14/02/09

L'amour comme par hasard, d'Eva Rice - En poche ! #20

L'amour comme par hasard, Eva Rice

303109_0Angleterre, 1954. Un après-midi à Londres, Penelope Wallace rencontre Charlotte Ferris à l'arrêt de bus. C'est une vraie tornade, affublée d'un manteau vert. Ni une ni deux, Charlotte convie Penelope à prendre un taxi avec elle pour se rendre chez sa tante Clare avaler thé et scones moelleux, nappés de confiture. Penelope la suit, sans réfléchir. Elle va rencontrer Harry, le fils de la fameuse tante Clare. Le jeune homme est mélancolique, il se morfond d'avoir perdu son amoureuse, une riche américaine du nom de Marina Hamilton, qui vient d'annoncer ses fiançailles avec un prétendant beaucoup plus aisé que le pauvre Harry (qui aspire à devenir magicien). Il n'a pas dit son dernier mot et élabore un plan de prestidigitation pour duper son ancienne petite amie en affichant la candide Penelope à son bras, lors de la réception des fiançailles de la Miss Hamilton ! 

Penelope Wallace, 18 ans, est une rêveuse et une romantique, elle est mordue du chanteur Johnnie Ray, et aime feuilletter les magazines féminins. Elle vit avec sa mère veuve depuis la fin de la guerre et Inigo, son frère passionné de musique pop américaine, dans la grande demeure familiale, Milton Magna, une somptueuse maison qui tombe en ruines car les Wallace sont endettés.   

Grand best-seller dans son pays, le roman de l'anglaise Eva Rice est un monument de lecture romanesque, mais écrit avec beaucoup d'esprit et d'humour. C'est plus enlevé que de la chick-lit, mais je pense que l'histoire de "L'amour comme par hasard" puise dans le même registre : des personnages attachants, une ambiance délicieusement kitsch et des histoires d'amour qui s'amorcent, se brisent avant de se redonner une chance. En somme, c'est très plaisant.
Un petit bonheur de lecture sans prétention, et qui fait plaisir ! 

(roman lu en juin 2007)

Flammarion, 2007 / Livre de Poche, 2009 - 6,95€
traduit de l'anglais par Martine Leroy-Battistelli


13/02/09

L'histoire d'un mariage - Andrew Sean Greer

« Nous croyons connaître ceux que nous aimons.
Nos maris, nos femmes. (...) Nous croyons les connaître. Nous croyons les aimer. Mais ce que nous aimons se révèle n'être qu'une traduction approximative, notre propre traduction d'une langue mal connue. Nous tentons d'y percevoir l'original, le mari ou la femme véritables, mais nous n'y parvenons jamais. Nous avons tout vu. Mais qu'avons-nous vraiment compris ?
Un matin, nous nous réveillons. Près de nous dans le lit, ce corps familier, endormi : un inconnu d'un nouveau genre. Moi il m'est apparu en 1953. Un jour où, debout chez moi, j'ai découvert quelqu'un qui avait emprunté par pure sorcellerie les traits de mon mari.
»

51H4gSOw8UL__SS500_Cette histoire s'annonce bien mystérieuse.
Et elle aura un impact encore plus fort si vous prenez le pari d'y aller à l'aveuglette. De toute façon, cette histoire vous donnera le tournis. Cela commence par un amour d'enfance, entre Pearlie et Holland,  qui se consolidera par un mariage. Une vie paisible se trace devant eux : une maison confortable, en bord de mer, dans un quartier résidentiel, en Californie. Un fils, Sonny, vient saupoudrer de gazouillis ce bonheur naissant.
Pearlie n'est que dévotion pour son mari, qui souffre du coeur. Tous les jours, elle épluche le journal et supprime toutes les mauvaises nouvelles pour épargner à son époux un choc trop violent.
Même le chien Lyle ne sait pas aboyer.
Nous sommes en 1953. Une guerre s'est terminée, d'autres s'annoncent. On parle du procès du couple des Rosenberg, on prépare la population à l'exercice d'alerte aérienne.
Tout le climat est tendu, tourné vers l'attente.
Un soir, se présente à la porte du foyer de Pearlie et Holland un homme du nom de Charles Drumer. On devine que sa présence va tout secouer dans cette belle petite histoire d'un mariage, et c'est alors qu'on n'en revient pas ! Ce qu'on s'attend à lire, d'abord, n'arrive pas. C'est autre chose et cela nous laisse sans voix.
Et c'est de cette façon que s'écrit tout le roman. C'est très difficile d'en parler car il faut rester dans le flou. Car moins on en sait, mieux c'est ! Ce qu'il faut savoir, c'est qu'aucune certitude n'est jamais acquise.
De plus, parce que c'est Pearlie qui nous raconte son histoire, on s'imagine à sa place et on vit, on ressent, la situation inextricable dans laquelle son histoire est embringuée. On comprend aussi que tout a un rapport avec le grand amour, le poids des convenances et le sens des sacrifices. Tous les personnages sont d'ailleurs très attachants. Ils participent à rendre l'histoire touchante, gênante, agaçante. Avec une seule question : que sait-on des gens que nous aimons ?
Le roman se veut également le cliché d'une décennie, en montrant combien la société était minée par les peurs et les préjugés. Je n'en dis pas davantage...
Sachez juste que c'est loin d'être une petite histoire convenue, c'est plus fort, c'est stupéfiant.

Editions de l'Olivier, 2009 - 273 pages - 21€
traduit de l'anglais (USA) par Suzanne V. Mayoux
 

 

 

# On my own - Thecocknbullkid

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26/01/09

L'usine à rêves - François Rivière

Charles Dulac, bibliophile et misanthrope, vit dans ses souvenirs. Enfant-acteur dans une aut9782221109700re vie et héros d'une célèbre série télévisée, il ne garde de cette gloire éphémère que de vieilles bobines de Little Charlie detective. Replié dans sa villa du Sud de la France, recevant de rares visites, dont celles de Fu, le chat des voisins, et de Najat, sa femme de ménage, Charles découvre la lettre de Nilo Pharel, qui le réclame sur son lit de mort. C'est très étrange, car Charles et Nilo n'ont jamais entretenu de bons rapports, à cause du fantôme de Teddy. Ce dernier a été le meilleur ami de Charles, mais aussi son grand amour. Cela s'est passé lorsqu'ils n'étaient que des adolescents insouciants à Hollywood, c'étaient les années 50, tout était permis et Charles était à un tournant de sa vie. On ne sait pas bien ce qu'il s'est passé, et c'est d'ailleurs tout le propos du roman, de remonter le fil du temps, de rembobiner le film et revivre la jeunesse dorée de Little Charlie.

C'est un roman très précieux, où se dégagent le souffle d'une époque dorée et le train de vie d'une société qui n'existe plus que sur des clichés. Avant de débuter sa carrière d'acteur, Charles évolue dans un monde échappé d'un roman de Marcel Proust. Il est orphelin, élevé par sa Granny Maud, qui est une femme sèche et snob, avare de tendresse (et pourtant elle collectionne les amants, sans éveiller le moindre soupçon). En vacances sur la côte basque, il va rencontrer le couple anglais, Donnie et Axel Bliss. Elle est scénariste, a un coup de coeur pour le jeune garçon et décide d'en faire sa vedette en s'inspirant de lui pour écrire sa série à succès. C'est la voie royale, chacun en tire son profit et Little Charlie est un gamin naïf qui va connaître à l'adolescence de grands bouleversements.

Jusque là, j'ai bu du petit lait, tant j'ai apprécié le moindre détail rapporté dans l'histoire. Ce côté rétro, raffiné et guindé ne cessait de me plaire. Et puis on passe à l'atmosphère sulfureuse d'Hollywood, c'est totalement différent. Les personnages aussi évoluent, avec des zones d'ombre qui rendent les surfaces moins lisses et doucereuses. Ce n'est pas toujours glorieux, mais cela reste captivant. Le roman sait nous happer, ne délivrant qu'en bout de course le drame qui a broyé la vie de Charles Dulac et de ses proches. Le personnage central souffre peut-être d'une absence de charisme, recommandé pour apprécier une lecture, mais finalement le charme est ailleurs, dans la mélancolie, dans le secret, dans l'ambiance surannée. Cette usine à rêves a le don de nous embobiner... et j'aime infiniment François Rivière ! 

Robert Laffont, 2009 - 210 pages - 18€

l'avis de la librairie Mollat, qui parle de « livre crépusculaire d'une vraie beauté »

 

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