Kmille fait son blog ~ Cécile Le Floch
Camille a treize ans, elle adore la tarte au citron meringuée et le koala est son animal préféré. Au cours des vacances de Pâques, l'adolescente apprend que ses parents vont divorcer. L'annonce est faite un soir, au camping, dans le sourire et les larmes. Sur le chemin du retour, c'est l'accident. Camille est gravement blessée. La moelle épinière touchée, les membres inférieurs paralysés, la jeune fille retourne à l'école, de longs mois après, en fauteuil roulant.
Camille a créé son blog qui lui sert de journal intime où, sous pseudo, elle crie son injustice, sa colère, son désespoir, ses accès de déprime, son incompréhension, sa révolte. Les chapitres se suivent, on découvre son quotidien au collège, où rien n'est matériellement adapté à sa situation. Elle décrit les regards extérieurs, les réflexions entendues, les questions des curieux, celles qui dérangent et qui agacent.
Dans son entourage, entre des parents qui ne se supportent plus et une excellente meilleure amie toujours là pour la soutenir, Camille compte également deux garçons qui ne la laissent pas indifférente - Florian, un garçon de seize ans aux beaux yeux verts, qui vient régulièrement donner un coup de main au CDI, et Kevin, son ancien camarade de classe, qui l'appelle sa petite souris, et qui est resté gentil et attentif avec elle. Mais Camille est encore fragile, son handicap a modifié son caractère. Devenue plus agressive et colérique, Camille en veut à la terre entière, alors qu'elle cherche simplement à se protéger derrière sa coquille.
Voilà pour ce roman, dont la jolie couverture avait attiré mon regard (*). J'ai été séduite par cette histoire, par la mélancolie de Camille, par ses raisonnements sincères et justes. Jamais elle ne nous apparaît puérile ou excessive, ses billets d'humeur publiés sur son blog nous la rendent émouvante et drôle, réfléchie et incomprise. L'approche est bien balancée, je me suis surprise à lire d'une traite ce roman simple, et qui ne tombe jamais dans le pathos. Peut-être les solutions de la fin sentent un peu trop le happy end, mais peut-on reprocher à un roman de vouloir être positif ? Non, je ne pense pas. Ou alors, ce serait dommage.
Rageot romans, 2009 - 180 pages - 6,30€
à partir de 11 ans
illustration : Yann Hamonic
(*) J'avais trouvé la 4ème de couverture trop vague :
M : Super bien, ton blog !
Kmille : J'y croyais plus et voilà ! Vous m'avez écrit ! Vous êtes trois maintenant, c'est génial ! Bon, vous ne vous foulez pas question commentaires, mais comparé au mutisme des visiteurs précédents, vous êtes en progrès !
Je constate que vous avez choisi l'anonymat avec des pseudos énigmatiques à souhait. Pas de problème, ça me va.
Les domestiques ~ Michael Marshall Smith
Mark ne s'entend pas avec son beau-père David, il ne supporte pas son air supérieur, sa manie de vouloir tout contrôler. Depuis son remariage, sa mère est tombée malade et elle ne sort pratiquement plus de la maison. Ils viennent d'emménager à Brighton dans une demeure bourgeoise où se trouve, dans un appartement au sous-sol, une vieille dame très discrète.
Comme Mark s'enfuit de plus en plus de la maison, pour faire du skate ou pour prendre un bol d'air car il étouffe, il fait la connaissance de cette mamie qui l'accueille dans son modeste chez-elle. Là, elle lui montre une clef qui ouvre une porte donnant accès sur un couloir où on a le sentiment de remonter le temps. On pénètre dans les anciens quartiers des domestiques, on y découvre les cuisines, les appartements du majordome ou de la gouvernante. L'ensemble est vide, gris, froid et abandonné.
Mark ne doit en parler à personne, la vieille dame y tient. L'adolescent joue le jeu, fait son crâneur de savoir quelque chose qu'ignore David. D'ailleurs, entre eux, le ton durcit et le garçon s'enfuit de chez lui. Il se réfugie chez sa voisine du dessous, boit son thé et mange des petits gâteaux, puis s'endort. Réveillé en sursaut, Mark ressent l'envie de retourner seul dans le passage fermé à clef et profite du sommeil de la vieille dame pour s'y faufiler, et là...
Une si belle couverture ne pouvait augurer qu'une belle invitation, non ?
Malheureusement j'ai été plutôt déçue par ce roman. L'histoire est longue à se mettre en place, la première partie s'éternise sur 100 pages et nous fait suivre l'adolescent qui se heurte avec son beau-père, qui regrette Londres et le temps où sa mère était heureuse et pleine de vie. Pas trop de nouvelles sur le père. Le garçon passe son temps à râler, aller et venir entre chez lui, l'extérieur, et ses trop brèves rencontres avec la vieille dame. Le mystère est distillé au compte-gouttes.
Je me suis longtemps posée des questions sur ce roman, à quand les premiers frémissements, à quand un début d'action, n'est-il point rangé dans la catégorie sf-fantasy ? Même si je suis novice, j'ai cru comprendre que l'auteur était une pointure !
Hélas ce roman est plat. Il y a quelques éléments fantastiques pour émoustiller l'intrigue, mais c'est tellement long à venir (malheureusement, lorsque cela survient, c'est fugace, léger, même pas le temps de s'en apercevoir !), et cela ne crée aucun frisson. La fin est trop vite expédiée, la 'résolution' du problème absolument aberrante, pour ne pas dire obscure et incompréhensible.
Non, j'ai franchement eu le sentiment d'avoir lu un livre qui parle de l'adolescence, des conflits avec le beau-père et la maladie d'un proche. On ne retient que ça ! Il reste ensuite très peu de place ou de temps pour évoquer les fantômes, l'étrange petite mamie et ses gâteaux délicieux, et puis ce climat à Brighton, assez préoccupant, ou la maison et son architecture qui méritait d'être décortiquée et exploitée. Je ne sais pas, il y avait des tas de pistes pour nous servir un repas copieux.
En quatrième de couverture, il est écrit : Les Domestiques est un magnifique roman, une fable poignante qui marque le retour d'un écrivain d'exception.
Han-han. Ne vous attendez pas au chef d'oeuvre non plus !
Bragelonne, coll. Milady, 2009 - 286 pages - 6€
(version courte)
Fraîchement installé à Brighton, dans une maison qui appartient au nouveau mari de sa mère, Mark entre en conflit direct avec son beau-père et passe de plus en plus de temps à l'extérieur, rencontrant par la même occasion la vieille dame qui habite l'appartement du sous-sol. Un jour, elle l'invite chez elle et lui révèle un secret derrière une porte fermée à clef. On y découvre les quartiers des domestiques, le cadre d'une époque révolue, tout semble abandonné et décati, et pourtant...
Point de suspense dans ce roman. L'intrigue est relativement faible, les personnages manquent de charisme. On assiste davantage à un roman qui traite de la crise de l'adolescence, un gamin qui se heurte avec son beau-père et qui est confronté à la maladie de sa mère, il va trouver dans le monde secret de la mamie du dessous une solution pour résoudre ses problèmes, du moins je le pense, car il faut peut-être voir dans ce roman une parabole qui me dépasse.
J'ai été moyennement emballée par cette histoire, que j'ai trouvée très lente à se mettre en place. Même si l'auteur est une pointure dans le milieu fantastique, il ne nous offre pas un modèle du genre avec ce court roman. Soit, quelques fantômes apparaissent... mais trop brièvement. Pas le temps de s'attacher, ni de comprendre. Trois p'tits tours, et puis s'en va.
Dommage. J'aimais beaucoup la couverture, qui invitait à l'évasion et au mystère.
Un soir, j'ai divorcé de mes parents ~ Rachel Hausfater
Suite au divorce de ses parents, qu'il a beaucoup de mal à digérer, le jeune narrateur prend la décision de divorcer de ses parents. C'est sa façon à lui de manifester son mécontentement, mais aussi d'exprimer son chagrin. Il passe en revue deux parents divorcés qui ne ressemblent plus à la famille d'avant. De dépit en consternation, le garçon comprend qu'il n'a plus sa place, qu'il doit la trouver ailleurs. Il choisit de se réfugier dans la chambre de bonne de ses grand-parents, un week-end sur deux. En secret.
Toutefois cette liberté a aussi un goût amer, c'est un coup pour son moral. Comment passer ces journées sans adultes ?
Beaucoup de réflexion dans ce court roman qui traite du divorce et des enfants de divorcés, "Un soir, j'ai divorcé de mes parents" raconte le parcours d'un adolescent qui se cherche, qui choisit de s'éloigner pour mieux se trouver. Son histoire est celle d'un enfant qui doit quitter brutalement le nid douillet, qui doit accepter la décision de ses parents et apprendre à vivre avec. Un divorce, ça fait grandir un peu trop vite, ça détruit, c'est une fin et ça tue aussi.
Mais heureusement, après on reconstruit, on recommence, on renaît. On aime ailleurs, et on aime encore. Le message est positif, même si le procédé peut paraître un peu excessif et exubérant (vivre seul dans une chambre de bonne, mener son petit cirque dans le dos des adultes). Disons que souvent cela m'est apparu trop profond dans la bouche d'un adolescent, trop mûri dans la tête d'un môme en détresse. A la fin, par exemple, ses discours avec ses parents sonnent incroyablement consciencieux, tellement adultes, alors qu'il s'agit tout de même d'un lycéen. Je ne sais pas. Il y a comme un fossé entre le fictif et le réel, sur tout ce qui touche le narrateur, sa parole et ses pensées. Cela me semble moyennement crédible.
Au moins cette histoire a pour vertu de faire réfléchir, je ne sais pas si un adolescent s'y retrouvera forcément, et même si j'apprécie personnellement beaucoup le style de Rachel Hausfater, je trouve qu'ici le texte manque parfois d'un léger plus (j'aurais préféré qu'on passe plus de temps avec Madeleine, cette voisine âgée qui recueille le garçon les soirs de blues, lui sèche ses larmes, lui offre du thé et des gâteaux, ou même avec Alma, sa petite fée de liberté).
Quelques frustrations, donc... mais ce n'est pas méchant.
J'attends vos retours avec une certaine curiosité !
Thierry Magnier, 2009 (achevé d'imprimer dans une chambre de bonne) - 115 pages - 7,50€
« moi, je dis que j'aime me toucher pour le plaisir, c'est tout »
Jeu de mains - Adeline Yzac
Valantin, quinze ans, est un adolescent encombré d'un corps qui a brusquement changé du jour au lendemain. Lui si maigre est devenu grand et costaud, et sous la ceinture aussi c'est le feu d'artifice. Mais tout cela gêne un peu notre garçon, malgré tout timide et maladroit. Il est couvé par ses parents, impossible donc de leur en toucher deux mots, c'est gênant. Parce que Valantin se sent un véritable obsédé. Il aime les filles, il aime les regarder, il aime alimenter ses fantasmes, et patatras... son Pepsi, comme il l'appelle, se met au garde à vous. C'est systématique, mais source de malaise et de pudeur aussi. L'histoire commence avec l'achat d'une paire de ciseaux, mais pourquoi ? Tout au long du roman on attend du garçon qu'il nous explique, assis dans sa chambre, avec ses ciseaux à côté de lui.
C'est un livre très intelligent, qui traite d'un sujet peu commun et de façon assez explicite, sans toutefois être vulgaire. On peut y percevoir une façon de déculpabiliser l'adolescent et son rapport avec le sexe, ce n'est pas une maladie ou une perversion, c'est juste la vie. La nature. Et également l'histoire montre que ce n'est pas facile non plus d'être un garçon, « On croit toujours que c'est les filles qui sont fragiles. T'es un mec, t'as pas droit au doute. Pas droit de décevoir. Pas droit de te regarder le nombril. Et je parle même pas de te montrer délicat, tu deviens carrément suspect. » Et encore moins évident de faire comprendre aux parents qu'il faut « couper le cordon », laisser grandir, lâcher la grappe.
Un texte qui sonne très juste.
Rouergue, coll. doAdo - 2009 - 110 pages / 7€
l'avis de Vanessa (Eliabar)
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Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser - Jo Witek
Bon, on voit bien que ce n'est pas facile de grandir. Physiquement, ou même dans sa tête. Xavier a 13 ans 1/2 et il vient de tomber amoureux de Mina, une jolie brune à la voix cassée. C'est la fille d'une amie de sa mère, il est fou d'elle, il en rêve la nuit et le jour il plane à dix mètres. Ses résultats à l'école commencent un peu à faiblir, il se rebelle contre sa maman parce qu'elle a commis un crime de lèse-majesté (en lavant le tshirt qui portait l'odeur de Mina). Enfin bref, on assiste à un vrai tourbillon d'émotions, de sentiments et de déclarations enflammées.
Xavier a récupéré un vieux Notebook de couleur jaune qui va lui servir de journal intime. Il y confie son récit intégral (ou presque) de son premier baiser, mais pas seulement. C'est un livre qui montre aussi le souci pour un garçon d'être à la hauteur avec l'objet de son affection. Comment embrasser, faut-il toucher les seins, dit-on je t'aime la première fois... ce n'est pas facile à 13 ans. Heureusement Xavier a un meilleur ami qui le soutient et une grand-mère passionnée de poésie qui lui parle d'amour en termes d'élégance et de sagesse.
C'est le portrait d'un jeune adolescent impétueux et limite capricieux, fou amoureux surtout et donc excessif en tout. Heureusement c'est drôle, léger, sans prétention. Cela devrait plaire aux garçons et aux filles à partir de 12-13 ans.
Seuil, coll. karactères, 2009 - 116 pages / 8€
Le site de l'auteur : http://www.jolengagne.com/
Jeu de mains, un roman d'Adeline Yzac
Disponible dès le 22 janvier : Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser
L'adolescence, parlons-en... encore !
J'ai mis du temps avant de comprendre ce que représentait la couverture du roman Zarbi d'Hélène Vignal ! L'indice est révélé en bout de course, de façon impromptue, car j'ai regardé à deux fois ce truc que j'associais à de la nourriture asiatique. Mais peut-être suis-je la seule à qui la vue me joue des tours...
Passons, cela n'est pas important. Zarbi, lui, est un roman passionnant. C'est l'histoire d'une famille, le couple et ses deux enfants. Les parents se chamaillent souvent, n'ont pas trop de temps et sont dépassés par la crise d'adolescence de leur fils aîné, Landry. La situation est présentée et vécue par Dina, la cadette qui a dix ans. Elle pense comprendre, mais ne cerne pas toutes les subtilités, toutefois elle n'est pas idiote et n'est plus un bébé. Comme elle dit. Souvent son analyse vaut tous les discours des adultes réunis, car elle a l'oeil vif, un humour en béton et un tempérament de feu.
« Mon manteau sur le dos, debout devant eux, je mange mon pain aux raisins en les regardant. C'est étonnant comme on est tous devenus laids dans cette famille. Avant on était plutôt beaux et on rigolait bien, on faisait du pain perdu aux goûters et des câlins ou des séances de chatouilles assez souvent. Certains jours, on se piquait des fous rires tous les quatre en jouant au Uno ou à La bonne paye.
Maintenant si l'un d'entre nous rigole, les trois autres font bien attention de ne pas rire en même temps pour ne surtout pas avoir l'air complice. Il faut sans arrêt faire attention avec qui on est d'accord parce que ça peut dégénérer très vite. Landry peut m'accuser de collaborer avec les parents ; comme je peux perdre la confiance de mes parents si j'ai des secrets avec Landry : et si je dis à ma mère que mon père a attrapé Landry par les cheveux, mon père peut m'en vouloir et ma mère en vouloir à mon père ; ou si Landry rigole avec moi, les parents peuvent croire qu'il est d'accord avec la vie de famille, ce qui serait une catastrophe pour lui ; ou si je suis trop copine avec ma mère, elle va croire que je suis toujours d'accord avec elle, ce qui est faux, parce que je la trouve parfois assez nulle. Tout est donc très compliqué ; du coup, pour être sûr de ne pas faire d'erreurs, à la maison personne ne rigole avec personne et on évite de trop se regarder pour ne pas créer des malentendus. »
Pas facile d'avoir un ado à la maison, c'est ce que je pense après lecture. Mais il faut bien gérer la situation, malgré les prises de tête, les disputes, les conflits et le mur d'incompréhension qui monte toujours plus haut et de toutes parts. L'histoire a l'intelligence de ne pas s'embourber, d'adopter le ton juste et de ne pas oublier l'humour pour aborder ce cap difficile, et surtout le point de vue est délivré de la part d'une petite fille, qui elle-même se cherche, se pose des questions et grandit. Ce n'est pas facile non plus, mais Hélène Vignal sait trouver un équilibre. Elle montre la complexité, elle ne donne pas de solution miracle (ou disons que c'est facile car fictif). Son roman se termine bien, et c'est même un très bon moment à passer car cela frise plus souvent l'ironie que la déprime !
Zarbi, d'Hélène Vignal
Ed. du Rouergue, 2008 - 155 pages - 8,50€
Dans le même registe, je vous rappelle le roman d'Estelle Lépine, Demain l'année prochaine (Seuil jeunesse), qui raconte aussi la crise d'adolescence vue par la petite soeur dans une famille qui ressemble de plus en plus à un navire qui prend l'eau. A conseiller dès 10-11 ans.
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Petite bouffée de fraîcheur avec Une saison Rimbaud, d'Emmanuel Arnaud (l'auteur du très hilarant Les trilingues). Je me tourne les pouces en reprenant la présentation de l'éditeur, parce qu'elle le vaut bien :
Vous êtes en vacances dans une tour de béton pourrie en Espagne. C'est la Toussaint. Vos parents hésitent entre une soirée paëlla et le match de foot à la télé. Vous vous ennuyez, comme vous vous ennuyez le reste de l'année au lycée avec votre copine, avec vos potes. Vous vivez une vie moyennement intéressante, une vie grise. Alors vous ouvrez un livre un peu par hasard. Ce livre, c'est Les Illuminations de Rimbaud. Soudain quelque chose vous arrive. Comme l'explosion d'une météorite, mais à l'intérieur. Un truc d'enfer. Une révélation. Vous regardez autour de vous. Rien n'a changé. Vous avez toujours le livre entre les mains. Brusquement, vous comprenez : la vraie vie est ailleurs.
Ne vous est-il jamais arrivé de tomber en extase par la faute d'un livre ou d'une lecture ? Moi, oui. Je connais cet air de zombie, ce sourire niais, le regard de quasi-fluorescence, cette petite bulle qui enfle, vous enveloppe et vous coupe du reste du monde. Alexandre a eu le choc avec Rimbaud, il en perd pied, sa petite amie, son ami Atonk qui le pousse à s'ouvrir, à faire du moderne (du slam, du rap...) car, selon lui, cet état extatique est mauvais. Pas sain. Invivable. Personne ne peut comprendre, sauf Alexandre. C'est une affaire personnelle, « c'est la seule chose qui vaille la peine qu'on vive pour ». Un tel cri d'amour littéraire, ça ne peut m'échapper. Et j'ai aimé, j'ai souri, j'ai pensé que c'était un vrai moteur pour dynamiser un moral en berne, pour motiver les mauvaises troupes, pour guider et pour tendre la main. C'est montrer aussi l'adolescence sous un autre jour, plus rêveur, plus passionné et la touche d'humour de la part d'Emmanuel Arnaud finit de boucler la boucle.
Une saison Rimbaud, d'Emmanuel Arnaud
Ed. du rouergue, 2008 - 109 pages - 7€
Toute la nuit devant nous - Marcus Malte
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Par inattention, je n'avais pas remarqué qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles. Donc, lorsque j'ai ouvert les premières pages, totalement emballée par ce que je lisais, je n'avais pas imaginé un seul instant qu'on allait brutalement couper mon élan ! Couic. Il a fallu que je reprenne mes clics et mes clacs et bouge mes fesses de mon fauteuil où j'étais confortablement installée, car il était temps d'aller voir ailleurs.
Autant dire que j'ai été carrément frustrée ! Et un peu dépitée vis-à-vis de moi-même. J'aimais bien cette étrange histoire dans laquelle le narrateur se reportait à une sinistre expérience du temps de ses 11 ans. Il avait été envoyé dans un camp de vacances, avait fait connaissance avec le très énigmatique François et avait pu lui rendre grâce de le tirer de situations douteuses et douloureuses. Mais justement, la façon dont procédait François restait un gros point d'interrogation. Il n'en imposait pas, il était silencieux mais il avait un regard ou posait juste la main sur votre épaule et cela valait toutes les bastons du monde ! C'était vraiment très étrange... le tout dans un cadre fantastique et surréaliste d'un vieux château peuplé de courants d'air et de fantômes !!!
C'était vraiment très bien, j'étais partie pour une petite centaine de pages à ce rythme et mangée à cette sauce, il n'en fut rien ! D'un seul coup, je découvre quatre adolescents qui se sont rebaptisés de noms de fleurs et sont déterminés à lutter contre cette terre irradiée. Résister, foncer, ne pas renoncer... je n'ai pas été totalement convaincue.
Mais j'ai complètement abdiqué avec l'histoire du père à Francis (du foot, des jeunes, la ville de Marseille et un peu de Zidane, forcément...). Je n'étais plus dans le coup, j'étais déçue. Je n'ai pas encore lu Garden of Love de Marcus Malte (je n'y renonce pas) mais j'ai déjà apprécié cette première rencontre. L'auteur montre ici qu'il varie les styles et brasse divers genres, pas du tout enfermé dans un créneau. C'est appréciable... Et lisez donc Le fils de l'étoile, qui vaut son pesant de cacahouètes !
Zulma, Octobre 2008 - 126 pages - 15€
Dix-huit baisers plus un - Rachel Corenblit
Alex, un adolescent de dix-sept ans, a tenté de mettre fin à ses jours. En 19 chapitres, assez courts, le roman va nous expliquer pourquoi. Quel est le secret d'Alex ? Elles sont nombreuses, les filles, à l'avoir connu, croisé, embrassé. Mais aucune n'a su percer la couche et deviner le drame qui se jouait chez lui. Alex, ce garçon qu'on trouve trop grand, trop maigre, trop blond, trop pâle, trop mal fringué, trop largué, trop mignon quand même. « Alex, c'est le type même du gars qu'on ne voit pas. Il ne s'imprime pas sur la rétine. C'est qu'il est trop transparent, trop invisible, trop minuscule même s'il est trop grand. » Ses copines de lycée, sa jeune voisine de palier amoureuse de lui, une enseignante, un médecin, sa mère dépressive ou sa grand-mère qui dévoile le secret familial vont toutes intervenir à travers des témoignages sans fard. Le roman n'est pas tendre, pas très gai non plus, parfois assez cru, surtout quand les jeunes filles évoquent le sexe et un peu l'amour. Car, au bout du compte, on en revient toujours là : au goût des baisers, au besoin d'aimer et d'être aimé(e) ; en somme ce livre sonne comme un appel (de détresse?) d'un ado en manque de tendresse. Un gros besoin d'amour filtre derrière ce désespoir et sauve toute morosité ambiante.
Rachel Corenblit a publié aux éditions du Rouergue Shalom salam maintenant et l'Amour vache.
Editions du Rouergue, 2008. Coll. doAdo - 128 pages - 7,50€