a tourné la page et fait du chemin, mais dès qu'elle revoit Cricket son cœur fait boum. Dès lors, son univers tranquille et rassurant subit de fortes secousses sismiques : fâcheries en cascade, sensation de perdre pied et de tout faire de travers !
Ce qui m'a plu dans cette lecture, c'est justement son esprit adolescent, foufou, excentrique et exagéré. Lola a 17 ans, elle adore les costumes, porte des perruques et des fringues vintage, sans se soucier du regard des autres. (Seule sa mère pointe du doigt ses bizarreries. Pour une fois, elle a le nez fin.) Car Lola se drape derrière une façade, comme une armure, pour se protéger et donner du sens à sa vie.
C'est très cliché et ça se concentre principalement sur les atermoiements sentimentaux de notre héroïne - pour le reste, c'est survolé, juste en toile de fond pour gratiner l'histoire. Lola est une jeune fille entière et passionnelle, qui passe son temps à hésiter entre deux garçons. Cette indécision aurait pu me taper sur les nerfs, mais j'y ai totalement fait abstraction !
Parce que la lecture est légère, mutine, frivole et dans l'air du temps. Cricket Bell est un garçon charmant. La ville de San Francisco est magnifique. Et l'auteur n'avait nulle prétention de servir une histoire autre qu'une bluette adolescente mignonne et attachante.
La Martinière J., janvier 2015 ♦ traduit par Camille Bocquillon (Lola and the Boy Next Door)
Anna et le French kiss, de Stephanie Perkins
Voilà un joli petit roman pour illuminer quelques heures de lecture, un roman facile, franchement pas prétentieux, plutôt timide et gentillet, mais surtout délicatement mielleux. L'histoire nous parle d'une jeune américaine, Anna, qui part vivre à Paris. Inscrite pour une année scolaire, la demoiselle a du mal à prendre ses marques mais parvient à se glisser doucement au sein d'une bande de potes très attachante. Parmi eux, il y a Etienne St-Clair et là on a tout dit !
Franco-américain, ayant grandi à Londres, le garçon est sûr de lui, sûr de son charme, généreux, compatissant, attentif et dévoué. Tout de suite il prend sous son aile la craintive Anna et l'embarque dans des virées parisiennes, à l'écart des circuits touristiques (le livre est tout de même chargé de clichés et offre une image idyllique de la capitale française, après tout il faut vendre du rêve aux américains, qui ont tout gobé !). Pour ma part, j'ai été plus détachée. À tel point que je me suis complètement mise en retrait.
L'histoire est mignonne, mais avouons qu'il ne se passe pas grand-chose non plus. On passe la plupart du temps à s'enthousiasmer pour des anecdotes futiles, des situations attendues, des tours de passe-passe prévisibles, des psycho-drames exagérés, limite poussifs, bref j'étais finalement un peu surprise par la teneur de l'intrigue ! Anna et Etienne deviennent très proches, des amis complices, inséparables, mais disons que le garçon a déjà une copine, et puis “c'est compliqué”, vous savez... Hmm, j'ai trouvé ça tellement, tellement cliché !
Ceci dit, cela restera une lecture charmante, délectable et très séduisante... mais pas pour moi. J'ai été un peu déçue, car j'en avais trop espéré. Le couple vedette n'a pas su me convaincre, les types casés pour éviter la solitude, non merci, et que de naïveté ! Il en faut pour tous les goûts, c'est ainsi, j'avais envie de découvrir ce roman depuis quelques années, c'est fait, je ne regrette pas, mais l'étincelle n'a pas eu lieu. Tant pis.
La Martinière J., Février 2014 - traduit par Camille Bocquillon. Illustration de couverture : Hubert Van Rie
Teaser Tuesday #51
A vous de juger !
« Et c'est à ce moment - le moment où il prononce mon prénom - que tout change.
Il n'est plus St. Clair, l'ami de tout le monde. Il est Étienne. Étienne, comme le soir où nous nous sommes rencontrés.
Je marche en rythme sur son prénom, É-ti-enne, É-ti-enne, É-ti-enne. Les syllabes glissent sur ma langue comme du chocolat fondu. Il est si beau. Si parfait. Ma gorge se serre lorsqu'il m'enlace. Mon coeur bat à tout rompre et je suis mal à l'aise parce que je suis sûre qu'il l'entend. Je trébuche lorsque nous nous séparons. Il me rattrape avant que je ne tombe des marches.
- Woh, dit-il.
Mais je ne crois pas qu'il fasse référence à ma chute évitée de justesse. Je rougis et mets ça sur le compte de ma maladresse.
- C'était moins une.
Ouf. Ma voix n'a pas tremblé.
- Est-ce que ça va ?
Je réalise que ses mains sont toujours posées sur mes épaules et mon corps tout entier se raidit à son contact.
- Oui. Super. Génial ! »
Chapitre 31, page 256 - extrait du roman Anna et le French kiss de Stephanie Perkins (la Martinière J. 2014)
J'en parle bientôt...