Le Petit Poucet, de Thisou
Quelle fantastique version de l'histoire du Petit Poucet, revisitée par Thisou, grâce à des broderies !
On y découvre un concept nouveau, original et fort réussi - déjà, la broderie en elle-même pour illustrer une histoire est une idée audacieuse ! Mais on découvre aussi une double lecture du conte classique. Côté recto, la formule polie et attendue. Côté verso, les fils de broderie laissent supposent un autre décor et racontent une histoire plus sombre, plus opaque, plus angoissante...
C'est prodigieux, on s'amuse rapidement à tourner les pages du livre pour découvrir ce jeu des images et de la perception (l'envers du décor est carrément glaçant). C'est un patchwork d'images douces et d'images inquiétantes. Un jeu sur les différentes façons de lire les contes et d'interpréter les images. J'ai été particulièrement bluffée.
Rouergue jeunesse / Octobre 2015
Pêle-Mêle Clarabel #2
nous avons lu, relu et apprécié ...
Les vacances sont finies. Demain, il faudra partir.
Il a dit au revoir aux grillons dans le pré, au revoir à la rivière
qui lui mouillait les pieds, au revoir au ciel qui remplissait ses yeux de bleu.
Son ongle est cassé ! Il ne pleurera pas.
L'écorce est arrachée, un beau morceau, grand comme sa main.
Il peut partir, il sait qu'il reviendra.
A l'ombre du tilleul, texte de Cécile Roumiguière & illustrations de Sacha Poliakova.
Un très bel album sur les souvenirs, les vacances, les relations entre les enfants et les grands-parents, les saisons, la vie qui passe... redécouvert récemment, il tombait à pic ! Je l'ai trouvé beau, merveilleusement illustré, enrichi d'un texte poétique très touchant et sensible.
Chacun retrouve ses oignons et recommence à rêver.
Moi je sais qui, par Thisou.
Au coeur de la Médina, les broutilles de quartiers et les commérages vont bon train. Une réflexion gaie et colorée sur la proximité, vivre ensemble, vivre en toute liberté, et la liberté d'être différent.
...je serais capable de tout pour protéger le château.
Je détournerai les météorites.
Je contiendrai le vent.
Je bloquerai les éclairs.
Et j'apaiserai la mer.
Je protégerai le château contre tout.
Toujours.
Pourquoi ? Mais c'est pour toi, parce que tu vis dans ce château.
Toujours, d'Alison McGhee & Pascal Lemaitre
Où un petit chien fait montre de son dévouement pour prouver son amour à sa petite maîtresse. Tendre, gentil et mignon pour ceux qui possèdent aussi un chien à la maison.
- Qu'est-ce que tu fabriques ? demande Jonathan.
- Je creuse.
Il s'approche à pas de vertige.
- Wouche, dit-il. C'est vachement bas.
Je donne un coup de pelle franc et tranchant et je me redresse. A une telle profondeur, il n'y a plus que ma tête et mes épaules qui dépassent.
- Je fais un château.
- ça ressemble à tout sauf à un château, remarque Jonathan.
Il a raison. Enfin, il a raison pour l'instant. Dans la mesure où il faut bien préparer le sous-sol en premier, avant de construire les murailles et tout. J'explique à Jonathan :
- C'est parce que je commence par le trou de mémoire.
Jonathan a un mouvement de recul, comme s'il craignait tout à coup de tomber dedans. Je pelle du sable et encore du sable. Jonathan fronce les sourcils :
- Il y a des trous de mémoire dans les châteaux ?
- Ben oui. Pour faire les oubliettes.
Le chevalier d'eau, Olivier de Solminihac (illustrations de Marie de Salle)
Avant le plaisir des vacances, il faut passer par la route, les embouteillages, l'ennui, l'envie de faire pipi, de boire ... et la colère de papa. Un livre pour les plus jeunes lecteurs, qui part un peu dans tous les sens, mais qui reste très drôle !
Pour la première fois, comme on était pressés, on a pris l'autoroute. Mais très vite, il a fallu stopper sur la bande d'arrêt d'urgence car maman a eu une nouvelle crise de sanglots.
- C'est parce que tu es triste de rentrer ?
- Non, Zap, c'est parce que je suis contente, on a rudement bien réussi notre Sud !
Ah ! les mères...
Pour ma part, je n'avais pas du tout envie de pleurer. Je sentais que le troisième trimestre allait bien se passer et je me préparais déjà à mon rendez-vous estival avec les jolies vaches du Sud. Entre autres. Je me réjouissais aussi de raconter notre aventure à Grand-Tonton et de lui montrer les nouveaux aménagements de l'Estafette. Surtout les enjoliveurs, désormais roses et fleuris grâce à nos rencontres.
Pendant le trajet, j'ai un peu médité en fermant les yeux. Je suis arrivé à fixer mon attention sur une cour de récréation paisible, sans disputes ni bagarres, avec une directrice souriante et chaleureuse qui me félicitait pour mon self-control... Puis j'ai senti une grande chaleur m'envahir : je venais enfin de trouver le sujet de ma maudite rédaction de fin d'année.
On dirait le Sud, de Dominique Brisson
Une maman et son fils plaquent tout du jour au lendemain pour faire le point sur leur vie. Une escapade joyeuse et optimiste s'annonce, faite de belles rencontres atypiques et de situations pittoresques.
Des trolls de dents et la bistrouille à Takadoum
A l'âge de 6 ans, les 2/3 des enfants français ont au moins une carie. En 2006, 830.000 bébés sont nés en France. En 2012, les dentistes devront donc soigner au moins 555.333, 33 caries !
Cet album débarque de Suède où les trolls de dents font partie intégrante du folklore suédois ! C'est une manière très originale et absolument drôle d'inviter les enfants à se brosser les dents. Avec cette histoire de trolls de dents, ils vont découvrir le métier de ce peuple ancestral qui se loge dans les bouches avides de sucreries et fore, perce, creuse les dents pour gagner leur vie !
Hélas, leurs ennemis sont nombreux : la brosse à dents, le fil dentaire, le dentifrice, l'eau citronnée et les dentistes ! C'est bien connu que l'hygiène dentaire et le lobby des dentistes constituent une menace de plus en plus réelle pour la survie des trolls de dents, mais grâce à la mondialisation des bonbons et à l'apprentissage des langues, les trolls de dents peuvent maintenant être dans toutes les bouches ! De Stockholm à Paris, ils travaillent d'arrache-pied à l'industrialisation et à l'échange des richesses en sucre !
Si d'aventure vous fronciez les sourcils, vous devez vite comprendre une chose : Nina Blychert, l'auteur, donne du piquant à son histoire en prenant à contre-pied les discours didactiques et moralisants auxquels caries et trolls de dents sont associés. La manière est gagnante car cela fait rire les enfants ! Libre à eux d'en tirer les leçons qu'ils veulent, mais soyez rassurés que ce n'est pas négatif ! ...
L'ensemble est bien imaginé, la caricature du troll de dents est abominable mais impossible de détester ! Les illustrations sont jolies, un peu désuètes et décalées. Une découverte vraiment sympathique.
Trolls de dents, texte et illustrations de Nina Blychet - Editions du Rouergue, coll. Varia - 40 pages. Mai 2007 / 14 euros
Partons maintenant au village de Takadoum, au coeur de la Médina, pas très loin de la plage. C'est un petit village paisible, qui baigne dans des nappes de brouillard. Cela arrange tout le monde car chacun mène sa vie tranquillement dans son coin, sans embêter le voisin.
Or, l'un des habitants, Anatole, est ennuyé de ne jamais voir le soleil. Il décide de capturer les nuages qui s'envolent vers la plage. Takadoum est dévoilé, de même que l'intimité des uns et des autres n'a plus de secrets pour personne.
Quelle déconfiture ! On se dispute, on se fâche, on s'embrouille.
Anatole est contrarié et aimerait retrouver la tranquillité à Takadoum en espérant le retour des nuages.
Ce livre est une invitation fantasmagorique de l'idiome : Pour vivre heureux, vivons cachés. Ou : Pour vivre ensemble, vivons en toute liberté. La réflexion est subtile car le procédé de Thisou, l'auteur, mêle avec finesse collages en papier de soie et dessins au trait. L'aspect est raffiné, il faut se pencher sur l'ouvrage pour scruter les moindres détails. Et l'humour ne manque pas.
Un album avec beaucoup de charme, plutôt drôle, et qu'il faut lire attentivement.
Moi je sais qui, par Thisou. Editions du Rouergue, coll. Varia - 48 pages - Avril 2003 / 15 euros
Pour les lecteurs de 7-11 ans
Voici 3 petits livres délicieux, parus chez Le Rouergue, dans la collection zigZag :
Sidonie Quenouille est la nouvelle maîtresse de CM1 où est élève Adrien. D'ordinaire, c'est un garçon qui n'aime pas l'école et qui soupire dès janvier après les grandes vacances. Or, cette année, tout a changé : il est le premier levé, il court pour aller en classe ... bref il adore l'école ! C'est grâce à sa nouvelle institutrice, une Sidonie Quenouille fort originale, affublée de vêtements extravagants (des collants verts, un short rouge et un tshirt bleu "j'aime les baleines" le jour de la rentrée) et aux techniques d'apprentissage qui bousculent les idées établies. Les enfants en redemandent, par contre certains parents ripostent, l'inspecteur grogne...
Vraiment un texte attachant et drôle, où le personnage de la maîtresse loufoque est accompagné d'illustrations aussi cocasses ... un bel ensemble, une lecture revigorante et qui donne une vision tout à fait sympathique de l'école pour les enfants qui rechignent !
Annelise Heurtier / Aurore Petit.
A l'approche de la saison des mariages, vous pouvez offrir ce livre à vos enfants ! Vive la mariée est une histoire pour se détendre, pour rire, pour s'amuser. Les parents de Benjamin ont décidé de se marier ... après tout ce temps, avec un garçon aussi grand ! Qu'importe. La maman de Benjamin a toujours rêvé d'une robe blanche, d'une fête et souhaite qu'on ne la juge pas. La journée s'annonce donc extraordinaire, et même si la mamie fait un peu la tête, l'ambiance respire la bonne humeur. Depuis l'église, en passant par la mairie, pour arriver à la salle des fêtes ... tout le rituel est respecté. Même la panoplie des personnages (ronchons, enquiquineurs, pathétiques ou rigolos) est mise en avant. Attention, rien n'est caricatural ! Loin de là.
La lecture est drôle, pétillante et joyeuse. Vraiment une belle surprise, un bel instant pour se plonger dans la journée mémorable du mariage !
Vincent Cuvellier / Catherine Chardonnay.
Et je finis sur une note de lecture plus nuancée. Ce n'est pas que je n'ai pas aimé, c'est juste que je trouve cette lecture plus délicate et à proposer aux plus grands lecteurs, plus avisés.
La petite Rosalie vit avec ses deux mères, Natacha et Mélanie. Sa meilleure amie Lucie vit avec sa mère, elle est séparée du papa et a un nouveau copain... Ce livre propose donc une jolie variante de l'amour - que ce soit au féminin, au pluriel, cassé, réparé, éludé. C'est une interrogation sur les amours homosexuelles, hétérosexuelles, sur les familles recomposées. Honnêtement, c'est très bien fait.
Par contre, j'hésite à le proposer à un jeune lecteur. Les paraboles sont parfois subtiles, et même si les illustrations sont riches et démonstratives, j'ai toujours un doute. J'ai personnellement apprécié ces nuances et les finesses du texte de Claudine Galea. Elle écrit avec beaucoup de poésie, en jouant sur les mots. Si ce livre est "gay" et militant, il l'est surtout par son message joyeux en faveur de l'amour, universel par essence. A découvrir, chers parents !
Claudine Galea / Thisou.
A noter : Dans la collection zigZag, les livres sont tous joliment illustrés et se finissent sur une présentation facétieuse de leurs auteurs et qu'il est toujours intriguant de découvrir !