Une joie féroce, de Sorj Chalandon
Jeanne est une femme formidable. Tout le monde l'aime, Jeanne. Libraire, on l'apprécie parce qu'elle écoute et parle peu. Elle a peur de déranger la vie. Pudique, transparente, elle fait du bien aux autres sans rien exiger d'eux. Jeanne, qui a passé ses jours à s'excuser, est brusquement frappée par le mal. "Il y a quelque chose", lui a dit le médecin en découvrant ses examens médicaux. Quelque chose. Pauvre mot. Stupéfaction. Et autour d'elle, tout se fane. Son mari, les autres, sa vie d'avant.
Les premières pages du roman sont glaçantes : l'annonce du cancer tombe comme un couperet. S'ensuit tout le protocole d'usage (rapporté platement et néanmoins très fidèlement à la réalité). L'héroïne est sonnée. Son désarroi s'accentue par la distance du corps médical, la réaction pathétique du mari, le regard des gens, les réflexions anodines et superficielles.
Tout ça fout un coup au moral. Et je n'étais franchement pas très réceptive.
Puis le roman glisse vers une histoire de rencontres providentielles avec trois autres femmes soudées par la maladie et les coups du sort. Toujours au nom de leur solidarité féminine, elles vont devenir partenaires dans le crime (et mettre au point le braquage du siècle dans une bijouterie place Vendôme).
C'est alors un roman aux antipodes de ce qu'on envisageait qui s'écrit et qui va se conclure de manière tout aussi inattendue. Sauf que j'étais déjà totalement larguée (avant tout parce que je n'ai ressenti aucune empathie pour les personnages, puis parce que j'ai trouvé cette volte-face impromptue et aberrante). Cette lecture est donc tombée à plat.
Mauvais timing ou pas, je n'ai pas réussi à adhérer à son style patchwork. Ses spectres aussi sont très pesants et vite démoralisants : ils marquent l'histoire d'entrée de jeu et vous hantent tout du long. Impossible de me décoller de cette sensation... j'avais hâte d'en finir !
Excellente interprétation par Valérie Muzzi, tout en finesse et sobriété. Malgré mon manque d'enthousiasme pour son propos, l'écoute du roman a été très agréable.
- Lu par : Valérie Muzzi
- Durée : 7 h env.
En guerre contre ce qui la ronge, Jeanne va prendre les armes. Elle était résignée, la voilà résistante. Elle se dresse, gueule, griffe, se bat comme une furie. Elle découvre l'urgence de vivre, l'insoumission, l'illégalité, le bonheur interdit, une ivresse qu'elle ne soupçonnait pas. Avec Brigitte la flamboyante, Assia l'écorchée et l'étrange Mélody, trois amies d'affliction, Jeanne la rebelle va détruire le pavillon des cancéreuses et élever une joyeuse citadelle.