Le Marchand de sable (Joona Linna #4), de Lars Kepler
Cela faisait longtemps que je n'avais pas plongé dans l'enfer de Joona Linna dont les enquêtes flirtent avec les frontières de la psychose et des meurtres en série.
C'est aussi une vieille affaire classée qui se réouvre avec le retour d'un garçon porté disparu des années plus tôt. Son père avait fini par déclarer son décès. Seul souci : sa sœur reste introuvable. Le môme est choqué et évoque sa terreur du Marchand de sable. La police comprend que leur principal suspect - actuellement interné dans un bunker psychiatrique sous haute sécurité - mène encore le jeu et décide d'infiltrer la très audacieuse Saga Bauer pour qu'il crache sa valda !
Ce thriller a clairement du vif-argent dans les veines. Et le suspense est terrible, mais d'une violence. Si vous aimez le soft, passez votre chemin. Les personnages sont malmenés et bousillés par l'enchaînement des événements. Le dénouement est TERRIBLE. J'étais tétanisée sur place. Mais c'est bluffant.
Les 500 pages se tournent toutes seules... Format audio idem. On ne voit pas le temps passer. Stress et angoisse garantis. C'était redoutablement efficace !
©2014 ACTES SUD pour la traduction française. Traduit du suédois par Lena Grumbach. Titre original : "Sandmannen" (P)2015 Audiolib
- Lu par l'excellent : Thierry Janssen
- Série : Joona Linna, Volume 4
- Durée : 13 h 29
Un thriller haletant qui nous plonge dans l'angoissante atmosphère d'un hôpital psychiatrique… Le retour de Lars Kepler, et de la peur à l'état pur.
⭐⭐⭐⭐
La Fabrique de poupées, d'Elizabeth Macneal
Roman beaucoup vu à droite et à gauche depuis cet automne. D'abord méfiante, j'ai finalement tenté l'expérience en format audio... et puis, la couverture est si jolie !
Question ambiance, on plonge dans un roman à la Dickens. On vivote dans les quartiers populaires de Londres, ça sent la crasse, la vinasse, la hargne, on pousse la porte d'un cabinet de curiosités ou celle d'un grand magasin, on croise des personnages aux parcours chaotiques... dont Albie, un garçon des rues qui vit de débrouilles (et refourgue des animaux morts à un taxidermiste), comptant aussi ses piécettes pour s'acheter de nouvelles dents, mais aussi Rose et Iris, deux sœurs embauchées dans un atelier pour dessiner des visages aux poupées, qu'un jeune peintre préraphaélite, en quête de sa muse, va croiser en chemin. Tout ça se déroule sur fond d'Exposition Universelle de 1850 qui s'apprête à ouvrir ses portes... Là encore, on entend les ouvriers s'échiner à l'ouvrage, les journalistes, les médisants, les ambitieux et les opportunistes soupirer autour du tout nouveau Crystal Palace. L'ambiance est vivante : authentique, palpable, unique. Clairement on vit, on respire, on sent l'effervescence de l'époque victorienne, celle qui n'épargne guère les pauvres, les laissés-pour-compte ou les écorchés.
Bref. Les chapitres défilent et l'histoire tisse sa toile entre les rencontres, les pièges, les quiproquos, les mensonges, les révélations etc. On gobe tout. L'atmosphère apparaît vénéneuse mais fascinante. Mine de rien, un individu se détache du lot, devient inquiétant, obsessionnel et dangereux. On devine que le roman va basculer encore plus loin et plus bas. On frissonne un peu. Par contre le dénouement... je ne sais pas. Sans quoi, la lecture a tenu la distance et fourni un bon voyage dans le temps. Pour les décors et l'inspiration, franchement, nous sommes servis ! C'est excellent. La trame romanesque est plus discutable car elle crée parfois un climat malsain et dérangeant (la relation entre Iris et Louis, par exemple, bof bof).
Place donc à un premier roman étonnant, à la fois lourd et excentrique, ambitieux et accessible, un bel hommage au pouvoir de l'art, de la création et à la passion. Enfin un peu de changement dans le paysage éditorial, oui ça fait du bien !
©2019 Titre original : "The Doll Factory" / Presses de la Cité pour la traduction française (P)2020 Lizzie
- Lu par l'excellent : Thierry Janssen
- Durée : 11 h 38
J'ai ressenti un bonheur immense à retrouver le comédien dont j'apprécie beaucoup le travail en tant que lecteur pour livres audio (c'est lui la voix des romans de Fred Vargas). Du plaisir sur toute la ligne... un ton grave, jamais exagéré, une intonation mesurée, pas de stéréotypes, une tension palpable qui ne faiblit jamais. Que dire ? Oui, c'est excellent !
#challengebritishmysteries chaperonné par @lou_myloubook et @hildelle
⭐⭐⭐
Quand sort la recluse, de Fred Vargas
Exilé sur les terres volcaniques islandaises, Adamsberg est pourtant rappelé en catastrophe à Paris où ses lumières sont attendues pour une énième affaire insoluble - une femme écrasée par un 4x4 et un amant qui clame son innocence malgré les invectives du mari. Jean-Baptiste soupire de dépit, mais a conscience que le mal-être au sein de son équipe est plus insidieux et va se confirmer autour d'une autre affaire, celle de la recluse, une araignée vengeresse qui assassinerait à tour de bras sans inquiéter police ou justice. Danglard proteste et entre en sécession. Le 36 retient son souffle. Fidèle à lui-même, Adamsberg trace sa route... Direction Nîmes où une petite bonne femme devient sa complice pour le guider dans cet embrouillamini de drames surgis du passé, sur fond de femmes emmurées vivantes et de passion arachnéenne. Tout un programme.
J'ai retrouvé dans ce roman les dispositifs habituels de Fred Vargas, à savoir sa petite musique, ses personnages qu'elle affectionne tant, ses lubies, sa poésie, sa maîtrise du sujet et son air de ne-pas-y-toucher. D'où le sentiment d'être en territoire conquis et familier. Et j'aime ça. Qu'importe si j'ai flairé la manœuvre et deviné le dénouement avant l'heure... Cela se lit et s'écoute avec grand plaisir ! Thierry Janssen est une valeur sûre. Il endosse le rôle d'un Adamsberg plus capricieux et décidé que jamais, lancé sur ses sentiers perdus sans cavalerie autour. Le temps passe et notre Jean-Baptiste s'assagit auprès des femmes, est attentif aux siens mais reste pataud à déployer tout ça.
C'était un rendez-vous incontournable, peu surprenant, mais inévitable. Je ne m'en lasse pas. Et rien que pour la rencontre entre le mutique Évangéliste et la Déesse Rétancourt, cela valait clairement le détour. ☺
©2017 Fred Vargas et Flammarion / Audiolib (P)2017 Audiolib
Texte lu par Thierry Janssen ; durée : env. 12 h
Figure parmi les dix titres sélectionnés pour le Prix Audiolib 2018 !
Opération Napoléon, de Arnaldur Indridason
Un bombardier allemand s'écrase sur un glacier islandais, engloutissant son équipage et son chargement. Nous sommes en 1945. Les premiers enquêteurs font chou blanc pour retrouver la carcasse, laquelle refera surface cinquante ans plus tard - au grand dam de l'armée US. Celle-ci souhaite à tout prix effacer les traces de leur passage mais entretient les rumeurs à propos d'or volé aux juifs dans les camps. Au même moment, une équipe de sauveteurs islandais, en vadrouille dans la région, tombe nez à nez avec les militaires sur place. Parmi eux, le jeune Elias contacte par téléphone sa sœur avant d'être brutalement interpellé. Surprise par ce coup de fil, Kristin, une avocate au ministère des affaires étrangères, s'inquiète puis comprend que la situation n'est pas normale quand elle voit débarquer deux “men in black” dans son appartement. L'islandaise ne doit son salut qu'au hasard et fuit le plus vite possible jusqu'au Vatnajökull pour retrouver son frère en danger. Elle se tourne aussi vers un ami de la base américaine et s'embarque dans une aventure périlleuse et mouvementée, traquée par les forces spéciales, le gouvernement et son état major. Mais Kristin parvient à déjouer les pièges et prend tous les risques, tout en menant son enquête et en attisant la colère de ses poursuivants. Comment en est-elle arrivée là ? Tout ça pour une carcasse d'avion ! Quel lourd secret autour ? Pourquoi tant de précaution pour éloigner le public du site ? Et quel était le but réel de la mission originale ? Quid des conséquences de cet échec ?
Changement de cap pour Arnaldur Indridason, qui nous éloigne de son commissaire Erlendur avec un roman d'espionnage, sur fond de 2nde guerre mondiale, de secret d'état et de théorie complotiste. L'auteur revient ainsi sur la présence contestée de l'armée américaine en Islande - sujet déjà esquissé dans Le lagon noir - et s'engage sur un sentier épineux en glissant des sous-entendus peu glorieux quant au rôle des américains dans le tournant de la guerre. Toutefois, l'histoire se lit sur la base d'une course-poursuite aux retournements multiples et, certes, improbables - Kristin est une héroïne qui vient à bout de tous les tueurs aguerris, seuls ses partenaires n'ont pas la même chance qu'elle. Là où elle passe, les témoins trépassent ! Qu'à cela ne tienne, la lecture se révèle prenante, avec un suspense impeccable, même si elle se noie aussi dans des détours et des faux-fuyants un peu redondants. Je n'ai pas autant accroché au personnage central de Kristin, comme c'est habituellement le cas avec notre commissaire de Reykjavik, mais j'apprécie toujours autant le décor islandais, son ambiance et ses paysages glacés, son esprit lunaire et son passé historique assez troublant.
Et puis il y a Thierry Janssen, lecteur pour Audiolib, une voix grave et dramatique qui pose le tableau et donne le ton du livre. J'ai, pour ainsi dire, apprécié mes retrouvailles avec l'auteur par son biais et ne suis qu'impatience pour découvrir son nouveau roman, Dans l'ombre, qui se réserve riche en surprises !
Audiolib, 2017 - Texte lu par Thierry Janssen (durée : 10h 08) - Trad. David Fauquemberg pour les éditions Métailié (2015)
Temps Glaciaires, de Fred Vargas
C'était grandiose, un retour tant espéré qui ne m'a franchement pas déçue ! J'ai adoré du début à la fin, ou comment une simple lettre suspecte va conduire nos enquêteurs sur une série de meurtres déguisés en suicides, avec une simple guillotine en guise d'indice, passant par un voyage touristique en Islande, des drames et des larmes, et pourquoi pas un vengeur masqué et des victimes paniquées ?!
Fred Vargas pousse toujours plus loin ses excentricités en nous emmenant également chez les Amis de Robespierre, lesquels se réunissent en costumes d'époque et rejouent les scènes clef de la Terreur dans un souci d'authenticité sidérante. Danglard y grappille une certaine prestance, jusqu'à entrer en sécession avec les lubies de son chef, entortillé dans une “pelote d'algues séchées”.
L'effet est terriblement efficace, intelligent, rusé et drolatique. Les personnages sont la preuve que la finesse et la dinguerie sont un alliage tout à fait plausible !
J'ai donc savouré leurs réparties et leurs fantaisies, “On s'est fait promener comme des billes !”, de bon cœur. C'est inimitable, mêlant digressions inextricables, humour farfelu et personnalités décalées. Une lecture atypique, obsessionnelle, fiévreuse et azimutée. Incontournable.
Audiolib / juin 2015 ♦ Texte lu par Thierry Janssen (durée : 12 h 53) ♦ T. Janssen reprend du service pour Audiolib et Fred Vargas, et ce n'est pas piqué des vers ! Interprétation remarquable, en parfaite corrélation avec l'esprit complètement à l'ouest des personnages et de l'histoire.
- Pourquoi, quoi qu'on fasse, nous prend-on toujours pour des flics ?
- À cause de notre regard perverti, de notre vigilance hors de propos, de notre suspicion, du pouvoir qu'on croit détenir, d'une offensive que chacun sent possible. Question de phéromones, l'habit ne fait pas le moine.
- À propos d'habits, est-ce vous, Danglard, qui nous avez hier soir photographiés en tenue de députés du XVIIIe siècle ? Et qui avez diffusé ces images sur les portables de tous les agents de la brigade ?
- Parfaitement. Je nous trouvais très honorables.
- Mais tous ont ri.
- Le rire est une défense contre ce qui impressionne. Vous avez, je vous le signale, beaucoup plu. Froissy est tombée amoureuse de vous dès 9 h 20 du matin. Cela perturbe la vision habituelle qu'ils ont de vous. Hommes ou femmes.
- Très bien, Danglard. Et qu'est-ce que j'en tire ?
- De l'ambiguïté.
Adamsberg avait l'habitude de rester sans réponse aux répliques de son adjoint.
Le Complexe d'Eden Bellwether, de Benjamin Wood
“Le Complexe d'Eden Bellwether” combine l'ambiance énigmatique à une intrigue perfide et redoutable, avec au cœur de l'action des jeunes gens huppés, batifolant sur les pelouses de King's College, et le narrateur, Max, simple aide-soignant dans une maison de retraite. Max obtient son droit d'entrée dans ce club élitiste grâce à sa relation naissante avec la jolie Iris, or celle-ci ne supporte plus les discours pompeux de son frère, Eden, un organiste virtuose, qui prône que la musique qu'il joue peut sauver des vies.
Ensemble, ils tentent de démontrer l'ineptie de ses propos, font appel au spécialiste des troubles de la personnalité, le Pr Herbert Crest, veulent alarmer la famille et l'entourage, qui ne se doutent pas que, sous le caractère narcissique d'Eden, se cache un esprit torturé, oscillant depuis des années entre le génie et la démence. Certes, ce roman m'aura fait instinctivement penser à celui de Donna Tartt, Le Maître des illusions, qui réunit lui aussi l'école prestigieuse, la manipulation, l'engrenage infernal, le mystère et le drame.
J'ai beaucoup aimé me plonger dans ce monde raffiné, romantique mais désabusé, où l'histoire serait presque anecdotique tant le contexte est alléchant et divinement planté. Cet environnement guindé m'a plus que séduite, au point d'occulter la trame appliquée mais laborieuse, semblable à une course de fond désespérée. Dès lors, quelle force et quel toupet dans ce roman brillant et audacieux, qui peut surprendre et envoûter tout lecteur en quête de romans académiques dans la lignée « secret-history-esque ».
Audiolib, février 2015 ♦ texte lu par Thierry Janssen (durée : 14h 41)
Au micro, Thierry Janssen, qu'on ne présente plus, nous fait passer un moment exquis et guide avec talent le lecteur dans ce suspense où dialoguent réalité quotidienne et symboles éternels. Il a également enregistré pour Audiolib les romans de Lars Kepler et Fred Vargas, et aussi Sukkwan Island.
Roman traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Renaud Morin
PRIX DU ROMAN FNAC 2014
Sukkwan Island, de David Vann
Un père et son fils s'installent dans une cabane en pleine nature, sur une île en Alaska, pour une année en tête à tête. Pêche, chasse, solitude constituent leur lot quotidien. Le garçon de 13 ans sombre vite dans l'amertume, gardant toutefois pour lui ses réflexions acerbes. Il ne veut pas décevoir son père, déjà aux abois, désespéré d'avoir loupé sa vie (carrière en berne et relation amoureuse désastreuse). Le temps passe, et puis ça dérape... Ai-je été surprise par la tournure du récit ? Non. Par contre, j'ai craint le pire pour la suite de l'aventure, soudain beaucoup plus corsée, longue et désespérante. Bref, imbuvable.
Si j'ai été sensible à la mélancolie du début, j'ai complètement sombré dans l'ennui dès la deuxième partie de l'histoire, centrée sur le père. Je n'en pouvais plus de supporter un type aussi lâche ! Brrr... j'avais hâte d'être à la fin. Heureusement la lecture ne durait que 5 heures, portée par l'interprétation toujours vaillante de Thierry Janssen, qui rend encore plus maléfique l'esprit retors du bouquin.
Audiolib, juillet 2010 ♦ texte intégral lu par Thierry Janssen (durée : 5h 36) ♦ traduit par Laura Derajinski pour les éditions Gallmeister
Le Pacte, de Lars Kepler
J'avais été déçue par L'Hypnotiseur, qui introduisait l'inspecteur Joona Linna en le confrontant à une enquête rude et implacable, sous l'assistance d'un psychiatre, Eric Maria Bark. Ce dernier ne figure plus au casting, ouf, contrairement à notre cher inspecteur, qu'on soupçonne d'entretenir des petites cachotteries, mais pour l'heure il va faire équipe avec la ravissante Saga Bauer, une employée de la cellule antiterroriste, pour les besoins d'une nouvelle affaire qui va nous tenir en haleine !
Penelope, une militante pacifiste, s'offre un weekend en mer avec son amoureux et sa jeune soeur, mais l'expédition vire au cauchemar et la jeune femme a un tueur à ses trousses. S'engage alors une course-poursuite infernale, sans pitié, menée à bout de souffle et parfois semée de rencontres effarantes (je pense à l'ancien animateur tv). Joona Lina, lui, piétine sur les lieux d'un suicide, sans grande conviction, avant de vouloir fouiller plus loin lorsqu'il sera en possession d'éléments plus concrets, mais plus troublants.
Car l'histoire est multiple, surfant sur de nombreuses pistes. On passe d'un chapitre à l'autre, très court dans l'ensemble, au rythme d'un tempo soutenu et nerveux. L'histoire ne dévoile pas tout de suite les liens qui pourraient exister entre les différents personnages, on les devine, mais on n'envisage encore aucune hypothèse. De toute façon, c'est proprement inconcevable : la toile tissée est tentaculaire, toutes les chutes sont vertigineuses, et puis les coups sont rudes, violents, implacables.
Il règne donc dans ce 2ème livre de Lars Kepler un climat stressant, mais vraiment palpitant. J'ai complètement adhéré à la nouvelle formule, qui s'inscrit dans le registre du polar noir à la façon d'un feuilleton haché menu, qui cultive action et suspense à larges doses. Tension palpable, personnages irritables, agissements troubles et révoltants, vraiment on pousse loin le sujet des accords politiques véreux et du commerce des armes à des fins peu honorables, en scellant des pactes jusqu'au-boutistes. C'est un univers cauchemardesque, dans lequel on baigne sans dégoût non plus, car la lecture est épatante.
Excellente interprétation de Thierry Janssen, qui donne sa pleine mesure à ce thriller où “le terrifiant envahit le quotidien, dans une Suède bien éloignée des clichés traditionnels”.
Audiolib, avril 2012 - texte intégral lu par Thierry Janssen (durée d'écoute : 15h 54)
Traduit par Hege Roel-Rousson pour les éditions Actes Sud - disponible en format poche (Babel noir, janvier 2014)
Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, de Mary Ann Shaffer & Annie Barrows ❤
Et de trois ! Après la VO, la VF... voici maintenant la version audio. À chaque fois, ce livre me surprend, m'éblouit, me dorlote, me donne le sourire et les larmes aux yeux. Je suis irrémédiablement amoureuse du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, c'est un livre chéri, bichonné, chouchouté, je l'aime d'amour. Une fois encore, il m'a été précieux. Car il est tombé à point nommé, j'avais besoin de douceur, de tendresse, de bonnes ondes, et il s'est présenté à moi de façon logique, claire, indiscutable.
Quel régal ! J'ai replongé avec excitation dans l'histoire, à ma grande honte j'en avais un peu oublié les entournures, au moins j'ai pu doublement apprécier cette énième lecture. Tout commence autour d'un livre de Charles Lamb. Un jour, Juliet Ashton, une célèbre chroniqueuse qui vient de publier son premier ouvrage et connaît un succès fou, reçoit une lettre d'un certain Dawsey Adams, résidant à Guernesey. Entre autres banalités, il évoque le Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates. Il n'en faut pas davantage pour titiller la curiosité de notre journaliste. S'ensuivra, bien évidemment, une correspondance enjouée, exaltante et exaltée entre Juliet et les habitants de l'île anglo-normande.
C'est ainsi toute une communauté attachante et passionnante qu'on découvre, Amelia Maugery, Isola Pribby, Eben Ramsey... et même l'insupportable Miss Adelaide Addison. Tous rapportent leurs conditions de vie durant la guerre, l'île ayant été occupée par les allemands. Ils avaient donc mis en place un cercle littéraire, pour sauver les apparences et permettre de se nourrir en douce, tout en prenant goût à la lecture en fin de compte. Quelle expérience ! Bien sûr, ils n'ont pas été épargnés par les drames non plus et on devine notamment qu'Elizabeth McKenna, autour de laquelle tournent toutes les discussions, figure comme étant une icône mystique et intouchable.
Juliet est fascinée, le lecteur aussi. Au fil des lettres, on est immédiatement pris dans le tourbillon des intrigues, des secrets, des révélations... Que d'émotions ! J'avais l'impression de tout (re)découvrir comme une première fois. C'était encore plus bouleversant, j'ai adoré. La version Audiolib est d'autant plus radieuse et enivrante ! Ce sont cinq comédiens qui se partagent l'affiche, Cachou Kirsch, Nathalie Hons et Nathalie Hugo, qu'on retrouve notamment dans des ouvrages aussi enthousiasmants comme Le Goût des pépins de pomme ou La couleur des sentiments, Thierry Janssen et Philippe Résimont. Ils ont donné vie à des personnages et à une histoire vraiment passionnante, bouleversante, drôle aussi et que je ne cesse de chérir au fil du temps.
Audiolib, novembre 2009. Texte intégral lu par Cachou Kirsch, Nathalie Hons, Nathalie Hugo, Thierry Janssen, Philippe Résimont (durée d'écoute : 8h 17).
Traduit de l'américain par Aline Azoulay, pour les éditions NiL.
Pars vite et reviens tard (Audiolib) lu par Thierry Janssen

Retour aux sources avec cet épisode, où Adamsberg vient d'être fraîchement promu commissaire et rencontre sa nouvelle brigade (même qu'il s'emmêle les pinceaux avec le nom de tous ses lieutenants !). C'est l'occasion pour lui de faire la démonstration de ses talents, lorsqu'il rencontre une petite dame craintive qui vient éveiller son attention sur des peintures de 4 à l'envers sur les portes des immeubles, puis lorsqu'une vieille connaissance le met en garde contre la menace d'une épidémie de peste dans les rues de Paris !
C'est certain que d'autres policiers vous enverraient balader ces hurluberlus sans mettre les formes, mais Adamsberg, lui, possède un instinct redoutable. Il ne traite aucun dossier à la légère, certains diront de lui que c'est un excentrique, mais le commissaire a du flair et conclue toujours royalement ses enquêtes. Cette nouvelle intrigue vaut notamment le détour pour son climat d'angoisse latente. Sans mentir, on gobe facilement l'idée qu'un malade tue ses victimes en propageant la peste dans les rues de Paris !!! Alors, vrai ou pas vrai ?
La vie sentimentale d'Adamsberg traverse également une belle tempête, ou gageons que notre commissaire va s'engager dans une belle traversée du désert ! A ce stade, ce serait une juste punition à son comportement trop volage. Non, non, Jean-Baptiste, ce n'est pas la faute de Camille !!! Tu peux toujours supplier ton téléphone de sonner, j'espère qu'il restera muet ! Lecture impeccable de Thierry Janssen, la voix officielle de tous les romans de Fred Vargas chez Audiolib, et franchement ce choix est parfait, indiscutable, ne changez rien !
Pars vite et reviens tard, par Fred Vargas (Audiolib, mars 2012 - texte intégral lu par Thierry Janssen, durée d'écoute : 10 h 12 / J'ai Lu, octobre 2005)