Ce que tu as fait de moi, de Karine Giebel
Je termine à peine ma lecture, encore sonnée par cette expérience. En gros : ambiance suffocante pour histoire obsessionnelle autour d'une relation toxique qui crée un profond malaise ! Quelle lecture, franchement... j'ai été assommée par ce qu'elle me racontait, scotchée et abrutie par la sensation de vertige qu'elle procure.
Un homme et une femme passent la nuit au poste pour confesser leurs crimes : d'un coté, Richard Menainville, patron des Stups, de l'autre, Laetitia Graminsky, fraîche recrue. Entre eux, c'est un mélange de coup de foudre, de passion, d'interdit et de folie. C'est une histoire de vengeance, de haine, de torture, de harcèlement. Une histoire de possession et de désir. Bref. C'est tout sauf une histoire d'amour.
Mais l'histoire se termine mal. La confession du couple vient éclairer cette escalade de violence (on ne sait pas tout de suite ce dont ils sont accusés) mais on comprend que la nuit sera longue et jalonnée de souvenirs amers et douloureux. Mes émotions ont également volé en éclats : j'avais souvent envie de hurler, j'ai beaucoup soupiré contre les personnages. C'est tout le talent de Karine Giébel qui prend son lecteur en otage et le malmène jusqu'au point final. Impossible de sortir indemne d'une telle expérience... ajoutez qu'elle s'accompagne d'une performance audio cryptique et fascinante. D'où la sentence implacable qui s'abat au bout des 16 heures d'écoute.
J'étais pourtant prévenue : « personne n'est assez fort pour la vivre. Personne n'est préparé à l'affronter. Un maître chanteur devenu esclave... Esclave de cette chose (fabuleuse et fatale) : la passion, la vraie. »
UNE VRAIE TORTURE.
Face à ce déballage asséné d'une voix éteinte, je me sens totalement anéantie. Flagellée sur place. Coupable d'avoir succombé à son charme magnétique, sans possibilité de dire stop.
C'est horrible, mais c'est brillant. Ouch.
©2019 Belfond, un département Place des Éditeurs (P)2020 Lizzie
- Lu par : Vincent Schmitt, Lila Tamazit
- Durée : 16 h env.
⭐⭐⭐⭐
L'Héritage des espions, de John Le Carré
Dans la continuité de L'espion qui venait du froid : un roman d'espionnage du temps de la guerre froide, dans l'Allemagne de l'Est.
Un ancien agent à la retraite est convoqué au siège des services du renseignement pour éclaircir la mort suspecte de ses collègues survenue dans les années 60. Leurs enfants réclament aujourd'hui réparation. La couronne britannique ne veut pas de vagues. Peter Guillam comprend que son mentor (George Smiley) est leur cible privilégiée, mais n'en demeure pas moins loyal et mutique. Peu coopératif, notre homme se retrouve pourtant forcé de replonger dans son passé en compulsant de vieux dossiers et en répondant à de longs interrogatoires. Renaît aussitôt une époque houleuse où tous jouaient des rôles pas toujours glorieux, sans le moindre remords. Des agents étaient sacrifiés pour le bien du pays et on effaçait l'ardoise ni vu ni connu. Qui est le plus coupable parmi tous ? Songeant tour à tour à sa retraite en Bretagne, à la femme qui l'attend dans leur ferme isolée, à celle qui a cru être aimée sans retour, Peter est nostalgique de sa jeunesse et du devoir accompli. Mais il défend tout ça en son âme et conscience, tenant tête à des juristes qui voient en lui le parfait bouc émissaire.
Après moult soupirs, je sors déconcertée par cette lecture. Sensation d'avoir loupé un truc. J'ai aimé le cadre du roman d'espionnage, même si l'histoire m'a semblé mollassonne. L'ambiance est classique, la documentation fournie, les descriptions sont pointues, passé et présent s'entremêlent judicieusement, seuls les personnages paraissent distants et creux. Je ne doute pas de la valeur du roman, pris à part de la série, le rendez-vous me laisse songeuse. Le livre audio a néanmoins été écouté non sans déplaisir : Vincent Schmitt est un interprète fiable et convaincant, dont la voix dramatique se prête efficacement à l'atmosphère sombre et mélancolique de Le Carré.
©2018 Éditions du Seuil. Traduit par Isabelle Perrin (P)2018 Audiolib
- Lu par : Vincent Schmitt
- Durée : 9 h 30 env.
Repris en format poche : POINTS (2019)
Jeux de miroirs, de E.O Chirovici
Peter Katz est un agent littéraire influent à New York et habitué de recevoir des sollicitations de toutes parts, mais c'est en découvrant un manuscrit partiel d'un certain Richard Flynn que son intérêt va être fortement émoustillé. Alors qu'il était étudiant à Princeton, celui-ci revient sur sa rencontre avec la sublime Laura Baines, sa nouvelle colocataire, et le professeur Joseph Wieder, un éminent spécialiste en psychologie cognitive qui va être assassiné chez lui. Gros scandale sur le campus. Ont évidemment suivi des tonnes de supputations, un défilé de suspects, puis le coupable idéal, avec toutefois des questions ouvertes et le doute d'une erreur judiciaire. Au moment de contacter l'auteur, Katz apprend qu'il est décédé et ne dispose pas de la suite du manuscrit. Frustré, il confie au journaliste John Keller la mission de se réapproprier l'enquête pour démêler le vrai du faux, puis c'est au tour d'un ancien policier, Roy Freeman, de reprendre le flambeau. On obtient ainsi un roman au schéma aussi tortueux que La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, mais en format plus court (300 pages, soit 7h 30 d'écoute), ce qui rend la lecture plus percutante et vorace. Le principe est cependant le même - bousculer le lecteur dans ses acquis et l'embrouiller dans ses perceptions et autres interprétations de l'intrigue. Celle-ci joue en effet de faux-semblants et de chausse-trappes qui remettent rapidement tout en question. C'est diabolique, pour qui aime les rebondissements et les théories à l'envi. En ce qui me concerne, ma curiosité a été judicieusement piquée à vif et ma lecture grandement motivée ! Je n'ai pas vu le temps passer, j'ai englouti le tout très vite. C'est super efficace et astucieux, après je ne pense pas que ce roman me laissera un souvenir impérissable non plus, mais au moins j'ai passé un bon moment, le temps d'un weekend de détente. Texte lu par Vincent Schmitt pour une écoute tout à fait distrayante.
Audiolib, mars 2017 - Texte lu par Vincent Schmitt (durée : 7h 30) / Trad. Isabelle Maillet pour Les Escales, un département d'Édi8 [The Book of Mirrors]