16/10/12

Qui a dit que les bisous, c'est pour les bébés ?

Après un lundi rouge passion, on fait chuter la pression avec des petites lectures dont le sujet a su toucher ma corde sensible.

à Bas les bisous ! Abaslesbisous

Kaï est un petit garçon de neuf ans qui ne supporte plus qu'on l'embrasse. Le jour de son anniversaire, il tend la main à sa famille et déclare qu'on doit le traiter comme un grand et cesser de lui donner des bisous. C'est insupportable, à la fin ! Ses parents sont chiffonnés et voudraient comprendre cette grève du bisou. Au lieu de s'en formaliser, ils vont patienter le temps qu'ils estiment que doit durer cette crise. Seul le grand-père, qui n'a plus toute sa tête, ne se gêne pas pour poser un baiser baveux sur la joue de son petit-fils. Qu'on ne s'avise pas de lui donner des ordres non plus !

C'est finalement dans la cour de l'école que Kaï va réfléchir à ce qu'il inflige à ses proches. Par la faute du nouvel élève, prénommé Pascal. Celui-ci est tout le temps seul dans son coin. Une fois, Kaï a même vu qu'il pleurnichait en silence. En creusant bien, il découvre que le garçon ne se console pas de la mort de son papi. Kaï va alors décoller du sol, en pensée. Il va être frappé par l'inspiration : soudain, il comprend qu'avoir envie de faire des bisous, ce n'est pas réservé aux bébés. C'est donner aux autres de l'amour, du réconfort, faire preuve d'amitié, de sensibilité etc.

Un petit roman tout doux et apaisant, où l'on évoque avec pudeur le chagrin des enfants après la perte d'un être cher. Tellement juste, tellement vrai. Avec pour héros un petit garçon aux idées farfelues et à l'imagination débordante (il suffit de découvrir ses jeux de récréation, c'est un bonheur !). 

par Thomas Gornet & illustrations d'Aurore Petit (Rouergue jeunesse, coll. Zig Zag, 2012)

Ceci m'amenant à évoquer le très bouleversant Où es-tu, Lulu ?  Ouestululu

Un matin, Théo découvre l'absence de son ami Lulu. Son maîtresse, avec les larmes aux yeux, lui apprend que son ami a eu un accident et qu'il ne reviendra plus. L'enfant est accablé pour le chagrin, les questions et l'incompréhension. Ses parents eux-mêmes se sentent impuissants pour le consoler. Ils murmurent des phrases maladroites : C'est comme ça, la vie. Ou il y a des jours où le ciel perd ses couleurs. C'est tellement plus facile de raconter des histoires pour s'évader. 

Et puis, le temps passe. A petits pas, Théo avance sur son chemin. Le chagrin s'estompe ou s'apprivoise. Théo a grandi avec. Il sait maintenant qu'il y aura des jours de chagrin, des jours de fête, des jours de doute. Le souvenir de son ami restera intact, présent dans un coquillage, une bille ou un marronnier. 

Que n'aurais-je pas donné, deux ans plus tôt, pour avoir cet album entre les mains ! A l'époque, ma fille a perdu une copine d'école dans des circonstances tragiques. Après le choc, l'immense chagrin et l'incompréhension. Un chagrin multicolore tant l'éventail des émotions était grand. En lisant cet ouvrage, j'y ai instinctivement repensé. C'est là, en nous, toujours. Parce qu'elle aussi a été frappée par un drame personnel, Laurence Pérouème livre des mots justes et sensibles pour évoquer la mort et accompagner l'enfant et les parents qui y sont confrontés à surmonter ces instants difficiles. Une lecture précieuse, encadrée par des illustrations lumineuses.

par Laurence Pérouème et Cécile Rescan (naïve, 2012)


01/03/11

Pêle-mêle Clarabel #24

Enfin des nouveaux Zig Zag !

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J'étais curieuse de lire le roman de Rachel Corenblit, Ceux qui n'aiment pas lire. Parce que c'est un fait tellement répandu, il ne faudrait pas l'oublier. Imaginez un groupe d'enfants - ceux du club qui n'aiment pas lire - qui lance leur propre révolution en mettant à sac la bibliothèque. Ce qu'ils revendiquent ? D'être libres de lire ou de ne pas lire. De lire seulement s'ils en ont envie et ce qu'ils désirent, pas ce qu'on leur dicte. C'est tellement vrai, le roman rappelle des paroles grinçantes - il faut lire des classiques pour être cultivé (au secours !) - et malheureuses qui s'échappent trop souvent des bouches des adultes. Les enfants n'en peuvent plus, ils se sentent transparents, il est temps d'agir et de faire réagir.
Globalement, ce roman n'apporte rien de neuf et c'est même une pitié de devoir toujours répéter l'un des messages qu'il véhicule, comme de devoir batailler contre de vieilles idées préconçues concernant la jeunesse et les livres... tout ça m'épuise. Alors, que retenir ? La couverture est flippante, mais ça fait partie de son charme. L'histoire est folle, complètement folle. Elle ne m'a, toutefois, pas complètement séduite. Cependant, j'espère de tout coeur que le message sera entendu - un enfant a le droit de ne pas aimer lire, ce n'est pas une honte. (Mais pas besoin de se livrer au vandalisme non plus !)

Ceux qui n'aiment pas lire - Rachel Corenblit
Illustrations de Julie Colombet
Rouergue, coll. Zig Zag (2011) - 6€

Petite bulle de fraîcheur avec le roman de Thomas Gornet ! J'ai beaucoup aimé l'histoire de Zouz, qui doit lutter contre sa surchage pondérale, comme l'a dit le docteur. Sa maman lui concocte donc un programme pour chaque mercredi en diversifiant les activités sportives ! L'angoisse. Zouz déteste le sport !
Chaque expérience est pour le lecteur un grand moment d'humour, mais attention, on ne se moque pas non plus ! On devine le calvaire de Zouz, on le partage, on compatit. Et sa mère qui s'entête et s'acharne à trouver LE sport qui lui conviendrait le mieux... c'est désolant pour le garçon. Or, Zouz ne cherche pas à susciter la pitié, il a un don pour l'auto-dérision qui force l'admiration. Et en même temps, il ne cache pas sa détresse. C'est sur cette belle ambiguité qu'il devra composer et tirer profit, en trouvant l'activité du mercredi où il s'épanouira ENFIN !
Ce petit roman est vraiment génial, il est drôle, un peu ironique (dans le bon sens) et donne franchement envie de connaître Zouz pour de vrai. J'ai également beaucoup aimé les illustrations de Clothilde Delacroix !

Mercredi c'est sport - Thomas Gornet
illustrations de Clothilde Delacroix
Rouergue, coll. Zig Zag (2011) - 6,50€ 

09/09/10

L'amour me fuit, de Thomas Gornet

Lamour_me_fuit_de_Thomas_GornetUn joli, joli, mais vraiment joli moment que voilà ! Le roman de Thomas Gornet est une petite douceur au pays de la déprime post-rentrée, et même si on parle d'école, de sixième, de primaire et de piscine, on le trouve malgré tout sensationnel !

Zouz entre en sixième, mais ce n'est pas la joie. Depuis quelques temps, il traîne une mine de déterré, de celle dont on devine la source des tourments, car Zouz souffre d'un chagrin d'amour ! Il n'y a pas d'âge pour aimer, moi je vous le dis, et ce petit roman vous enseigne la même chose. C'est doux, c'est joli et ça laisse une gentille impression de tendresse. Pourtant, ça ne masque pas le malaise, lorsqu'on découvre, comme lui, que Zouz est témoin de son naufrage sentimental, ça fait mal de voir celle qu'il aime lui tourner le dos et lui préférer un autre, mais c'est la vie.

J'ai trouvé ce livre riche de petits bouts de phrases incroyablement justes, saisissantes et intelligentes. Zouz est un narrateur d'une grande maturité (après tout, sa vie familiale a été mise sens dessus dessous aussi, le gamin a grandi plus vite que la normale), il porte un regard noble et réfléchi sur tout ce qui l'entoure : l'homosexualité de son frère, le départ inexpliqué de sa mère, l'absence du père, et cet amour fou et vertigineux qui lui noue le coeur et l'estomac. C'est un support inestimable pour les adultes et pour les jeunes lecteurs, pour ceux qui en ont l'âge ou plus du tout, car le message s'adresse un peu à tout le monde : aimer, désaimer, comprendre le pourquoi du comment, et même parfois il n'y a pas d'explication, c'est comme ça, on appelle aussi autrement ce sentiment, et on décortique ce qu'est le chagrin d'amour !

Le ton flirte souvent entre la maturité et la simplicité d'un môme qui est sur le point d'entrer dans la cour des grands, j'ai bien aimé ce mélange, et cette façon de ne pas se prendre au sérieux, parce que, après tout, "C'est moi, c'est un enfant, assis sur un banc. Elle s'arrête là, mon histoire, parce qu'on est aujourd'hui et que, aujourd'hui, il ne se passe rien de plus."
Voilà tout.

Neuf de l'école des loisirs (2010) - 140 pages - 8,50€

Posté par clarabel76 à 09:00:00 - - Commentaires [6] - Permalien [#]
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