08/04/09

L'orgue de Quinte ~ Hervé Picart

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Frans Bogaert est en vacances à Provins. Il a confié sa précieuse boutique brugeoise, l'Arcamonde, aux mains de son assistante, la troublante et délicieuse miss L. (double parfait et confondant de l'actrice Lauren Bacall). Frans séjourne dans la maison de Lamartine avec son beau-père, Victor Brunel, qui vient d'emménager en France pour une raison personnelle (la disparition de sa fille, en fait) et se révèle un compagnon érudit et passionnant dans la cité provinoise.

Sur la place du marché, un dimanche matin, l'antiquaire fait la trouvaille d'un objet curieux, vendu comme étant l'orgue à liqueurs de des Esseintes (célèbre personnage du roman d'Huysmans). Bogaert flaire l'arnaque et marchande l'objet car sa curiosité est piquée au vif, il veut connaître le secret de cet objet. Avec délicatesse, il va le dépouiller, le caresser d'un fin pinceau et révéler des initiales gravées. Mais les découvertes ne s'arrêtent pas là !

Cette série décrite comme un roman-feuilleton en douze épisodes est définitivement un rendez-vous incontournable ! Ce volume 2 nous offre une aventure encore plus singulière, qui fourmille de passion, d'érudition et d'énigmes !

On retrouve avec bonheur le personnage de Frans Bogaert, l'antiquaire perspicace et gourmand de savoir, dans un cadre qui n'est plus Bruges (qui n'est pas totalement absente, merci la sublime Lauren qui intervient avec brio et beauté !). Provins n'a pas à rougir et se montre à la hauteur de toutes les espérances. La ville offre un cadre idyllique et historique, chargé de mystères, idéal pour alimenter l'intrigue, qui est tout bonnement extraordinaire, riche et excitante. On découvre l'histoire étonnante d'un maître-verrier, obsédé par sa quête du cristal parfait, mais inutile d'en lâcher plus.

Entre les lignes, on commence à percer une autre piste sur la disparition de Laura Bogaert, l'épouse de l'antiquaire, ce mystère (cf. Le dé d'Atanas) figure comme un fil rouge et la suite promet monts et merveilles. Comble de tout, ce texte est servi par une plume à faire pâlir d'envie, le style d'Hervé Picart est léché, fluide et agréable. Un régal.

Ne résistez plus ! C'est une perte de temps et d'énergie. Une impardonnable erreur, en plus !

Le Castor Astral, 2009 - 216 pages - 13€

Volume 1 : Le dé d'Atanas

Déja annoncés :  Le coeur de gloire (tome 3) en novembre 2009 -  La pendule endormie (tome 4) en mars 2010.

L'Arcamonde vous ouvre ses portes : http://arcamonde.hautetfort.com

Les recettes de l'Arcamonde :

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« Victor Brunel a tendu à son beau-fils un élégant verre ballon où danse un précieux liquide doré, qui happe la lumière pour mieux scintiller.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Du vin de glace. Cela ne peut que vous réchauffer, non ?
- Du vin de glace ? s'étonne Bogaert. De quoi s'agit-il ? Encore une de ces richesses de bouche de nos amis français ?
- Tout à fait. Ce régal est le produit miraculeux de la plus tardive des vendanges. Les vignerons alsaciens attendent que les premières fortes gelées viennent crisper les derniers pampres. Sous la peau fripée du raisin se produit alors une exceptionnelle concentration des sucres. Ainsi s'élabore ce divin breuvage, à mi-chemin entre un Riesling ancien et un vin de paille
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« Bogaert a commandé une grouse à l'hydromel. Il attaque la bête avec un bel entrain, la narine tout émoustillée par le fumet aigre-doux qui monte de son assiette. La chair du gibier, à l'arrière-goût de réglisse, se marie à merveille au miel de la sauce. Le régal lui fait baisser paupière.
- Excusez cette faiblesse, croit-il bon d'ajouter aussitôt, de peur de paraître excessivement ridicule ou gourmand. Ce plat est somptueux. Vraiment, cette grouse me grise. Vous auriez dû vous laisser tenter. Votre thon au poivre jaunet me semble un tantinet austère.
- Un peu d'austérité ne peut nuire au bonheur, monsieur Bogaert. C'est juste un condiment de vie comme un autre : elle produit une douceur aigrelette qui rappelle celle de votre grouse.
»

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08/03/09

La dernière enquête du chevalier Dupin - Fabrice Bourland

512338EWG_L__SS500_En seulement 116 pages, cet ouvrage est décrit par l'auteur comme un jeu littéraire et un jeu de l'esprit. C'est dans cette optique que je l'envisage, pas autrement ! Peut-on s'imaginer que la mort mystérieuse de Gérard de Nerval allait trouver sa réponse dans ces quelques feuillets ? Avant d'y répondre, j'aimerais que vous repreniez la lecture des Portes du sommeil du même Fabrice Bourland, où l'on découvre ses détectives de l'étrange, Singleton en tête, de passage à Paris pour une autre affaire criminelle, et qui ambitionnait de résoudre le mystère Nerval. Le poète français a été retrouvé pendu à un soupirail, rue de la Vieille-Lanterne, quatre-vingt ans plus tôt. Ses proches amis sont contre l'hypothèse d'un suicide, l'affaire serait plus confidentielle et dépasserait les limites de l'entendement. 
Bon joueur, Bourland a choisi de griffonner un ouvrage à part pour l'énigme Nerval. Très bon choix de créer une mise en scène fidèle et époustouflante ! Pour faire simple, et sans trop dévoiler, on y trouve un bon ami narrateur, Randolph, et un fin limier qui ne compte plus ses exploits, le chevalier Dupin. A Paris, au milieu du 19ème siècle, nos deux compères vont enquêter sur la disparition du poète Nerval. La théorie rapportée est extravagante, mais l'histoire en elle-même est bien troussée, décrivant fidèlement une ville en pleine évolution, avec des personnages qui ne manquent ni de panache ni d'intelligence. On se laisse gagner par l'entrain, totalement transporté par ce voyage dans le temps. Et jusqu'à la dernière page, les révélations ne manquent pas et soulèvent un gentil sourire sur les lèvres du lecteur.
Agréable divertissement, et un joli hommage à la littérature en général (on y trouve, en plus des références, des clins d'oeil culottés mais pertinents). J'ai beaucoup aimé, bien évidemment.

10-18, 2009 - 116 pages - 6,60€

Du même auteur :