Rose désert, de Violaine Huisman
En comparaison avec Fugitive parce que reine, le deuxième roman de Violaine Huisman paraît d'abord beaucoup plus superficiel. C'est l'histoire d'une jeune femme qui vient de se séparer de son compagnon et qui décide de traverser le désert du Sahara pour tout oublier. Elle débarque avec un modeste bagage et ignorant les zones à risques qu'elle va fouler... qu'importe, elle va au-devant de rencontres et d'interdits un peu flous. C'est une jeune femme bohème, libre et entière, après tout.
Au fil des pages, on réalise aussi que l'histoire se répète, mais sonne plus profonde et consistante. L'ombre de la mère est toujours présente et plane sur son existence, ses choix de vie, ses aventures amoureuses. On y revient sans cesse. On parle aussi de son père, de leur famille, de son adolescence chaotique, des premières idylles et des hommes toxiques. Par contre c'est toujours aussi cru et impudique, tellement personnel aussi (comme raconter sa première fois), érotique et sensuel, pense-t-on, moi ça ne me branche pas beaucoup.
Le roman est donc un fourre-tout de souvenirs, de rencontres, d'expériences, d'états d'âme et d'espoirs. Dommage pour le déballage grivois (tendance porno-chic). Reste la sincérité derrière les confidences. Et puis ce roman est merveilleusement lu par Rachel Arditi, comédienne prodigieuse et interprète formidable, qui mérite à elle seule qu'on n'abandonne pas trop vite ni trop tôt !
©2019 Editions Gallimard (P)2019 Editions Gallimard
- Lu par : Rachel Arditi
- Durée : 6 h 40 env.
En revisitant ses rapports aux hommes depuis l'adolescence, la narratrice aborde avec une sincérité rarement égalée les tabous de l'éveil à l'amour et à la sexualité. L'écriture si particulière de Violaine Huisman, à la fois poétique et abrupte, s'impose sur ce sujet intime dans toute sa vitalité.
Fugitive parce que reine, de Violaine Huisman
Quel beau roman... qui m'a d'ailleurs fait penser aux films de Diane Kurys et au roman de Gwendoline Hamon, Les dieux sont vaches. Des univers profonds, qui puisent dans l'intimité et l'authenticité, tout en titillant notre corde sensible. Ça peut effrayer, lasser, exaspérer - moi, ça m'a bien plu.
Dans ce roman, Violaine Huisman évoque sa maman, Catherine, une femme très belle et farouche, qui se voulait libre d'aimer sans la moindre attache. Par contre, c'était aussi une femme fragile, exigeante envers les hommes et tyrannique avec ses filles. Elle buvait trop, fumait comme un pompier, était malade, n'avait aucune convenance sociale. Honteuse de ses origines modestes et de son manque d'éducation, elle avait mis l'accent sur son charme, sa sensualité, son aura. Toute sa vie, Catherine a ainsi tracé son chemin sans tergiverser, se donnant sans retenue mais griffant comme une tigresse à la moins incartade.
Ce portrait de femme est raconté à travers les yeux de sa fille qui déballe son enfance tumultueuse, ses chagrins, ses frustrations, ses lacunes, ses désirs... avec toujours son besoin désespéré d'attirer l'attention de celle-ci, de crier son amour et d'en recevoir autant. C'est assez violent et sans concession (d'où l'étalage de sexe et d'obscénités... pas top !). Mis à part ce détail, le roman est envoûtant et touche au cœur de la cible (quand tu es en plein chaos affectif ou quand tu lis tout ce qui touche à la famille ou avec des mères sur la corde raide). C'est tout bon !
©2018 Éditions Gallimard (P)2019 Éditions Gallimard
- Lu par : Violaine Huisman
- Durée : 7 h 30 env.
- Version abrégée
Ce premier roman raconte l'amour inconditionnel liant une mère à ses filles, malgré ses fêlures et sa défaillance. Mais l'écriture poétique et sulfureuse de Violaine Huisman porte aussi la voix déchirante d'une femme, une femme avant tout, qui n'a jamais cessé d'affirmer son droit à une vie rêvée, à la liberté.
Violaine Huisman met en voix ses propres mots et livre une déclaration d'amour bouleversante. Une lecture d'une rare intensité. Note de moi-même : excellente perfomance ! Car il est rare qu'un auteur soit aussi bon lecteur... hé oui.
Disponible en collection Folio (n° 6631)
PRIX LITTÉRAIRE DE L'ENS CACHAN 2019
PRIX FRANÇOISE-SAGAN 2018
PRIX MARIE CLAIRE DU ROMAN FÉMININ 2018