Graines de bandits, par Yvon Roy
Après Les Petites victoires, dans lequel l'auteur racontait avec force son quotidien de père d'un enfant autiste, Yvon Roy évoque avec toujours autant de finesse son enfance douloureuse.
Leur père souhaitait s'installer en pleine campagne pour se ressourcer dans l'Amérique des années 70. Au final toute la famille va se contenter d'un modeste bungalow sur un terrain boueux. Le début de la désillusion.
Mais les garçons refusent la défaite et courent se réfugier dans la plaine. Ils ont des rêves plein la tête et imaginent déjà la conquête des grands espaces. Aussi, quand un promoteur débarque avec ses projets de bétonnage à outrance, les frangins voient rouge et entrent en résistance.
Ils vont aussi jouer aux caïds et provoquer leurs voisins. Ils pensent même qu'une fille n'est pas capable de conduire un kart et acceptent de faire une course pour prouver qui est le plus fort.
En fait, nos graines de bandits ont choisi de s'échapper - fuir leur réalité où règnent la violence et l'amertume. Loin de la sinistrose. Leur mère ne joue plus au piano, préfère boire et regarder la télévision. Leur père suit une secte religieuse et s'enferme dans une vision rétrograde.
Bref. Les mômes se révoltent à leur façon et veulent brandir leur poing. Contre le destin. Contre le monde moderne. Contre les dogmes sacrés. Contre les rêves brisés.
Cette BD retrace un chapitre de vie qui revient sur l'enfance douloureuse de l'auteur. Un sujet pas facile pour une lecture touchante et néanmoins peu convaincante.
Rue de Sèvres, 2019
Les petites victoires, par Yvon Roy
Chloé et Marc sont amoureux, ils vivent ensemble et décident d'avoir un enfant. Naît alors le petit Olivier, adorable poupon qui comble de joie ses parents. Et pourtant, les mois passent et le jeune couple n'ose admettre que leur fiston “a quelque chose”. Au bout d'un an, Olivier ne parle pas, il joue dans son coin ou reste scotché devant Rififi le lapin à la télé. Après quelques tests, le verdict tombe - l'enfant est autiste. La bulle de bonheur éclate. Pour Marc, toutes ses illusions s'effondrent. Et avec elles, viennent les doutes, la colère, l'incompréhension. Le couple est brisé. Seul avec son garçon, Marc va se ressaisir et mettre en place tout un cérémonial pour percer le monde secret de son fils. Lui apprendre à le regarder dans les yeux. Lui ôter ses angoisses. Calmer ses pleurs. Lui donner goût aux traditions. Couper son addiction à la télé. Rendre la réalité concrète. Chanter des chansons débiles. Aller au camping. Savourer toutes ces petites victoires qui jalonnent leur quotidien - entrer à l'école, intégrer une classe normale, faire des câlins... Voilà une lecture qui vous porte vers le haut avec son message positif et plein d'amour ! Je n'ai pas seulement été touchée par le combat de Marc, mais j'ai adopté comme lui le refus de baisser les bras, de demeurer passif face à ce coup du sort. Certes, Marc doit renoncer à des rêves (transmettre ses romans jeunesse gardés exprès pour son fils), à des clichés (quelle vie ? quel avenir ? pourra-t-il avoir une copine ?). Sa détresse est perceptible, elle se comprend et se partage, mais Marc est aussi un homme pugnace, qui choisit de mener son combat contre l'inaction. Il raconte ainsi chaque petit rituel mis en place, chaque petite évolution venue shooter la maladie, et ainsi déjouer les pronostics d'une défaite annoncée. C'est un parcours admirable, où se tisse une relation exceptionnelle entre un père et son fils, le tout dans un graphisme épuré, tout en noir et blanc, et pourtant très expressif. Une lecture pleine de tendresse et d'espoir. ♥