Nous irons mieux demain, de Tatiana de Rosnay
Comme j'ai eu l'occasion de découvrir le roman en format audio, j'ai particulièrement trouvé la lecture hypnotique et admirablement interprétée par Tatiana de Rosnay. J'ai beaucoup aimé sa voix, grave et élégante. Cela donne notamment un parfum suranné, chic et vaporeux, à l'ensemble. En tout cas, j'étais subjuguée !
L'histoire est également empreinte de suspense psychologique à la Daphné du Maurier, avec une héroïne (Candice, vingt-huit ans) qui tombe sous l'emprise d'une amitié que ses proches jugent vénéneuse. La coupable s'appelle Dominique, la cinquantaine aristocratique et mystérieuse. Leur rencontre est survenue suite à un accident de la route. En tant que témoin, Candice a aussitôt apporté son secours et son soutien à cette belle femme solitaire. Mais les jours passant, Dominique va prendre beaucoup de place dans la vie de l'héroïne. Elle va s'installer dans son petit appartement, s'occuper de son garçon, préparer leurs repas et revoir l'organisation de la maison. Elle va aussi partager son amour pour Zola, évoquer les femmes de sa vie, faire des parallèles et réconforter la jeune femme émotionnellement fragile. Car Candice souffre beaucoup, de son corps et de son image. Elle ne s'est pas remise de son deuil tout neuf après la disparition de son père. Et se retrouve embarquée par sa sœur à traquer une existence cachée tout en refusant de réveiller les fantômes du passé. C'est là que le lien avec Zola se tisse. Évoquer l'écrivain dont la vie amoureuse ne manquait pas de piment met tacitement en lumière l'adultère, et ce de manière presque poétique. Ce chemin vers l'acceptation est plutôt bien dressé. J'admets que la distance prise par Candice est incroyable, alors que sa mère et sa sœur explosent de colère. C'est aussi l'œuvre de Dominique, dont la personnalité ne cesse de perturber et d'interroger. Est-ce qu'elle fascine ? oui. Est-ce qu'elle fait peur ? oui, aussi. J'ai beaucoup aimé cette sensation trouble et troublante qui se dégage de cette relation a priori amicale, ou pas. En tout cas, c'est subtilement soumis et libre de toute interprétation.
Si cette ambiance très poudrée vous inspire, n'hésitez pas ! Moi, j'ai très envie d'écouter du Zola maintenant.
©2022 Éditions Robert Laffont, S.A.S (P)2022 Lizzie, un département d'Univers Poche.
- Lu par : Tatiana de Rosnay
- Durée : 9 h 50
- Nous irons mieux demain retrace le chemin d’une femme fragile vers l’acceptation de soi, vers sa liberté. Il fait aussi écho aux derniers mots d’Émile Zola, le passager clandestin de cette histoire.
⭐⭐⭐⭐
Les Fleurs de l'ombre, de Tatiana de Rosnay
Étrange, très étrange... mais fascinant aussi ! Ce roman distille un délicat parfum qui donne le vertige tout en inspirant attrait et curiosité.
Clarissa Katsef vient de s'installer dans une résidence pour artistes après avoir quitté son mari. Sa décision a été prise sur un coup de tête. Trahie, blessée, pleine d'amertume, Clarissa préfère se calfeutrer. Par chance, la résidence Casa lui offre le confort espéré avec un assistant virtuel aux paramètres soigneusement personnalisés. Clarissa cohabite donc une Mrs Dalloway attentive à sa santé, ses fréquentations, ses allers et venues. Rien ne lui échappe. Engluée dans son chagrin, Clarissa s'y conforme sans résister. Et pourtant... un doute s'installe. Pernicieux. Pesant. Inquiétant.
De là, moi j'ai complètement adhéré à cette ambiance brumeuse et qui laisse place à l'imagination (j'ai tout supposé mais j'étais à côté de la plaque). Par conséquent, le dénouement ne m'a pas fait chavirer. Tout simplement parce qu'après de longues heures d'une lecture qui a habilement joué avec mes fantasmes, la fin m'est apparue déstabilisante. J'étais encore ancrée dans la sensation d'être au cœur d'un épisode de la Quatrième Dimension entre cette Mrs Dalloway hyper flippante et Clarissa assez borderline. Mais la réalité est autre - plus intime et émotionnelle. Pourquoi pas ?
Quoi qu'il en soit, j'ai longtemps apprécié naviguer en eaux troubles et j'ai aimé tout ce mystère enveloppant l'histoire, la résidence, les personnages, le vrai du faux... oui, c'était vraiment bien de se projeter vers l'inconnu. La mémoire des murs, l'ombre d'écrivains torturés, des sujets forts et obsédants, encore et toujours, qui viennent eux aussi imprégner ce roman. Ma foi, cette lecture a filé en toute subtilité... Le format audio est divin : texte lu par Tatiana elle-même ! Quel chic.
©2020 Éditions Robert Laffont / Héloïse d'Ormesson (P)2020 Lizzie
- Lu par : Tatiana de Rosnay
- Durée : 8 h 52
⭐⭐⭐.5
L'Envers du décor et autres nouvelles, de Tatiana de Rosnay
Toutes les nouvelles du recueil ont préalablement été éditées dans la presse ou d'autres ouvrages. Pourtant, je n'en connaissais aucune donc j'ai pris beaucoup de plaisir à les découvrir.
Et puis le format audio est idéal pour picorer par petites bouchées sans jamais perdre le fil. Avis aux lecteurs qui repoussent cette option en invoquant ce prétexte ! 😄
Ce livre est court, seulement 280 pages pour 12 nouvelles. Il est surtout écrit avec élégance et émotion. Les histoires plongent dans l'enfance, évoquent la lecture, explorent le mystère d'une rencontre, la folie douce ou le souci de paraître. Elles racontent les rues de Paris, l'insouciance des tendres années ou la beauté féminine, elles citent Modiano, Zola et Daphné du Maurier. Chaque nouvelle est de toute façon unique et parvient sans cesse à rebondir pour m'emmener vers d'autres horizons. Ça a été une lecture riche en souvenirs aussi. J'ai aimé les clins d'œil ou les petites références qui m'ont font remonter le temps (j'ai d'abord connu Tatiana de Rosnay sous pseudonyme sur un forum de lectrices). Mis à part une relecture de Boomerang en 2015, j'avais un peu déserté les bancs et suis rouge de confusion de l'avouer !
Cette lecture symbolise quelque part de belles retrouvailles... en plus de proposer un concentré d'histoires courtes mais passionnantes (avec parfois des chutes qui font sourire). Cela permet de décrocher, de s'évader, de picorer. En période de confinement, c'est le régime parfait. Oui c'est très bon !
- Lu par : Tatiana de Rosnay (texte “Jaguar”), Moana Ferré, Marion Malenfant
- Durée : 4 h 30
- Version audio agréable et très convaincante
Avec la participation de l'auteure pour la nouvelle Jaguar.
- 1 - 3. L'Envers du décor
- 4. L'Étagère du haut
- 5.-6. Le Parfait
- 7. Conversation impossible
- 8.-12. Lady Landifer
- 13. Mon Zouave
- 14. - 15. Trouble-fête
- 16. La Lettre de Miss Sebold
- 17. Madame ;
- 18. "Tête en Long"
- 19. Les mots qui sont ma prison ;
- 20. Jaguar (texte lu par Tatiana de Rosnay)
Du 20 avril au 3 mai 2020, l'éditeur Lizzie vous offre un livre audio. Il vous suffit de télécharger l'application Lizzie pour profiter de cette offre.
⭐⭐⭐.5
Boomerang, de Tatiana de Rosnay (lu par Julien Chatelet)
Relecture à l'occasion de sa sortie au cinéma.
De retour sur Noirmoutier, l'île de leurs vacances, Antoine et sa sœur Mélanie se rappellent leur enfance et l'époque heureuse où leur mère était encore avec eux. Celle-ci, foudroyée par une rupture d'anévrisme, a laissé un trou béant dans leur famille où chacun s'est appliqué à ne plus l'évoquer. Sur la route du retour, alors que Mélanie s'apprête à lui révéler un secret, l'accident survient et le laisse dans l'ignorance. Antoine comprend, néanmoins, que le temps est venu de fouiller dans son passé pour être en paix avec sa vie d'homme, aujourd'hui, brisé. Abattu par son divorce, par ses enfants qui grandissent trop vite et qu'il ne comprend plus, Antoine est un homme défait. Sa rencontre avec la mystérieuse Angèle Rouvatier, qui s'offre à lui sans retenue, sera un autre élément déclencheur vers cette quête absolue de vérité et la traque des vieux démons.
Honte sur moi, j'avais complètement oublié cette histoire, lue en 2009, et ne me souvenais plus de son atmosphère pesante et macabre (cf. la scène dans le TGV). Par contre, j'avais en mémoire la personnalité peu amène du héros, dont le caractère morose et geignard a souvent été source d'agacement. Sans quoi, j'ai trouvé l'histoire toujours aussi agréable et captivante. Le style de l'auteur, tout en simplicité et élégance, n'a de cesse de nous séduire, jusqu'à nous repêcher dans notre grotte où l'on se terre pour échapper aux atermoiements de son personnage. (J'avais développé une allergie contre Antoine. Assez rédhibitoire. Donc, rien que pour ça, quelle prouesse !) La lecture s'écoule ainsi, sans agitation ni déconvenue.
J'ai aimé me balader entre Paris et la Vendée, dans le présent et le passé, dans les pas d'un homme en manque de souffle ou dans les rares miettes d'une silhouette floue et enfuie (l'énigme Clarisse). C'est un bon roman sur les secrets de famille qui vous empoisonnent l'existence sans même s'en apercevoir. Cela se lit, ou s'écoute, sans effort. Un bonheur simple. Du plaisir partagé. Un vrai puzzle bidouillé avec flegme et émotion.
Audiolib / septembre 2015 ♦ Texte lu par Julien Chatelet (durée : 9h 49) - Suivi d'un entretien avec l'auteur ♦ Traduit de l'anglais par Agnès Michaux
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Un film de François Favrat (2015) - Bande Annonce
Qu'était devenue ma cité médiévale, son charme pittoresque, ses allées sombres et tortueuses ?
Cela faisait trop longtemps que je repoussais le moment de lire Rose, je ne m'explique pas pourquoi, car tout de suite, dès les premières notes au son de la voix de Nathalie Hons (également la voix d'Aibileen dans La couleur des sentiments), j'ai été captivée par cette histoire.
Nous sommes au cœur de Paris, sous le Second Empire. Un certain baron a décidé de moderniser les petites rues de la capitale, en rasant des quartiers entiers, ce qui forcément suscite la grogne des habitants. Dans la rue Childebert, nous découvrons Rose Bazelet, une veuve d'une soixantaine d'années, qui est farouchement attachée à sa maison et à ses souvenirs. La plupart de ses voisins vont se résoudre à partir, seule Rose va résister et se cacher dans la cave, avec la complicité d'un chiffonnier. Dans l'attente de la destruction de sa demeure, Rose écrit son journal et nous raconte l'histoire de sa maison, inévitablement attachée à celle de sa vie.
Rose écrit à son époux, Armand, un homme bon et amoureux, frappé trop tôt par la maladie. Elle revoit leur rencontre et leur félicité conjugale, la naissance de leurs enfants, puis la déchéance et la mort. Elle raconte aussi comment elle a pu survivre à son deuil, notamment grâce à sa passion dévorante pour la lecture et son amitié avec Alexandrine Walker, une jeune fleuriste.
J'ai, très sincèrement, aimé cette histoire pleine d'élégance et nimbée d'un charme délicatement suranné. J'ai eu le sentiment d'être littéralement transportée à cette époque, de partager cette petite vie pimpante de la rue Childebert. La plume de Rose est douce, pudique et sensible. C'est un bonheur d'écouter une telle histoire. Seul le secret, qu'elle nous dévoile sur la fin, me laisse quelque peu perplexe. Cette anecdote m'est apparue sordide au cœur de cette lecture qui était pour moi simple, mais sophistiquée. Un léger bémol qui n'enlève strictement en rien tout le bien que j'ai pensé de ce très beau roman !
Rose, par Tatiana de Rosnay
éditions Héloïse d'Ormesson / Audiolib, 2011 - traduit par Raymond Clarinard
Texte intégral lu par Nathalie Hons (durée d'écoute : 4 h 55)
"... en tant que lecteur, il faut faire confiance à l'auteur, au poète. Ils savent comment s'y prendre pour nous extirper de notre vie ordinaire et nous envoyer tanguer dans un autre monde dont nous n'avions même pas soupçonné l'existence."
Boomerang ~ Tatiana de Rosnay
Mélanie voulait dire quelque chose à son frère, Antoine, lorsqu'elle a eu cet accident de la route. Ils rentraient de Noirmoutier, une escapade surprise pour célébrer les quarante ans de la jeune femme, ils étaient bien, sereins. C'était la première fois qu'ils y retournaient, depuis l'été 73.
A l'époque, Antoine et Mélanie avait dix et six ans. Un an après, ils perdaient leur maman. La très belle Clarisse, brune, une sourire éclatant, une silhouette fluette. Foudroyée par une rupture d'anévrisme. Cette perte a brisé toute une famille qui s'est enfermée dans le secret.
Antoine comprend qu'il n'a jamais soigné les blessures du passé et que son chagrin est resté une plaie béante. Il est aujourd'hui un homme défait, il s'en rend compte. Marié puis divorcé, architecte à Paris, dégoûté par son associé. Toujours amoureux de son ex, jaloux de l'homme qui a pris sa place, et père dépassé par des enfants devenus adolescents. Il subit sa vie plutôt qu'il ne l'entreprend. Il a d'ailleurs le corps lourd et engraissé par quelques kilos en trop.
Et pourtant, à Nantes, vient une rencontre impromptue avec une superbe gazelle brune, élancée, avec des yeux dorés, et qui roule en Harley. Il s'agit de la très crâneuse Angèle Rouvatier.
De la passion dévorante, il y aura !
Des secrets de famille, des larmes et des révélations, il y aura encore !
Et un homme, qui tenait debout par miracle, va apprendre à se redresser pour de bon, à camper sur ses deux jambes, à bomber le torse et à ranger sa panoplie de Droopy au placard ! (ouf)
Dans ce roman où on comprend que l'amour donne des ailes, et qu'un simple baiser peut offrir un vrai souffle de vie, Tatiana de Rosnay déjoue les lignes du destin pour permettre à son héros masculin de s'échapper d'une prison et de se libérer de la douleur.
C'est très long, près de 400 pages à parcourir dans un souffle, avec beaucoup de langueur et de mystère pour commencer, puis une vraie tornade émotionnelle vient abattre vos remparts de défense. Comme Antoine, on se prend le boomerang du passé (et de la vie !) en pleine figure, ça fait un mal de chien, surtout quand on comprend que la mort est partout, elle surgit sans prévenir, et pas seulement sous les traits d'une Morticia très sexy. Quel électrochoc aussi ! On saisit vite qu'il faut souffrir pour mieux avancer. Car dès le début, on n'en peut plus de savoir, on ne souhaite plus se contenter des miettes laissées par une image floue et fuyante, celle de Clarisse, tellement fascinante par ses énigmes !
Et plus, encore...
Pendant la lecture du roman, j'ai fredonné deux mélodies, d'abord Angie... puis Comme un boomerang. Parce que, Je sens des boums et des bangs Agiter mon cœur blessé L'amour comme un boomerang Me revient des jours passés C'est une histoire de dingue Une histoire bête à pleurer !
Editons Héloïse d'Ormesson, 2009 - 377 pages - 22€
traduit de l'anglais par Agnès Michaux
c'était sans savoir, mais Laure en parle en même temps que moi !!! ^_^
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A signaler, la sortie en format poche de MOKA :
Une émouvante histoire du combat d'une mère pour sauver son fils, plongé dans le coma, après avoir été renversé par une voiture qui a pris la fuite, et cette maman fera tout pour retrouver le coupable (on la comprend !).
J'ai lu ce roman en décembre 2005 (huuuu !) et je me souviens d'un goût de café, le moka... on s'en doute, mais aussi de Depeche Mode. Lisez, vous comprendrez.
Livre de Poche, 2009 - 6,50€
Mariés, pères de famille ~ Tatiana de Rosnay
L'auteur nous met en garde: l'époux est une espèce à surveiller scrupuleusement ! Celles qui se sentent en sécurité et sûres d'elles, eh bien méfiez-vous !! Qu'ils soient bons pères de famille, maris exquis et charmants, tous succombent au démon de midi. L'âge n'a pas d'importance, la situation sociale non plus. Dans son recueil de nouvelles, Tatiana de Rosnay brosse le portrait de couples confrontés à l'adultère. Son message est clair : il n'y a plus de morale, les maris trompent leurs femmes, sans exception.
Fichtre ! Autant en ricaner, plutôt qu'avoir des frissons dans le dos !.. Onze nouvelles pimentent "Mariés, pères de famille" (roman d'adultères). Onze histoires placées sous le signe de l'humour grinçant et sur la dérision. Interrogée, l'auteur s'explique: "Une dizaine de femmes découvrent qu'elles sont trompées. Leurs points communs : elles sont jeunes, 30 ans, sont mariées depuis moins de 10 ans, et ont des enfants. Sinon, elles sont toutes différentes, par leur milieu social, leur métier, et surtout leur façon de réagir à l'adultère de leur mari. C'est cette réaction qui m'a intéressée et qui constitue le pivot du livre."
C'est finement écrit, analysé et conduit. Amenées par de pertinentes citations, toutes les histoires laissent un goût doux-amer. Souvent prévisibles et cocasses, les nouvelles de "Mariés, pères de famille" restent effarantes. Un cauchemar pour certaines, un bon plan de rigolade pour d'autres. C'est un livre qu'il est préférable de lire au lieu d'en être acteur !
mai 2004
Merci l'auteur pour ce cadeau.
Spirales ~ Tatiana de Rosnay
"Spirales", dernier né de l'auteur Tatiana de Rosnay, est une assurance à l'angoisse, au suspense et à l'escalade de l'horreur.
Le roman commence par la fin: l'héroïne Hélène est seule dans sa cuisine avec un cadavre sur le carrelage. Comment en est-elle arrivée là? ce n'est pas imaginable.. Il faut tout raconter depuis le commencement.
Et ça commence par une simple rencontre, un jour d'été caniculaire. Hélène croise le chemin d'un homme qui lui propose de le suivre... Troublée, elle cédera à la tentation. Elle, Sainte Hélène, cinquante ans, mariée depuis trente ans, deux enfants, des petit-enfants, dévouée à la Paroisse, à la bibliothèque, femme et épouse modèle, rien à dire sur elle. Sauf ce jour-là, elle cède à cet appel de la chair, elle cède au plaisir mais hélas, l'homme succombe à une crise cardiaque. Paniquée, Hélène s'enfuit, persuadée de ne laisser aucune trace -si ce n'est son sac à main avec son agenda, son porte-feuille et tous ses papiers. Convoquée au poste de police, Hélène avouera s'être fait voler et ne pas connaître cet homme mort. Hélène entre dans la quatrième dimension...
Car c'est en succombant au charme d'un étranger qu'Hélène pénètre, sans s'en doute, dans une spirale de l'angoisse et de l'horreur. Quelqu'un a tout vu et ce quelqu'un va la faire chanter. Paralysée à l'idée de tout révéler à son mari et à ses proches, Hélène va s'enfermer dans un mensonge qui la conduit à de plus en plus catastrophiques aventures. Pauvre d'elle! Hélène Harbelin, la respectable, serviable et distinguée Hélène Harbelin... "Cinquante ans et une vie passée à se dévouer aux autres."
Dans son malheur, Hélène va se découvrir une autre personnalité. Liée à son image parfaite, elle s'aperçoit combien elle est seule, combien personne ne prend soin d'elle ou ne se soucie de ce qu'elle pense. Cette tragédie fait d'elle aussi une victime : Hélène est victime d'elle-même, de ce carcan imposé depuis des années avec son consentement.
L'histoire nous apprend davantage: l'escalade de l'impensable et de l'inimaginable happe le lecteur sous forme de courts chapitres qui se succèdent à un rythme décadent. L'ambiance est étouffante. L'angoisse latente. La spirale embarque l'héroïne et son lecteur dans ce train d'enfer...
Entrez dans cette quatrième dimension. La plume de l'auteur est alerte, vive et met un point d'honneur à nous tenir en haleine. Jusqu'à la chute finale... (toujours aussi déroûrante). Bravo, et merci l'auteur.
avril 2004
L'appartement témoin ~ Tatiana de Rosnay
Premier roman de Tatiana de Rosnay: L'appartement témoin annonce ce qui sera un grand succès dans "la mémoire des murs". Le sujet parle d'un lieu imprégné du passé et qui obsède la personne qui y vit.
Ici, le personnage central est un homme qui a raté son mariage, il vient de divorcer, son travail ne l'a pas comblé non plus.. toute sa vie a été une suite de tromperies et de leurres. Et c'est à 55 ans qu'il s'en rend compte et décide de faire le bilan de son existence.
Installé dans son nouvel appartement, il ressent très vite des ondes mystérieuses, perçoit un piano, une voix mélodieuse, et entrevoit une jeune femme blonde jouant du piano avec une petite fille qui joue à ses pieds...
Obsédé par cette vision, il décide de partir sur les traces de cette énigmatique jeune femme. Paris, New York, Londres, Venise.. on suit cet homme débonnaire dans son périple. On est pris en haleine, on soutient sa quête.. et puis la passion s'essouffle, dommage. A dépeindre un personnage trop bancal, l'auteur nous a coupé l'envie d'avoir de la sympathie pour lui. Du coup on souhaiterait hâter la fin..
Aaaahhh !! la fin : déroutante, invraisemblable, sans queue ni tête !!! La signature de Madame de Rosnay, en somme.
février 2004