Unis pour la vie ~ Guus Kuijer
Un roman qui vous parle d'amitié, d'amour et de vie. Pauline a onze ans, elle voudrait devenir poète, elle a déjà le talent pour exprimer en quelques mots ce qu'elle ressent, et croyez-moi sa vie n'est pas rose : elle vit seule avec sa maman, une femme de caractère, qui vient de s'enticher de l'instituteur de sa fille. La honte ! A l'école, Pauline vient de rompre avec son amoureux, Mimoun, parce que ses parents l'ont promis à une autre. Une histoire de religion. C'est compliqué, absurde et archaïque. Pauline réfléchit... Chez ses grand-parents, à la ferme, elle apprend la prière mais n'y croit pas du tout. Elle préfère se cacher dans le foin et dormir contre sa vache qui a mis bas un veau qu'on baptise... Pauline. Drôle d'idée. Le papa de la jeune fille, Spiek, est un original. Il a refait sa vie mais n'a pas renié ses vieilles habitudes de junkie et de loser, du coup il se fait la malle, c'est un pauvre type. Il saoûle franchement, il embobine sa petite fille, elle a du mal à tourner le dos à ce papa qu'elle aime bien. Bah oui. C'est aussi un poète mais il est incompris et maudit. Pauvre chou. Sa mère aussi est en pleine crise, elle a des mots avec son cher Walter, qui est prié de prendre la porte. La fin d'une belle aventure ? La suite est à lire dans La vie, ça vaut le coup.
Un livre avec des illustrations et des poèmes, pour les enfants qui savent déjà lire comme des grands.
Au début, c'est drôle et charmant. Les sujets abordés sont multiples, sensibles pour la plupart (séparation, famille recomposée, racisme, drogue, homosexualité, amitié, fugue...), c'est peut-être le point faible de ce petit livre qui s'éparpille trop. Toutefois la légèreté et la gravité nous offrent un joli pas de danse pour dérider les mines fâchées.
Ai bien aimé le ton. Ze poursuis ma belle lancée !
Ecole des Loisirs, coll. Neuf, 2003 - 150 pages - 9€
Traduit du néerlandais par Maurice Lomré.
Illustrations de Alice Hoogstad
Illustration de couverture : Anaïs Vaugelade
Un soir, j'ai divorcé de mes parents ~ Rachel Hausfater
Suite au divorce de ses parents, qu'il a beaucoup de mal à digérer, le jeune narrateur prend la décision de divorcer de ses parents. C'est sa façon à lui de manifester son mécontentement, mais aussi d'exprimer son chagrin. Il passe en revue deux parents divorcés qui ne ressemblent plus à la famille d'avant. De dépit en consternation, le garçon comprend qu'il n'a plus sa place, qu'il doit la trouver ailleurs. Il choisit de se réfugier dans la chambre de bonne de ses grand-parents, un week-end sur deux. En secret.
Toutefois cette liberté a aussi un goût amer, c'est un coup pour son moral. Comment passer ces journées sans adultes ?
Beaucoup de réflexion dans ce court roman qui traite du divorce et des enfants de divorcés, "Un soir, j'ai divorcé de mes parents" raconte le parcours d'un adolescent qui se cherche, qui choisit de s'éloigner pour mieux se trouver. Son histoire est celle d'un enfant qui doit quitter brutalement le nid douillet, qui doit accepter la décision de ses parents et apprendre à vivre avec. Un divorce, ça fait grandir un peu trop vite, ça détruit, c'est une fin et ça tue aussi.
Mais heureusement, après on reconstruit, on recommence, on renaît. On aime ailleurs, et on aime encore. Le message est positif, même si le procédé peut paraître un peu excessif et exubérant (vivre seul dans une chambre de bonne, mener son petit cirque dans le dos des adultes). Disons que souvent cela m'est apparu trop profond dans la bouche d'un adolescent, trop mûri dans la tête d'un môme en détresse. A la fin, par exemple, ses discours avec ses parents sonnent incroyablement consciencieux, tellement adultes, alors qu'il s'agit tout de même d'un lycéen. Je ne sais pas. Il y a comme un fossé entre le fictif et le réel, sur tout ce qui touche le narrateur, sa parole et ses pensées. Cela me semble moyennement crédible.
Au moins cette histoire a pour vertu de faire réfléchir, je ne sais pas si un adolescent s'y retrouvera forcément, et même si j'apprécie personnellement beaucoup le style de Rachel Hausfater, je trouve qu'ici le texte manque parfois d'un léger plus (j'aurais préféré qu'on passe plus de temps avec Madeleine, cette voisine âgée qui recueille le garçon les soirs de blues, lui sèche ses larmes, lui offre du thé et des gâteaux, ou même avec Alma, sa petite fée de liberté).
Quelques frustrations, donc... mais ce n'est pas méchant.
J'attends vos retours avec une certaine curiosité !
Thierry Magnier, 2009 (achevé d'imprimer dans une chambre de bonne) - 115 pages - 7,50€