09/02/09

Festin de miettes - En poche ! #19

Festin de miettes, Marine Bramly

festinmiettesC'est une histoire entre deux amies d'enfance, qui se sont perdues de vue et se retrouvent près de dix ans après. On en a déjà lu, des histoires à cette sauce. Alors pourquoi se laisser tenter par cette énième copie, après tout ? Tout simplement parce que « Festin de miettes » donne l'impression que l'écriture coule de source, qu'une histoire peut s'écrire et se raconter de façon claire et limpide, que cela vous emporte et ne vous lâche plus avant la dernière page. 

C'est la quête d'une mère qui pousse Sophie et Deya, fraîchement réconciliées, à se lancer vers une piste qui les conduit tout droit au Sénégal. Mais pour toutes les deux, le parcours réveille des anciennes bouffées d'envie et d'aigreur. Le voyage n'est pas gratuit, il va les mener vers des vérités dérangeantes.
Avant cela, le décor était planté dans un « petit pavillon enfoui sous une perruque de glycine, dont la façade était en grande partie ouverte aux regards, comme dans une maison de poupée », une maison nichée au fond du jardin d'un hôtel particulier que possède la famille Rausboerling. Et ce théâtre de la rue des Grands Augustins semble coupé du reste du monde, plus rien n'existe autour. On entre chez les Rausboerling comme dans une autre dimension, dans une demeure splendide d'un autre temps, où l'on croise des figures flamboyantes et décaties.
Le vertige qui saisit Sophie est là pour lui rappeler les années de frustration, de rage et d'amertume. Sa propre vie est devenue si médiocre le jour où elle a quitté ce foyer d'adoption, poussée par la colère de Deya. Et pourtant, aujourd'hui, la jeune fille la réclame. Comme au bon vieux temps. 

L'histoire est étourdissante, passionnante et brillante !
Marine Bramly paraît aussi à l'aise en pleine brousse africaine ou dans un hôtel particulier d'une famille de vieux bourgeois, baladant personnages et lecteur au gré d'une aventure captivante. J'ai été soufflée, emportée, enjouée et séduite par ce récit. Peut-être la quatrième partie est un peu plus faible, plus esquintante... même si finalement j'ai trouvé que le point final était osé. 
C'est superbement envoûtant, d'un romanesque époustouflant, parfois déconcertant, mais quel brio ! Vous ne lâcherez pas ce livre avant la fin !

(roman lu en janvier 2008)

JC Lattès, 2008 / Livre de Poche, 2009 - 6,50€

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04/01/09

L'Eglise des pas perdus - Rosamund Haden

51P4ny_hKiL__SS500_Catherine et Maria sont deux amies que rien ne sépare, malgré les apparences. Elles ont huit ans, l'une est la fille de la cuisinière, elle est noire ; l'autre est la fille du fermier, blanche et intrépide. Nous sommes en Afrique du Sud, sur les terres de l'apartheid. Katie a tout appris à Maria - l'anglais, lire, nager - et a juré de rester amies pour la vie. Les parents en décideront autrement, Catherine suit sa mère et part en Angleterre. Vingt longues années vont passer, et la jeune fille rentre au pays. Or, ses terres appartiennent maintenant au couple Fyncham. Et lorsque Catherine rencontre Tom la première fois, elle en a l'estomac noué. Il est beau, il est mystérieux, il est seul... elle se sent prête à tomber amoureuse, mais avant il faut comprendre. Quel triste sort a connu son père ? Où se trouve Isobel Fyncham ? Que cache Tom derrière ses virées nocturnes et les coups de fil qui crépitent ? Maria a-t-elle des réponses ? Et qui est ce garçon curieux qui rôde près de l'église lorsque la nuit est tombée ?

Ce roman est en fait un voyage, qui vous emmène loin, en Afrique du sud. L'apartheid n'est ici qu'effleuré, car on assiste davantage à une grande histoire d'amitié, d'amour, de passion et de drame. Il y a du charme et du mystère en puissance, beaucoup de sensualité, un paysage d'une beauté à couper le souffle... on s'y croirait. A Hebron, on piétine l'herbe folle dans les koppies, plonge sans frémir depuis un rocher pour se baigner dans l'eau fraîche de l'étang. On boit du whisky, flâne sur la véranda, admire le coucher de soleil et on s'égare sous une pluie d'orage. On vole, on roule fenêtres ouvertes, on danse, on nage, on aime, on se quitte, on tue aussi. C'est intense, il y a du secret derrière la volupté, des larmes derrière les élans du coeur. J'ai vraiment beaucoup aimé.

La musique d'Edmundo Ros envahit l'espace, la magie aussi se faufile par les visions de Maria, et l'ambiance dans l'église ensorcelle parce qu'elle suscite l'étrangeté. Bref, c'est une très belle découverte. Un roman admirable, qui pourrait se prêter à une adaptation cinématographique... j'imagine très bien Tom Fyncham sous les traits de Hugh Jackman (*). Cela peut vous dire combien les images sont très présentes, au coeur du roman ! Et le sentiment de chaleur, entrelacée à la torpeur, vous file des frissons sur tout le corps. Mais pas seulement. Lisez, vous comprendrez. 

(*) C'est pas ma faute... mais celle d'Ori !!!

Livre de poche, 2008 - 280 pages - 6,95€
traduit de l'anglais (Afrique du sud) par Judith Roze

--) Alice vient également de le lire...

et les avis de Brize, Praline, Delphine, Lo, Joëlle, Amanda

Une petite phrase, pour toutes les amoureuses de livres (qui se reconnaîtront) : « Elle est nulle en ménage, vous savez. Elle lit toute la journée. Elle a lu presque tous les livres de la bibliothèque. »

Acheter : L'Eglise des pas perdus

Posté par clarabel76 à 21:30:00 - - Commentaires [25] - Permalien [#]
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23/12/08

La vie est un arc-en-ciel - Cecelia Ahern

51sWn5PtvrL__SS500_Je n'avais pas été prévenue que ce roman allait me ravir tout simplement, me rendre gaga avec un sourire niais, ou alors c'est le miracle de noël. Je ne sais pas, mais le résultat est là : j'ai dévoré cette histoire où l'on parle d'amour et d'ironie du sort, où l'on suit la correspondance de deux amis d'enfance. Car tout est raconté à partir de lettres, de messages, de mails. Et cela commence tôt, sur les bancs d'école. Rosie et Alex ont 7 ans, ils se filent en douce leurs petits mots, au nez et à la barbe de leur maîtresse. Ils se sont jurés de ne jamais se séparer, mais le garçon doit suivre sa famille et quitter Dublin pour Boston. Et les années passent, les promesses défilent, les rendez-vous manqués aussi... Les aléas de la vie mettent en péril leur amitié, Rosie et Alex restent soudés. Ils n'ont pas conscience que cet attachement entre eux a dépassé le stade amical, ou oui ils s'en doutent, chacun de leur côté, mais jamais au bon moment. Tout le temps, ils se loupent, ils hésitent aussi. Leurs proches ont depuis longtemps deviné qu'ils étaient faits l'un pour l'autre, et pourtant leur histoire ne cesse de s'écrire d'après un scénario tordu. Ah, la vie ! Elle ne fait pas toujours des cadeaux. Rosie et Alex l'ont bien compris.

C'est délicieux, adorable, craquant, drôle, crispant et tout et tout. Je n'avais pas l'intention de lire ce roman, mais j'ai mis la main dessus en faisant un peu d'ordre dans mes piles monstrueuses de livres à lire. J'ai commencé à le feuilleter, juste par curiosité, et boing j'ai été accrochée aussitôt. Rosie Dunne, principalement, est une jeune femme extraordinaire, pleine d'esprit, sarcastique, orgueilleuse, butée et attachante. Son parcours est dessiné sous le signe de l'indépendance, des coups bas, de la sensibilité et d'une force exemplaire. C'est une héroïne exceptionnelle ! Le roman, ensuite, est très vite prenant car il est écrit avec vivacité, composé de messages qui s'échangent à la vitesse de l'éclair. C'est entraînant, un subtil assortiment de badinage, de cynisme, de larmes, de colère et j'en passe. J'ai juste, en tout petit reproche, trouvé que ça s'étirait un peu trop en longueur sur la fin, cependant j'ai beaucoup beaucoup aimé !

Albin Michel, 2005 / J'ai Lu, 2007
412 pages - 6,70€
traduit de l'anglais (Irlande) par Nicole Hibert

20/09/08

^ Les petits bobos de la vie ^

Certains d'entre vous se posent des questions sur la rubrique de Miss C. Que devient-elle ? La demoiselle, du haut de ses 8 ans, aurait-elle remisé ses lectures et autres conseils pour d'autres plaisirs terrestres ? Non. Non. La Miss lit toujours, ce n'est peut-être pas son occupation numéro 1 mais ça lui prend quelques trente minutes de son précieux temps, au moment du coucher, avant l'extinction des feux. Il faudra vous parler de ce qui la touche désormais, ce qui trouve de plus en plus grâce à ses yeux (le genre série kitsch, avec paillettes en couverture, le must !). Plus tard, ok.

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Pour le moment, nous allons vous présenter cette petite découverte, qui s'est offerte à nous. C'est une collection chez Grasset jeunesse, qui porte bien son nom : Les petits bobos de la vie.

Ce sont des petits livres, assez fins et joliment illustrés. Ils traitent de sujets qui touchent les bambins, cela part du divorce des parents à la maladie, l'exclusion due à une particularité physique ou l'absence du papa dans le quotidien de l'enfant... La collection compte 8 titres à ce jour, et voici les deux petits derniers.

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Ce sont deux sujets qui me touchaient. Et pour mieux en parler, je crois que nous allons verser dans la digression et ouvrir la porte de mon vrai chez-moi pour expliquer l'importance de ces livres. Dans le premier, T'es plus ma copine, on suit l'histoire de la petite Sarah qui s'est fâchée avec sa meilleure amie Catherine. Ce sont maux de ventre au matin, déconcentration à l'école, solitude et ennui qui se préparent pour la fillette. Elle cherche à renouer le dialogue avec Catherine, mais celle-ci la boude. C'est fini, t'es plus ma copine, patati patata.

Non ce n'est pas dramatique. Mais à 7 ans, par exemple, c'est la fin du monde ! J'en sais quelque chose. La Miss C. a une grande-excellente-meilleure amie de la Terre - Amélie. Elles sont inséparables depuis la maternelle. Elles ne se ressemblent pas, n'ont pas le même tempérament, et au début j'avais le sentiment que ma fille avait le plus besoin de cette amitié car Amélie abusait de réactions capricieuses (du genre, t'es plus ma copine) qui minaient le moral de la Miss. Je ne savais pas gérer la situation, elle non plus. Je voulais la dédramatiser mais mes ~ 30 ans et ses 5 ans ne faisaient pas bon ménage. Parce qu'elle ne comprenait pas pourquoi une fois sur deux son amitié avec Amélie était remise en question. (Oui, pourquoi ?) Cela lui tenait à coeur, tandis que moi je lui disais que ce n'était pas bien grave (et je me trompais).

Aujourd'hui le problème est résolu : Miss C. et Amélie sont toujours des meilleures amies, il y a moins de tension entre elles, ou alors la Miss sait mieux les appréhender. Elle a gagné en assurance aussi, voire même en ascendance sur sa copine. Mais la phrase-qui-tue (t'es plus ma copine) a été parmi nos préoccupations durant les années scolaires de Grande Section et CP... Je suggère donc ce petit livre, pour les mamans qui sont à leur tour confrontées au souci ! Parce que vous allez vite comprendre que nous ne sommes que des courges, aux yeux de nos rejetons, devant une situation si puérile à nos yeux, mais si cruciale / vitale aux leurs !!! ;o)

Le deuxième titre est plus grave, je rigole moins. Mon chien est mort raconte la perte de l'animal domestique. Le petit garçon est malheureux, la nuit il pense à son chien, il est triste et ses parents cherchent à le consoler. Ce n'est pas facile non plus. Les saisons passent et l'enfant parvient à faire son deuil, à passer devant la tombe de son chien sans avoir envie de pleurer. Cette histoire est racontée avec des dessins uniquement, comme si ça se passait de commentaire. Il suffit de regarder, de réfléchir et de tracer sa propre logique qui conduit à la bonne conclusion.

Je ne vais pas vous cacher que c'est un sujet qui me hante. J'ai déjà perdu un chien, la Miss avait 3 ans 1/2.  Ce n'est pas elle qui a été frappée de chagrin, mais moi. Elle est un peu passée à côté, aussi. Ce n'est pas sa faute, elle n'avait pas grandi avec et c'était trop tard pour tisser un semblant de relation entre les deux. Mais moi j'ai eu mal. Maintenant nous avons un autre petit chien, la sauvage Anette, parure fauve & noir, oreilles dressées comme des orbites à l'appel du yaourt. Cette fois-ci, il y a un vrai quelque chose entre l'animal et elle - une paire de sottes, en clair ! C'est marrant à voir. (Lisez Rita & Machin, par exemple, vous comprendrez !!!!) J'espère juste que ce livre sera utilisé le plus tard possible !

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A bientôt les lecteurs pour d'autres aventures en livres !  :) 

Dr Eric Englebert / Illustrations de Claude K. Dubois
Collection Lampe de poche 7 ans et +
Série "Les Petits Bobos de La Vie"

T'es Plus Ma Copine / Mon Chien est Mort

48 pages, Illustrations couleur, couv. brochée - 5,90€

22/01/08

Festin de miettes - Marine Bramly

festin_de_miettesCe qu'en dit l'éditeur :

Lycéennes, elles étaient les meilleures amies du monde : Sophie, la petite provinciale, gauche, fille unique et mal-aimée de parents âgés et rabougris, et Deya, fascinante, racée, dotée de l’assurance de sa caste, les Rausboerling, grands bourgeois protestants, extravagants et libres.
Livrées à elles-mêmes, les deux adolescentes ont vécu une parenthèse enchantée dans la petite maison au fond du jardin de l’hôtel particulier de la famille de Deya, rue des Grands Augustins.
Et puis la rupture inexpliquée, suivie de l’exil en province, jusqu’à ce coup de fil de Deya, huit ans plus tard, qui conduit Sophie à abandonner travail et mari – cette existence médiocre qui lui fait horreur – pour sauter dans le train pour Paris.
La maison des Rausboerling à la splendeur perdue, puis la brousse sénégalaise où vivent la mère de Deya et son fiancé africain servent de cadre aux étranges retrouvailles des deux amies. Mais peut-on jamais revenir en arrière ? Face à l’exubérance de Deya et au poids du clan, se creuse le vide de Sophie. Face à l’élan de vie, le vertige, jusqu’à la folie…
Roman d’amour et d’amitié, roman de mœurs, roman de démence et de ténèbres, ce Festin de miettes nous mène de Saint-Germain-des-Prés à Dakar, en passant par la Porte de la Chapelle, dans une épopée contemporaine envoûtante où le romanesque se dispute avec brio au suspense intimiste.

Ce que j'en dis :

C'est une histoire entre deux amies d'enfance, qui se sont perdues de vue et se retrouvent près de dix ans après. On en a déjà lu, des histoires à cette sauce. Alors pourquoi se laisser tenter par cette énième copie, après tout ? Tout simplement parce que « Festin de miettes » donne l'impression que l'écriture coule de source, qu'une histoire peut s'écrire et se raconter de façon claire et limpide, que cela vous emporte et ne vous lâche plus avant la dernière page. 

C'est la quête d'une mère qui pousse Sophie et Deya, fraîchement réconciliées, à se lancer vers une piste qui les conduit tout droit au Sénégal. Mais pour toutes les deux, le parcours réveille des anciennes bouffées d'envie et d'aigreur. Le voyage n'est pas gratuit, il va les mener vers des vérités dérangeantes.
Avant cela, le décor était planté dans un « petit pavillon enfoui sous une perruque de glycine, dont la façade était en grande partie ouverte aux regards, comme dans une maison de poupée », une maison nichée au fond du jardin d'un hôtel particulier que possède la famille Rausboerling. Et ce théâtre de la rue des Grands Augustins semble coupé du reste du monde, plus rien n'existe autour. On entre chez les Rausboerling comme dans une autre dimension, dans une demeure splendide d'un autre temps, où l'on croise des figures flamboyantes et décaties.
Le vertige qui saisit Sophie est là pour lui rappeler les années de frustration, de rage et d'amertume. Sa propre vie est devenue si médiocre le jour où elle a quitté ce foyer d'adoption, poussée par la colère de Deya. Et pourtant, aujourd'hui, la jeune fille la réclame. Comme au bon vieux temps. 

L'histoire est étourdissante, passionnante et brillante !
Marine Bramly paraît aussi à l'aise en pleine brousse africaine ou dans un hôtel particulier d'une famille de vieux bourgeois, baladant personnages et lecteur au gré d'une aventure captivante. J'ai été soufflée, emportée, enjouée et séduite par ce récit. Peut-être la quatrième partie est un peu plus faible, plus esquintante... même si finalement j'ai trouvé que le point final était osé. 
C'est superbement envoûtant, d'un romanesque époustouflant, parfois déconcertant, mais quel brio ! Vous ne lâcherez pas ce livre avant la fin !

JC Lattès - 359 pages -  (Janvier 2008)  18.00 €

Madame Figaro, 01-2008

"A lire Marine Bramly, on a l'impression qu'un roman c'est simple comme bonjour. Il y faut simplement du talent, un brin d'humour et d'émotion, une façon de cueillir les phrases comme elles se présentent, sans tambour ni trompette." Eric Neuhoff

"La diabolique Sophie, qui a mis son existence entre parenthèses dans le secret espoir de renouer leur amitié passionnée, n'a qu'une idée en tête : «fusionner en paix» avec son ancienne amie. Cette insupportable créature «aurait tellement aimé être comme Deya, aussi relax, aussi indifférente, et se laisser porter par le cours des événements», mais elle est toujours si mal lunée qu'elle en devient comique. Passé l'âge de se contenter des miettes de son idole, celle qui se perçoit comme un «hérisson avec les épines à l'intérieur» a appris, sous des dehors caressants, à sortir les griffes."   Le Figaro.fr

Posté par clarabel76 à 07:45:00 - - Commentaires [38] - Permalien [#]
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