24/10/19

Boucle Rousse et les 3 ours, par Fabienne Morel & Debora Di Gilio

Boucle Rousse et les 3 ours

Fabienne Morel & Debora Di Gilio forment un facétieux tandem de comédiennes habituées à dénicher les contes traditionnels pour les réinventer à la sauce « huile d'olive et beurre salé ». On obtient ainsi un fabuleux cocktail de sons rythmés et colorés pour des moments de lecture qui font voyager, swinguer et s'esclaffer (La poulette et les trois maisonnettes ; Bouc cornu, Biquette et ses biquets ; L'ogresse poilue etc.).

Dans cet album, elles viennent chatouiller la légende de Boucle d'Or en imaginant une contrée lointaine, séparée par une rivière. De part et d'autre, vivent des ours et des renards, qui se détestent cordialement. Cela fait des années que dure la bisbille... Si longtemps que plus personne ne se souvient des origines de la querelle ! En marge des grincheux et des chatouilleurs, on trouve un Petit Ours et une Boucle Rousse qui se font les yeux doux et s'envoient des bisous en douce.

Un jour de grand départ pour la Manif (les ours font du bruit pour sauver les abeilles), Boucle Rousse décide de traverser la rivière à la nage et se faufile dans la maison de son bien-aimé. Ni vue ni connue. La voilà qui glisse ses pattes mouillées dans les pantoufles, se rend dans la salle de bains pour faire pipi, fait main basse sur le miel avant de piquer un roupillon dans le petit lit douillet pour y chiper les mêmes rêves.

Forcément, Boucle Rousse n'entend pas la famille rentrer. Une famille pas contente du tout des dégâts dans l'entrée puis dans la cuisine. Les parents mènent leur enquête (ils ont dégainé leur loupe !) tandis que Petit Ours se rend discrètement à l'étage... surpris par les trois poils roux retrouvés dans l'escalier.

Cette version est délicieusement enjouée, mélodieuse et pittoresque : les comédiennes s'autorisent tous les mélanges, elles chantent, elles rient, elles s'expriment en italien, elles inventent des mots, elles jouent avec les sons, elles emportent le lecteur dans un univers virevoltant. C'est folklorique et décalé. Un cocktail 100% bonne humeur.

Syros, 2019 / illustrations de Rémi Saillard

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29/07/19

Koridwen (U4), de Yves Grevet

Koridwen U4Cet épisode sur Koridwen - jeune bretonne qui débarque à Paris au volant d'une bétaillère avec son cousin et les vestiges de la ferme familiale pour se rendre à un rendez-vous énigmatique le soir du 24 décembre - ouvrait le bal et se devait de m'introduire à un univers inventé par quatre auteurs.

U4 est en fait un virus ayant décimé 90% de la population mondiale, n'épargnant que les adolescents et de rares adultes. Suite à cette catastrophe, un climat de défiance s'est installé, où chacun lutte pour sa survie, soit sous forme de milice ou de bande terroriste. On suit ainsi Koridwen dans son long périple, sur les routes depuis la Bretagne jusqu'aux rues parisiennes, dans les tunnels des égouts ou les immeubles abandonnés, jaugeant ses rencontres hasardeuses et sa quête du savoir si Chronos a dit vrai ou pas. Elle est aussi guidée par la prophétie de sa mamm-gozh (sa grand-mère moitié sorcière, moitié guérisseuse) et finit par comprendre qu'elle devra retourner dans le temps pour éradiquer la contagion.

Comme j'aime beaucoup Yves Grevet - pour sa série culte Méto - j'avais donc pioché sciemment son titre en pensant que ce serait positif. Au final, j'ai trouvé la lecture hasardeuse et longuette (avec une fin ouverte particulièrement frustrante). Que dire... J'avais des attentes, j'étais curieuse, certes impatiente, mais je n'ai pas réussi à adopter ce monde inconnu, âpre et difficile, ces jeunes gens condamnés à prendre les armes et affronter le pire de l'humanité, eux qu'on trouvait encore à batailler sur des jeux en ligne il y a quelques mois. Quelle amertume. Tout est bousculé, chamboulé, précipité... la vie, l'amour, la mort. Tout ça, sans émotion. Nul affolement sur mon électrocardiogramme... dommage.

Le format audio est assez constructif et guère déplaisant à écouter, avec une narratrice claire et agréable par son intonation et son interprétation convaincante (mais le « je » lassant me poussait à réclamer un coup d'œil alentour ou tendre le micro pour en savoir davantage)... Bref. Mon avis mitigé ne met évidemment pas en doute la qualité du projet. J'hésite néanmoins à poursuivre la série, craignant des épisodes répétitifs autour des mêmes interrogations et autres enjeux, sans solution possible.

©2015 Éditions Nathan & éditions Syros (P)2019 Lizzie

 

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08/03/19

Ne dites jamais jamais, de Nathalie Stragier

Fait suite à Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous et Ne retournez jamais chez une fille du passé.

Ne dites jamais jamaisNe dites jamais jamais :

... parce qu'à force de voyager dans le temps, vous savez que rien ne se passe jamais comme prévu. 

... parce que dans le futur on fait des trucs dingues, comme se baigner nue dans la Seine. 

... parce qu'il vous reste encore pas mal de boulot pour sauver les hommes ! 

C'est désormais au tour d'Andrea de se rendre dans le futur pour retrouver son frère. Ce dernier voyage est une juste réplique aux précédentes expériences vécues par Pénélope. Ou quand une fille du Moyen Âge doit s'adapter aux Temps Modernes... encore un choc culturel.

Pour nos deux héroïnes, c'est aussi la prise de conscience d'une société à réinventer et de frontières à dépasser. Leur odyssée est toujours rocambolesque : amour, action, suspense et humour se donnent la main. C'est super distrayant à lire - la vision de notre monde victime de ses excès est politique mais interpelle les jeunes têtes pensantes. 

Cette série révélée courant 2016 offre une issue pertinente et tire sa révérence sur une belle pirouette.

Syros, 2017

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12/02/19

Signe particulier : Transparente, de Nathalie Stragier

TransparenteEsther se sent invisible aux yeux du monde : sa famille toujours débordée remarque à peine ses absences, ses profs ou ses camarades au lycée ne la calculent jamais. Reste son amie Romane qui la pousse à sortir de sa bulle et cherche à l'entraîner dans un semblant de vie sociale. Ou même Simon, un copain du lycée, timide mais souriant. Esther a néanmoins décidé de taper du poing sur la table en préparant une fugue... avant de se raviser. Encore un constat d'échec. Esther se sent plus pathétique que jamais - elle n'a aucun courage et demeure désespérément inexistante. Pire, elle a de plus en plus l'impression de disparaître. De devenir transparente. Sauf que ce n'est pas qu'une impression : Esther est vraiment en train de se métamorphoser. Sans comprendre pourquoi, là voilà capable d'être invisible et de voyager dans une dimension parallèle. Grisée par cette perspective excitante, elle peut enfin surprendre les conversations ou se défouler en accusant les uns et les autres de l'ignorer sans raison. Quel pouvoir. Ça marche à tous les coups. Elle se sent libre comme l'air et décomplexée. Jusqu'au jour où elle croise une femme à la mine sombre et qui fonce sur elle en la menaçant de déguerpir...

Impatiente de découvrir ce nouveau roman de Nathalie Stragier, après avoir adoré sa série La fille du futur, j'avais énormément d'attentes envers cette lecture. On découvre alors une configuration assez originale, avec une héroïne ordinaire dans une vie tout aussi ordinaire, mais à qui il arrive finalement un truc improbable. Mi-fantastique, mi-roman à suspense, le mélange des genres fonctionne très bien car la lecture est pleine de surprises. Quel est ce phénomène qui frappe notre héroïne, comment se manifeste-t-il, pourquoi Esther, que veut cette vieille folle et que cache le monde des transparents... En fait, le tout est assez enthousiasmant. On tourne les pages avec frisson. On est curieux de connaître la suite. On est troublé aussi par l'équilibre subtil qui se joue sous notre nez, entre rêve et réalité, réalisme et fantastique. Oui, la frontière est mince. L'esprit parfois vacille. Manque peut-être un peu d'humour et de légèreté, à mon goût, car Esther est une demoiselle farouche et bourrée de complexes. Je n'ai pas réussi à m'y attacher. Attendez-vous donc à une lecture sensible et plus réfléchie... loin d'être aussi addictive que La fille du futur.

Syros, 2018

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04/12/18

Et si c'était lui ? de Jean-Loup Felicioli

Et si c'était lui

Un matin d'hiver, une fillette découvre un sans-abri endormi dans la neige. Ses parents appellent aussitôt les secours pour le conduire à l'hôpital. L'inconnu ne possède aucun papier, il prétend même être le Père Noël. Et c'est vrai que Chloé est en train de s'interroger, car la ressemblance est trompeuse... Et si c'était lui ?

L'homme lui confie alors son grand secret : il a perdu son amulette magique et sa précieuse couverture bleue avec des étoiles. Sans ses accessoires, il ne pourra pas accomplir sa mission de la plus haute importance. Chloé est subjuguée. Elle accepte de s'éclipser hors de la maison, en pleine nuit, et retourne fouiller le parc avec son chien Zorro.

D'autres rencontres l'attendent au tournant, pour une aventure féerique et riche en émotions.

L'histoire est en effet douce et jolie, elle nous transporte à sa façon dans l'ambiance de Noël. On aime ou pas le graphisme (on sent l'expérience de l'auteur dans les films d'animation, cf. Une vie de chat ou Phantom Boy). Personnellement, cela ne me touche pas, mais l'ensemble est assez réaliste et tout à fait cohérent. Je devine que les enfants vont s'y sentir à leur aise et plonger dans cette mythologie avec grand plaisir !

Syros, 2018

 

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28/11/18

Méto : L'intégrale (version anniversaire), par Yves Grevet

Méto intégrale version anniversaire

Dix ans déjà que cette trilogie culte fascine, intrigue, interpelle chaque lecteur qui pose son regard sur la couverture illustrée par Thomas Ehretsmann. Le lecteur l'ignore, mais le verrouillage est activé.
Il y a en effet ce CRAC légendaire, un bruit à peine audible dans un dortoir où règne un silence angoissant. Des voix chuchotent, c'est pas moi, c'est lui. 
Au matin, tous constatent qu'un lit a craqué et la panique monte d'un cran. Mais pourquoi ?
À ce stade, impossible de reposer l'ouvrage ou de poursuivre son chemin en faisant comme si.
Impossible.
L'histoire de Méto ne se raconte pas. Il faut s'y aventurer en toute confiance et savourer sa parfaite maîtrise, son suspense et sa mise en scène. Tout y est. On débarque dans une Maison sur une île, où vivent une soixantaine d'enfants, tous distincts selon des rubans de couleur. Or, tous semblent redouter qu'ils se déchirent (ou que leur lit se brise). Alertés, les César les conduiraient hors de la Maison. Par contre, nul ne sait ce qui les attend après.
Dans cette Maison, les règles sont strictes, les repas avalés à heure fixe selon un rituel établi, les corvées ne manquent pas, les enfants doivent se dépenser physiquement en pratiquant du sport (un jeu de salle appelé Inche) et suivent des cours sur la culture de la pomme de terre ou sur une chaudière.
Le reste, c'est mystère et boule de gomme.
Quel est donc ce monde que nous propose Yves Grevet ? Un univers étrange, dense et palpitant. Des personnages forts et mémorables. Une action qui suit son cours, entre aventure, anticipation et espionnage. Un lecteur tenu en haleine tout du long.
En dix ans, d'autres romans ont paru et creusé la perspective d'une société qui se renouvelle, qui déconcerte et qui chamboule notre imaginaire, mais MÉTO avait tout compris avant l'heure.
Voilà pourquoi il n'est jamais trop tard pour lire ou relire cette série. Ce n'est plus une nouveauté, mais dix ans d'un amour qui n'a jamais flétri. Les éditions Syros célèbrent donc son anniversaire en publiant une intégrale (des trois volumes) sous une magnifique jaquette dépliable. En chiffres, ce sont aussi 14 prix littéraires, 896 pages d'une intrigue passionnante et des traductions à travers le monde (8 langues dont le coréen, l'allemand, le russe ou le néerlandais).
Du grand, du bon, du très, très bon !

Syros, 2018  *** version anniversaire ***

« Ne te fais pas d'illusions: la seule voie de la survie est l'obéissance envers ceux qui détiennent du pouvoir. »

 

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12/11/18

Pêle-mêle : Les poulets guerriers - Comptines espagnoles - Le colibri chante et danse - La laine des moutons

les poulets guerriers

Catherine Zarcate propose une nouvelle version de son conte dans cette édition épatante, qui prend aussi des tours enjoués et malicieux. Une expérience virevoltante !

Il était une fois, dans un village africain, des poulets adolescents qui décidèrent de partir sur le sentier de la guerre ! Ils étaient grands, ils étaient beaux, avec leur crête en gel sur la tête, le torse bombé, des peintures sur le visage. Ils crânaient en paradant dans le village, tous à la file indienne. Et se moquaient du petit poussin qui voulaient se joindre à la bande... ha, ha, quel nabot !

Mais on fait moins les malins face au danger et on rigole moins quand le minus en question brandit sa guitare pour vous sauver la mise. Que d'émotions... On en perdrait quelques plumes, et un peu de sa superbe. Finalement, on a toujours besoin d'un plus petit que soi. C'est ce que rappelle cet album génial, drôle et intelligent. Applaudissements.

Les poulets guerriers, de Catherine Zarcate & Élodie Balandras

syros, 2018

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Mettez encore un peu de soleil dans votre vie, avec ces comptines espagnoles, issues des plus grands classiques de la culture hispanique (La cucaracha !).

Comptines espagnoles

Cela donne envie de swinguer, de danser, de rire. L'album est chaleureux & illustré avec douceur.
Une chouette découverte, qu'on apprécie d'écouter pour égayer la grisaille de novembre. 

 Comptines espagnoles, illustrées par Madeleine Brunelet

père castor, 2018

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L’année 2018 marque un tournant pour La Montagne secrète : on parle dorénavant d’albums musicaux et d’albums audio (sans chansons où l’histoire est narrée) avec les enregistrements disponibles en téléchargement ou en continu.

la montagne secrete

Dans mes préférences : Le colibri chante et danse

Il s'agit d'une sélection de chansons & comptines latino-américaines, toutes interprétées en espagnol, qui donnent un goût de fête joyeuse et pittoresque. Évasion garantie, bonheur et soleil dans votre maison. Une très agréable surprise !

Autre mignonnerie : La laine des moutons, de Carmen Campagne & Marie-Eve Tremblay

La laine des moutons on Vimeo

 

Bonne pioche ! 

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27/09/18

Kaplan, de Sébastien Gendron

Kaplan

Sous la gouverne du général Dramek, le duché de Cushinberg a toujours marché à la baguette. Seul un quartier de la ville a résisté et, au terme d'une longue guerre civile, acquis son indépendance en devenant la République de Leeton. Depuis, les deux parties se regardent en chiens de faïence et multiplient les coups bas.
Responsable de la Force contre-insurrectionnelle, dans le Cushinberg, Kaplan reçoit l'ordre de s'introduire chez l'ennemi pour y implanter une petite graine virale. Il fait donc une entrée fracassante, au volant de son Oxian Dard rouge vif, et explose les barricades. Blessé, Kaplan est secouru par un môme du quartier.
Rimbold a seize ans et vit à Leeton dans une famille déjà marquée par la disparition du frère aîné. Le garçon va planquer l'inconnu en attendant sa guérison. Il lui explique alors les bombardements, les enlèvements, les familles sous pression... Kaplan est chamboulé par ce qu'il découvre. Il a le sentiment de ne plus être un étranger car il se sent également connecté avec cette ville. Peu à peu, sa conscience est mise à mal et sa mission compromise.
Et bim... Ne croyez rien de tout ça ! Car ce roman est malicieux. Son histoire n'est qu'imposture et faux-semblants. Mensonges et jeux de dupes. Vous allez vite découvrir que nul ne dit toute la vérité, que les personnages sont des manipulateurs patentés et que les apparences sont vaines. C'est donc une grosse arnaque qu'on nous raconte (et c'est tellement bien ficelé).
On y trouve aussi une pointe d'amertume dans cette vision d'une démocratie qui a viré en dictature. C'est retors. C'est ingénieux. C'est culotté. Ça se lit en une goulée tant c'est captivant. Un vrai tour de force, bravo.

Syros (2018)

 

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02/07/18

Trans Barcelona Express, de Hélène Couturier

Trans Barcelona ExpressDans Bye Bye Bollywood, Nina rencontrait Jésus au cours de vacances mémorables dans un ashram, avec gros choc culturel, bouderies et autres aventures à mourir de rire. Après quoi, nos deux trublions avaient promis de se retrouver en Espagne pour explorer davantage leur connivence.
Mais sitôt débarquée à Barcelone, Nina comprend que leurs retrouvailles ne collent pas avec ses délires romantiques - Jésus est coincé chez sa grand-mère en rase campagne, puis rentre avec sa cousine qui ne le quitte plus, et enfin le garçon se montre distant et peu attentionné en sa présence. Tout soupçon d'idylle s'envole à grande vitesse. Et le moral de Nina est au plus bas.
La jeune fille se console dans l'apprentissage du folklore local (le botellón), mais elle boit trop et perd la tête car elle égare son sac et se retrouve avec celui d'un inconnu - un artiste torturé dont le carnet à dessins exprime tout son mal-être. Le lendemain, Nina lance un appel sur Facebook et rencontre Diego.
En vrai, ce roman est encore une fois étonnant. On partage non seulement les péripéties d'une héroïne rigolote et pleine d'autodérision, en quête d'amour et d'impossible, mais qui pose aussi un regard juste et intelligent sur le monde qui l'entoure - et plus particulièrement sur l'identité sexuelle et sur la question du genre.
Le ton est mordant, le rythme enlevé, les personnages tous attachants, les rebondissements agréables... en bref, c'est une histoire légère, bouleversante et palpitante ! Une très bonne série à découvrir.

« C'est quoi être une fille ?
C'est quoi être un garçon ?
Une fille n'est-elle pas censée aimer les voitures et le foot ? Et un garçon, pas censé aimer le rose et la danse classique ?
On est plus fille parce qu'on met du vernis à ongles et du rouge à lèvres ? On est plus garçon parce qu'on a des muscles et une barbe ?
Et celui (femme ou homme) qui justement aime des choses que son genre n'est pas censé aimer, il n'est pas normal ? Où est la limite, et qui la fixe ? Toute personne qui se comporte de manière atypique pour son genre serait-elle trans ?
Moi, Nina, un peu plus de quinze ans mais pas encore seize, en quoi est-ce que je me sens “fille” ? Parce que j'aime le gloss, les bijoux (surtout les bracelets), les fringues, les vernis hyperflashy et le garçons, même si très clairement je n'ai pas la main avec eux ?
Être une fille, c'est aimer les garçons ?
Non, l'identité de genre ne se définit pas par l'orientation sexuelle. On peut être une fille à part entière et avoir une attirance pour les filles ou même aimer les filles et les garçons.
Être bisexuel ?
Ça doit laisser plus d'opportunités pour trouver l'âme sœur. Tiens d'ailleurs, pourquoi on ne dit pas “l'âme frère” ? »

Syros, 2018

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02/03/18

Un lapin peut changer une vie, de Sandrine Kao

Un lapin peut changer une vie

Dans la famille Ribout, je demande le chaos, le désordre, le souk, le sens dessus dessous. Après des années lisses et confortables, soudain le petit train sort des rails et part en roue libre.
Haut les cœurs !
Paul, le père, vient de démissionner après avoir frôlé le burn-out mais n'ose pas encore avouer son projet secret. Emmanuelle, son épouse, est illustratrice pour l'édition jeunesse, hélas en panne d'inspiration. Chaque jour, elle s'échine à varier les platées de pâtes en fouillant les placards de plus en plus vides. En attendant le retour des éclaircies, elle déverse sa frustration sur son blog culinaire au succès d'estime.
Les enfants aussi ne sont pas en reste. Agathe, l'aînée, vient de recevoir un coup de soleil, un coup d'amour, un coup de je t'aime, bim, coup de foudre sur scène, tellement fort que la belle en a perdu l'usage de la parole. L'objet de son affection s'appelle Tony, il a des yeux sombres et rieurs qui ont su la transpercer en un éclair. Le coup fatal. Alicia, la cadette, fière d'être la fayote en classe, perd brutalement son statut de chouchou à cause de sa nouvelle voisine de table, une certaine Keja, dont nul n'ignore qu'elle est Rom et vit dans une caravane sur un terrain vague.
Et pour conclure ce tour de piste, applaudissons enfin Django, l'invité vedette, soit un adorable petit lapin, mais également le célèbre guitariste de jazz manouche ! ☺

On brasse le tout avec énergie et on obtient une chouette lecture, qui s'ébroue comme une puce et qui dresse le portrait d'une sympathique famille confrontée aux aléas de la vie (mais qui n'a pas peur de tout plaquer pour repartir de rien). C'est frais, c'est rigolo. On en revient toujours aux lapins, à la culture tsigane et aux préjugés sur les gens qui vivent autrement. En bref, le roman est croqué de façon originale et décalée, pour demeurer sans prétention et frais comme un gardon. Il a en lui un effet vivifiant insoupçonnable - et hop pour 210 pages réjouissantes et positives !

 Syros, 2018

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