27/03/18

Mes nuits à la caravane, de Sylvie Deshors

Mes nuits à la caravaneGros cœur rouge sur ce roman, où l'on rencontre une bande de potes hyper attachante, dans la verte campagne limousine, autour d'une histoire simple mais bouleversante.
Lucile vit seule avec son père, qui a tendance à oublier son désespoir dans l'alcool. Sa mère est morte d'un cancer, le restaurant familial a brûlé dans un incendie criminel, l'assurance n'a pas remboursé les pertes. Le moral est donc au plus bas, mais Lucile refuse d'en accepter davantage.
Ne supportant plus l'attitude indigne de son père, elle claque la porte de la maison et part s'installer dans la caravane au fond du jardin. Ce lieu servait autrefois de refuge à sa maman, qui aimait peindre et s'isoler dans sa bulle. La caravane est donc imprégnée de ses souvenirs. Du coup, tout remonte à la surface, les émotions, le passé, les vieilles histoires d'amour et de jalousie, les rancunes tenaces, les dettes, les trahisons... Bref.
C'est en compagnie de ses meilleurs amis - Ben, Djoul et Léna - qu'elle se bricole un cocon douillet, lequel deviendra également le point d'ancrage pour les amateurs de musique et de poésie. Le cadre est féerique, l'ambiance festive et joyeuse. C'est feutré et réconfortant comme j'aime. Et puis les paysage sont magnifiques. On met en avant une région au charme bucolique insoupçonné (Bellac et ses alentours), en plus d'une communion parfaite entre ces jeunes gens en plein apprentissage de la vie.
C'est idylllique, avec juste ce qu'il faut d'espérance, de folie, de désarroi, d'amitié et d'amour. J'ai beaucoup aimé ! À lire et découvrir comme une parenthèse enchantée.

Rouergue, coll. doAdo (2018)

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02/04/10

La formule magique, c'est pour cacher ma peur.

Ont été engloutis par la Miss, 9 ans 3/4 ...

la_soupe_aux_amandesLa maison de Ram est immense, plus grande que ça encore, c’est l’aéroport de Roissy. Depuis qu’il y vit avec sa maman, il en connaît tous les coins, beaucoup de ceux qui y travaillent aussi. Il faut chaque jour faire attention de ressembler aux voyageurs, à ceux qui sont en transit. Ram et sa mère sont des clandestins de l’aéroport, ils ne sont pas les seuls, et se retrouvent autour d’une soupe dans un hangar. La vie dans l’aéroport est aussi rythmée par les nombreux gestes de solidarité qui donnent de la couleur aux jours. (quatrième de couverture)

C'est un très joli texte de Sylvie Deshors, sur un sujet sensible et pas facile à décrire sans tomber dans les écueils. La réalité est pourtant là - la peur, les faux-semblants, les parties de cache-cache et les chiens des vigiles. Une maman et son petit garçon vivent dans un aéroport, ils n'ont pas de papiers. L'histoire ne dit pas pourquoi, comment et après. L'histoire montre surtout un enfant émerveillé par les couleurs, les odeurs, les rencontres, l'espérance et la beauté de la mère, qui retient un sourire crispé et serre souvent son poing à mener cette vie clandestine. Il ressort de cette lecture une bouffée d'espoir, un élan de solidarité ... et le goût d'une bonne soupe aux amandes, qui rend les gens heureux, le temps d'une parenthèse chaleureuse. Une lecture moelleuse, pas du tout mélancolique.

La soupe aux amandes ~ Sylvie Deshors

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ce_soir_laC'est un petit roman qui serre le coeur. Qui serre le coeur d'angoisse. C'est l'histoire d'un petit garçon qui accomplit tous les jours les gestes d'un grand. On devine la vie pas facile, les cordons de la bourse trop souvent sanglés, les courses au compte-goutte, les carrés de chocolat avalés entre deux tranches de pain pour le goûter, le ronronnement du ventre qui en voudrait plus, et puis le froid dans l'appartement, avec la serrure grippée à la porte d'entrée. Benjamin se débrouille comme un chef et ne se plaint pas. La mécanique est bien huilée. Après les devoirs, le garçon dresse la table et lit une bande-dessinée en attendant le retour de sa mère. Mais ce soir-là, sa maman Caroline est en retard. Les minutes défilent et tombent comme des pierres dans son estomac creux. C'est l'angoisse, la peur panique d'être abandonné. Et comme Benjamin, nous avons peur et nous attendons Caroline avec une impatience grandissante. Où es-tu, Caroline ? Le suspense s'intensifie. Au fil des pages, la lecture deviendrait presque insupportable car le lecteur a besoin de connaître la vérité. C'est ce qui rend la lecture saisissante, en nous faisant oublier le misérabilisme ambiant. Que d'émotions dans si peu de pages !

Ce soir-là ~ Agnès Lacor

Petite Poche / Thierry Magnier (2010) - 5 € chaque livre de cette collection qui porte bien son nom : pratique pour glisser dans la poche, le livre a la taille d'une paume de la main.

 

13/12/08

Mon amour kalachnikov - Sylvie Deshors

 

“Ces mots là, ça parait trop simple, mais ils sont vrais et puis c'est mon histoire.” C'est le refrain que pourrait reprendre Agathe, par cette froide nuit de novembre. Elle se retrouve dans la même rue où elle a été agressée, elle a été appelée pour un baby-sitting, se sent mal à l'aise dans cet appartement trop luxueux et croit reconnaître sur une photo le taré. Le lendemain matin, elle est réveillée par la police et apprend la mort du type. Suspectée, Agathe doit se défendre. Elle avertit son petit ami Gilan, lequel se met en colère 514OIqDidbL__SS500_et ne donne plus de nouvelles. La jeune fille est alors prise de doutes, sur elle, sur son agresseur, sur son copain et sur l'entourage de celui-ci. Et puis il y a cet enquêteur qui ne la lâche pas d'une semelle. Agathe commence à perdre pied et risque de commettre des erreurs à vouloir mener elle-même sa petite investigation. Ce n'est jamais bon de fouiller dans les petits papiers de ceux qu'on aime, cela peut faire mal.

Et c'est vrai que ce roman est triste, mais c'est une tristesse qui est saine. C'est bon de lire un roman de cette qualité, où résonne le pas chaotique d'une jeune fille perdue dans ses repères. Le garçon qu'elle aime n'est plus qu'une silhouette floue, et puis il y a ce meurtre... La police imagine qu'elle est liée à un vol de bijoux, peut-être le mobile du crime, et il y a beaucoup de preuves contre elle, mais elle veut protéger son petit ami qu'elle soupçonne au fond d'elle. C'est un étau, un piège qui se referme, dans lequel elle joue le rôle du lièvre hypnotisé par les phares du chasseur. Elle se tait pour celui qu'elle aime, mais elle sent qu'il la fuit. Pourquoi ? L'intrigue est ainsi habilement tissée, simple et silencieuse. Il n'y a pas de clash, pas de fracas. Il y a certes de la violence et de la rage chez Agathe, mais une grande fragilité derrière cette carapace. On la suit jusqu'au bout et on partage ses larmes. Cela ne peut se finir autrement, car ce roman est terriblement humain. Il m'a personnellement fait beaucoup de bien.

Le rouergue, doAdo noir - Novembre 2008 - 282 pages - 12,50€

Sylvie Deshors figure désormais parmi les auteurs que je vais suivre, après avoir déjà lu et aimé Anges de Berlin et Petit samouraï , c'est maintenant une conviction !

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27/02/08

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Téo est un fier chevalier, qui joue à sauver les princesses et tuer les méchants. Lorsque sa petite cousine Luce vient s'installer à la maison pendant quelques jours, avec ses yeux tout ronds de bébé, il fait le serment de toujours la défendre. En secret elle est devenue sa vraie princesse, même si ses copains se moquent de lui quand il préfère passer son temps avec elle plutôt qu'au foot... Bientôt Luce va repartir au pays des mangas et Téo aimerait tant la rejoindre !

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Une histoire très tendre, très touchante qui a su enthousiasmer la Miss. Elle a adoré cette histoire, été tristounette au moment de la séparation mais a trouvé la fin géniale ! Même si au départ les illustrations en noir & blanc n'étaient pas destinées à la conquérir, elle a su craquer pour le bébé Luce qui est adorable. La relation entre le garçon unique et la petite demoiselle a su lui parler intimement, en plus des clins d'oeil aux mangas (un univers de lecture qu'elle commence à cerner). Ce livre est un mélange de conte féérique à une (presque) initiation à la culture nippone, en quelques clichés, qui n'occulte pas le sujet sur la relation non-conflictuelle entre un bébé et un jeune enfant. Adorable !

Petit Samouraï, texte de Sylvie Deshors, illustrations de Magali Bardos.

Le Rouergue, coll. Zig Zag. 96 pages - 6 €

Pour les 6 - 9 ans.

A suggérer pour les enfants dès 3 ans : la série du Monde Animaginaire des éditions Balivernes, qui proposent un univers enchanteur et poétique, avec des illustrations sucrées (ou c'est tout le sentiment qu'elles donnent !) ...

koalas_chocolat

Trois petits koalas ont un gâteau préféré, qui est meilleur qu'un bonbon, plus délicieux qu'une gaufre ou qu'une crêpe, plus exquis que les desserts les plus compliqués... Miam ! C'est tout ce que cela nous inspire !  En bonus, dans ce livre, la fameuse recette du gâteau au chocolat de Baba !  (Un délice !) 

hippopo_tam_tam

L'hippopotame Tam-Tam ne veut plus jouer du tam-tam tout seul et part convaincre ses amis de venir faire de la musique avec lui.  Une manière ludique d'apprendre les noms des instruments ... et des animaux ! Une petite devinette boucle l'histoire.

Koalas Chocolat & Hippopo Tam-Tam - texte de Pierre Crooks, illustrations de Julie Mercier.

Balivernes, coll. Monde Animaginaire. 12 €

Pour les plus jeunes, dès 2 - 3 ans.

course_folle_a_l_ecoleLa rentrée des classes est un grand événement, toujours un peu stressant. Certains enfants adorent l'école, d'autres moins. Antoine déteste sans hésitation, tellement qu'il planifie la grande évasion. Un petit tour aux toilettes et hop !  le voilà qui disparaît.

En voilà une classe invraisemblable ! Un élève disparaît et la maîtresse organise une chasse à l'homme pour les apprentis détectives. Tous les petits camarades débordent d'imagination folle et abracadabrante, et la maîtresse récompense leurs efforts par une sucette ! Incroyable, non ? !

Ceci a été étudié spécialement pour dédramatiser les craintes et les refus des enfants qui n'aiment pas l'école, ou refusent d'y aller, à travers ce texte rigolo et fort joliment illustré (beaucoup de couleurs). Autre aspect facétieux : le livre propose de retrouver le coquin caché à travers les pages de l'enquête (à la façon d'un Où est Charlie ?...).

Course folle à l'école, texte de Catherine Karnas, illustrations de Fil et Julie.

Les 400 Coups, coll. Ma langue au chat. 8 €

A partir de 5 ans.

25/06/07

DoAdo Noir, une collection de la "jeune littérature" de grande qualité !

je_mourrai_pas_gibierLe village de Mortagne est divisé en deux clans : les vignerons et les scieurs, les employés de la scierie dirigée par M. Listrac, où Frédo Lopez est le contremaître. A Mortagne, aussi, tout le monde chasse. Il y a même un dicton populaire qui cite : "Je suis né chasseur ! Je mourrai pas gibier !".
Mais Martial en a soupé de cette ambiance, de ce trou perdu et de cette mentalité de "bourrins". Il a d'ailleurs choisi la mécanique pour bien marquer la distance. Cela n'empêchera pas la bêtise et la violence de faire son nid à Mortagne.
Mais les têtes brûlées façon Frédo Lopez, Martial en a assez et a décidé de faire leur fête le jour du mariage de son frère. Un fusil de chasse, douze cartouches, des nerfs en béton... Martial met en joue.
Au final : cinq morts, deux personnes dans un état grave et un blessé léger.
Comment en arriver là ? Que se passe-t-il dans la caboche d'un ado plutôt sain d'esprit qui décide de faire justice lui-même, après les actes de barbarie organisés contre le benêt du village ?
L'histoire n'est pas tendre. Guillaume Guéraud a ouvertement inscrit son histoire dans un rythme vif, très nerveux. Il met en scène une violence ordinaire, sous prétexte d'une guéguerre ancestrale, au sein de bougres mal embouchés. La bêtise est brutale, mais hélas associée à un milieu retiré, esclave de la pauvreté sociale et intellectuelle.
Pour échapper à son destin, un gamin a simplement décidé de faire un carnage.
Un roman noir et terrible, lauréat du Prix Sorcières 2007 décerné par l'association des bibliothécaires de France.

80 pages - Janvier 2006.

anges_de_berlinPour fêter la fin de l'année scolaire et des épreuves du bac, Mary convie sa fille Solti à un week-end à Berlin pour le Live 8. Au cours de l'après-midi, la jeune fille s'échappe et laisse sa mère se reposer, mais à l'heure du rendez-vous, nulle trace de Mary !
Désemparée, Solti cherche dans les rues berlinoises, demande une aide quelconque et rencontre un jeune homme qui parle français et vit dans la capitale allemande depuis quelques temps, il s'appelle Nels. Musicien et idéaliste, il n'hésite pas à guider la jeune Solti vers No F., un type bourru qui ne s'exprime que dans sa langue natale, un vieux punk renfrogné qui n'aspire guère de sympathie.
Pourtant, No F. va obtenir des informations précieuses pour mettre la main sur Mary. Cette dernière, ne donnant plus signe de vie, semble en mauvaise posture, ceci étant lié à ses activités d'anarchiste et d'extrême-gauche dans sa jeunesse, quand Mary étudiait à Berlin.
Le temps présent est celui de la vengeance, des réglements de compte. Des anciens camarades refont surface, une femme a été assassinée, bref l'angoisse noue le ventre de Solti, désespérée du sort réservé à sa mère, décontenancée d'apprendre toutes ces mystérieuses embrouilles et dégoûtée par un week-end qui vire au cauchemar.
"Anges de Berlin" est le genre de roman absolument noir, prenant, captivant et angoissant qu'on refuse d'abandonner. Il est écrit de manière tendue, avec des phrases concises, et ne laisse aucune place pour lâcher la pression. Sylvie Deshors, l'auteur, décrit un milieu opaque, celui de l'underground berlinois, celui des anarchistes et des groupuscules de l'extrême. Dans le Berlin d'aujourd'hui, au-delà du climat festif, la violence est tapie dans l'ombre, avec l'organisation politique des néo-nazis.
Ce roman pourrait décontenancer tout jeune lecteur non averti, et pourtant la collection doAdo Noir est désormais réputée pour éviter tout écueil.
Personnellement j'ai été scotchée par cette histoire, admirablement écrite, au style syncopé et percutant. Le récit est terriblement excitant, il n'hésite pas à mêler la peur et l'incertitude aux arcanes de ce polar haletant. Agressions, meurtre, traque informatique sont au menu !
Régalez-vous !

210 pages - Mars 2007.

Posté par clarabel76 à 11:30:00 - - Commentaires [16] - Permalien [#]
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